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Le défi du samedi
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16 février 2019

Saïgon et le « Saïgonvroom » (Lecrilibriste)


Rémi était un enfant étrange... Très étrange même … Il était né un 31 janvier, un Verseau pur jus tombé pile dans le signe et sur la planète des imprévus .... Ce qui promettait de belles réjouissances...
Tout ça ne disait pas grand chose à Rémi,  mais  avait une incidence incroyable et totalement imprévisible sur son comportement.

D'une part, c'était un pur gaucher, ce qui n'a rien à voir avec le Verseau (mais allez savoir ? ) et d'autre part, il lui fallait bricoler et transformer tout ce qu'il touchait avec une habileté incontestable.
Parfois, c'était pure catastrophe et parfois pur génie. Et Rémi qui était un fan d'Edison, chaque fois disait à son Père qui le questionnait « tout nouvel essai Papa, est un pas vers la victoire ! » Et son Père riait dans sa barbe en se disant  « on en fera quelque chose de ce petit ».

En pur et dur gaucher, Rémi avait commencé à écrire sur ses cahiers de droite à gauche, ce qui lui avait valu quelques coups de règle sur les doigts de la part du Maïtre qui s'en était plaint à ses parents.  Sa mère s'en désolaiat, mais son Père (qui avait  découvert le fil à couper le beurre mais qui ne savait même pas qu'on pouvait faire breveter une pareille invention) comprenait bien son fiston.... « Les chiens ne font pas des chats ! » N'est-ce pas ?

Ecrire de la main droite ! Fallait le faire ! Pour sa Mère, le Maître et les copains, c'était facile, mais  pour Rémi, c'était une autre histoire !  Contraint et forcé, il s'y employait tant bien que mal, le plus souvent, en faisant de belles taches sur son chahier du jour, si bien que le Maître écrivait réglulièrement dans la marge « Sagoin ». ce qui, bien sûr,  faisait ricaner toute la classe.

Rémi n'aimait pas du tout ce mot, ça le mettait en rage. Il trouvait  qu'il faisait sale, qu'il le réduisait à rien, ou un peu mieux,  à un ouistiti, ce qu'il préfèrait d'ailleurs, car il adorait grimper aux arbres et se suspendre de la main gauche à la belle branche  du cerisier.
Un jour où, puni par le maître pour « sagoinisme invétéré » Rémi devait écrire 100 fois pendant la récré :  « je suis un sagoin et je change », il arriva une chose étrange. …
Il avait déjà écrit les 100 « je » les uns au-dessous des autres,  puis les 100 « suis » les uns au-dessous des autres, puis les 100 « un » les uns au-dessous des autres, il en était au  90ème  sagoin, les uns au-dessous des autres quand sa main droite se raidit d'une crampe subite qui lui fit faire une tache inopinée juste à côté du point sur le i. Etait-ce l'ange des imprévus  ? Nul ne le saura jamais !
Mais c'en était vraiment trop pour Rémi !  Ses larmes coulèrent sur la tache et un Ï  tout neuf  le regarda soudain avec deux yeux pochés, étonnés, souriants  et attendris, le laissant tout ébahi.
Or, Rémi qui changeait tout, avait déjà essayé de changer ce sale mot de sagoin ... En « sagoni » mais ça faisait italien, en « gonians »  ça faisait vraiment trop lyonnais, en  « agonisan » et là,  ça faisait un peu mortuaire...
Les deux yeux du  ï lui apparurent soudain comme une révélation, il écrivit « Saïgon » et  finit sa punition en transformant les 10 autres mots qui manquaient en « Saïgon »... Voilà un mot qui sonnait bien, qui faisait exotique, qui le faisait voyager, qui le faisait même planer par delà les bureaux de la classe, bien au-dessus des océans !!!  
Le Maître ne s'en aperçut même pas (ou plutôt,  il fit semblant, car il venait de suivre un stage sur les gauchers qui l'avait quelque peu fait réfléchir).

C'est ainsi que je le jour de la distribution des prix où était invité le consul du Vietnam, ami du Maïtre …. , Saïgon, que le Maïtre (tout contrit par ce qu'il avait appris à son stage), s'était mis à appeler ainsi, gagna le premier prix de la course de caisses à savon  avec son « SaïgonVroom »  prototype qu'il avait fabriqué après de nombreux essais (toujours repris sans découragements à cause d'Edison).  Le prototype avait dévalé la pente à toute vitesse à cause des voiles qu'il y avait mises et du vent qui soufflait heureusement dans le bon sens ce jour-là.
Il fut vivement félicité par le Maïtre et par le Consul, applaudi par la foule, fièrement embrasssé par son Père et sa Mère et  invité à se rendre à Saïgon avec son équipe .
C'était le lot offert au premier prix par le consul du Vietnam qui, touché par ce nom et fine mouche, avait pressenti en Saïgon un génie en puissance qu'il fallait, à tout prix,  attirer dans son pays.

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16 février 2019

Bonsoir tristesse (joye)

francois sagouin

Le vieux schnoque, Harry Ouinestone, possédait un sagouin savant. La petite bête moustachue qu’il avait gagnée lors d’un jeu de poker savait danser, jouer d’un petit accordéon et faire encore tout plein d’astuces.  Elle lui apportait même ses pantoufles miteuses.

