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Le défi du samedi
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9 décembre 2017

C'était au temps où Bruxelles... (Walrus) (353)

 

Quand j'habitais 15, rue de la Centrale, à Ville-sur-Haine (inutile de vous précipiter, la maison a été rasée en même temps que la centrale électrique), mon frèe avait reçu pour la Saint Nicolas un album des aventures de Quick et Flupke.

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Je me suis bien sûr empressé de le lire.

Hergé, Bruxellois d'origine y racontait les aventures de deux garnements de sa ville.  Il m'a fallu des années pour percer le mystère du nom de ces héros (ce sont les diminutifs bruxellois de Patrick et Philippe). Cet album fut mon premier contact avec Bruxelles.

Quel monde étrange pour moi qui avais vécu jusque là dans des maisons ouvrières, que cet endroit où les gens vivaient empilés dans des appartements.

L'autre personnage principal de cette bande dessinée, avec qui ils avaient d'innombrables démêlés, était l'agent de police de leur quartier, porteur aux coins de son col d'un numéro matricule : le 15. Aujourd'hui, cet agent, sans doute le flic le plus célèbre de Bruxelles, a même sa statue place Sainctelette.

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Quand en 1963 j'ai dû me présenter au Petit Château, le centre de recrutement et de sélection de l'armée de l'époque, j'ai emprunté le tram qui faisait la navette sur les boulevards de la petite ceinture de la capitale : le 15 ! Ce tram était tellement connu qu'il était représenté sur les carrousels. Aujourd"hui, ce numéro est celui d'un bus qui dessert en soirée quelques quartiers de Jette.

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Les écoles de Bruxelles sont, elles aussi, affublées d'un numéro. Celle qui porte le numéro 15 parmi les écoles maternelles s'appelle "Les Lutins du Petit Bois", c'est pas mignon ?

 

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9 décembre 2017

Le tennis barbu (Joe Krapov) (429)

C’est un jeu oublié, je crois. On s’asseyait sur un banc, on regardait chacun d’un côté, scrutant les gens qui passaient et quand il y avait parmi eux un barbu on marquait quinze point puis trente, comme au tennis. Jeu, set et match.

Je ne sais pas d’où ça sortait. Peut-être bien de cet entre-deux guerres si mystérieux ou de ces années folles voire des années cinquante avec ces gens et ces romans bizarres, complètement oubliés aujourd’hui : Jules Romains et ses « Copains », Paul Guth et son « Naïf », René Fallet, Gabriel Chevallier et son « Clochemerle ». Noël Roquevert, Noël-Noël, Michel Simon, Jean-Louis Barrault.

On y a joué beaucoup, nous autres, à l’époque, au tennis barbu. C’était un jeu au poil, comme celui qu'on avait dans la main ! Anne-Marie Pascal qui faisait partie de notre bande a arrêté d’y jouer quand elle rencontré son Désiré. Un beau type barbu ! Elle a marqué quinze points, elle est partie avec lui, elle a dû décrocher la coupe Davis ou la coupe Desvertus parce qu’on ne l’a jamais revue. Il faut dire que son Désiré s’appelait Landru.

Nous aussi, très récemment, on a stoppé le jeu du tennis barbu. On a arrêté d'y jouer quand ce sont les barbus qui ont marqué les points.

9 décembre 2017

C'est un jour comme tous les autres (petitmoulin) (54)


C'est un jour comme tous les autres
Tu promènes ta solitude
Comme on promène son chien
Tu descends lentement le boulevard
Le vent souffle fort
À travers le désordre
De ta pensée
Un éclat de rire
Tombe d'une fenêtre
Tu voudrais croire
Que c'est le sien
Le pas plus rapide
Le regard en alarme
Tu entres dans la gare
Assis sur le même banc
Tu attends le train de 15h15
Tu avales d'un coup
La brûlure des larmes
Tu remontes lentement le boulevard
Tenu en laisse
Par ta solitude

 

9 décembre 2017

Mes quinze ans par bongopinot (194)


À mes quinze ans
Je suis devenue tata
Mon neveu dans les bras
Je parade à pas lents

J’avais envie de le crier
Mais le monde se fiche
D’une ado à la tête en friche
Et de ce bonheur familier

Et à l’âge des tourments
Des questions sans réponse
Ce petit être me redonne confiance
Finis mes coins d’ombre et mes égarements

