Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le défi du samedi
Visiteurs
Depuis la création 1 050 282
Derniers commentaires
Archives
4 juin 2016

En ont dans le bocal

Publicité
4 juin 2016

Souvenirs, souvenirs (Joe Krapov)

 

J’ai la mémoire qui flanche, j’me souviens plus très bien…
Où sont passées mes pantoufles ?
Qu'est-ce que j'ai fait de mes clés, mes lunettes et mes papiers, mon veston, mon lorgnon, mon étui d'accordéon ?
Oui je sais, je perds tout mais c'que j'veux pas c'est qu'on se moque de moi !
Oh ! Hé ! Hein ! Bon !

Et d’abord
Qu'est-ce qu'il fait, qu'est-ce qu'il a, qui c'est celui-là ?
Qui a eu cette idée folle un jour d’inventer l’école ?
Que reste-t-il de nos amours ?
Où sont les femmes ?
Z’avez pas vu Mirza ?
Où sont tous mes amants ?
Qui suis-je ?
Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
Mais qu’est-ce que t’as mis dans le café ?
Où vas-tu, Basile ?
Dis, quand reviendras-tu ?

Et d’abord
C’est quand qu’on va où ?
Où c’est que j’ai mis mon flingue ?
Qui a tué Devy Moore ?
Qui a le droit ?
As-tu vu la casquette, la casquette, la casquette du père Bugeaud ?
Qu’est-ce qui fait pleurer les blondes ?
Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?
Quoi, ma gueule ? Qu’est-ce qu’elle a ma gueule ?
Comment te dire adieu ?

***

Mémoire, que serais-je sans toi ? Heureusement que tu es là ! Je me souviens encore, fort heureusement, d’un tas de choses fort utiles :

"Vercingétorix, né sous Louis-Philippe, battit les Chinois un soir à Roncevaux. C’est lui qui lança la mode des slips et pour ça mourut sur un échafaud. Il faisait "Zip" quand il roulait, "Bap" quand il tournait, "Brrr" quand il marchait. Je ne sais pas ce que c'était et je crois que je ne le saurai jamais. Il n’y a plus d’après à Saint-Germain des Prés !"

Et je m’en fous ! Parce qu’à part ces interrogations non-existentielles, tout va très bien madame la Marquise ! Je me rappelle très bien que le prénom d’Alzheimer était Marcel et que mon oncle Walrus n’aime pas les œuvres d’Alois Proust !
 

4 juin 2016

Les fleurs des dunes (Pascal)


Main dans la main, nos doigts tressés pendant nos promenades sur la plage, nos baisers ardents aux couchers du soleil pour qu’il revienne vite illuminer notre Amour, nos roulades dans les frissons du sable, nos rires comme des ressacs insatiables, tout ce Bonheur en feu d’artifice, j’ai tout oublié…  
La pureté de son teint, le satin de sa peau, ses grains de beauté, ceux que je poursuivais avec une assiduité d’explorateur, tels des jeux de piste, des îles de cases trésors, aux succès de toutes mes prétentions de chercheur de son corps, j’ai tout oublié…  
Ses postures callipyges, le galbe de ses jambes, la finesse de ses chevilles, et même ses doigts de pied que je butinais tel un frelon ivre dans un bouquet de violettes, j’ai tout oublié…  
Le goût de sa bouche, entre menthol et chair fraîche, entre dentifrice et Peter Stuyvesant, entre champagne et petit matin, les pétillements de sa salive, la blancheur de sa peau, de ses dents, de ses cuisses, le velours de ses avant-bras, le duvet de son ventre, ses jambes soigneusement épilées, j’ai tout oublié…  
Ses grimaces enjouées, ses ongles aiguisés, le poisson rouge tatoué qui somnolait sur son omoplate comme s’il attendait mon permis de chasse, sa voix, ses chansons, les intonations de ses colères, les silences de ses désirs, ses râles et ses trémolos de cantatrice exaltée en pâmoison, j’ai tout oublié…  

Et ses cheveux que j’emprisonnais dans ma main conquérante mais qui s’échappaient toujours entre mes doigts comme des cascades indomptables ! Et ses cheveux de belle moisson, aux parfums capiteux de chardon, de bleuet et de dune sauvage ! Et ses cheveux de feu qu’elle mordait avec une grande barrette noire pour que je puisse déposer des baisers fiévreux dans son cou, comme des offrandes d’amoureux, je les ai oubliés aussi…  

