A TEMPERA (EnlumériA)
Comme la plupart des gens, j’avais acheté mon appartement à tempérament. Juste pour être tranquille. « À temps paiera ! » était ma devise.
Mais comme la tempérance n’était pas vraiment mon point fort, j’accumulais les impayés… et les ennuis. Autant dire que lorsqu’un huissier vint prendre la température, je ne discutai pas, j’obtempérai sans broncher.
Qui paie ses dettes s’enrichit, affirme le bon sens populaire. Je confirme !
J’en ai donc profité pour acheter un clavecin bien tempéré, histoire de passer mon Bach ; et mon ennui. Mais ma quiétude tant espéré tardant à venir – et les voisins tempêtant sans cesse – j’ai laissé tomber la musique et la multiplication des pains 1.
Comme je persistais à m’ennuyer ferme, j’empruntai un livre à la bibliothèque municipale ; sans grande conviction, je dois l’avouer. Le soir même, alors que l’ouvrage allait me tomber des mains, je lus le passage suivant : « Il avait aperçu l'étonnante composition : une miniature exécutée à la tempera sur un panneau de pin. » 2
C’est alors que l’idée me vint de me mettre à la peinture.
A tempera bien entendu.
1) Fausse note en argot musicien
2) L’Enfant de Bruges (Gilbert Sinoué… qui n’est pas égyptien) 3
3) Sinoué l’Égyptien (Mika Waltari)