Je me sens pleine de joie
C’est un plaisir du jour
Et je lui donne tout l’amour
Et mes yeux se noient

D’un plaisir immense
Et les mois les saisons filent
Et les années sur mon visage se lisent
De tous ces moments intenses

Et voilà qu’aujourd’hui
Je suis quinze fois tata
Et mes neveux ont dans les bras
Leurs enfants, et, tourne la vie

 

9 décembre 2017

Quinze ans (Laura) (126)

 

Quinze ans : l’âge où j’ai cessé d’être une enfant, définitivement
Un processus entamé vers  treize ans à la faveur d’un événement familial
Il n’était plus possible de croire aux contes de fées, aux princes charmants
Naître une deuxième fois et comme la première dans les cris et la souffrance
Zut alors : arrêtez les mensonges et l’hypocrisie, assumez vos envies
Etre soi malgré les convenances, les rôles préétablis, oublier les complexes 

Aimer chaque instant, chaque bouche, chaque corps, chaque caresse
N’être que  feu malgré les signes d’eau, lire, vivre, souffrir pour le jeu 

Savourer la pluie, le vent, la neige qui cingle les années de jeunesse

 

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9 décembre 2017

mes quinze (joye) (490)

9 décembre 2017

Il était quinze heures...(maryline18) (1)


Elle aimait la plage et ses embruns comme d'autres aimaient les centres villes et les magasins. Du haut de son balcon, à demi-allongée sur un long fauteuil, un châle mauve, crocheté sur ses épaules frèles, Albertine pouvait rester là des heures immobile, comme happée littéralement par cette vitrine mouvante. Elle fermait les yeux afin de faire corps avec cette nature adorée depuis l'enfance. Elle s'abandonnait totalement jusqu'à se laisser bercer par les vagues. Cent fois elle bondissait, son cœur se soulevait, l'accompagnant jusqu'au trait d'horizon puis elle s'échouait autant de fois sans peur ni regrets, sur le sable tiède. Elle redevenait une toute petite fille en maillot de bain bleu, parsemé d'étoiles de mer rouges. C'était le tout début, le temps des jeux jusqu'à l'épuisement, des belles espérances, des grands défis...Elle courait, courait, ses mollets ronds en devenaient presque douloureux, mais la vague gagnait toujours en rapidité. Ses orteils se recroquevillaient pour échapper aux morsures des coquillages brisés, et, pour ensuite s'enfoncer dans le sable mouvant. Ses oreilles bourdonnaient, remplies du râle de la bête qui, bavant une écume blanchâtre, vomissait des algues gluantes et brunes qui lui arrachaient des cris nerveux. Son petit corps surpris tremblait et tous ses poils se dressaient, son souffle s'étouffait dans sa gorge qui laissait alors s'échapper des cris d'effroi qui faisaient se retourner tous les baigneurs. Des mouettes hurlantes la sortaient parfois de ses rêveries. Elle les suivait quelques intants mais se fatiguait vite de leurs danses trop rapides, alors elle posait son regard sur un point imaginaire au beau milieu des flots. Quand ses jambes le lui permettaient encore, elle descendait se promener à marée basse. Elle écoutait le chant des vagues. Souvent mélancolique, il lui arrivait de livrer à la nature ses préoccupations du moment à voix haute, en marchant...Elle parlait de ses enfants qui étaient toujours en voyage et de ses petits-enfants qui grandissaient si vite. Elle se languissait de les revoir, peut-être viendraient-ils pour Noël, si le temps s'y prête bien sur...ou pour Pâques...

Oh elle ne se plaignait pas, elle s'occupait, elle tricotait des cache-nez pour tous, des bleus, des rouges, ou avec des rayures. Elle finissait les pelotes entamées, il ne fallait pas gaspiller les restes de laine. Tout était prévu, quand ils viendraient elle leur ferait un gâteau avec du bon beurre doux, des oeufs frais du marché, elle demanderait à la voisine de lui en acheter. Il embaumerait la maison, c'est sur. Avec le gâteau ils dégusteraient la bouteille de cidre doux qui attend sur l'étagère de cave entre les boites de ravioli et de sardines. En vieillissant, on mange moins, voila ce qu'elle se disait rien que pour elle, pourquoi cuisiner pour un estomac si vite rassasié.