Assez ! J’ai tout oublié de ses yeux ! Non ! Je n’ai plus aucun souvenir de la couleur de ses prunelles ! Peut-être verte, peut-être bleue, peut-être un peu les deux, je ne sais plus. Je me souviens seulement que j’allais m’y baigner pendant des heures, hypnotisé jusqu’à l’âme, planant entre ciel et mer comme un oiseau migrateur trouvant enfin sa terre promise, mais rien n’est sûr…  

Et ses boucles d’oreilles ! Ses boucles d’oreilles aux pendentifs aphrodisiaques ! Quand sa tête disait non, ces fausses ingénues, elles disaient oui ! Moi ? Moi, j’étais propulsé aux nues, tourneboulé jusqu’à mes rêves les plus vertigineux, pendant ces oscillations paradisiaques ! J’étais dans le mouvement du monde ! Le jour, la nuit, l’été, l’hiver, c’était le temps des cerises qui battait la chamade dans mes tempes !...   
Et, à bout de respiration, toutes nos joutes buccales, tous nos duels de langues, tous nos soupirs de madrigal pour reprendre seulement le souffle heureux de nous dire « je t’aime » à la même chorale !...
Et ses poignets si fins, et ses bras si menus, et ses épaules si tendres, et ses lèvres si amoureuses ! Non ! J’ai tout oublié ! La rondeur de son genou, la musique de ses hanches, la générosité de sa poitrine, et Marie la Médaillée ne sachant plus à quel sein se vouer entre Amour et Volupté : je n’en sais plus rien !...

Arrêtez de me torturer avec vos questionnements d’inquisiteur ! Je vous répète que j’ai tout oublié !...


Bien sûr, j’ai dû mordiller sa nuque, j’ai dû regarder courir ses frissons, j’ai dû écouter les battements de son cœur, mais je n’en ai nulle souvenance ! Oui, j’ai dû m’affoler entre ses cuisses, chercher des cadences d’unisson, mourir un instant à l’Agonie de l’Amour, et repartir au combat, la baïonnette au canon, l’âme conquérante et le cœur en étendard ! Oui ! Un million de fois, j‘ai dû regrimper sur ses barricades en lui scandant des « je t’aime » à répétition ! Oui, elle m’a tailladé avec ses griffes, elle m’a saigné avec ses dents, elle m’a brûlé avec ses regards brasillant, comme si le diable était dans son corps !
Furieuse, elle m’a insulté avec les mots divinement obscènes d’un dictionnaire pour amants complices ! Mais je ne suis sûr de rien ; les reflets obsédants de ma mémoire enjolivent des réalités qui n’ont jamais existé…  
Je ne sais plus rien de la pluie de ses larmes, à la récompense de la Félicité Grandiose,  quand elle cachait son corps et ses tremblements incessants sous le drap d’une pudeur retrouvée ; tous les baisers tendresse qu’elle collait en chapelet sur ma poitrine pour me récompenser de mes efforts de hardiesse, toutes ses caresses de maîtresse assouvie, toutes ses…

Arrêtez ! Mais arrêtez donc de remuer le couteau dans mon cœur !... Demandez plutôt aux chardons, aux bleuets et à toutes les fleurs des dunes…

4 juin 2016

Ah ! là là par bongopinot

 

Source: Externe



J’ai perdu la mémoire
Au fond d’un arrosoir
J’arrose donc tous les soirs
Pour au moins l’apercevoir

Depuis qu’elle est partie
Bonjour tous les ennuis
Et pour la retrouver
C’est galère assurée

Je ne reconnais plus personne
Et tout ça m’empoisonne
Je ne sais plus où je travaille
Alors je reste au bercail

Je ne retrouve plus mes affaires
Et je deviens amère
Y a-t-il quelque chose à faire
Car tout ça est un calvaire


J’essaie de me rappeler
Ma mémoire est brouillée
Le passé, le présent
Se mélangent c’est navrant

Je ne reconnais plus les fleurs
Ni leurs noms ni leurs odeurs
Je glisse dans le délire
Je ne pourrai bientôt plus écrire

J’ai plus de mots à mon histoire
J’ai pourtant sondé tous les tiroirs
Je ne sais plus ce que je cherche
J’ai mis les mains dans mes poches


Mon frigo est en détresse
J’ai oublié de faire les courses
Je ne vais plus à mes rendez-vous
Je reste prostrée dans le flou

J’ai perdu la mémoire
Je traine mon désespoir
Lorsqu’un soir par hasard
Je suis tombée dans l’arrosoir

J’ai retrouvé la mémoire
Mais c’est un peu le bazar
Je vais ranger tous les tiroirs
Et reprendre ma trajectoire

4 juin 2016

J'allais participer, mais... (Walrus)

 

wa

 

Publicité
4 juin 2016

Participation de Sarah

Non, je ne me souviens pas

 

Je suis née sans mémoire. Non, vraiment, je ne me souviens pas.

