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Le défi du samedi
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17 décembre 2016

Défi #434

Laissez-vous inspirer par cette image :

 

Décor ay Village de Noël

Et envoyez vos mots à

samedidefi@gmail.com

Merci à vous !

A tout bientôt !

 

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17 décembre 2016

Ont massacré le sujet

17 décembre 2016

La chaise la table et le lit Pièce en trois actes (Pascal)


…« Enfin, mesdames et messieurs, c’est le moment que vous attendiez tous. Nous voici devant le couronnement de cette vente aux enchères. Découvrez l’objet, Myriam…

Mesdames et messieurs, admirez cette chaise exceptionnelle, que dis-je, ce fauteuil extraordinaire ! Remarquez les quatre pieds finement ciselés, la courbure du dosseret en véritable bois d’arbre, cette ronde des clous aux têtes arrondies et mordorées, ajustée au millimètre !...  
Ce n’est pas une chaise de repos, un vulgaire stationnement pour entracte, non, c’est une invite à l’excursion contemplative ! Dans cette chaise, nous ne sommes pas assis, nous sommes détendus ! Vous saisissez la nuance ? C’est une invite à la rêverie, au voyage, à la décontraction ! Nous ne sommes plus assis, nous sommes posés ! En avant l’aventure !
Cette chaise propice deviendra l’amie de vos lectures, la confidente de vos secrets, l’alliée de vos gémissements…
Admirez ses couleurs ! Appréciez toutes ces déclinaisons pittoresques ! Ces grenats, ces lilas, ces vermeils ! Ce n’est plus une chaise, c’est une palette d’impressionniste ! La matière y est chahutée, comme une vague rubiconde insatiable, dessinant des projets d’avenir, supputant des attouchements délicieux ou enterrant des basses faveurs sans lendemain !

Si nous possédons la paire ?... Ha, madame est une connaisseuse… Oui, je comprends ; avoir le cul entre ces deux chaises, ce serait déjà ne plus savoir se décider entre l’excellence et la perfection…  
Oui, madame, cette chaise d’alcôve, c’est l’outil indispensable à la séduction ! Auprès de dames célèbres, dont je tairai le nom, on dit que Casanova s’est agenouillé devant cette chaise pour déclamer des avances, des poètes énamourés y ont murmuré des madrigaux de belle facture, des maris cocus ont reconquis leurs épouses !... Vous pourrez croiser et décroiser les jambes, laisser crisser vos bas en des plaintes insoutenables, soupirer avec ses grincements incessants, et tous les hommes seront à vos pieds !… Faites une démonstration, Myriam… Non ?... On en reparlera, Myriam…

Et vos flatuosités, madame, puisqu’il faut en parler aussi ! Elles seront anonymes ! Elles seront amorties dans le tissu, distillées dans la mousse contondante, évacuées en simples vesses silencieuses et odorantes puisque l’armature est en bois de rose ! Faites un essai, Myriam…

N’appréciez-vous pas l’aura trouble qui se dégage sournoisement de ce meuble ? Ne savourez-vous pas tous ces parfums corrupteurs se prélassant encore sur cette peluche accueillante ? Ne donne t-elle pas envie d’être caressée, de passer la main seulement pour froisser son velouté en de multiples et voluptueuses arabesques ?... Retournez l’objet, Myriam…

La partie pile est un peu la face cachée de cette fabuleuse chaise ! Le tissu est ajouré et c’est un peu le rideau entrouvert du spectacle de toute la machinerie cachée dedans. Les ressorts multispires en acier trempé sont astucieusement organisés sous le rembourrage ; ces fameux ressorts se positionnent exactement à la pression de votre séant ; n’était-ce pas une avancée technologique considérable pour ce siècle ?...  
Comment ? Oui, sans doute du dix-huitième ou du dix-neuvième ?... Mais non, madame, ce n’est pas l’arrondissement…
Comment ? Made in Taïwan ? Mais c’est le nom secret de l’artiste ébéniste qui a effectué cette œuvre, madame !...

Son bois craque ? Madame, c’est normal ! Le bois se régénère, il respire l’ambiance, il s’adapte à l’environnement, il appartient à l’espace !
Elle est bancale ? Mais non, madame : ayez une vision plus philosophique de la chose ! Elle se penche vers l’intemporalité du moment ; cette insignifiante bascule est un tremplin vers le passé, un pont entre l’ancien et le futur, un trajet aventureux sans fin !...
Tous ces petits trous noirs, ici et là ? Des vrillettes ? Des vrillettes, peut-être, madame, mais des vrillettes d’époque ! Cette chaise est dangereuse ? Mais non, madame ! Assoyez-vous, Myriam… Démontrez à madame comme toutes ses craintes sont injustifiées ! Vous n’osez pas ?... On en reparlera, Myriam…

Remarquez plutôt la sculpture minutieuse de l’assemblage, ce fin liseré qui se marie si bien avec le tissu, cet embonpoint accueillant aux effets grandissants, cette forme d’empathie que cette chaise apporte au fondement de qui la contemple et lui signifiant un temps de sérénité méritée ! Cette chaise repose le corps et apaise l’âme !...  

Êtes-vous intéressée, madame ? Madame ?... Madame Sanchez ?... Mais c’est le ciel qui vous envoie ! Elle sera pour vous une authentique chaise de notable ! Que dis-je ?! De prélat ! Non ! De reine ! Ne serait-elle pas un bon placement ? Â même de surveiller votre trésor, vous seriez, pour ainsi dire, assise dessus ! Remarquez encore ce velours patiné, ces clous de tapissier, ce dossier galbé, ces pieds cirés ! Elle n’est ni chaise haute, ni chaise longue, ni chaise roulante, elle sera la Rolls de votre postérieur ! Imaginez donc ! Deux bras, une ombrelle : vous avez une chaise à porteurs !...
L’installer dans une salle d’attente ? Mais bien sûr ! Rien de tel pour patienter dans l’antichambre d’un dentiste ! Elle sera parfaite pour écouter une sonate ! Oui, madame ! Une chaise musicale ! Ah, non madame, ce n’est pas une chaise électrique, à moins que vous l’accommodiez avec quelques guirlandes tapageuses, aux effets d’un sapin de Noël dignement décoré !...