Ces derniers temps, sa tête lui jouait des tours, elle oubliait de manger, comme dimanche dernier , je suis arrivée pour faire son ménage comme tous les lundis, elle déambulait en chemise de nuit. Elle cherchait partout la graisse à frire pour préparer des frites pour tous ses enfants qui devaient arriver sous peu...Les plats livrés par la ville s'accumulaient dans son réfrigérateur, elle n'y avait presque pas touché. Elle n'avait mangé que des yaourts, avait laissé les pots vides de part et d'autre, et des paquets de biscuits. Chaque lundi je reprenais le train en marche pour ainsi dire et la replaçais sur les rails de sa vie. On arrachait les petites feuilles en trop du calendrier et on parlait des jours, des saisons, du temps et je lui préparais une bonne soupe qu'elle avalait avant que je reparte. On parlait beaucoup, elle voulait tout savoir, mes joies, mes peines, mes amours...Je l'aidais à s'habiller et je coiffais ses longs cheveux gris. Parfois je lui faisais des nattes et on riait à gorge déployée. Elle me racontait sa vie pendant que j'époussetais les cadres posés sur des napperons en dentelle. Son regard s'éclairait et ses joues rosissaient quand elle me racontait les jours heureux, les enfants, les amis, les dimanches. Albertine voulait m'aider à plier les serviettes quand je pliais son linge, à ranger les couverts quand je faisais sa vaisselle. Le temps passait si vite près d'elle, trop vite, on avait le mème âge, celui de vivre, de rire...C'est lundi à quinze heures que je l'ai retrouvée étendue en bas de l'escalier. Des pelotes de laine avaient dévalé, l'accompagnant dans sa chute mortelle.

 

9 décembre 2017

Participation de Venise (387)

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Quinze ans déjà petite


Quinze ans que j’écoute tes pas , ta voix
Sans fausse note
Comme un aveugle accordant le piano de l’enfance
Quinze ans déjà
Mon cœur crépite de t’avoir vue si minuscule sur la balance

Autant de grammes de lumière et si peu d’ombres.
Les pétales de tes joues s’enflamment depuis quelques jours
Comme un livre ouvert je vois et me dis
Quinze ans à peine
Une fraicheur surnaturelle et déjà un jardinier bèche ces roses.

Toute occupée à jouer , maintenant affublée de tes quinze ans à peine tu nous fuis.
Tu te recroquevilles sur tes amours
Quinze ans petite
Va pas trop vite
Petite aigrette , fleur de pissenlit

Reste encore un peu dans ses heures calmes de notre maison

Combien de temps dureront tes quinze ans.
Les miens ont attrapé comme toi une maille de mon cœur et tu es là.

 

9 décembre 2017

Les 15 jours de la Genèse 2.0 (Vegas sur sarthe) (378)

 

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Après le grand chambardement et ayant recensé les dégâts, le Tout-Puissant décida de tout refaire en mieux et de prendre son temps: IL appela ça la Genèse 2.0
IL était loin d'imaginer qu'en cumulant deux jours du seigneur sans compter les RTT, IL allait gagner au change.


Jour 1: IL fit le jour clair et la nuit sombre mais avec une cinquantaine de nuances de gris pour les deux bipèdes qui attendaient le jour 6 avec impatience

Jour 2: IL fit le ciel bleu puisqu'IL avait déjà créé le Bleu ciel et que c'était bien; IL fit aussi la mer avec des golfs clairs et des moutons... Mêêê... y'a pas de mais qui tienne

Jour 3: IL fit l'herbe – humide pour les vaches qui ne péteraient plus et sèche pour le cannabis – des fruits sans pépins sauf la pomme et des légumes beaux (avant on disait biaux) à manger par 5 chaque jour

Jour 4: IL fit un soleil avec une grande place – la place au soleil – une lune avec du miel pas frelaté pour les amoureux et des étoiles pour les poètes

Jour 5: IL fit des zanimaux, des piafs qui volent sans chier partout, des hamburgers sur pattes et des canards sans foie ni l'oie, des pandas noir et blanc et aussi des blanc et noir – pareil pour les zèbres – des chauve-souris chevelues et puis des loup-bouquetins pour chausser son Eve du lendemain.

Jour 6: IL fit Adam en vert – avec un verre à dents – et Eve en tenue d'Eve mais en 86.60.86 pour faire bonne mesure; IL leur dit "Croissez et multipliez-vous mais en silence parce que je vais créer demain mon jour du Seigneur et j'aimerais bien être peinard"

Jour 7: IL ne fit rien mais créa quand même le hamac et la télé par lune (le satellite de la Terre) mais sans Hanouna et puis il créa les boules Qiès à cause des deux forniqueurs.