Je ne me souviens pas de mes cris quand je courrais à la mort, ni des bruits assourdissant des obus qui tombaient par milliers, et encore moins de cet autre blessé qui appelait sa maman.

Je ne me souviens pas du froid qui glaçait chaque partie de mon corps, ni de la chaleur étouffante des mois d'été, et encore moins de la boue dans laquelle je m'enlisais jusqu'à la taille.

Je ne me souviens pas de la faim, ni de la gnôle pour donner du courage ou réchauffer ou juste oublier, et encore moins de ses rats qui nous entouraient.

Je ne me souviens pas de la peur, ni de mes mains qui tremblaient si fort autour de mon arme, et encore moins de ce vide dans ma tête au moment de l'assaut.

Je ne me souviens pas de l'odeur de la mort qui trainait partout et nous collait à la chair, ni du sang de mon ami sur mes vêtements, et encore moins de l'horreur qui nous étreignait quand on marchait sur un corps.

Je ne me souviens pas de la folie meurtrière qui prenait le dessus sur ma raison, ni de mes cauchemars chaque nuit, et encore moins de la folie de mon compagnon qui répétait sans cesse les mêmes mots.

Je ne me souviens pas des jours à l'arrière comme une parenthèse de vie dans la mort, ni des lettres où l'on écrit rien car l'horreur ne s'écrit pas, et encore moins de cette photo cachée là où battait mon cœur.

Je ne me souviens pas du soit disant retour à une vie foutue qu'on ne retrouve en fait jamais, ni de mon silence sur l'irracontable, et encore moins de ces êtres aimés devenus des étrangers.

Non vraiment, je ne me souviens pas. Je suis née amnésique de l'horreur, moi qui n'ait jamais connue cette guerre. Je ne me souviens de rien.

Et pourtant, je reste figée devant ces nécropoles géantes que ni mes yeux, ni mon appareil photo ne peuvent saisir en une fois.

Et pourtant, mon ventre se retourne à chaque trou d'obus encore encré dans le sol.

Et pourtant, ces forêts à jamais empoisonnées, ces routes droites, ces noms de tranchées me provoquent des cauchemars.

Et pourtant, je frémis aux nombres, aux informations dispensées dans les musées ou à l'école.

Et pourtant, le mot guerre provoque en moi un chamboulement inattendu. Le chamboulement d'une connaissance inconsciente héritée à ma naissance, d'une mémoire collective inscrite génétiquement, d'une angoisse vide qui coule dans mes veines.

Et pourtant, n'est-ce pas un peu mon visage sur ces vieilles photos ?

Et là je reste, amnésique, bouleversée par le souvenir prégnant d'une mémoire effacée.

4 juin 2016

Je (ne) me souviens (pas) (Laura)


Je me souviens de mon grand-père qui portait toujours une salopette noire ou verte.
Il est mort.
Je ne me souviens pas si je lui ai dit que je l’aimais.
Je me souviens de l’élection de François Mitterrand.
Je me souviens de la guerre du Golfe.
Je me souviens de l’exécution en direct de Ceausescu en Roumanie. Je me souviens d’avoir frémi d’horreur malgré ce que cet homme avait fait à son peuple.
Je me souviens des bons points qu’on nous donnait à l’école. Je crois que ça ne se fait plus.
Je me souviens de la seule fois où j’ai été punie à la petite école. Je me souviens encore du nom de la petite fille qui en était la cause.
Je ne me souviens pas de ma première cigarette. Je me souviens que j’ai fumé autrefois par plaisir. Je me souviens du moment où c’est devenu une drogue.
Je me souviens du mariage de Charles et Diana. Je me souviens du commentaire de Léon Zitrone.
Je ne me souviens du premier livre que j’ai lu. Je me souviens que je lisais le soir sous les draps avec une lampe électrique.
Je me souviens de l’odeur de sauge et de menthe. Je me souviens que mon grand-père en attachait toujours une feuille à la boutonnière de sa salopette.
Je ne me souviens pas de la mort de De Gaulle. C’était ma première année.
Je me souviens de ma première paire de lunettes. Je me souviens qu’avec, je voyais mieux au tableau.
 
4 juin 2016

Participation de Venise


FELIX regardait dans le rétro.
Quand je dis le rétro je parle du tableau noir froid et muet à faire pleurer le mur de Jérusalem!!!

Pendant ce temps , la classe de sixième, morte de rire s’époumonait .