Rentrant tout éméché un soir, Harry entendit, éberlué, le petit singe  qui commença à lui parler. D’abord en français, et après en anglais, en espagnol, en allemand, et, enfin, en portugais.  C’était, après tout, sa langue natale. 

Harry fut tellement surpris qu'il perdit connaissnce, soit à cause du choc, soit à cause des multiples verres pris au bistrot avec les potes après son taf de pépère à l’usine de la ville.

Bien sûr que cet Harry dit à tous ses copains le lendemain après le boulot que son petit singe savait parler et bien sûr que les copains ne le croyaient pas. Après tout, ils savaient bien que leur pote était non seulement un schnoque mais aussi un ivrogne et aussi quelque peu menteur. Comme quoi, ils ne prirent pas la peine d’étouffer quelques murmures dérisoires en sifflant leurs verres.

-          Beuh non, pardi, je vais vous le prouver ! cria-t-il.  Harry appela le tamarin qui l'attendait, selon son habitude, dehors.

La bestiole arriva à ses pieds et attendit que son maître le commande.

-          Parle anglais ! grommela l’ivrogne, mais l’animal restait silencieux jusqu'à ce que Harry le tape.

-          Fiiiiiiiiiiiiiiii ! hurla l'animal.

-          Voyez-vous ? s'exclama Harry à ses potes. Il a dit « Fee ». C’est le mot anglais pour « honoraire » !

Le groupe d’amis ne se montra pas très convaincu. Un bruit irrité monta au fond du comptoir.

-          Allez, parle l’espagnol ! cria Harry. De nouveau, silence, alors le schnoque le pinça.

-          Ahiiiiiiiiiiiii ! cria le petit singe.

-          Je vous l’ai bien dit, gloussa Harry. « Ahí » en espagnol, cela veut dire « là-bas » !

Ses amis n’avaient visiblement pas assez bu, et ils commençaient même à se moquer ouvertement du pauvre Harry et de son encore plus pauvre bête moustachue.

-          Non, non, les mecs, attendez !  Il parle l’allemand !  Allez, toi, parle allemand ! et sans attendre le silence préliminaire, il tira méchamment sur la queue de la piteuse créature.

-          Ziiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! glapit-elle.

-          Vous avez bien entendu, elle a dit « Sie » ! En allemand, cela veut dire « vous » !

Tout un chacun dans le bistrot explosa en rires, sauf Harry, qui allait sans doute étrangler sa petite victime polyglotte.

Excédé, et plus bourré que d’habitude, Louis, qui cotisait en secret à la SPCA, saisit la pauvre bête qui grimpa tout de suite sur sa tête chauve, hurlant toutes sortes de mots dans la langue des singes. 

Les copains roulaient par terre à l’entendre, criant tour à tour « Y parle japonais ! » et « Bah, ouais, c’est bien le wolof, ça ! »  Harry rentra chez lui, humilié.

Mais hélas, c’était la dernière fois qu’on vit la petite bestiole, devenue le nouvel amour de Louis. Trop tard, il apprit qu’elle parlait dans son sommeil, évoquant le prénom de son ancien maître :  « Ha-riiiiiiiiiiii ! Ha-riiiiiiiiiiiii ! »  

Louis, consterné, regrettait fort de l’avoir baptisée « Françoise ».

Bah oui. Françoise Sagouin.

Vous vous attendiez à Marmoset Saugham ?

16 février 2019

Et encore vous n'avez pas vu Sagouine ! (Fu)


Qui vivra verrat !
grognassait le sagouin
baugé dans les ordures
et son délicat purin
Je préfère les bonnes
vieilles épluchures
avec du gros pain
parce que la confiture
ça me cochonne
trop le groin !


16 février 2019

Drôle de ouistiti (Walrus)

 

Se sagouin de Walrus a de nouveau sévi !

Aaah ! La faute ! Où avais-je l'esprit ?

Grands dieux, je suis maudit !

On la saute, on l'oublie et on fait comme si

Un peu de distraction s'était glissée ici.

Il n'en est pas question ! Sur le blog que voici

Nul ne peut se tromper, même pas lui !

 

16 février 2019

Il suffirait de presque rien...(maryline 18)

 

Il suffirait de presque rien,

Que tu entendes ce refrain,

Pour que le printemps refleurisse...

Allez, ne fais pas le sagouin,

Oublie tes larmes et ton chagrin,

Ne refuse pas ces iris !

Ce café crème à Saint- Germain

On le prendra main dans la main,

Sur tes lèvres le goût des prémisses,

D'un grand amour née un matin

Dont il faudra prendre grand soin,

Pour en faire durer les délices...

On s'aimera jusqu'en automne,

Ou en hiver, quand le glas sonne,

 

Et qu'on enterre des corps qui encore frissonnent, de tant d'amour qu'ils emprisonnent...

 

Il suffirait de presque rien,

Ces quelques mots que tu retiens,

Pour que ma raison s'envole...

Le sel, sur ma peau, des embruns

Dis, le goûteras-tu enfin,

Au crépuscule, la peur s'étiole...

Me laisseras-tu sur ma faim,

Vois-tu la vie comme un festin

Ou bien comme une farandole...