Jour 8: IL fit l'Enfer et son boucan, un endroit torride et enfumé pour boucaner et non pas un endroit frais et pur pour bouquiner, un endroit bruyant où les méchants seraient obligés d'écouter ad vitam eternam l'oeuvre complète de Renaud.

Jour 9: IL fit les Paradis fiscaux et on dirait fiscaux parce qu'il y avait plusieurs paradis fiscals, tout comme cheval mais pas chacal.

Jour 10: IL recréa sa prière le Notre Père en remplaçant "et ne nous soumets pas à la tentation" par "et ne nous laisse pas entrer en tentation"... après tout, c'était Sa prière bon Dieu !!

Jour 11: IL créa un Noël aux tisons et un Pâques au balcon parce qu'IL en avait soupé des anciens dictons à la mord-moi-le-noeud

Jour 12: IL fit la chicorée du Nord (avec le brun, un brin dérangé) et la chicorée du Sud (avec Leroux, un brin caféiné) pour ne pas les confondre

Jour 13: IL fit quatre saisons comme Vival dit: le printemps sur la Tamise, l'été mais pas meurtrier, l'automne sans les violons sanglotant et enfin l'hiver mais sans le singe ni Belmondo

Jour 14: Comme le jour 7 IL ne fit rien sauf déplacer son hamac, n'alluma pas la télé – même sans Hanouna – mais garda les boules Qiès toujours à cause des deux forniqueurs.

Jour 15: IL créa le Quinze et en vrac le SAMU, le département du Cantal au lait de vaches qui ne pètent pas et aussi l'âge de la majorité sexuelle même si Eve s'en foutait pas mal depuis le 6ième jour

Le Tout-Puissant poussa un soupir de satisfaction mêlé d'une pointe d'angoisse: sa Genèse 2.0 donnait à l'Humanité une nouvelle chance de prospérer, un souffle nouveau à peine perturbé par les beuglements des deux forniqueurs qui Caïn & Caha sublimaient déjà les premières graines d'une innombrable progéniture...

 

2 décembre 2017

Défi #484

 

Quinze !

 

Quoi, bizarre ? Vous rigolez ?
Ce ne sont pas les sujets qui manquent :

Le rugby (ouais, bon, le Quinze de France...)
Les jeux de cartes : crapette, fifteens, scopa...
Les montages plus ou moins stables d'Arne
La balle pelote (quinze et une chasse)
Le tennis
Marignan (1515)
Le quatrocento (XVème)
L'arrondissement de Paris
Y en a même pour mon neveu chez 415

Bon, j'arrête parce que de toute façon, vous en trouverez un autre, alors...

 

2 décembre 2017

Ont opté pour le style japonais (ou pas...)

2 décembre 2017

Participation de Venise (386)

 

1966 , on joue pour la première fois les paravents de gens genets à l’odéon le théâtre de France .
Je suis assise au second rang accompagné de ma troupe d’étudiants en philosophie .
Le théâtre est bondé, Cocteau au premier rang , louis Jouvet sur sa droite , on voit toute l’intelligentzia au rendez-vous .
Au bout de 20 minutes de représentation remonte de la pièce une terre maudite qui exhale sa puanteur sous des relents de roseraie .
Genet ne ménage pas l’histoire, alors que marias Casarès enfonce le clou les paras enfoncent  les portes du théâtre.
S’en suivent  alors des jets de pierres, Casarès ,est  invitée à « foutre le camp ». Jets d'objets divers (chaises, oeufs, boulons). Fumigènes, cris, insultes, bagarre généralisée. Le rideau de fer est baissé. Le spectacle s'interrompt. Un quart d'heure après, il reprend.
Dehors, une foule amassée n'en continue pas moins à vociférer, réclamant son annulation. Les forces de l'ordre sont réquisitionnées, elles le seront désormais, chaque soir, lors de toutes les représentations qui suivront.
Mais laissons parler Malraux des paravents.

André Malraux défend Jean Genet

Réponse d'André Malraux, ministre d'État chargé des affaires culturelles, le 26 octobre 1966, aux députés réclamant la suppression de la subvention à l'Odéon-Théâtre de France après la création des Paravents.

