Idylle entre un lombric et une libellule (maryline18)
Seul, sur un chemin forestier,
Alain suivait, sombre, la Lys,
Les poches trouées, dépité,
Devant sa vie sans artifice.
Puis, faisant un pas de côté
Pour éviter dans les branchages,
Un vieil outil abandonné,
Lui revint à l'esprit, l'image
De sa mémé en tablier,
Les bras chargés de victuailles,
De la terre plein ses souliers,
Pour accompagner la volaille.
Un moment tout à ses pensées,
Il se baissa pour ramasser
La bêche juste un peu rouillée,
Et il cria : "Merci Mémé !"
Il se proclama jardinier !
Sur son visage, un sourire
Eclaira toute la fôret,
Et puis aussi son avenir...
Une parcelle abandonnée,
Oubliée de tous, comme lui,
Lui permit de s'alimenter,
Et ainsi de redonner vie
A ce p'tit coin de paradis,
D'où un soir de pleine lune
Il surprit, auprès de fourmis,
Son compagnon d'infortune :
Un vilain ver, chargé de terre,
Auprès d'une libellule.
Avait-il bien les pieds sur terre
Ou était-il somnambule ?
...Son petit côté "terre-à-terre",
Faisait toute la différence,
Et n'était pas pour lui déplaire
Alors débuta la romance...
Déployant ses jolies ailes,
Toutes de bleu et vert mélés,
Plus douce que la mirabelle,
Légère et gracieuse à souhaît,
Elle admirait tout son travail,
De dur labeur au fil des jours,
Et de ses ailes en éventail,
Lui envoyait des mots d'amour...
Ils ne se voyaient que la nuit,
Le ver n'aimant pas le soleil ;
Et vous n'en serez pas surpris,
Elle a eût beau battre des ailes
Afin de tenir en éveil,
Le charme contre nature,
Alain découvrit au réveil :
Une tâche, une blessure,
Sur la belle alors condamnée
A errer entre ciel et terre,
Jusqu'à l'agonie annoncée
Par M'dame destinée, la sorcière.
La morale de cette histoire :
Quand s'offre à toi la liberté,
Ne la laisses en aucun cas choir,
Séduit par la sécurité.