La fontaine la fontaine!!
l’inspecteur impassible .  ,assis au fond de la classe prenait des notes
C’est alors que Melle Fleur l’institutrice tendit son cou vers Félix.

Alors Félix tu refuses de coopérer , cette fable de la Fontaine tu l’as apprise oui ou non?

Félix poussa un soupir de satisfaction
Ha oui ça me revient le corbeau et le renard .
Non dit Melle fleur d’un regard sévère
C’est le renard et le corbeau!!

Qu’Est-ce que c’est que ce bordel  vociféra l’inspecteur
Des inversions comme ça ,ça arrive sans arrêt Melle fleur dit il avec dédain.
Poursuivez mon garçon.
Dans la vie rien ne frappe plus vite qu’une amnésie , et Félix contourna celle-ci avec maestria .

L’inspecteur fasciné par  la créativité du jeune garçon oublia sa détermination à évaluer la justesse  
D’un texte , pendant que Melle fleur continuait à se tortiller sur son siège prête à bondir au visage du malfaiteur qu’était devenu cet élève .

Félix s’exprimait comme s’il donnait une conférence .
La classe s’agitait prise par un rire de grosse baleine .

Il s’était débarrassé de cette fable en la jetant dans un puits où jamais mémoire d’homme n'avait mis les pieds .

L’inspecteur regarda à travers la vitre / tiens dit il il ne pleut plus .

Melle fleur  je vous félicite vos élèves  font traverser le siècle à la fontaine avec talent , ils le rendent ainsi immortel.

C’est dans l’oubli du texte que certains auteurs sont vivifiés par leurs  lecteurs!!!

4 juin 2016

Devoir de mémoire (Vegas sur sarthe)


Hier j'ai paumé un truc mais j'suis pas foutu d'me rappeler quoi, pourtant j'ai fouillé dans ma trousse mais comme je n'savais pas c'que je cherchais....
J'crois qu'si c'était important j'm'en souviendrais ou j'me l'rappellerais; j'ai jamais su comment qu'on disait ni combien qu'on met de 'p' et de 'l' à rappeler. Faudra que j'demande à Monsieur... euh... à la maîtresse.
C'est un truc qu'a pas l'air de me manquer, ça devait être tara ou biscotté, zarbi, limite inutile alors c'est pas une grosse perte.
J'crois qu'on s'farcit trop la tronche à se souvenir de choses sans importance qui nous polluent l'cerveau – comme la date de la bataille de Marignane ou la couleur du cheval blanc du 4ième Henri – alors comme j'accorde peu d'importance aux choses, j'ai l'cerveau qui devrait avoir débordé depuis un bail.
Pourtant y déborde pas ce qui m'fait dire que plus on a d'souvenirs qui s'bousculent et moins on a d'mémoire pour s'en souvenir ou bien c'est les souvenirs qui bouffent la mémoire comme des enzymes gloutons.
Parait qu'on a un hippocampe dans la tête, une sorte de cheval marin qui gère tout ça, qui trie et qui fait l'ménage comme ma reum dans ma chambre.
J'me demande comment font mes vieux pour se souvenir de tout c'qu'y z'ont vécu depuis l'temps qu'y z'ont vécu... Y doit y avoir un d'ces bordels dans leur tête. J'voudrais pas voir la tronche de leur hippocampe ! Les souvenirs en conserve, très peu pour moi.

C'est comment qu'on fait un collier de nouilles, déjà?
J'crois bien en avoir fait un l'année dernière mais avec tous mes trous d'mémoire  j'sais plus pourquoi j'avais fait ça ni c'qu'il est devenu.
Demain la maîtresse nous a promis un devoir de mémoire... une histoire de poilus à laquelle j'ai rien entravé.
Faudra que j'me rancarde et qu'j'arrête un peu mes conneries si j'veux passer en sixième l'année prochaine avant d'avoir trop de poils au menton.
Mon vieux dit qu'à quatorze ans c'est pas normal et que j'devrais arrêter d'bouffer mes gommes...
Tiens! J'me demande si c'est pas ma gomme que je cherchais hier... j'ai dû la bouffer, ou pas.

4 juin 2016

LA MEMOIRE (Lorraine)


     Je ne suis pas physionomiste. Un défaut mineur, certes. Sauf que… Dans ma vie professionnelle, on me présenta la même personne à trois reprises, elle me souriait comme à une amie et avec bienveillance répondit :

     »Mais nous nous connaissons, n’est-ce pas, chère Madame ? »

    Je balbutiai un « Mais certainement, madame… ??? » cherchant à toute allure où nous nous étions déjà rencontrées et ce que nous nous étions dit !...Le trou noir. Heureusement, elle était bavarde et notre échange de banalités nous évita d’approfondir la question.

