Pour quelques géantes de plus.... (Clémence)
C'est une jolie bourgade, au pied des Alpes.
Une bourgade qui s'alanguit savoureusement au soleil de la Provence.
L'ancien Couvent, la Chapelle et une des vieilles portes s'adossent à un flanc de colline boisée de chênes verts. Plus bas, les ruelles étroites serpentent entre les maisons hautes aux volets couleurs pastels. Çà et là, les fontaines murmurent doucement…
Il est bon de s'y promener...et de s'égarer par les petits chemins, les sens en éveil.
Senteurs des lavandes, oliviers bien rangés, bourdonnement des abeilles…
Un petit coin de pays tranquille qui invite les touristes, au fil du temps, à partager une vie authentique...
Mais il a suffi de l'arrivée d'un projet sur un bureau administratif pour que cette image de carte postale se froisse, crisse, crispe et hérisse, clivant les villageois en deux catégories : les «pour » et les « anti »….
Les arguments tombaient les uns après les autres pour être réfutés aussi vite par d'autres arguments tout aussi bien ficelés.
Bref, la population se trouvait face à ce dilemme : éoliennes ou non dans ce paysage préservé du saccage touristique.
Les pancartes aux lettres de sang ou de deuil se plantaient au détours des routes.
Des comités se créèrent …
Les rencontres d'informations ou d'intérêt se multiplièrent.
Je fus présente à la dernière en date. La salle était bondée. Les familles venaient avec leurs enfants. C'est de leur avenir qu'il s'agissait aussi !
« Nous n'héritons pas de la terre de nos parents, nous l'empruntons à nos enfants... » lisait-on sur des banderoles égayées de dessins de mains colorées…
Il ne fallut pas longtemps pour que l'assemble s'emballe. Le ton montait, les phrases s'entre-coupaient, s'entre-choquaient…
Et tout à coup, ce fut le silence… ou presque….
Des pleurs, des sanglots…
Tous les visages se tournèrent vers le gamin en larmes.
Tout à coup, il était le centre du monde.
D'un revers de main, il se frotta les yeux.
Il toussota puis d'une voix posée, il déclara :
« Arrêtez de vous disputer. Arrêtez de crier. Moi, je peux vous mettre tous d'accord. J'ai la solution ! »
L'assemblée était suspendue à ses lèvres. Les parents souriaient béatement. Leur fils était un génie….
- Alors ???Alors….
- Alors ? Hé, il suffit de les enterrer, les éoliennes !!!