Participation de Venise
Du papier, trois fois rien , de petites mains habiles voilà toute la richesse de l’enfant moine TIHOUBE.
Cet enfant s’ennuie comme tous les enfants de son âge dans ce monastère.
Il n’est devant aucune question existentielle, même la présence de la lune dans le ciel le laisse indifférent.
Il est lui-même toutes les questions du Monde puisqu’il sera le prochain Dalaï-lama.
Nous sommes aux X siècles après Jésus-Christ .
Comment échouer quand on a l’émerveillement au fond de soi ?
TIHOUBE prend les papiers, il est magnifiquement armé d’un sourire , et sa robe pivoine luit dans le soir .
Il n’a jamais été aussi beau dans la poussière du monde, il commence à jouer des pliures des papiers.
Les vieux moines passent devant lui sans le déranger. Qui pourrait déranger celui qui triomphe dans ses rêves éveillés ?
Quelque chose est en train de se passer dans ce monastère, quelqu’un chuchote à l’oreille de l’enfant moine.
Quelqu’un que l’œil humain ne peut percevoir.
Des formes pleines d’ombre surgissent entre ses doigts et une gaité sans objet assaille tout le monastère.
Il va où le monde n’est plus qu’une note de papier il donne vie froisse, défait refait . Les formes s’enchainent, donnent vie, voyagent entre ses petits doigts, toute la bassecour y passe .
TIHOUBE ne rêve pas le monde il le voit dans les pliures du temps, il marche dans le pas des paysans, donne vie à l’oie blanche, la poule , le canard .
D’où viennent tous ces gestes de l’enfant et ce regard sur des animaux communs, qu’il saisit et fait disparaitre.
Nous sommes ces ombres de papiers devant le mystère de la vie. Nous aussi nous perdrons nos vêtements de langue et restons comme TIHOUBE dans un éternel présent.
Dix mille ans et des poussières nous séparent de TIHOUBE et ses ORIGAMIS nous sont parvenus.
Nous avons reçu la joie qui va avec, sans quoi la gravité n’est que lourdeur.
Les enfants remettent le monde d’aplomb à chaque fois qu’un être de papier surgit entre leurs doigts.
C’est dans ce monde de papier que les colères font faillite et qu’on apprend que dans ce monde il y a une place pour chacun.