« La liberté, Mesdames, Messieurs, n'a pas toujours les mains propres ; mais quand elle n'a pas les mains propres, avant de la passer par la fenêtre, il faut y regarder à deux fois Si nous étions vraiment en face d'une pièce antifrançaise, un problème assez sérieux se poserait. Or, quiconque a lu cette pièce sait très bien qu'elle n'est pas antifrançaise. Elle est antihumaine. Elle est antitout. Genet n'est pas plus antifrançais que Goya anti-espagnol.
Ce que vous appelez de la pourriture n'est pas un accident. C'est ce au nom de quoi on a toujours arrêté ceux qu'on arrêtait. Je ne prétends nullement - je n'ai d'ailleurs pas à le prétendre - que M. Genet soit Baudelaire. S'il était Baudelaire, on ne le saurait pas. La preuve, c'est qu'on ne savait pas que Baudelaire était un génie. Ce qui est certain, c'est que l'argument invoqué : "Cela blesse ma sensibilité, on doit donc l'interdire", est un argument déraisonnable.
Si nous commençons à admettre le critère dont vous avez parlé, nous devons écarter la moitié de la peinture gothique française, car le grand retable de Grünewald a été peint pour les pestiférés. Nous devons aussi écarter la totalité de l'œuvre de Goya, ce qui sans doute n'est pas rien. Et je reviens à Baudelaire ; Je ne supprimerai pas pour rien la liberté des théâtres subventionnés. J'insiste sur les mots "pour rien", car si nous interdisons Les Paravents, ils seront rejoués demain, non pas trois fois, mais cinq cents fois. En fait, nous n'autorisons pas Les Paravents pour ce que vous leur reprochez et qui peut être légitime ; nous les autorisons malgré ce que vous leur reprochez.

 

2 décembre 2017

Le paravent (Pascal) (101)


En été, pour tempérer la chaleur étouffante de notre maison, m’man coinçait dans l’encadrement de la fenêtre de la salle à manger une sorte de paravent qu’elle avait confectionné avec une petite armature rectangulaire en bois et un morceau de natte de plage qu’il nous restait des dernières vacances. C’était agréable, cette vraie clarté du dehors. A l’heure de midi, on pouvait mettre les volets à l’espagnolette tout en gardant notre paravent en place. Quand septembre se prenait encore pour juillet, on déjeunait, que dis-je, on pique-niquait dans la pénombre et la lumière du jour, en même temps.
Il nous isolait des curieux voyeurs qui passaient devant notre fenêtre du rez-de-chaussée. Pourtant, elle était fière quand un collégien passait en reniflant la rue jusqu’à notre fragile façade pour dire combien son repas posé sur notre table sentait bon.
Ma mère avait le chic pour m’émerveiller avec ses inventions simples et extraordinaires. Tout gamin, j’avais donc la vision du ciel en vrai quand je voulais regarder dehors. Les feuilles du vieux platane du jardin d’en face souffraient elles aussi de la chaleur estivale. Pendues au bout de leur tige, elles se vrillaient aux brûlures du soleil entreprenant.
Les moineaux indiscrets venaient chanter jusque devant notre fenêtre ; leurs piaillements si proches étaient les refrains de la fin de l’été. A l’étage, on ouvrait la fenêtre d’une chambre pour faire un courant d’air mais quand une porte claquait, cela avait le don de faire râler mon père…

Les parfums de notre petite rue s’engouffraient dans la salle à manger comme pour se protéger de l’évaporation brûlante du dehors. En face de la maison, le poteau électrique en bois exhalait ses effluves de produit goudronné ; clandestine, la fumée de la cigarette d’un quidam s’insinuait subrepticement et quand une dame passait dans la rue, son parfum s’invitait jusque dans la salle à manger.
Cette ouverture, c’était notre clim, notre coin de ciel bleu, comme disait m’man. C’était drôle, on était dedans, tout en étant dehors. C’était l’heure incertaine où les petites choses avaient une grande importance et où les grandes choses étaient des guerres devenues lointaines, pas si importantes, en fin de compte. Petit voyeur à l’écoute, j’entendais les conversations des collégiens, les chuchotements des amoureux main dans la main, les sifflements des chansons des passants, leurs toussotements, la cadence de leur pas, le haut de leur chapeau quand ils marchaient près de la fenêtre. Quand une voiture passait trop vite, sa poussière venait nous visiter, ce qui avait le don de faire râler mon père…