Alors, combien m’en offrez-vous, madame Sanchez ? Quelques euros seulement ?!... Mais voulez-vous m’envoyer au père La Chaise ?... Myriam ! La tête me tourne ! Vite ! Il faut que je m’assoie !... »

L’ingénue pousse alors l’adjudicateur dans le siège et, patatras, ce qui devait arriver arrive : la chaise cède… Fin de l’acte un. Le rideau se baisse. Le rideau se lève. Acte deux, où il est question d’une table, d’une table en formica directement sortie des sixties et les trois protagonistes controversent sur ses qualités. Guéridon ou servante ou bureau, mais c’est une autre histoire…


Les décors sont de Roger Harth et les costumes de Donald Cardwell, of corse…

17 décembre 2016

Claudel rembourré * (par joye)

 ma vie en rose« Le théâtre. Vous ne savez pas ce que c’est ? Peut-être dormiez-vous lors de vos cours de littérature, hein ? Il y a la scène et la salle. Et les fauteuils comme moi. Tout étant clos, les gens viennent là le soir, et ils sont assis, sur moi et mes collègues, par rangées les uns derrière les autres, regardant. Assis. Quoi ? Qu’est-ce qu’ils regardent, puisque tout est fermé ? Ils regardent le rideau de la scène. Et ce qu’il y a derrière quand il est levé. Et moi, je regarde le dos de mes collègues car j’ai déjà tout vu, mille fois. Et il arrive quelque chose sur la scène comme si c’était vrai. Ouais, bof. C’est comme les rêves que l’on fait quand on dort. Dormir, c’est une chose, mais il y en a qui ronflent aussi, croyez-moi ! C’est ainsi qu’ils viennent au théâtre la nuit. Je les regarde, et la salle n’est rien que de la chair vivante et habillée. Et heureusement ! Vous vous imaginez, toutes ces fesses nues ? Assises sur moi ? Ouille ! Mieux vaut qu’elles soient habillées, au moins ! Et ils garnissent les murs comme des mouches, jusqu’au plafond. Toutefois, je vous assure qu’ils sont plus grands que des mouches. Et lourds. Mondieu, qu’ils sont lourds ! Et je vois des centaines de visages blancs. Enfin, non, pas vraiment, mais je ressens leurs fesses, croyez-moi ! L’homme s’ennuie, est attachée depuis sa naissance. Ainsi qu’à ses fesses ! Et ne sachant de rien comment cela commence ou finit, cesor ne eiv am’est pour cela qu’il va au théâtre. Et il se regarde lui-même, les mains posées sur les genoux. Et ses fesses sur moi ! Et il pleure et il rit, il me mouille et il me bouscule, et il n’a point envie de s’en aller, afin que je me repose enfin, le salaud ! Je sais qu’il y a le caissier qui sait que demain on vérifiera ses livres, et la mère adultère dont l’enfant vient de tomber malade, et celui qui vient de voler pour la première fois, et il se remue, le bougre, sur moi, figurez-vous ! et l’ignorance lui et celui qui n’a rien fait de tout le jour. Vous voyez le genre de poids que je porte ? Hein ? Et ils regardent et écoutent comme s’ils dormaient. Mais pas moi, je travaille, moi. Chaque nuit ! »

 