    Ma mémoire s‘est toujours comportée de curieuse façon. Depuis ma jeunesse, je ne retiens ni le titre d’un film, ni le titre d’un livre, un peu comme si je décapitais l’œuvre de son auteur, une fois pour toutes. Ce qui me rends complètement ridicule quand, enthousiasmée par le film ou la lecture, ,je veux faire partager cet enthousiasme. J’ai le titre sur le bout de la langue, je vois parfaitement l’auteur…mais bon sang, il s’appelle comment ?..Jeune, j’en rougissais ; aujourd’hui, je dis simplement « J’ai oublié, c’est normal à mon âge »…et on continue la conversation.

    Ah ! la mémoire ! Elle retient toutes les couleurs de mon enfance, la voix de maman, l’école et ses péripéties drôles ou fâcheuses, la bruissante énergie professionnelle, une guirlande de visages aimés, toute la chaleur du passé. Mais ne me demandez pas ce que j’ai fait avant-hier. Ma mémoire est une trieuse ; ce qui n’est guère important elle l’efface et me désemcombre. Si je quitte mon bureau, arrivée au salon je m’interroge quelquefois: qu’est-ce que je cherche ? Il suffit de franchir une porte pour que je perde le fil. Puis que je le retrouve. Ce qui me rassure : ce n’est pas Alzheimer, pas encore… Si vous avez des doutes, je vous en prie, dites-le. Je prendrai rendez-vous pour une visite de dépistage…

4 juin 2016

Rue des Mariniers (EnlumériA)

 

       La rue des Mariniers partait du canal, d’où son nom, jusqu’à la place de l’église. C’est dans cette rue que vivait Catherine, ma grand-mère polonaise, au 23. Et c’est là aussi que ressurgissent parfois mes plus beaux souvenirs d’enfance. Venez avec moi, je vais vous faire la visite.

       Tout d’abord, il y avait ce fameux canal dans lequel mon père allait nager certains soirs d’été pendant que ma mère tricotait sur la berge. Certains autres soirs, ma Mémé et moi, nous allions retrouver quelques vigoureuses commères, toutes veuves et vêtues de noir, comme il seyait à l’époque. Je me rappelle plus précisément de madame Pia toujours accompagnée de son long nez à la Cyrano et de Mika, sa petite chienne noire au pelage bouclé ; comme si la vieille dame l’avait toilettée à grand renfort de bigoudis. Nous nous installions sur le chemin de hallage, sur des couvertures posées dans l’herbe, et là, sous les étoiles, j’écoutais religieusement les histoires d’un autre temps que les bonnes femmes se racontaient sans doute pour l’antépénultième fois.

       Je me souviens aussi des lavoirs chaînés qui s’avançaient timidement sur l’eau et de deux ou trois épaves de péniches qui dormaient là en attendant la fin des temps. C’est en jouant sur l’un de ces lavoirs que j’ai laissé sombrer mon premier bateau mécanique, un jouet tout neuf acheté le matin même au marchand de jouets, à deux pas du Cinémonde. Déception de votre serviteur et gronderie grand-maternelle. Double peine.

       Une voie de chemin de fer réservée à la gare de triage longeait la rue tout juste derrière les jardins potagers et enjambait le canal sur un pont d’acier riveté. Parfois, il y passait une de ces grosses locomotives à vapeur noire comme la suie. Le jardin de ma grand-mère bénéficiait d’une mare comblée de nénuphars et d’ajoncs dans laquelle des grenouilles, des libellules et toutes sortes de bestioles étranges avait élu domicile. C’était en fait un trou de bombe datant de la guerre. Curieux de voir comment la vie reprend toujours ses droits, même après l’apocalypse.

       A l’époque, la plupart des riverains n’avaient pas l’eau courante. Il fallait aller chercher l’eau à la fontaine ou plutôt devrais-je dire aux fontaines car il y en avait deux ; une pour l’eau nécessaire aux tâches ménagères ainsi qu’à la toilette et une d’eau de source, celle que l’on buvait, dame ! On recueillait la première dans un seau, l’autre dans un broc.

       Au bout de cette rue – qui n’était pas bien longue – la boucherie Montagne avec son impressionnante enseigne à la tête de bœuf occupait le coin, donnant sur la place de l’église. Place où il y avait bal quelquefois. Les adultes appelaient cela un « parquet ». C’était en quelque sorte le Meetic de l’époque. Il n’était pas rare d’y entrait célibataire et d’en ressortir pour ainsi dire marié. Bien en face le transept de l’église, l’épicerie Baratier ; autre rendez-vous de commères et foire aux ragots. C’est là sans doute qu’on apprenait qui couchait avec qui, qui était le cocu de fraîche date ou qui était mort et qui était né. Et peut-être bien d’autres choses encore qui échappaient à mon oreille d’enfant.