A l’envi des courants d’air, le paravent battait mollement dans l’encadrement de la fenêtre. C’était la voile de mon bateau pirate ; dehors, c’était le monde dangereux des choses que je ne connaissais pas. C’est un peu comme si on entrouvrait notre nid familial à des inconnus. Quand j’étais seul, avec mon fusil à flèches, je montais sur une chaise et je surveillais les gens qui passaient comme s’ils étaient des potentiels ennemis de notre maison. Je grimaçais, je fronçais les sourcils, je mettais les poings sur les hanches ; j’attendais leurs assauts pour protéger ma famille.
En automne, les rayons de soleil n’avaient plus la même inclinaison dans la pièce ; les rôles s’inversaient. Les meubles toujours à l’ombre se retrouvaient au soleil et ceux qui étaient à sa lumière se cachaient dans l’obscurcissement. Comme un fait exprès, à l’heure des informations, le contre-jour plaisantin se placardait immanquablement sur l’écran de la télé ; ce qui avait le don de faire râler mon père…

Pour ajuster son appareillage, m’man n’avait rien trouvé de mieux que deux bouchons de champagne, souvenirs d’anniversaires, qu’elle coinçait entre les battants et le cadre de la fenêtre ; le liège satisfaisait bien au serrage contre les montants. Pourtant, au coup d’un vent furieux, cet échafaudage précaire tombait et les deux bouchons s’enfuyaient dehors ou s’en allaient rouler derrière les meubles ! A quatre pattes, je fonçais sous les chaises, je tendais le bras sous le buffet, j’y retrouvais mes petites voitures, je cherchais dans les fils de la télé ! Quand on tardait à retrouver le dernier des bouchons, ma mère, un brin malicieuse, disait qu’on devrait boire une autre bouteille de champagne pour réajuster son cadre à la fenêtre ; ce qui avait le don de renfrogner mon père…

Ce qui était le plus merveilleux, après le patatras général, c’était le sable de la plage qui tombait encore de la natte ! Aux abords de la fenêtre, tout à coup, c’était toutes les vacances qui crissaient sous mes pas de petit curieux ! En passant la main sur le lino, j’arrivais à en faire un tout petit tas ; pas de quoi en faire un château ni même un pâté. Avec un doigt, je le goûtais et je retrouvais la saveur de la plage. Vite, je regardais le ciel si bleu pour voir si une mouette ne nous avait pas raccompagnés, avant que mon père ne passe un coup de balai… en râlant…

 

2 décembre 2017

Derrière le paravent (Laura) (125)


Derrière le paravent, Cannelle a laissé avec ses vêtements, sa fausse pudeur, ses complexes,
Sa timidité. Son amant à moitié asiatique l’avait dépouillé des principes inculqués par sa Famille alors que dans ses veines coulait plus de feu que de sang de sa naissance. Il l’avait Découverte belle des qualités qu’on nommait ailleurs des défauts .
Devant le paravent, il l’attendait pour lui dire qu’elle n’aurait plus besoin de se cacher derrière
Des vêtements, simples voiles de décence en public mais oripeaux inutiles aux délices Asiatiques.
Nue devant l’artiste et sa toile, elle fit tomber le paravent et son amant sur le lit.

 

2 décembre 2017

Japoniaiseries (Vegas sur sarthe) (377)


Le bruissement soyeux, délicat et sensuel des tissus qu'on abandonne ayant cessé, je réalisai avec ravissement que le seul rempart qui me séparait à présent d'Albertine était ce frêle paravent de papier décoré de suggestives japoniaiseries faites de couples imbriqués, sexes béants et verges folles.
Le décorateur avait-il peint ces horreurs à dessein pour le supplicié qui souffre de ce côté de la frontière des rêves ?

Soudain j'ai eu chaud, très chaud, aussi ne gardai-je que mes caleçons molletonnés qui contenaient à grand peine une érection naissante.
Mais bizarrement les bruissements reprirent de plus belle, ponctués de plaintes sourdes et de râlements indéfinissables.
La demoiselle se pâmait-elle déjà? Se pouvait-il que par transparence elle jouisse des mêmes oeuvres libidineuses ?
J'osai un "Besoin d'aide, ma chère?" auquel répondit un gloussement de gorge à faire frémir le rempart ténu :"Non point mon ami... je serai bientôt prête"
Albertine allait être "prête" rien que pour moi, mais prête à tout ?
Dans mon excitation je heurtai le paravent du bout du pied et le maudit écran tomba... tout comme ma virilité au spectacle sidérant qui s'offrait à mes yeux.