Notices

* le texte en noir, extrait de « L'Échange » de Claudel

** l'avis en rose par l'ami Iam Fauteuil

***Causé fan tutte par joye

~~~~

Rideau

17 décembre 2016

Au Théâtre ce soir (Laura)

 

 

Au Théâtre ce soir , j'ai conversé longtemps avec Monsieur Gérard de Nerval.

 

J'étais  tout à fait comme une jeune première vierge à son tout premier bal.

 

Je lui ai dit avec beaucoup de délicatesse que je n'aimais pas trop le théâtre

 

A part le sien bien-sûr, trop méconnu  pour une l'auteur et son admiratrice.

 

 

 

Au Théâtre ce soir, Monsieur Nerval m'a parlé du Faust de Goethe,

 

Sa première et grande révélation[1]", sa traduction fait encore date;

 

Et je le réplique aux fâcheux qui le classe parmi les petits maîtres

 

Du Romantisme  qu'il a ainsi ramené "l'ombre d'Hélène[2]" en France.

 

 

 

Au Théâtre ce soir, Monsieur Nerval était triste en évoquant le four

 

Qu'il avait fait avec Le Prince des Sots, je lui déclarais mon amour

 

De lectrice pour le consoler; en  transformant sa pièce en roman

 

Il l'avait sauvé de l'oubli où ne le laisse que les fieffés  ignorants.

 

 

 

Au Théâtre ce soir, j'ai voulu lui demander conseil pour mon étude

 

Sur son Voyage en Orient, où les décors sont Le Caire et Constantinople.

 

Dans Les nuits du Ramazan, il place Caragueuz, figure mythique,

 

Et  à Paris sous le nom de Théâtre de Séraphin, théâtre d'ombres.

 

 

 

Le bout  et but de son Voyage en Orient nous ramène à l'époque

 

Où Théophile Gautier du Club des Hachichins, son ami et d'autre

 

Vivaient La bohème galante, Impasse du Doyenné, un quartier

 

Que les travaux du Baron Haussmann allaient faire disparaître.

 

 

 

Au théâtre ce soir, Monsieur Nerval a récité des vers du Cygne

 

De Charles Baudelaire: " Paris change ! Mais rien dans ma mélancolie

 

N'a bougé ! palais neufs, échafaudages, blocs, Vieux faubourgs,

 

 Tout pour moi devient allégorie." J'ai deux amours...

 

 

 

Au théâtre ce soir, Charles Baudelaire est venu nous rejoindre

 

Et l'admiratrice de leurs œuvres étaient comme une jeune première

 

Au "Bal des Débutantes" qui rencontre deux  de ses monstres sacrés.

 

Ne manquait que Victor Hugo qui est apparu sur la scène éclairée

 

 

 

Hernani venait de se terminer et le chahut gagnait le théâtre

 

Alors que Nerval, Pétrus Borel, Gautier et son gilet rouge

 

Entraient dans la Bataille d'Hernani en acclamant leur maître

 

En Romantisme contre les tenants du classicisme.

 

 

 

 


[1] Henri Bonnet, Nerval et le théâtre d'ombres, p.55.

[2] Idem.

 

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17 décembre 2016

Le casting (EnlumériA)

 

Par un après-midi incertain de mars, de jeunes hommes à l’aspect blasé patientaient en chuchotant dans les coulisses du théâtre de l’Éternité. Malgré ce discret remue-ménage, tout était calme. Les machinistes et les costumières n’étaient pas encore arrivés. Dans un coin, le pompier de service fumait une cigarette d’un air pensif. Sur la scène, quelqu’un récitait un poème sans conviction. Quelques timides applaudissements claquèrent dans l’obscurité, puis une voix féminine remercia le récitant d’être venu, précisant que quelqu’un, un jour, lui écrirait. Aussitôt, une autre voix cria : « Au suivant ! »

Un jeune homme entra en scène. La poursuite n’éclairait que son visage et ses épaules, laissant ressortir son regard clair. Il croisa les bras et attendit qu’on s’adresse à lui.
     — C’est la première fois que vous vous présentez à un casting ? demanda la voix.
     — Non. J’ai postulé pour le rôle du Serpent dans votre première pièce, monsieur. Je n’ai pas été pressenti.
     — Évidemment ! Vous êtes trop large d’épaules. Vous n’auriez pas été crédible. Pour quel rôle postulez-vous aujourd’hui ?
Le jeune homme repoussa ses longs cheveux en arrière.
     — Je ne sais pas. Je suis ouvert à toute proposition.
     — Eh bien, allez-y ! Récitez-nous quelque chose. Ce que vous voulez.
Le jeune homme toussa pour s’éclaircir la voix puis il s’avança vers la rampe. Son air timide s’effaça pour laisser place à une intense concentration. Il s’agenouilla, baissa la tête, comme dans une profonde méditation, puis soudain se redressa et déclama :
     — La vie n’est qu’une ombre errante ! Un pauvre acteur qui se pavane et s’agite une heure sur la scène et qu’ensuite on n’entend plus. C’est une histoire racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien.
Un long silence s’installa. Puis quelques murmures voltigèrent çà et là dans la pénombre de la salle. Comme un lointain conciliabule de voix cristallines et pourtant profondes. L’une d’elles ressortit du lot.
     — Il me parait très bien, celui-là. Qu’en pensez-vous, Maître ?
     — Je pense qu’il est parfait pour le rôle principal, répondit une voix grave.

La salle s’illumina. Un vieillard vêtu de blanc se tenait debout au troisième rang. Autour de lui, sept femmes chacune parée d’une couleur de l’arc-en-ciel se congratulaient.
     — Vous êtes libre en ce moment, demanda le vieil homme. – Ce n’était pas vraiment une question – Pas de contrat ? Même pas un truc ou deux dans la pub ?
     — Non. Je suis libre comme l’air, répondit le jeune comédien.
     — Alors vous commencez ce soir.
     — D’accord. Je vous remercie. Puis-je connaître mon rôle ?
     — Votre rôle ?
     — Oui. Dans la distribution.
     — Mais celui du Fils, voyons. Le rôle principal.