Libère ton coeur de son écrin

Et fredonne lui le refrain

Des jours heureux qui caracolent !

Le bonheur n'est plus incertain,

Puisque nous partageons ce train...

 

Emmène moi vers ces pays que tu connais, sur ces chemins non goudronnés !

 

Il suffirait de presque rien

D'un simple cadeau du destin

Pour que je te dises je t'aime...

......................................................................................................................................................

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16 février 2019

Isaure s'en prend à Google books (Joe Krapov)

10 novembre 1886

On est tous le sagouin d’un autre. Allez savoir si ce petit singe dont on m’a chargé de faire l’éducation ne me traite pas de tous les noms d’oiseaux qu’il connaît dès que j’ai le dos et la soutane tournés ? « Le macaque sent toujours le hareng », comme dit le proverbe touareg made in Breizh.

Si on m’avait prédit au grand séminaire que je passerais ma vie à aller de château en château pour venir à bout, aidé de domestiques plus ou moins évolués, de ce genre de sapajous, j’aurais peut-être bien fait demi-tour et, plutôt que de devenir « ce bon abbé Raquin », précepteur du petit-fils de Madame la duchesse de Chevreuse, je….

Qu’eussé-je fait, au reste ? Nul ne sait ce que sera son destin, son cheminement, sa profession vers les vingt ans. Les voies du Seigneur sont impénétrables.

Et après tout, ce petit Manu dont je m’occupe est peut-être promis à un destin grandiose auquel j’aurai contribué pour une petite part ? Sera-t-il ambassadeur ? Général ? Député-maire ? Propriétaire terrien ? Banquier ? Président de la République ? Il n’en prend pas vraiment le chemin si j’en crois ce que j’ai noté dans mon journal intime :

« Jeudi 7 octobre

Le gosse, impassible, raisonneur, vantard, se moque de M. Moulin, devient insolent, malhonnête, refuse de corriger son devoir, me dit qu’il sera bien content d’être débarrassé de moi pendant la journée, est privé de monter à cheval, en revenant casse un service de porcelaine, jure ses grands dieux que ce n’est pas lui et est malhonnête pour sa grand-mère à laquelle il répond insolemment. Se tient passablement à table, fait presque une scène à la chapelle pour sa prière, ne cesse que devant la menace et s’en va se consoler dans le sein de la belle Julie pendant qu’Albert, le domestique, le cherche partout.

Vendredi 8 octobre
Le gosse fouetté en règle, à 8 ans, par sa grand-mère, Henri, un autre domestique, tenant le patient. La grand’mère vient me l’annoncer tout émue. Le gosse, néanmoins, s’en vient en classe quelques instants après en chantant et en dansant.

Etc., etc. "

DDS 546 comtesse_de_segur_un_bon_petit_diable

Il ne m’appartient pas de porter un jugement sur les gens qui m’emploient et me paient mais cet usage voire cet abus du châtiment corporel par Madame la duchesse me hérisse un peu le poil. Heureusement cette humiliation permanente des fessées cul nu, ces tournées de martinet, n’ont aucun effet sur le comportement du gamin. Il sort de la correction en tirant la langue, faisant les cornes et en chantant ces diableries dont je me demande bien qui a pu les lui apprendre. Peut-être tient-t-il ce caractère mi-rousseauiste, mi-voltairien de sa mère ? Ce serait ça l’âme russe ? En prendre plein la tronche et continuer à chanter Kalinka ou Bayouchki Bayou ? Ce doit être son côté bon petit diable ou général Dourakine. La princesse Galitzin et la duchesse de Chevreuse, à ce qu’on m’a dit, ne s’entendaient pas très bien. Il est bien possible qu’elle ait monté cet enfant contre sa belle-mère.

S’il y eut ce procès retentissant, si je suis là, c’est bien pour que l’étrangère soit dépossédée et que les biens, les terres et le château restent, par l’intermédiaire de ces deux enfants-là, dans la famille d’Albert de Luynes-de Chaulnes- de Chevreuse, je me perds dans leurs titres et me noie dans leurs pages de mauvais roman balzacien. Peu importe leur nom. Mon élève est un âne et tous les ânes s’appellent Martin. Asinus asinum fricat. J’enseigne le latin à un petit sagouin.

Si j’avais un peu de temps en plus, je reprendrais bien aussi l’éducation de la bonne, la petite Julie qui s’occupe d’Emmanuel. Encore qu’elle en sache beaucoup plus que moi sans doute sur les choses de la vie, au moins sur le côté « origine du monde » et Jeanneton prend sa faucille la rillette, la rillette (nous sommes dans la Sarthe). Il y aurait beaucoup à reprendre dans son effronterie et beaucoup à dire sur sa légèreté de cuisse. Je l’ai surprise cet après-midi dans la tour du trésor en compagnie d’un vaurien des alentours de Solesmes qui vient faire les quatre cent coups par ici. Je le reconnaîtrais entre mille : il a des sourcils broussailleux et des opinions socialistes. Je crois que ce banlieusard s’appelle Ulysse.