Albertine poussa un cri d'effroi, les yeux écarquillés et croisant vainement les bras sur un étrange costume, un pantalon plissé équipé d'un dosseret qui ressemblait à un hakama de samouraï!
"Que faites-vous dans cet accoutrement?" s'étonna t-elle.
J'aurais pu lui retourner sa question.
Les hommes s'imaginent que les paravents sont les antichambres du plaisir alors qu'ils ne servent finalement qu'à changer d'apparence et à exacerber les sens; j'avais fantasmé sur des motifs suggestifs dignes du kama-sutra et voilà qu'une poupée en camisole annihilait toute libido.

Pris d'une rage inconnue j'entrepris sauvagement de dénouer les lanières avant croisées derrière la taille et revenant sous la ceinture puis les lanières arrières nouées sur l'avant et englobant les deux brins avant ainsi que l'avait conçu un fou furieux dans le lointain Empire du soleil levant.
J'arrachai les velcros avec de grands "scrrratch" qui couvraient à peine des cris effarés et je libérai enfin les sept plis du pantalon... sept plis liés à sept vertus qu'elle me récita à l'oreille à mesure que je les soulevais un à un.
Je découvris tour à tour la bienveillance, l'honneur, la courtoisie puis la sagesse et la sincérité... et puis vint la loyauté.
Ecartant toute loyauté d'un revers de main j'en terminai avec la piété au risque de me damner pour de bon.
Troussée au beau milieu de ses falbalas et fanfreluches, Albertine s'était pâmée, quant à moi – moulé dans mes caleçons d'un autre âge – je découvrais dans le reflet d'une psyché un type que je ne connaissais pas.

Ainsi donc le miracle du paravent – prétexte à tant de folies au théâtre de boulevard – n'avait pas opéré sur nous; la belle était dans les vapes et moi au trente sixième dessous...
Abandonnant Albertine à sa pâmoison je redressai le paravent – seule chose en passe d'être redressée en la circonstance – et m'y réfugiai pour me rhabiller à la hâte.
C'est alors qu'une voix rauque me cloua sur place, une voix que je ne lui connaissais pas et qui disait :"Qu'attendez-vous mon ami... ranimez-moi ou alors tuez-moi mais faites vite!"

 

2 décembre 2017

Aux accrocs de la brume (petitmoulin) (53)


Aux accrocs de la brume
L'écrié de la mer
L'encre de ta soif
Aux éclats de la nuit
Ivre de poésie
Nouée sur les embruns
La voix à même la peau
En corps de solitude
Paravent de tes mots
Repliés dans la main
En tristesse profonde
Sur un bout de papier
Tendu jusqu'aux étoiles

2 décembre 2017

La Chanson de l'amnésique (Joe Krapov) (428)

Elle est très sympa, cette dame Véronique ! Voici ce qu’elle écrit, ce lundi :

Les Amnez’ziques ont sévi sur la scène cet après-midi. Ils ont continué à sévir après leur départ en laissant, qui un chapeau, qui un parapluie rouge. Comme après leur passage la météo ne s’est pas améliorée, le chapeau attend son propriétaire-chanteur sous un coin de parapluie d’un auditeur ou d’une auditrice !

Avis aux amnésiques et/ou aux étourdis dont je sais faire partie !

Merci pour votre présence à tous et toutes et pour avoir partagé ce bon moment.

Véronique

Evidemment, celui qui a oublié son chapeau, c’est encore Manu Lebichon, le chanteur historique du groupe « Am’nez zique et les Biches » dont font aussi partie Sebarjo, Chris Biche et Joe Krapov, votre serviteur.

C’est moi qui suis arrivé le premier chez Dame Véronique. Je suis venu à pied. Trois quarts d’heures de marche avec sac à dos et guitare. On peut dire que je le bichonne, mon bilan carbone !

J’allais attendre les autres dans la rue mais Dame Véro est sortie et m’a fait entrer dans sa vaste demeure. Tout était prêt pour le concert : chaises, canapés, fauteuils installés, jolie vaisselle prête pour le goûter qui suivrait. Et, en guise de rideau de scène, il y avait un très joli et large paravent.

J’ai installé mon matériel : pupitre, guitare, ukulélé, kazoo, harmonicas. Les autres sont arrivés là-dessus et tout s’est bien déroulé, le concert a été très réussi.