Le jeune comédien souriait de toutes ses dents.
     — C’est mon jour de chance, on dirait.
L’homme en blanc, dubitatif, se triturait la barbe.
     — Non. Pas vraiment. C’est un rôle difficile qui demande beaucoup d’abnégation. Êtes-vous prêt à sacrifier trois jours de votre vie pour un rôle qui marquera l’histoire de l’humanité ?
À son air déconcerté, on pouvait voir que le jeune homme ne comprenait pas vraiment le sens de la question. Il répondit par l’affirmative, mais du bout des lèvres.
     — Alors, c’est d’accord, conclut le vieil homme. La première est prévue pour le 25 décembre. J’imagine que vous serez prêt. Quel est votre nom déjà ?
     — Jésus, monsieur.

 

17 décembre 2016

Au théâtre che choir (Vegas sur sarthe)

 

Un salon rococo style Louis XV ou Louis XVI ou Louis la brocante... canapés à fleurs, fenêtres en trompe l'oeil et chaises torsadées (il est fou ce Roger Hart)

 

 

Le souffleur: Vous étiez où? On a dû chauter chinque de vos répliques! Cha va finir par che remarquer.

Moi alias moi: Allez trouver une place de stationnement le samedi soir sur les Champs-Elysées!

Le souffleur: On en était à... Ah cha Mon cher! Ch'est à chette heure que vous rentrez?”

Moi alias Loulou: Garrrglll...

Moi pour moi-même: Ce putain d'costume de Donald Cardwell me serre le kiki ! La costumière va m'entendre... quand j'aurai repris mon souffle

Caroline: C'est tout ce que vous trouvez à dire? C'est un peu court, jeune homme ! On pouvait dire... Oh ! Dieu ! Bien des choses en somme”

Le souffleur: Qu'est-che qu'elle a chelle là? On n'est pas chez Edmond Rochtand”

Moi alias Loulou: J'étais à un enterrement... ça ne peux pas se remettre

 

Rires dans la salle

Le souffleur: D'où cha chort, cha?

Moi pour le souffleur: C'est tout c'que j'ai trouvé à répondre à cette poufiasse

La poufiasse alias Caroline: L'amour ça demande le plein feu. Ce n'est pas une chose qu'on entretient au bain-marie

 

Le pompier de service: C'est où qu'c'est qu'y a l'feu?

Le chouffleur: Laichez tomber. Je vais chouffler moi-même

Moi pour moi-même: Au bain-marie? Au fait, qu'est-ce qu'elle fout, Marie? Elle avait pourtant dit qu'elle serait au premier rang avec sa petite robe rouge... celle qui m'a coûté un bras

Moi alias Loulou: Comment voulez-vous que je vous comprenne! Vous me parlez à contre-jour.

L'éclairagiste de service: C'est où qu'y faut éclairer plus?

Le souffleur: Voyez cha avec l'ORTF. J'ai bien achez à faire avec ches deux-là

Moi pour le souffleur: C'est à qui de parler maintenant?

Le souffleur: Comment?

Moi pour moi-même: C'est encore avec les sourds qu'on s'entend le mieux

Caroline: Vous disiez, mon ami?

Moi alias Loulou: Rien, je vous écoute

Caroline: Venez-là. Embrassons-nous mon ami

Moi pour le souffleur: C'est dans la pièce, ça?

Le souffleur: Le metteur en chène a fait quelques ajuchtements

Moi alias Loulou, m'égosillant pour faire diversion (foutue costumière) : Au feu! Au feu!

Le souffleur: C'est où qu'y a l'feu?

Le pompier de service: C'est où qu'y a l'feu?

Moi au souffleur: Vous ne comprenez pas que je fais diversion?

Le souffleur: Une verchion, cha chuffit amplement

 

Rires crispés dans la salle

Moi pour moi-même: Marie est enfin arrivée. Mais c'est qui ce bellâtre qui l'accompagne?

 

17 décembre 2016

Rose (Thérèse)


Dans le fond d'une alcôve,
Deux chaises, toutes choses,
Rêvaient dans un sourire
Leurs lointains souvenirs.

Dans la touffeur enclose
D'une douce quiétude,
Le voilà à l'étude
D'une nouvelle rose.

Bouton de rose
Rose douceur
Tendre rose
Couleur de fleur
Rose bonbon
Dans une pause
Mais c'est si bon
Et c'est l'entracte
Rose profond
Au prochain acte
Rouge à son front
Rose fané
Dans un théâtre
C'est suranné.

Dans le fond d'une alcôve,
Délaissée, une rose
Rêvait dans un sourire
Ses lointains souvenirs.

17 décembre 2016

Au théâtre ce soir par bongopinot


Assis dans le noir
Devant leur écran
Pour un moment charmant
« Au théâtre ce soir »

Ils attendaient chaque semaine
Que frappent les trois coups
Les mains sur leurs genoux
C’était leur belle rengaine

C’était leur instant sacré
Une coutume qui dura vingt ans
Avec des acteurs de premier plan
Ces jours ils ne voulaient les manquer

Le petit écran leur ouvrait les portes
De beaux théâtres et de chef-d’œuvre
C’était pour eux comme un hors-d’œuvre
Leurs douces minutes qui réconfortent

J’aimais retrouver leurs yeux d’enfants
Quand soudain commençait la pièce
Tout leur être n’était que liesse
Évanouissant tous leurs tourments

Si un jour résonnent les trois coups
De quelques vieux « au théâtre ce soir »
Comme j’adorerai encore croire
Dans mes rêves les plus fous

Revoir mes grands-parents
Et leurs frimousses de joie
Une toute dernière fois
Devant leur petit écran

17 décembre 2016

Participation de Marco Québec

Coup de théâtre

 

 

Il était arrivé un peu pompette
Et se produisit un incident
Un banal événement
Il manquait de cigarettes

Parti avec mon auto
Ses papiers sur le piano
Je fouillai pour vérifier
Si son permis il avait emporté

Puis voilà l’ennui
Je ne trouvai
Qu’un permis d’apprenti
Qui était expiré
Par-dessus le marché

Lorsque j’osai lui demander
S’il possédait le précieux papier
Ce fut la première levée du rideau
Et la belle affaire
Ce ne serait pas la dernière
Il me mena en bateau
« Tu es comme ma mère
Tu ne me fais pas confiance
Il vaudrait mieux que tu prennes tes affaires
Et qu’on oublie notre romance »

Le calme revint
Je rongeai mon frein

Quelques mois plus tard