       Ah ! Que de magnifiques souvenirs dans cette rue. Tiens ! Je me souviens d’une fois où je les évoquais avec mon cousin. Nous partagions la même grand-mère et les parents de l’un étaient l’oncle et la tante de l’autre. Alors que j’évoquais la fameuse église, mon cousin me regarda bizarrement et me dit : « Mais… Il n’y a jamais eu d’église sur cette place ! »

       Qu’est-ce qu’il racontait, ce farceur ? Je la voyais très bien, moi, cette église. Croyant à une plaisanterie, j’insistais. Mon cousin persévérait dans son négationnisme têtu. Un peu désemparé, je laissai choir la conversation ; comme un boxeur groggy par un imprévisible crochet du gauche.

       Quelques semaines plus tard, alors que nous étions à Montluçon en visite chez ma tante, la mère de mon cousin, ce dernier m’emmena vérifier par moi-même.

       Le canal avait été comblé depuis bien longtemps et remplacé par une route. La maison de ma mémé Catherine était toujours habitée, le potager était toujours là. La boucherie Montagne et l’épicerie Baratier étaient désespérément laissées à l’abandon faute de repreneurs, subissant l’impitoyable loi de l’entropie. Mais aucune église à l’horizon. Rien qu’une stupide palissade d’un obscur chantier et deux ou trois bicoques.

       J’étais confronté à un souvenir imaginaire et j’en avais la preuve formelle sous les yeux. Et bien, me croirez-vous, si je vous affirme que malgré l’évidence, lorsque je me souviens de la rue des Mariniers, l’église est là, plantée sur la place comme un point d’exclamation.

Évreux, le 1er juin 2016

4 juin 2016

Perdre le Nord (JAK)

 

Elle avait pour  nom Anna Mnese

Un beau soir de septembre, à l’Ouest où le soleil couchant flamboyait pour un dernier réchauffement  terrestre, elle souffrit d’un mal de tête violent en admirant le phénomène .Elle pensa qu’elle aurait dû mettre des lunettes protectrices, mais bah, cela passerait.

Au  petit matin de l’autre côté  à l'Est  le soleil était revenu, mais la mémoire  d’Anna, elle, avait disparu

Un jeune carabin ami de son fils fut dépêché pour enrayer le mal, mais rien n'y fit.

Elle ne se souvenait plus du passé!

On scruta dans ses antécédents, mais nuls  faits récents ne laissaient  présager un tel état.

Un évènement était survenu  cependant dans  sa vie : son  exécrable époux l’avait abandonnée un soir de pleine lune  pour une p'tite aux yeux étoilés habitant dans le Sud….

Mais elle avait digéré depuis belle lurette, épisode qui ne l’avait pas trop marquée, l'entente entre eux n'étant pas à la hauteur de ses rêves.

On sortit des albums de photos pour ranimer ses souvenirs. A la vue de sa fille, elle s’écria maman !

On  l’emmena dans les lieux qui autrefois  lui étaient chers, aucune souvenance, elle restait impassible, indifférente.

Même le chat  noir, Minou  n’attirait plus son regard, et bien moins ses caresses. Pourtant celui-ci, inconscient de ce qui se passait, montait sur ses genoux, mais  elle le repoussait comme un mauvais présage

On  fit venir des pontes de la faculté,  rien de rien ne put être diagnostiqué

C’était un cas à part, sorte de maladie orpheline dont elle était le seul membre.

Puis un beau matin la mémoire  sembla lui revenir…..

Elle mit sa belle robe de mariée, avec sa couronne d’aubépines.

 Elle s’endormit brusquement le soir même, un soir  de lune rousse, et tomba  littéralement en catalepsie …..

Et depuis ce jour-là, rayonnante,  sur son lit à baldaquin elle  semble attendre le prince charmant.

 On la surnomme   Blanche Neige.

Mais la fée Carabosse veille  pour que pendant  cent  ans nous ne connaissions pas le dénouement de cet acte manqué!