13 novembre 1886

Tout cela m’indiffère désormais ! Je laisse Julie à son Ulysse et Manu à son destin de 9e duc de Machin Truc qui sera passé chez les Jésuites du Mans. Je pars dans 24 heures pour un autre poste à Louviers chez M. et Mme de La Haye-Josselin. Pas fâché de quitter ce château qui me foutait les boules ! Merci Seigneur !

DDS 546 Google books

***

On est tous le sagouin d’un autre et je ne suis pas la dernière des sagouines. Qu’est-ce qui me prend de farfouiller dans la vie de ces gens qui ont peut-être encore des descendants vivants aujourd’hui ? Voilà que je donne libre cours à des tendances «journaliste fouille-merde» au prétexte que je suis échotière très épisodique au journal « Le Défi du samedi » ! Et tout ça parce que monsieur Krapov, mon ancien hébergeur, a fréquenté ce château si empli de fantômes et de phéromones dans sa jeunesse !

Il n’empêche. S’il y a un autre sagouin dans l’histoire, c’est celui qui a entrepris de publier le journal intime de l’abbé Raquin en vue de glorifier ce coin de France qu’on appelle le Charolais ! Un journal intime, ça devrait le rester non ?

Et s’il y a un sagouin ultime c’est forcément monsieur Google-books. Quelle manie il a, celui-là, de caviarder des passages dans les livres qu’il reproduit ! Mille milliards de bachi-bouzouks ! Va jusqu’au bout, espèce d’enflure numérique ! Soit tu as le droit de reproduire le livre et tu nous le donnes dans son entièreté, soit tu es un voleur et alors cache-toi et garde ton butin !

Foi d’Isaure Chassériau, tu m’énerves à faire les choses à moitié ! Toi tu salis et tu salopes quand nous on salive au salon ! Sagouin, va !

16 février 2019

Le petit sagouin par bongopinot

b



On l’appelle le petit sagouin
Avec sa bouille de poulbot
Ses mains noires corbeau
Un enfant aux yeux malins

Attendant l’heure de la pluie
Pour jouer dans la gadoue
Sans botte en caoutchouc
Avec ses nombreux amis
 
Il adore se rouler dans l’herbe
Vénère ce tapis de verdure
Et affectionne Dame Nature

Et quand le vent l’enrobe
Il profite de ces heures
Et admire les splendeurs

16 février 2019

Participation de Venise


Laisse-moi passer la porte, laisse-moi te quitter.

Je veux que tu pleures comme pleurent les enfants.

Je n’ai pas trouvé en toi ce que je cherchais

Maintenant ton lit est vide, notre barque échouée

Et les coquillages ne chanteront plus à tes oreilles.

Ho mon sagouin, idiot et beau,

Ton ignorance fut ta force de lion

Ta femme, ton nuage, ton mensonge d’avant.

Mais toi mon sagouin que cherchais-tu chez toutes celles qui ouvraient leurs garde-robes ?

Toi mon sagouin tu cherchais le mensonge qui dort dans les fleuves

Et moi ton camélia de la mort   patiente comme une fièvre d’éventail.

v
Laisse-moi passer la porte

Dors ! il ne reste rien

Les sagouins dans ton genre ne peuvent pas toujours valser.

 

9 février 2019

Défi #546

Tiens, il ne fait pas partie des imprécations
du capitaine Haddock !

Sagouin

 

5462

 

9 février 2019

Sont tous de nobles cœurs

9 février 2019

La duchesse et le raturier (Lecrilibriste)


Au coin d'la rue des Basses Fosses
Lovée en manteau de chat noir
La Duchesse attendait son carosse
qui l'emportait vers le manoir

Bien à l'abri derrière son kiosque
il ne rêvait que d'aventure
Il avait nom Elie Ratùr
Mais il était plutôt breau gosse
Et il vendait ses horoscopes
que Duchesse chaque mois achetait
Il était amoureux de Duchesse
Mais il n'osait se déclarer
Quand on s'appelle Elie Ratùr
des Duchesses on se fait jeter

A l'école on l'avait moqué
« Lis tes ratures », on l'appelait
d'échec en échec il allait
car ça l'avait traumatisé...
Il raturait, il raturait
comme on bégaie, il raturait
toutes les pages qu'il écrivait
Même dans ses rêves il raturait
ça le laissait tout déprimé ...
Un psy, il fallut consulter
La psy, fine mouche lui dit
Votre nom est  prédestiné
travaillez vos ratures et puis
écrivez, transformez, écrivez ...

Ce qui fut dit, Elie le fit
Des pages et pages s'entassèrent
Elie transformait ses ratures
Et une histoire s'écrivait
De voir ainsi cet Epîcure
et son sourire d'Estrémadure
toujours plongé dans ses césures
notre Duchesse s'enhardit
tout de go à donner son adresse
pour qu'elle savoure ses prouesses
car elle était une éditrice
et proposa de lire gratis
son spécimen sans rature …

Ce qui fut dit, Elie le fit
il se rendit à cette adresse
Melle Duc qu'on appelait Duchesse
l'attendait !
Elle lut pendant deux jours, deux nuits
les aventures d'une Duchesse
amoureuse d'un roturier
Elle en fut tout émoustillée

Et croyez le, si vous voulez
Le premier prix d' littérature
décerné à Elie Ratûr
pour « la duchesse et le raturier »
fit un tabac incontesté
Pourtant y 'avait une rature
dans le titre bien imprimé
Mais personne n'avait remarqué.