Au volant de mon auto
Il fit une fausse manœuvre
Mais il n’y a pas de hasard
La police ayant vu l’œuvre
Intercepta le malheureux

Ce fut la seconde levée du rideau
Et il monta tout un bateau
Au policier soupçonneux
Fouillant énergiquement
Le dehors et le dedans
Le derrière et le devant
Afin de présenter
Le papier tant recherché
À l’officier impatienté

« Je fais une crise d’angoisse
Je ne peux continuer le voyage
Je prends le prochain bus qui passe
Avec tout mon bagage »

Le calme revint
Je rongeai mon frein

Au fil du temps
Au fil des ans
Il devint évident
Qu’il n’avait pas le dit papier
Mais un rapport à la vérité
Passablement étriqué

Jamais confiance trahie
Ne reprit vie
Ce qui eut finalement raison
De notre relation

17 décembre 2016

Libres Sont Les Papillons! (JAK)

 

j

 

La pièce se déroule dans un petit Théâtre à l'italienne, avec les inévitables chaises rouges et la corbeille où l’on est coincé.

Acteurs: au choix & de choix, ...Dax Serrault Pacôme Poiret Blanche Balutin Piat Maillan….

 

Les 3 coups retentissent.


Le rideau s’ouvre sur un salon décontracté, couleur rouge, des amis, Jacques, Francis, Micheline, Jacqueline, Maria, Michel, deux Jean   réunis un verre à la main, devisent comme chaque samedi soir.


Jean, surnommé le Bon Numéro par ses potes,   entame la discussion :   Mes amis, J’ai Deux Mots A Vous Dire, ce soir je prends le Train Pour Venise, j’ai retenu une suite  à L’hôtel Du Libre Echange !


MichelineLa Coquine, riposte : j’espère qu’il y aura un Ciel De Lit et que tu couperas tes Belles Bacchantes pour plaire à La Vénus De Milo.

Michel, intervient: tu es un véritable Vison Voyageurun Tombeur, alors Attends Moi Pour Commencer 

 

Jacqueline  dépitée rajoute:

Mon Bichon tu es  chanceux, moi j'ai reçu La Claque, je reste avec Mon Bébé je suis dans une Mauvaise Passe actuellement, mon époux, un véritable Branquignole, m’a abandonnée et s’est installé dans le Jardin d’Eponine, qui est Interdit au Public. Il est devenu végétalien, s’offusque d’apprendre que les Escargots Meurent Debout, et se nourrit d’un Yaourt Pour Deux, jours, qu’il complète de céréales, un véritable Etouffe Chrétien.

MichelineLa Brune Que Voilà, et Maria éternelle élégante, Le Noir Te Va Si Bien, lui murmurent ses meilleures amies, pouffent en silence, elles imaginent le bonhomme…..

 
L’autre Jean  : Sacré Léonard, il ne changera pas !

 

Jacques le sceptique, Je t’avais prévenu, tu as fait un Mariage Forcé, je te l’ai pourtant averti A Cor et A Cris ; tu as maintenant Un Fil à la Patte, ce n’était pas le Mari Idéal  pour toi qui n’a jamais eu l’air d’une Potiche.


Jacqueline campée sur ses escarpins : Je l’Aimais Trop, et me voici maintenant jouant La Mamma et sans ressources, je tire la Queue du Diable, je suis dans La Purée.


Un Ange Passe... Tous sont contrits et cherchent une solution.

 

Francis s’écrie : Ô Mes Aïeux, On Croit Rêver

....Mais il n’est qu’en Liberté Provisoire on va le prendre en mains, lui tirer La Grande Oreille, et lui ficher La FrousseFaites-moi Confiance, on va lui présenter La Facture. Dès ce soir on Tire à la Courte Paille pour savoir qui le ramène à la raison.

 
Jacqueline, déterminée : Merci les amis, laissez-le dans son Coin Tranquille, ne jouez pas les Avocats du Diable, d’une trop Honnête Femme je deviens une Femme Ravie grâce à votre soutien moral, une Femme Libre enfin.

 

Quelqu’un Derrière La Porte…. Toc Toc toc

 

C’est le mari de Jacqueline


Il joue au Monsieur Qui A Perdu Ses Clefs


Sa future-ex lui clabaude…. hors de ses gonds :


                Monsieur Dehors !

 

Alors Monsieur Fait Silence, penaud constatant à ses dépens que Le Mari Ne Compte pas. !

Le Match est terminé il a perdu la partie et repars, Pieds Nus dans le Parc voir si Eponine l’attends toujours. 

 

On entend un bruit dans le fond : Les Portes Claquent.

 

Comme la Sainte Famille ils sont tous soudés, Amis-Amis, autour de Jacqueline, son enfant dans les bras, et lui proposent de tous s’envoler ensemble pour  aller  voir les Pigeons De Venise.

 

                              l e  r i d e a u   t o m b e

 

 Et là-haut dans le poulailler aux fauteuils rouges, Bobonne, se dit, il serait temps qu’elle agisse de même, elle en a assez d’être prise pour la Cruche, à elle désormais La Bagatelle ! Foi de Bobonne !

Elle va lui dire.... allez Tchao !

Il pourra lancer   un SOS Homme Seul et prendre son temps  pour courir La Prétentaine.

                      C’est ainsi que Libres Sont Les Papillons!

17 décembre 2016

Participation de Venise


Moi je veux juste de quoi manger !!

Cria Jean-Baptiste POQUELIN .
Il faut se battre pour manger tous les jours .
Alors répétons!
Levez la tête JUSTINE et dites après moi
« Je ne comprends rien au monde »

Avec plus de conviction.
Vous mangez du sable JUSTINE , vous êtes décevante aujourd’hui  
Dieu je vous prie
Reprenez

Ainsi Jean-Baptiste POCQUELIN  dit MOLIERE allait de ville en ville

Sans être pour autant un pouilleux.

Les trois coups lui écrasaient le cœur tous les soirs, car il savait qu’entre lui et le public

Aucune réconciliation serait possible si seulement si chaque soir  il se jetait dans le vide.

Ainsi pas une feuille ne manquait à l’arbre quand Jean-Baptiste écrivait une nouvelle pièce.

Molière a peut être pleuré comme un enfant , mais il a disposé de son temps pour nous offrir l’éternité à le célébrer .

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17 décembre 2016

