Après-guerre (par joye)
Hier soir, je rêvai de cette ère avant-plastique, où les jouets étaient faits de bois et d'imagination, et parfois même d'acier.
Je me souviens de tes cheveux à cette époque, blancs comme ils sont encore sur cette photo, bouclés et lisses, scintillant sous le soleil des étés interminables.
Tes yeux étaient bleu ciel, ton sourire rare mais rose, tendre comme ces petits boutons qui se cachent d’abord au printemps derrière les feuilles timidement verdoyantes. Et puis, un jour, ils s’annoncent tous frais comme une surprise, un éclat de joie joueuse. Comme ton sourire, à cette époque.
Et maintenant quand je respire le parfum de tes blocs aux bords usés, quand je caresse leur surface dure sous mes doigts, quand j’examine l’encre fade de ces lettres, tout cela me rappelle, dans cette chambre d’enfants abandonnée, tout cela fait revenir les cicatrices, les cris, et les dommages que pourra nous faire un amour fugace, qui nous ravit avec ses bourgeons et qui nous blesse avec ses épines.