9 février 2019

Germaine de Trucmuche (Vegas sur sarthe)


« Dis mon biquet, est-ce qu'on est des roturiers ? »
Germaine a de la chance que je vienne tout juste de terminer mon  sudoku : »Pourquoi tu me poses cette question ? »
« Parce que la pimbêche du dessus m'a traitée de bourgeoise ce matin dans l'ascenseur»
« Ah ? Si elle t'a appelée bourgeoise c'est en effet parce que tu es une roturière, mais tu peux aussi être vilaine »
« Si c'est pour me traiter de vilaine, tu peux garder tes explications pour toi ! »
« Te fâche pas bichette, les roturiers sont bourgeois ou vilains voire manants, c'est pas moi qui le dis c'est Wiki»
« C'est qui cette Vicky ? »
« Laisse tomber bichette »
« Des manants ? Pourquoi pas fripouilles ou racailles ? »
« Euh … c'est pas faux »
Germaine branle du chignon : »Si cette pimbêche m'a traitée de racaille, elle va avoir affaire à moi ! C'est pas parce qu'elle habite un étage au dessus que ...»
« Tu ne vas pas la défier en duel, bichette ? On n'est pas des nobles non plus »
« Et comment on fait pour être des nobles, Monsieur Je sais tout ? »
« Euh … un titre de noblesse ne s'achète pas sur eBay, bichette. Tout au plus une particule »
« C'est comment une particule ? »
« C'est un 'de' devant le nom, comme Germaine de Trucmuche »
« Parce qu'il faut s'appeler Trucmuche en plus ? Alors tous les nobles s'appellent Trucmuche ? C'est d'un pratique»
« Non, Trucmuche c'est un exemple, j'aurais pu dire Madame de Sévigné ou le Marquis de Sade »
« Hein ? Mais le Marquis de Sade, c'était un vilain ! »
« Ouais bichette, c'était un vilain noble »
« Ah ? Et la Sévigné c'était une noble peut-être ? »
« T'as raison bichette, elle a épousé un breton qui s'est fait appeler baron puis marquis et le tour est joué ! »
« Tu serais pas breton mon biquet par hasard ? »
« Euh … non, désolé je ne suis pas breton »
« Alors on sera des racailles toute notre vie … et nos enfants aussi ? »
« Ben oui, mais des jolies racailles ma chérie »
« Ouais, et ben demain matin dans l'ascenseur je connais une pimbêche qui va ravaler sa particule avec une bonne mandale ! »
«Parce qu'elle a une particule ta pimbêche ? »
« Elle s'appelle De Suza»
« De Suza comme Linda ? Celle de la valise en carton ? »
« Quelle valise ? La pimbêche c'est pas Linda, c'est Léonida et son sac Vuitton c'est pas du carton»
« Léonida ? C'est pas beau »
« T'as raison mon biquet, c'est même très vilain ! »

9 février 2019

R comme roturier (participation d'Adrienne)


La première fois que mini-Adrienne a entendu le mot roturier, c'était de la bouche de sa mère et exprimé avec un tel dédain qu'il rimait parfaitement avec ordurier alors elle n'a pas osé demander ce que ça voulait dire.

Peur d'entendre des choses qui auraient blessé l'oreille.

Heureusement, le petit frère n'avait peur de rien:

- C'est quoi, un roturier? il a demandé.

- C'est quelqu'un qui n'est pas noble, a dit la mère.

- Et nous, on est nobles? a demandé le petit frère.

La question était déplaisante, c'était clair: Bien sûr que non, a grogné la mère.

Et on a parlé d'autre chose. De ne pas mettre les coudes sur la table. D'une tartine à finir. Et de ne pas parler la bouche pleine.

9 février 2019

N'importe quoi ! (Nana fafo)

Ronchonchon explore l'association d'idée...

drôle de zèbre, non ?

Rochonchon-lapsus

 

9 février 2019

Horto-gaffe (joye)

roture oblige

9 février 2019

Où est la noblesse, où est la roture ? (Joe Krapov)

Le docteur de Morgnies ouvre la porte de la salle d’attente avec brutalité.

Comme on est le 16 septembre 1880, il ne peut pas gueuler, faisant référence à Jacques Brel, tel un sous-off dans un bordel de campagne : « Au suivant !» mais on entend presque ces mots dans la vivacité de son geste. Il a la moustache en bataille, la corpulence d’un escrimeur et la carapace de l’homme prêt à tout voir et tout entendre de la vie sans moufter plus que ça. Une espèce d’aristocrate, le médecin, chez qui tout le monde peut entrer et déballer des horreurs, qu’il soit noble ou roturier.

Aujourd’hui, en ce début d’après-midi, ils sont deux, bien amochés, à faire passer en urgence. Les patients ne sont plus impatients quand quelqu’un poireaute parmi eux avec un œil sanguinolent. Le premier arbore donc deux magnifiques cocards dont l’un bien saignant et l’autre bonhomme a le bras en écharpe, enveloppé dans ce qui ressemble à une serviette de restaurant. L’aveugle et le paralytique mais dans la version bons bourgeois de Paris bien aisés. Cela le docteur de Morgnies l’a déduit de ce que les deux gars ont l’élégance parisienne des dandys et de ce que la serviette est marquée Bignon. Bignon ! Pour un type qui a deux cocards, c’est cocasse !