Au théâtre ? (Walrus)

 

Ça fait des lustres que j'y suis pas allé !

 

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17 décembre 2016

Participation d'Emma

En attendant Igor

(Peinture de Taylor Campbell)

 

em

La pièce, où le rouge sombre domine (tapis, grande banquette à gauche, lourdes tentures à franges encadrant la fenêtre du fond), respire le confort cossu. Des napperons blancs probablement faits main, posés sur le guéridon au centre, et le haut bahut sur la droite, cassent joliment la sévérité du décor. On voit luire çà et là dans la pénombre des objets de cuivre. Au-dessus du bahut on devine un grand tableau représentant semble-t-il une scène de bataille.
Par la haute fenêtre, qui diffuse une lumière froide, on aperçoit un paysage flou de collines boisées dans les tons gris bleu.

Irina et Elena  sont à la fenêtre. Ania est assise sur un fauteuil bas, devant le feu de bois. Elle tricote. De gros écheveaux de laine multicolores dépassent du panier posé sur un petit banc couvert de velours sombre.

- Irina. Elena, très chère, crois- tu qu'il viendra ?
- Elena. Il viendra. Il vient toujours.
- Irina. Voilà qu'il pleut.
- Elena. La pluie, encore, et mon âme est si grise...
- Ania. Musset ? ou Barkrief ?
- Elena. Barkief, odes à l'absente.
- Irina. Je voudrais qu'il soit là.
- Ania. Qu'il vienne, aujourd'hui ou demain, qu'importe, il viendra.
- Irina. (vivement) Tu en parles à ton aise, tu ne l'aimes pas, avoue…
- Ania. Et toi, l'aimes-tu ?
- Irina. (rêveusement). Je le revois encore, la première fois qu'il est venu… Le  petit bois était jaune de jonquilles, il en avait cueilli une pleine brassée.
- Elena. Je les ai mises dans le gros pot de grès, sur le bureau de père ; on aurait dit qu'il souriait dans son cadre d'argent.
- Ania. Sourire ? Père ? L'avez-vous  jamais vu sourire ? Une seule fois ?
- Irina. Alors c'était le soleil des jonquilles qui dansait sur le verre du portrait.
- Elena. En octobre il a amené des cèpes, les plus ronds, ceux du vallon derrière les bouleaux.
- Ania. Nous aurions dû peut-être le convier à les manger avec nous. C'eût été la moindre des choses, c'eût été élégant. Rappelez-vous la somptueuse omelette arrosée de cidre nouveau ! Ah quel diner de roi ! Oui nous aurions dû…
- Irina. Il aura été blessé par notre ingratitude, peut-être ne viendra-t-il plus…Il aura cru sans doute, que nous faisions peu de cas de son présent…Je ne peux le croire, il faut qu'il vienne, il ne peut pas me laisser...
- Ania. Te laisser ? Et moi donc, ne crois-tu pas que j'ai besoin qu'il vienne ?
- Elena. Il a promis, il doit passer avant la Sainte Catherine.

Elle pose son front sur la fenêtre ; son haleine fait un rond de buée sur la vitre. Elle resserre son châle sur ses frêles épaules.
Irina esquisse un geste vers elle, se reprend, et ajuste une mèche blanche échappée de son chignon.

Ania pose son tricot :

- Il sait qu'il faut bouger ces rosiers avant le froid, donc il viendra. Igor, c'est le jardinier le plus consciencieux que nous ayons jamais eu, depuis le vieux Paul, l'ordonnance de père.
Et savez- vous ? Nous lui ferons goûter le vin d'airelles ! 

 

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10 décembre 2016

Défi #433

"Au Théâtre ce soir ....."

Au Théätre ce soir

A vous d'improviser sur ce thème !

A tout  bientôt à

samedidefi@gmail.com

10 décembre 2016

Ont bien coincé la bulle

10 décembre 2016

La Bulle d’or (Laura)


Pourquoi me dire que je vis dans une bulle
Alors que je suis trop curieuse du monde qui m’entoure ?
Moi, si on parle de bulle, je ne pense qu’à la coincer
Pour la faire parler et  non pour paresser.

Aujourd’hui, je pars à la recherche de la bulle
Entourant le roi, cette Bulla Aurea latine
Ou  Chrysobulle grecque formé de la Bulla
« Objet rond » latin et le l’or, Chrysos  d’Athena

A l’origine, la bulle d’or est un document officiel
Utilisé par la chancellerie impériale de Byzance
Dont le sceau est en or pour dire son importance
L’empereur byzantin  est choisi par le Dieu du ciel

Les Occidentaux adoptent  ce type d’édit
Mais de manière beaucoup plus exceptionnelle
Ce qui le rend de fait bien plus solennel
Que le sceau de Byzance, même avec des pierreries

Ainsi Charles IV de Luxembourg élu à la tête du Saint Empire
Promulgue une Bulle d’or en 1356 qui fixe les conditions
Pour être élu à la tête du Saint Empire romain germanique
Du Pape, on se passe désormais de l’approbation.

Comme beaucoup de systèmes, celui sera perverti
Dans usage et sera même contreproductif

Pourquoi me dire que je vis dans une bulle
Alors que je suis trop curieuse du monde qui m’entoure ?
 

10 décembre 2016

La sucette Stanislas (Pascal)


Y en a, même enfermés dans des ampoules, ils ne brilleraient pas mieux ! Celui-là, j’t’y foutrais le courant dedans, juste pour le voir danser !  Mais que voulez-vous qu’il éclaire ? Il faut un minimum de matière grise pour qu’elle s’enflamme ! Appelons les choses par leur nom, que diable ! Sous bulle, sous cloche, plutôt !...  

Dans le temps, on mettait le fromage sous cloche pour ne pas que son odeur déborde du plateau ! Parce qu’à cette époque, mossieur, pardon monseigneur, le fromage avait son fumet, ses fragrances, son incommodité ! Au contraire d’aujourd’hui, où tout est aseptisé, on reconnaissait la tomme, le camembert et le Foujou, bon Diou ! Un roi dans sa bulle, c’est pour ne pas supporter ses frasques odorantes ou qu’il ne supporte pas les nôtres ?... C’est peut-être un saint ?... La bulle papale ! Ha, ha !...

