Participation de Laura
Lombric, asticots et vers
Si le grand Victor Hugo a su placer un lombric dans une pièce de théâtre:
Madame, sous vos pieds, dans l'ombre, un homme est là - Qui vous aime,perdu dans la nuit qui le voile; - Qui souffre, ver de terre amoureux d'une étoile;- Qui pour vous donnera son âme, s'il le faut; - Et qui se meurt en bas quand vous brillez en haut (1) .
Je me bornerais à évoquer des souvenirs personnels en me permettant d'évoquer ma famille(je m'en excuse auprès d'elle, même si elle ne me lira pas et même si je crois qu'on ne peut rien percevoir de négatif dans les lignes qui suivent). Mes grand-parents paternels(et ma mère à leur suite) étaient marchands d'articles de pêche dans un magasin acheté à la fin de la deuxième guerre mondiale et qui a vécu plus de soixante ans.
Dans ce magasin, on vendait des vers de terre (pour servir d'appât au bout de l'hameçon du pêcheur) que mon grand-père (et mon père) allait chercher dans la nature, la terre, des coins de nature dont ils gardaient jalousement le secret.
Pour servir d'appat,on vendait aussi des vers de vase (2) que mon grand-père allait chercher dans leur milieu naturel.
Je ne peux m'empêcher d'évoquer les asticots(qui ne sont pas ddes vers) mais des êtres rampants qui servent aussi d'appats et que la petite fille que j'étais utilisait pour faire des courses avec des bêtes de couleurs différentes.
Je vais cependant terminer par des vers de Jacques Roubaud dont le titre est vraiment "Le lombric":
Conseils à un jeune poète de douze ans.
Dans la nuit parfumée aux herbes de Provence,
Le lombric se réveille et bâille sous le sol,
Étirant ses anneaux au sein des mottes molles
Il les mâche, digère et fore avec conscience.
Il travaille, il laboure en vrai lombric de France
Comme, avant lui, ses père et grand-père ; son rôle,
Il le connaît. Il meurt. La terre prend l’obole
De son corps. Aérée, elle reprend confiance.
Le poète, vois-tu, est comme un ver de terre
Il laboure les mots, qui sont comme un grand champ
Où les hommes récoltent les denrées langagières ;
Mais la terre s’épuise à l’effort incessant !
Sans le poète lombric et l’air qu’il lui apporte
Le monde étoufferait sous les paroles mortes.
Jacques Roubaud, Les Animaux de tout le monde, Seghers, 1983.
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1. Ruy Blas (1838), II, 2, lettre de Ruy Blas à la reine de Victor Hugo
2. https://www.aquaportail.com/definition-290-vers-de-vase.html