Il n’y a pas plus étendu que le son d’une guimbarde.
J’ai toujours l’impression de me baigner dans un lac .
Car dans ce son, il y a quelque chose dont personne ne veut entendre parler.
La guimbarde fait apparaitre le grand ciel fixe du Missouri
La poussière d’une véranda figée comme une aquarelle.
Ce moment où l’on croise les bras dans l’attente de l’inespéré.
Il y a dans le son de la guimbarde l’espérance d’une issue,
Pour le cerf blessé qui rentre dans un monde où quelque chose va lui être offert.
Quand tu joues de la guimbarde, tu tisses ce vieux lien entre la terre et le ciel
Ce lien qui ne cesse de se défaire, tu allumes alors une piste vers les tribus indiennes décimées.
Car la guimbarde appartient aux saintes Écritures, au secret qu’elle déchire au creux du silence.
La guimbarde c’est Melville sans la baleine, c’est Faulkner , sans les pistes
C’est cette nuit qui n’en finit pas et dont on ne témoigne qu’en jouant de l’instrument.
Je suis devant l’œuvre de MILPURRURRU le tableau s’appelle le RÊVE DE LA CHAUVE-SOURIS.
C’est comme si la baleine blanche de Melville me faisait signe, ou que le grand cerf blessé
donnait son dernier souffle à Faulkner .
Le son de la guimbarde m’accompagnera dans la fin de ma vie , ou plutôt il me précédera .
L’hirondelle viendra me chercher et moi devant jouant de la guimbarde je suivrai le galop des buffles qui envahiront le ciel et la guimbarde d’une voix rauque connue de tous dira :
maintenant tu meurs.
Merci du partage !