De par son statut, plus élevé, plus grand, plus riche, un roi est toujours hors de portée de ses sujets ; quelle idée de renforcer encore cet éloignement ! Faut-il y voir une relation avec nos dirigeants du moment, tellement loin des préoccupations de leurs administrés ?
Hé, Stanislas, tu ne manques pas d’air sous ta cloche ? C’est quoi, cette bulle ? L’œuvre d’un illuminé ? De quel droit ces quelques fanatiques, sous le prétexte imbécile de leur art moderne, s’accaparent-ils nos monuments en les enlaidissant ?...

« Vous ne pouvez pas comprendre, les béotiens : c’est de l’Art !... »

C’est une blague, une œuvre de potache, diront les uns, un camouflet à l’Histoire, un délit de bêtise, diront les autres. Ce serait comme rajouter des moustaches à la Joconde, mettre un short à monsieur *De cul-vers-ville, dessiner une moto à la place du cheval, sous le hussard de Géricault. Une œuvre d’art, une vraie, c’est sacré. La détourner de sa destination originelle, c’est bafouer son auteur. Cela me fait penser à une autre « œuvre éphémère » où un « artiste » avait empaqueté le Pont-Neuf, à Paris. En arrachant le papier l’enveloppant, les riverains retrouveraient le plaisir de redécouvrir leur pont. Faut-il perdre la vue pour mieux voir ? Devenir sourd pour mieux entendre ? Faut-il être sevré de sucettes pour en réclamer le goût ?...

Aujourd’hui, on fait n’importe quoi pour bousculer le troupeau bêlant dans l’ornière de la mièvrerie. On veut étonner encore des zombis qui ne s’étonnent plus de rien. Il n’y a plus que les faits divers, les catastrophes, le sang, à condition que ce soit ceux des autres, qui puissent les détourner de leur neurasthénie ambiante. A force de tranquillisants et d’expédients, les innovations sont moroses, l’imagination est stagnante, la création se morfond. Alors, ces faussaires de la Beauté se permettent d’aller graffiter les œuvres des autres, de les recopier, de les imiter, de les confondre. Devant ces usurpateurs, on crie au génie ou au scandale et le monde continue de tourner. A un gamin qui chantait « Ne me quitte pas » dans la télé, combien ont cru qu’il en était l’auteur. Hé oui, mon bon monsieur Stanislas, tout fout le camp…

Quelle idée est passée par la tête de ce blasphémateur ? Si je le chopais, celui-là, je lui repeindrais sa bagnole avec toute mon imagination de contrariété. Je ne serais pas chiche avec l’encre de Chine, la boue de la rivière, la merde de chien, les estafilades des pierres. Je vous le dis, il dépérirait en attendant la remise en état de sa caisse comme on languit la restitution de notre statue…  


« Hé, faut se détendre !... C’est du deuxième degré !... »

Et qu’en pense t-il de tout ça, le bon roi Stanislas, derrière sa prison de verre ? Comment appréhende-il cet art éphémère ? Comment se voit-il, déguisé en sucette géante ? Jadis, s’il faisait peur aux aïeux, aujourd’hui, il fait rire les enfants. A l’intérieur de sa bulle, comment voit-il les quidams traversant sa Place ? En bleu, en blanc, en rouge ? En filigrane ? De son temps, s’il était près du peuple, ce paquetage burlesque l’isole de ses sujets…  
Parfois, je vous assure, la pierre d’une statue doit pleurer autrement qu’avec les larmes de la pluie…  

Nous, les humains, on aime bien nos statues ; on en connaît tous une, on a notre préférence, nos affinités. Au fil des ans, quelque part, elle vieillit avec nous. Même si elle reste sur place, elle nous accompagne ; elle est fidèle, toujours à l’heure, toujours de l’humeur qui est la nôtre au moment où on la croise. C’est grégaire, une statue ; elle s’apprivoise, elle appartient à la ville, au boulevard, au square, à tous ; elle devient le monument historique de notre aventure terrestre. Elle est réconfortante ; sa présence est rassurante. On fait le détour, on va la voir parce qu’elle a toujours du temps à nous consacrer. On s’inquiète d’elle comme l’Amie de toujours. Est-ce qu’elle a bien supporté l’hiver, la grêle d’hier soir, la meute des étourneaux, les p’tits cons tagueurs ? Elle nous manque. C’est une amie silencieuse mais ô combien confidente…  
Enfant, on s’est abrités dans son ombre ; adolescent, on a sans doute rayé son socle avec nos initiales rebelles ; jeune adulte, on y a prêté quelques serments éternels, déclaré sa flamme tout aussi enthousiaste. Je sais qu’on l’emmène dans nos aventures les plus lointaines, qu’elle est un phare éclairé pendant nos nuits les plus ténébreuses ; c’est elle qu’on visite en premier quand on revient  de ces voyages intemporels.
Maintenant, vieux, elle est notre point de repère ; son regard est austère mais son doigt pointe ostensiblement vers le banc reposant. Protectrice, à travers elle, nous sommes inscrits dans la postérité.
Une statue, c’est vivant. A chaque heure de la journée, elle s’illumine du soleil caressant et le jeu des ombres baladeuses la déplace furtivement dans le temps. La nuit, la lune la cajole ; les étoiles se posent sur elle comme des confettis de fête nocturne. Quand tout est noir, on sent sa présence, son odeur, sa force tranquille…
Quand on lui refait une beauté, qu’elle prend son bain de jouvence, c’est notre propre vieillissement qu’on lui enlève. Alors, quand on la recroise au détour de l’allée, elle est toute belle, toute pimpante et on n’est même pas jaloux parce qu’on l’aime. Finalement, c’est avec elle qu’on traverse la vie. Et dire qu’on veut lui mettre la tête à l’envers, la secouer pour si des fois, il neigerait dans sa bulle…