Juste trois bémols et un dièse :

- Personne dans la nombreuse assistance n’a jugé bon de photographier les artistes. Du coup je ne peux pas vous montrer le paravent.

- Moi-même, bien qu’ayant amené mon appareil photo compact et rose, je n’ai pas pensé à photographier l’objet. Je savais bien pourtant que « paravent » était le thème du Défi de ce samedi ! 

- Manu a oublié son chapeau sur le paravent tout comme il avait oublié son pull chez moi la dernière fois, ses sabots chez Isabelle et perdu les micros de la sono en septembre ! Un véritable Am’nez zique, il est ! 

- Du coup, pour dièse, c’est #balancetontimbre ! Sur l’air de « Je n’suis pas bien portant » d’Ouvrard, je lui ai écrit « La Chanson de l’Amnésique » ! 



Les paroles de cette chanson sont ici.

2 décembre 2017

Paraprofessionnellement (joye) (489)

para

2 décembre 2017

Mes Ombres Chinoises par bongopinot (193)

 


Lorsque mon grand-père
Étendait le drap mince
Au beau milieu de la pièce
On s’installait par terre

Et dès la nuit tombée
Nourrissant le salon
On faisait des bonds
Impatients d’admirer

Ses mains guerrières
Protégées de gants blancs
Derrière ce paravent
Et quand jaillissait la lumière

Il racontait des histoires
Avec ses ombres chinoises
Des animaux qui s’apprivoisent
Et à la fin une victoire

Je revois mon grand-père
Derrière ce drap blanc
Et mes souvenirs d’enfant
entourés d’ombre et de lumière

 

2 décembre 2017

Les branches du prunier (Emma) (48)

 

C'est un paravent, sombre et patiné, chargé d'ans et d'histoires ; sur ses panneaux de soie on voit, dans un paysage de forêt sur ciel rouge, une femme en kimono blanc dont les longs, très longs cheveux s'enroulent autour d'une montagne, face à un dragon à la gueule grande ouverte. 

Son créateur, l'artiste Nguyen Quang Trân, était spécialisé en chinoiseries parsemées de poèmes nippons, pour plaire à sa riche clientèle plus cosmopolite que cultivée. Il a représenté sur les panneaux du paravent la-femme-changée-en-pierre-pour-avoir-sans-le-savoir-épousé-son-frère, d'après le célèbre conte : Hon Vong Phu [1] 

Il a en fait réalisé trois paravents, pratiquement identiques, pour le très respectable  Maitre Dao Dang Duong.
Le premier était destiné à sa vénérable mère, le second à son honorable épouse, et le troisième à son nuage de miel, Lulu la Nantaise, qui déployait alors son art au Lotus bleu

Dans les jeunes herbes
Le vieux saule
Oublie ses racines.
 

Au lotus bleu, le paravent de la montagne fut le décor flamboyant de somptueuses mises en scène. 

Au parfum des fleurs
Je ne montre que mon dos -
Changement de robe.
 

Plus tard, il servit à  Lulu à "cacher son fourbi"  quand, l'heure de la retraite ayant sonné,  elle se mit à son compte  aux  volets rouges[2]

Chaque fleur qui tombe
Les fait vieillir davantage
Les branches de prunier !
 

Hélas survinrent les événements que  vous savez. 

Rien ne dit
Dans le chant de la cigale
Qu’elle est près de sa fin.
 

Lulu disparut dans la tourmente, le paravent fut volé puis  revolé à son voleur, pour réapparaître, dix ans plus tard, dans une brocante, et depuis compléter son  honorable CV à des fins lucratives, au gré des modes.

Le voleur
M’a tout emporté, sauf
La lune qui était à ma fenêtre.


- Venez voir, chers amis, la merveille que Charles Edouard m'a offerte pour nos noces d'or…
Selon l'antiquaire, il a appartenu à Puyi, vous savez, le dernier empereur de Chine…
 Mathilde ajoute, avec un petit rire modeste et charmant :

- mais je n'ai pas pu le vérifier… 

Un rayon de soleil qui danse semble faire ricaner le dragon. 

Quand les pruniers fleurissent
Les belles du bordel
Achètent des ceintures.

haikus de Yosa Buson, Chiyo-Ni,  Matsuo Bashõ , Ryokan, Chiyo-Ni


[1] Hon Vong Phu : La Montagne De La Femme Qui Attend Son Mari

[2] une p'tite taule de Biénoa pas très loin de Saigon...

 

 

em

 

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