- Qu’est-ce qui vous amène, Messieurs ? Par lequel de vous deux je commence ?

DDS 545 Aurélien Scholl

- Monsieur, permettez d’abord que je me présente. Je suis Aurélien Scholl, journaliste à «L’Evénement». Nous étions en train de déjeuner tout à l’heure chez Bignon et nous allions sortir quand un jeune gommeux excité s’est mis en travers de mon chemin.

- Il a demandé à mon ami s’il était bien Aurélien Scholl.


- « C’est bien moi, monsieur » ai-je répondu. En quoi puis-je vous être utile ?


- « En rien, espèce de petit roturier ordurier ! Prends ça de la part du comte de Dion !» a-t-il dit et il a balancé à Aurélien une gifle et deux pêches dans la poire.


- Sans même se soucier de ce que je portais un monocle de chez Tati ! J’eusse pu perdre un œil dans l’histoire. Et c’est pour cela que je viens consulter l’homme de l’art que vous êtes. Y aura-t-il des séquelles à cette violence ? Le saignement s’est arrêté mais pour l’instant, je vous l’avoue, je vois tout flou comme si je m’étais fait flasher à l’issue d’un bal. C’est au point que j’ai eu besoin du soutien de mon ami Turgan pour venir jusqu’à vous.


- Et puis il y a aussi cette histoire de carafe. Tu es quand même tombé dans les pommes quand il te l’a lancée et que tu l’as reçue en pleine poitrine.


- Certes, mais je l’avais traité de manant, de charretier et de crocheteur.


- Tu étais quand même en droit de le faire après t’être ainsi faitboxer, non ?


- Laissez-moi examiner cela, dit le docteur. Mouais. Pas fameux, fameux, les yeux, surtout le droit. Déshabillez-vous que je voie le torse.


- Attends, Aurèle, je vais t’aider.


- Non, laissez, dit le docteur, je vais m’y coller. Avec votre bras en écharpe ce ne serait pas pratique.

Le docteur examine le thorax où il y a un énorme hématome. Il tâte les côtes du journaliste et demande, intrigué :

- Dites voir ? C’est normal que vous ayez toutes les côtes fendues ?

- C’est que j’aime beaucoup rire et me moquer, Docteur ! Mais je n’ai jamais eu l’intention de faire du mal à qui que ce soit. Ca reste toujours de bon aloi.


- Je sais, je sais. Bon rhabillez-vous. A part l’honneur du comte de Dion, il n’y a rien de cassé.


- Mais je ne lui ai rien fait à ce garçon ! Je ne le connaissais même pas avant cette séance de pugilat!


- Vous avez sûrement dû écrire quelque chose le concernant. Mais ce n’est pas mon affaire. Je vais vous prescrire une ITT


- Qu’est-ce que c’est ? Ca fait mal ?


- C’est juste une interruption temporaire de travail. Vous n’allez récupérer la vue que dans dix-neuf jours et il vous faudra attendre encore onze jours avant que vous ne puissiez retourner au théâtre et rédiger vos comptes-rendus ironiques.


- Vous me connaissez donc, Docteur ?


- Oui je m’intéresse un peu à ce que vous écrivez.


- Et pour les yeux vous me donnez quoi ?


- Deux escalopes le matin et deux escalopes le soir, à apposer sur les orbites.


- Mais ça va me coûter horriblement cher ce régime carné ! Vous n’avez pas de médicaments, plutôt ?


- Je suis contre les prescriptions de produits chimiques ! Je fais de l’homéopathie. Contre la boucherie, j’utilise la boucherie. Si vous avez des problèmes financiers, attaquez le comte en justice et comptabilisez votre facture de bidoche dans les dommages et intérêts que vous lui réclamerez. A vous maintenant monsieur Turgan. Déballez voir un peu ce que vous avez dans votre serviette.


- Oh moi c’est juste une estafilade !


- Avec quoi vous êtes-vous fait cela ?


- Mon ami Aurélien a voulu se défendre contre le comte. Il a sorti son stylet.


- Un stylet ? Les journalistes écrivent avec un stylet maintenant ? C’est fini le stylo ?


- Je devais partir ce soir pour Bruxelles, précise Aurélien Scholl. Bien que la Belgique soit un pays d’honnêtes gens j’avais emporté à tout hasard mon parapluie de voyageur dont le manche renferme un stylet.


- Vous avez raison, il y a là-bas de vilains bonshommes qui tirent à vue sur les littérateurs français !


- Et comme il n’y voyait plus rien, c’est moi qu’il a blessé.


- Ce que je ne vois vraiment pas c’est pourquoi le comte s’en est pris à moi.


- Cherchez la femme, Monsieur Scholl ! Quel livre avez-vous publié récemment ?


- « Fleurs d’adultère ». Pourquoi ?


- Cherchez de ce côté-là. Je suis sûr que l’explication est là. Voici vos ordonnances, Messieurs. Lequel de vous deux règle l’addition ?