Alors, tous ces pseudo-artistes à la manque, ces saboteurs d’œuvres, ces illusionnistes du deuxième degré comme d’un piédestal, ils n’ont qu’à se mettre en valeur ailleurs qu’en parasitant nos symboles statufiés. En mésestimant l’Histoire du Passé, on l’oublie au profit d’un simulacre d’art contemporain, on entretient l’Ignorance et on est condamné à revivre nos fautes…  
 

*La statue sur le quai Stalingrad à Toulon.

10 décembre 2016

Intouchable (Vegas sur sarthe)


Que vous ayiez un blaze ou une particule
vous pourrez bien crier à gorge déployée
et vous égosiller, criailler,  supplier
du haut du monticule le roi est dans sa bulle

Depuis l'aube naissante jusqu'au crépuscule
vous pourrez agiter les bras tel un pantin
jeter des confettis, lancer des serpentins
point de conciliabule le roi est dans sa bulle

Rivé au marche-pied du royal véhicule
à hue et à dia réfreinant les chevaux
jetant les deux cochers au fond du caniveau

Vous croirez triompher, arrêter son altesse
faire le baise-main à quelque vicomtesse
mais ça pourrait chauffer pour votre matricule

On vous l'avait bien dit... le roi est dans sa bulle

10 décembre 2016

Papou est dans sa bulle (EnlumériA)

 

     J’avais laissé tomber l’écriture. Comme ça, brutalement. Je m’attendais à ce que ça fasse du bruit, mais rien. Même pas le son étouffé d’une charentaise qu’on laisse choir sur la descente de lit certains soirs de lassitude. J’allais écrire de solitude. C’est un peu pareil vous savez ; on s’enferme dans un quant-à-soi d’un goût discutable, une sorte d’amertume saumâtre, épaisse, sans lendemain.

     Vos proches s’interrogent, s’inquiètent, s’interpellent. Qu’est-ce qu’il a Papou ? Papou, c’est comme ça que mes petits-enfants m’appellent. Depuis, ça a fait boule de neige, mais sans la Tour Eiffel, ni le Sacré-Cœur. Alors tout le monde m’appellent Papou. Il y eut deux ou trois haussements d’épaules désabusées, quelques moues blasées. Un silence émoussé.

     « Tu sais, Papou, il est dans sa bulle. Il est comme ça Papou, il a toujours été comme ça enfermé dans son monde bipolaire désenchanté. »

     Je ne jouais même plus de guitare. Ça a suscité d’autres haussements d’épaules et d’autres moues sans conviction. Des chuchotements feutrés.

     « Qu’est-ce qu’il a Papou ? Il n’est pas comme d’habitude. D’habitude, sa bulle est perméable, poreuse juste ce qu’il faut. Il laisse passer des choses de part et d’autre de la paroi de cristal qui l’enveloppe. Mais maintenant, le cristal s’est transformé en plomb. C’en est un drôle d’alchimiste ce Papou. Le seul et unique hermétiste à transformer le cristal en plomb. »

     Pour résumer, ça jasait pas mal, ça renâclait dans l’arrière-cuisine. À un tel point que les fours et les plaques de cuisson se sont retrouvées en surchauffe et que la bulle de plomb a fondu. Alors tout ce vacarme est parvenu aux oreilles de Papou. Un peu comme une casse d’imprimeur qu’on jetterait dans un escalier métallique.

     Et Papou s’est réveillé. Il a jeté un œil hors de sa bulle redevenue translucide et éthérée comme une bulle de savon. Et selon les lois des enchaînements des causes et des effets, Papou a rouvert sa messagerie et il est tombé sur un message de Katy, son amie de Nancy.

     C’est là que le miracle a eu lieu. Katy lui rappelait gentiment mais fermement que son blog était en panne comme un vieux tracteur perclus de cambouis ; elle racontait aussi sa frustration déception de ne plus lire les incroyables fariboles qui s’écoulaient de son esprit disjoncté de maniaco-dépressif. « Mais qu’est-ce que tu fiches ? Tu dois écrire. Tu es fait pour ça ! »

     Tiens ! Si elle avait été fantôme, elle serait venue hanter mes nuits, martyriser mes orteils et me planter des plumes d’oie sous les ongles. À l’instar de l’archange Gabriel ordonnant à Mahomet : « Lit ! » Katy injonctait : « Écrit ! ».

     Eh bien, vous me croirez si vous voulez — d’ailleurs vous n’avez aucun choix en cette matière — Papou s’est dit qu’elle avait peut-être raison Katy de Nancy. Il a ressorti sa plus belle plume et s’est empressé de détruire méthodiquement sa bulle en picorant de petits bouts de mots et de phrases çà et là sur la membrane tremblotante et savonneuse. Un picot, un mot, trois picots, une phrase. Le temps de relancer la machine à développer les mythomanies sélectives du vieux barbu. Recommencer à écrire quand on a laissé retomber le soufflet, c’est un peu comme redémarrer un vieux moteur diésel d’avant-guerre. Ça fume, ça grogne, ça bégaye. On a l’impression que le robinet est définitivement grippé, que la rouille liquide qui s’en écoule ne s’éclaircira jamais. Et puis la rouille se métamorphose en pur cristal. Et petit à petit, en catimini, la magie revient. Papou éteint la télé et allume sa lampe de bureau. Il règle son siège, place ses doigts de musicien au dessus du clavier et tambourine, tambourine encore. En fond sonore, Agnès Obel lui susurre des encouragements du bout de son piano. Les mots arrivent d’abord timidement, presque à reculons, puis un troupeau se forme, s’avance plus franchement et on se dit qu’on ne va pas tarder à lâcher les éléphants-phares.

     La bulle est brisée. Fin de la saison un. La saison deux entre en piste.

     Tiens ! Si je réaccordais mes guitares ?

 

Évreux, 08 décembre 2016.

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