 

4 juin 2016

Oublier (Marco Québec)

 

J’ai oublié ton nom

Il sonnait anglo-saxon

Ce qui retint mon attention

 

J’ai oublié ton sourire

Qui avait su me séduire

Et me retenir

 

J’ai oublié tes yeux

Qui étaient d’un bleu

Si chaleureux

 

J’ai oublié tes lèvres

Qui donnaient la fièvre

À tout mon être

 

J’ai oublié ton corps

Où j’ai perdu le nord

Sans aucun remords

 

J’ai oublié tes mains

Posées sur mes reins

Au petit matin

 

Quand j’y repense

De toute évidence

J’ai oublié

De t’oublier

 

4 juin 2016

Perdue (Rêves de plume)

 

J'ai perdu mes moires
Souvenirs bleus, souvenirs gris
dilués dans les pages d'un grimoire
J'ai perdu mes moires
Souvenirs de qui, que, quoi,
envolés par les trous de l'écumoire
J'ai perdu mes moires
Tous mes faits, mes arts
égarés sur les rayons de l'armoire
J'ai perdu mes moires
Plus de reflets
Plus de moire
Plus de moi

 

4 juin 2016

Gouffre (petitmoulin)


Au premier geste vers l'oubli
Tu étais assis
Au bord  du gouffre.
Derrière ton masque
Taché de larmes
Furtives
Tu savais, n'est-ce pas ?
Quand un à un
Les mots fuyaient
Tu savais, n'est-ce pas ?
Quand les semaines
Et les jours et les heures
Décroisaient le temps
Quand les chemins de nulle part
Fermaient leurs horizons
Quand tu contemplais les objets
Sans nom ni usage
Tu savais encore, n'est-ce pas ?
Quand tu regardais tes filles
Une vaine interrogation
Au fond des yeux
Quand tu restais figé
Devant le grand Amour de ta vie
Bonjour Madame
Tu ne savais plus, n'est-ce pas ?
Quand tu déambules
Dans des couloirs
De cri et de silence
Que tu ne cherches plus rien
Mémoire de cendres
Frôlant d'autres mémoires de cendres
Tu ne sais pas, n'est-ce pas ?
Tu ne sais pas
Qu'elle est assise
Au bord de ton gouffre
Que derrière son masque
Taché de larmes
Elle sait
Que sa main tendue
N'arrive plus jusqu'à toi.

4 juin 2016

N'oublie pas... (Clémence)


J'ai la mémoire qui flanche
J'avais oublié que les roses sont roses
Et que ce sont les copains d'abord…

Il me semblait bien que j'avais encore oublié ...
Qu'il y avait la rencontre avec les copains des pointus
Qu'il y avait un défi à relever avant samedi...

Mais avant tout,
Il est une chose que je ne puis oublier…
Les hommes, les femmes et les enfants qui sont dans la détresse...

4 juin 2016

Participation d'Alain André

MYPAD

 

« En ce temps là…

Qu’est-ce donc le sujet du défi, déjà ?

En ce temps,

C’était…

Zut ! »

- Mac  Chéri ! 

 - Oui, my pad ? 

- t’as pas des soucis de mémoire ? »

- Si ! Comment tu le sais ? »

- Je vois ça dans ton Icore 5, ton disque dur est encore plein ! 

- Et qu’est-ce tu fous dans mon cerveau ? 

- Ben, j’voulais connaitre tes pensées, mais c’est pas la joie, la d’dans ! Pas étonnant, c’est pas que tu perds la  mémoire, c’est que t’en a plus du tout ! Plus un neurone de libre, oh, pardon, plus un octet ! 

-Ouais, ben, pisque t’y es, tu pourrais m’aider à faire le ménage ? 

-Bien sûr, mon Mac adoré !   Tiens, je vois tes fichiers…Bon, le fichier « soucis domestiques », t’en as encore besoin ? Pasque il fait un max de mégas ! 

-Ben non, fais « blouk » sur « delete » !

-Et le fichier ennuis du passé ? La, c’est carrément des gigas !

-Ouais, mais ça va prendre du temps à effacer, non ?

-Pas grave, mon chou, t’as qu’a penser à moi pendant ce temps !

-J’peux à peine penser à moi, alors…

- Ben, pense à toi, moi, j’ m’en gratte !... Et le fichier «  souvenirs d’enfance ?

-Ah, non ! çui la, t’y touches pas !

-Rohhh !...Si c’est pas meugnon, ça ! Les souvenirs du p’tit Mac , Hi Hi ! P’tit Mac à deux jours, juste formaté aux jeux vidéo…P’tit Mac à trois mois, plein des comptes du ménage… P’tit Mac à 1 an, boulot,  boulot, bouh ! Et à trois ans…

-T’as pas intérêt à les lire sinon je te « blouk » :  « close session » !

-Ouais, toujours pareil, hein ? La mémoire sélective !  « Close session » ! Et si j’te fais Reboot ! Hein ? Qu’est-ce t’en penses ?

-Si tu fais ça, j’ te botte l’interface !