- C’est moi !


- Non c’est moi !


- Je vous en prie, je vous suis redevable de…

***

Après avoir raccompagné les deux hommes jusqu’à la porte et avant de faire entrer le client suivant le docteur de Morgnies jette un œil au portrait d’Isaure Chassériau qui trône dans son vestibule.

- Eh bien dis-donc, Isaure ! Le journaliste-bashing commence de bonne heure, cette année !

2019 02 08 Isaure flashball

9 février 2019

Roture (Laura)

 

 Nom féminin, du  latin, ruptura est issu de l'ancien français , roture « ouverture, déchirure[1]. »

 

Faut-il en déduire que la vulgarité de ce, celui ou celle qui n'est pas noble est une ouverture?

 

Ouverture pour devenir noble, se cultiver, s' améliorer, s' ouvrir au monde, être plus curieux, sourire sous la pluie.

 

Faut-il en déduire que la vulgarité de ce, celui ou celle qui n'est pas noble est une déchirure?

 

Déchirure du contrat social rousseauiste, assombrissement du ciel des lumières dont la violence effraie.

 

3 février 2019

 

 


[1] 1174-87, Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 3709 in http://www.cnrtl.fr/etymologie/roture

 

9 février 2019

À bout de souffle (Pascal)


Les vrais héros sont anonymes. Arrivés sur zone, les jumelles ostensiblement braquées sur la mer, entre l’écume pétillante, les ombres omniprésentes, les vagues jaillissantes, puisque le caboteur avait malheureusement sombré, nous cherchions désespérément les éventuels survivants. Le vent hurlant dans la mâture, les penchements violents, les visages fermés, traduisant pourtant toute l’énormité de la tâche, rajoutaient encore à l’impression apocalyptique de la situation…  

Tout à coup, dans l’immense puzzle de la mer, on a pointé du doigt une minuscule pièce orange qui pouvait être un gilet de sauvetage !... « Là !... Regardez !... Tribord avant !... » Aussitôt, deux souffles puissants jaillirent des cheminées et nous nous rapprochâmes de la victime. Et puis, dans les machines et chaufferies, au poste de manœuvre, on réclama un nouveau « Stop »…

Pendant l’arrêt, le bateau roulait bord sur bord ; il était impossible d’avancer dans les coursives sans être sévèrement bousculé, châtié, maltraité. Et quand on le pouvait, on marchait sur les matériels de sécurité accrochés aux cloisons qui, eux-mêmes, devenaient des objets dangereux. Parfois, on prenait tellement de gîte qu’on restait plaqué contre la cloison, attendant une petite accalmie pour reprendre notre semblant d’avancée. Durement molestés par cette ennemie invisible mais tellement présente, soumis à sa force brutale nous secouant sans cesse, c’était comme si la mer voulait faire lâcher prise à tous les marins du bateau…  

Au bout d’une glissade malencontreuse, le deux-galons qui gérait l’activité des secours sur la plage arrière dût très vite déclarer forfait à cause de sa figure et de ses dents qui explosèrent contre une bite d’amarrage. Bien planté sur ses jambes, le casque sur les oreilles et le micro devant la bouche, c’est le patron bosco qui reprit la manœuvre. Déjà, notre capitaine d’armes avait plongé dans le bouillon pour récupérer le bonhomme, encore si fragilement accroché à son restant de vie…

Avec un malin plaisir, la mer s’amusait du bateau en le baladant du creux le plus profond à la cime la plus haute de ses vagues. Elle inondait ses ponts ou les envoyait vers les sommets et, pendant quelques instants, ils effleuraient les nuages. Contente de cet échafaudage éphémère, subitement, elle laissait tout tomber ; alors, elle gonflait une autre vague, plus puissante, plus rageuse, plus déterminée, qu’elle allait confronter une nouvelle fois à notre pauvre coquille de noix. Pour nous faire peur, entre ses remous, elle créait des masques d’ombres grimacières aux mille faciès inquiétants…

Blanchi de sel, désemparé, le bateau subissait sans faillir tous ces furieux assauts de mer ; si ses grincements étaient comme des gémissements, si ses ballottements étaient comme des mouvements d’incertitude, si ses portes étanches n’étaient plus imperméables, généreux dans la tourmente, docile pendant les sollicitations, il s’acquittait de son devoir en géant.
Les vagues assaillantes pouvaient bien s’éclater contre ses flancs, les paquets de mer attaquer ses superstructures, la houle puissante le trimballer sans nul ménagement, il était comme un oiseau protecteur, défendant bec et ongles tout son équipage…  
Dans le chaos général, au milieu des secousses, des vibrations, des rouleaux, des glissades, c’était pendant ces moments extraordinaires qu’on apprenait à aimer notre bateau et, lors des escales lointaines, on arborait sa légende avec une grande fierté…
Intrépide, notre courageux bidel se démenait dans l’intense tumulte ; minuscule homme-grenouille, entre tuba et palmes, il s’acharnait à nager dans le fracas des vagues. Un mètre en avant, deux mètres en arrière, c’était un nouveau jeu de la mer, avec cet impromptu et inconscient sauveteur.
Parfois, happé par une lame, on ne le voyait plus ; parfois, il se confondait avec l’écume rageuse crachée par la mer ; parfois, il s’escrimait pour atteindre la cime d’une vague mais elle se désagrégeait et tout était à recommencer. Au calcul de l’approximation, ce qui pouvait être à cent mètres se retrouvait soudainement à cinq cents mètres…

