Des murmures oiseleurs (JAK)
Il y a bien longtemps, obsédée de danse aérienne, l’Alouette pispolette avait convaincu son amie d’enfance, une Bécasse des bois de s'envoler ensemble afin de se faire enrôler dans les ballets, du Bolchënvol de Moscou
Leurs mères deux cousines, une Barge rousse, et une Barge à queue noire n’étaient pas d’accord, et poussaient des Râles géants.
Elles firent usage du Martinet des maisons pour amener à la raison leurs filles, mais rien n’y fit.
Elles allèrent quérir les conseils d’une Avocette élégante spécialiste aux affaires familiales, issue d’une grande famille, c’était une Faisane noble ancrée dans des mœurs très conservatrices, tout à fait opposée aux migrations, surtout vers ces terres inconnues.
Je vais de ce pas demander conseil à Labbe à longue queue ayant un cousin spécialisé le Tarier de Siberie leur dit-elle.
J’aurais tôt fait, de traverser la forêt avec mon Echenilleur frangé, m’ouvrant la route, et qui me sert de Phaéton à bec jaune ; grâce à ses rémiges hautes et légères, les kilomètres sont vite avalés.
En route elle rencontra une Barge chauve, apparentée à ses clientes, une vraie Bécassine sourde, curieuse de surcroit, qui lui barrait le chemin pour savoir où elle se rendait. Oh Bécasseau minuscule mêle toi de tes affaires, sinon je t’envoie la Buse féroce. Consacres toi plutôt à cuisiner du Colin de Californie à tes petiots qui réclament la becquée.
Elle poursuivit son chemin, saluât le Chevalier aboyeur avec déférence car c’était le substitut général de la contrée avec qui elle avait souvent recours pour débrouiller des affaires Torda-grande.
Arrivée à destination, elle fut déçue d’apprendre que Labbe à longue queue n’était pas là ; mais son secrétaire, un Capucin marron fit l’affaire.
Il lui donna de précieux conseils.
L’Avocette élégante, fut de retour rapidement dans la soirée du lendemain de la veille.
Elle se rendit chez le procureur, un Barbu à collier, à la Huppe fasciée, les mains garnies de Diamants azuvert, affublé d’un Tarin des aulnes que n’aurait pas dédaigné Monsieur de Bergerac, Cela le rendait risible, malgré les atours précieux qu’il arborait.
Elle lui exposa l’affaire et s’enquerra des sanctions qui pourraient être administrées aux jeunes rebelles, car à cette époque les enfants n’avaient pas la loi, SOS enfants maltraités n’avait pas encore vu le jour. Ils devaient obéissance entière.
Ce vieux procureur, qui était loin d’être un Vanneau sociable, condamna les jeunes oisillonnes à tourner en rond dans le ciel en une sorte de nuée, puisque tel était leur désidérata de paraitre en spectacle. Ainsi elles donneraient aux humains une représentation impressionnante à la tombée de la nuit.
Cela dura des siècles, elles virevoltaient comme les enfants punis qui tournent dans la cour d’école.
Un Bruant à sourcils roux leur accorda la grâce.
Soumises elles se marièrent et eurent des Etourneaux d’enfants, de vraies têtes de linotte, et à leur tour, elles ne purent les faire obéir…
C’est en souvenir de leurs lointaines aïeules, que l’on peut voir ces envols, des murmures, qui envahissent le ciel et captent nos regards certains soirs nous envoutant de leur charme ...