-Et ce fichier, là : « Gros chagrins, grosses déprimes »

-Ah ! celui la, si tu pouvais le supprimer ! …  c’est pas de la tarte, il prend presque toute la mémoire disque !

-Oui mais, je peux pas y accéder, il est en « read only memory » !

-La poisse !

 

Et puis, pour le fun, un petit essai d’enregistrement et montage .

Bon, je suis loin d’être au point sur windows movie maker, mais ça commence à venir…

Chanson : Paroles et musique de Lény Escudéro, piètrement interprété , et accompagné tant bien que mal à la guitare par moi-même !

La Simone :

 

4 juin 2016

Lost and Found (par joye)

220px-Lost

Un jour, j’allai voir s’il l’on avait retrouvé ma mémoire au bureau des objets trouvés. Je pris un numéro et j’attendis mon tour. L’homme au guichet était jeune, mais patient. Il ressemblait à un acteur, mais je ne pus pas dire lequel parce que, malheureusement, j’avais perdu ma mémoire. Enfin, il appela mon numéro, et je lui expliquai mon problème.

-          Ah, vous avez donc perdu votre mémoire…Pouvez-vous me la décrire ?

-          Euh…c'est...c’était…euh, je ne sais plus.

-          Voyons, madame, de quelle couleur était-elle ?

-          Bleue. Euh non, parfois bleue, parfois rouge.

-          Bleu clair ? Rouge de colère ?

-          Oui et oui.

-          Je vois. Et quelle forme avait-elle ? Rectangulaire ?

-          Euh…plutôt ronde. Avec parfois des bords pointus.

-          Bien, j’en prends note. Et les dimensions ? Courte ou longue ?

-          Les deux, monsieur.

-          Et la taille générale.,, Grande ? Moyenne ?

-          Grande, très grande. Très très grande. Énorme, quoi.

-          Et…était-elle lourde ?

-          Elle faisait le poids, oui.

-          Ah ! Bien !  Et de quelle capacité ?

-          Waouh, ça, alors...bon, pour être honnête, moitié vide, moitié pleine.

-          Ah yes, bon…et sa consistance ?

-          Ni dure ni molle.

-          Je mets « flexible » ?

-          Ouais ! Flexible ! Parfait !

-          Et son apparence…terne ou brillante ?

-          Ah brillante, oui, brillante, mais là, je suis confuse…

-          Oh non, non, non, madame, pas de confusion, vous constatez, tout simplement.

-          Très bien, merci. Alors, bon, l’a-t-on retrouvée ?

-          J’ai juste encore une case à cocher, madame…de quelle matière était-elle ?

-          Matière ? Comme sciences, maths, langues modernes ?

-          Non, madame, en quoi était votre mémoire ? Verre ? Plastique ? Fer ? Caoutchouc ?

-          Caoutchouc !

-          Vous en êtes certaine ?

-          Euh…non…mais enfin ! Dites-moi, est-ce que ma mémoire a été retrouvée ?

-          Ah non, désolé, madame. Si nous avions retrouvé un tel objet, cela se saurait !

4 juin 2016

Frou frou (Emma)

 

Marceline, c'est moi, ta petite Camille,
que tu appelles "ma douce".
Je te trouve fort jolie, aujourd’hui, avec ta "petite laine".

Vers quel monde englouti plonge ton regard vide ?
Quand parfois tu souris,  en m'appelant "madame",
je me prends d’espérer :
peut-être qu'en déblayant tous ces gravats qui bloquent le passage vers  ton âme,
tu vas soudain surgir :
"Coucou je t'ai bien eue, j'étais là-haut cachée, tout au fond du grenier."

 Et quand le vieux Socrate vient soulever ta main, de sa truffe fidèle,
tes doigts, sur le poil doux savent encore la caresse.
Tu n'es pas si loin, dis, tu t'es juste absentée ?

Tu tournes les pages du livre de photos que je t'ai apporté.
Te voilà en mariée…
Et lui, là, cet étranger, il était ta chaleur, et tu étais sa flamme.

Encore cette musique censée sans doute stimuler la mémoire …
Frou frou, frou frou par son jupon la femme
Frou frou, frou frou, de l'homme trouble l'âme.

Si tu étais ici, Marceline chérie,
cela te ferait rire, toi que j'entends encore chanter
en m'apprenant les pas du rock and roll :
One, two, three o'clock, four o'clock, rock,
Five, six, seven o'clock, eight o'clock, rock…

Marceline, je t'en prie, ne me laisse pas seule frissonner au soleil… 

 

Publicité
<< < 1 2 3
Newsletter
Publicité
Le défi du samedi
Publicité