Nous, impuissants, regardant les événements sur le pont, on voulait tous lui donner notre énergie pour qu’il accomplisse sa mission ! À la passerelle, malgré l’impérieux devoir d’entraide entre les gens de mer, envoyer au feu les plongeurs du bord dans cet impétueux cataclysme, c’était quand même prendre une sacrée responsabilité. C’est certain, derrière leurs jumelles, il y avait des ficelles sur les casquettes qui devaient prendre du mou, des médailles qui flageolaient et des glottes qui devaient jouer au yoyo…  

Entre marche avant et marche arrière, le bateau tentait de protéger son plongeur le plus émérite ; les autres, à bout de force, avaient regagné le bord. Tout à coup, la ligne de vie, qu’on tenait solidement entre lui et nous, est devenue lâche ! Là-bas, dans  l’écume et le roulis, notre sauveteur s’était décroché pour atteindre son sinistré ! Devant nos yeux médusés, tant d’altruisme téméraire conférait à la leçon d’Humanité…  
Après un temps interminable, il parvint à le rejoindre. Fait divers, fait de gloire ou simple roture, on ne savait pas encore dans quelle rubrique les journaux allaient parler de cet hallucinant sauvetage. Outrée, la mer, se sentant dépossédée de ces deux futurs noyés, leur envoyait abondamment toutes ses pires calamités en concentré de tumultes les plus féroces...  
Maintenant, coûte que coûte, il fallait qu’ils reviennent au bateau ! Trouver encore des forces ! Puiser à pleines brassées dans l’instinct de conservation ! Se rappeler des arbres en fleurs, des sourires de femme, des rires d’enfant, et tout ce qui fait aimer la Vie !...  

Contre vents et marées, notre plongeur tenait bon ; il avait empoigné son naufragé et, tant bien que mal, il tenait sa tête hors de l’eau. À quelques secondes près, je crois qu’il aurait ramené un autre noyé et il ne le voulait pas. Bien sûr, les yeux remplis de sel, ils crachaient la mer, ils toussaient ses embruns, ils dégueulaient son écume !...  
À bord, cramponnés au bastingage, nous étions tous des supporters assidus, gravant pour toujours l’exploit dans l’intimité de nos souvenirs, et priant le Ciel en l’encourageant expressément d’envoyer un de ses meilleurs miracles !...  

La houle perturbait les manœuvres du navire mais, d’évolutions en louvoiements, nous avions pu nous rapprocher des deux hommes. Admettant tout cet acharnement et devant le courage inouï de ce plongeur du bord qui arrachait ce naufragé d’une triste fin, magnanime, la mer les renvoya à leur devoir de rester vivants. D’une lame, d’une seule lame, par-dessus les balustrades et sans ménagement, elle les balança sur le pont. Jusque là, pour tous les morts qu’on avait repêchés, ce ciel si blafard et si tourmenté était soudain redevenu bleu…  

Glacés, exténués, tremblants, à bout de souffle, sous des couvertures, entre notre haie d’honneur et nos applaudissements, ces deux-là avançaient péniblement dans la coursive centrale, soudés par la bave, le vomi et les larmes. Agrippé au bidel, le petit gars ne voulait plus le lâcher jusqu’à ce qu’on retrouve un quai. Si les vrais héros sont anonymes, le nôtre s’appelait Fus, le maître Fus, et je lève encore mon chapeau quand je pense à lui. Aux doux parfums de soufre, deux bouffées brûlantes et rauques, brutalement sorties des cheminées, signifièrent notre retour sur Toulon. Notre sillage éphémère était une de nos plus belles signatures, au bas du parchemin de la mer…

9 février 2019

Un jeune roturier par bongopinot


Il a la jeunesse
Il navigue sans filtre
N’a aucun titre
Mais un cœur en liesse

Satisfait de sa roture
Le sourire aux lèvres
À faire devenir chèvre
Un chevalier en armure

Il a la bonté du cœur
Est aimé du quartier
Fidèle en amitié
Il n’a pas de rancœur

Il est des nôtres
Point de sang noble
Simplement humble
Aimant les autres

Il n’est pas de la noblesse
Navigue sans filtre
N’a pas de titres
Et pratique la gentillesse

9 février 2019

Roturiers (Venise)


Cœur de roturier et rien d’autre.
Avec un rossignol pour bannièrev
Sans l’aiguillon du blason
Et là nos baisers, nos promesses, nos rivières souterraines
La rose ouverte sur le jardin
Et le rosier de nos promesses sans épine.
Il faudra coucher nos corps sans linceul, sans royaume
Pendant que nos faux couperont les épis jaunes.
Nos cœurs roturiers ne s’envoleront pas, mais
nos soupirs nos renoncements
Comme de vieux oiseaux frémiront dans la brume
Braves gilets jaunes au cœur roturier
Dont l’alphabet trébuche dans les caniveaux pleins de larmes.

Moi je tordrai les branches des peupliers pour vous laisser passer.

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