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Le défi du samedi
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11 juin 2016

Participation de JAK

 

j

 

C'est en passant devant cette chapellerie que toute l'affaire me revint en mémoire ....

C’est une sombre histoire que je vais vous narrer  là. Je l’ai vécue dans ma tendre enfance.

Dans les années 45, dans une petite bourgade de province, où comme tant d’autres dans l’hexagone, chacun s’observait, il était de bon ton d’avoir une tenue vestimentaire impeccable, même  si la situation n’était pas au diapason.

Les hommes arboraient un couvre-chef, qu’ils soulevaient lorsqu’ils saluaient les passants dans la rue. Les femmes exhibaient  des bibis, souvent agrémentés  de leurs mains avec des fanfreluches laissant  deviner  des cheveux bien soignés.

Un ami de mes parents vint à décéder, il était dans la quarantaine.

Dans le village il était aimé de tous, principal employé municipal, chacun avait eu l’occasion de le rencontrer et d’échanger des mots gentils avec lui car il était de bon service, bienveillant, arrangeait tout le monde, riches ou démunis

Il laissait une veuve et 4 orphelins, en bas âge  ce qui chagrinait davantage la population.

Inutile de vous préciser que l’église fut bondée car il était pratiquant.  Même les mécréants s’y rendirent – restant toutefois debout dans le fond de la nef-  pour lui rendre un dernier hommage.

Un psaume entonné  par la chorale appesantit tristement l’assemblée, plusieurs pleuraient en sortant sur le parvis de l’église.

A cette époque, la coutume était d’accompagner le mort jusqu’au cimetière où le curé y faisaient une ultime bénédiction.

Ce cimetière était à 3 ou 4 kilomètres de la paroisse, et un cortège, avec en-tête   la veuve chapeautée d’un voile noir, commençât lentement,  suivait la  famille puis  tout le village formant  une longue  procession  ondulant comme un serpent.

Ce cimetière était sur un promontoire élevé, et le dénivelé pénible faisait sortir les mouchoirs, épongeant discrètement des nez larmoyants, et surtout  subrepticement,  des tempes moites.

La procession enfin accéda à une  petite place ombragée, où chacun put alors reprendre son souffle.

Mais c’était sans compter sur les éléments naturels, capricieux en cette période de l’année, et un vent violent soufflât   d’une façon intempestive, et ce qui devait arriver arriva : tous les chapeaux s’envolèrent dans toutes les directions.

 Chacun courait après le sien dans des fous rires irrépressibles, faisant contrepartie au chagrin accumulé  

Et ce fut une belle pagaie, et le mort  lui-même fut abandonné à son sort, sur son catafalque, le drap mortuaire dissimulant son cercueil  envolé lui aussi.

La débandade  dura plusieurs minutes, puis tout se remit en place, mais on voyait bien dans les regards et  les comportements confus  qu’il restait des lambeaux de cette scène un peu trop déplacée.

Le mort fut enfin mit en terre mais longtemps dans le  pays on se souvint de la scène épique de sa mise au tombeau.

 

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Commentaires
A
Je naquis un an après, aussi ne connus-je pas ces enterrements en habits. Mais...c'est bien réaliste!<br /> <br /> Bravo, JAK.
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M
Extra ce souvenir d'enfance si bien raconté !!!
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P
J'aime beaucoup ton histoire; ces fous rires qui nous dépassent sont le contre balancement de la tristesse accumulée. Qui, mieux que le vent, peut redistribuer à chacun l'allant du futur, aux alentours d'un cimetière ?
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M
Bien raconté. Bravo Jak!
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R
le rire est souvent une soupape de sécurité ... le mot a pris un vent .. le pauvre !
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E
Hélas, les enterrements sont souvent le théâtre de fous rires inextinguibles.
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P
Et j'entends-là deux chansons réunies du grand Georges : " Les funérailles d'antan " et " Le vent ". Très cocasse en effet !
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B
Une très belle histoire très cocasse en effet pour un bon moment de lecture comme toujours chère Jak<br /> <br /> Merci et Bravo c'est beaucoup aimé
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W
Je commence à comprendre pourquoi on ne porte plus de chapeaux !
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J
Fait ou fiction, peu importe, c'est agréablement raconté, ma'am JAK !
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