DESERT DE SABLE (Alain André)
C’est un mystère, d’où vient tout ce sable, dans certains déserts ?
Tous les déserts n’ont pas de sable, loin de là ! Pour qu’il y ait du sable, il faut que des roches soient érodées par de l’eau, fleuves ou rivières, mer, océan. Puis le vent soulève ces grains de sable fouettant d’autres roches, les érodant à la suite, créant du sable, encore du sable, encore des vents de sable… Un processus à l’œuvre depuis des milliers d’années comme en Namibie.
Le sable se vit différemment selon qu’il est contemplé par un scientifique ou par un littéraire.
Le scientifique y verra du silicium et rêvera de milliards de téléphones mobiles, le poète trouvera certainement la fleur de sable, le cheminement délicat du lézard regagnant sa demeure. Le philosophe, lui, verra peut être un aspect de l’infinitude. Tous pourtant sont fascinés par ces dunes de sable, magnifiques, mouvantes, vivantes presque, aux couleurs changeantes.
Le savant, constatera que, minéral, végétal ou animal, tout est constitué des mêmes éléments de base : Des atomes, et pour construire ces atomes les mêmes particules : Protons, neutrons, électrons. Chaque grain de sable, chaque molécule, chaque brin d’herbe, chaque cellule sont faits des mêmes ingrédients ! Ces particules, (ou ondes, pour certaines, ou les deux !) construisent des molécules aux propriétés physiques incroyablement différentes : de la douceur du sucre aux radiations mortelles du tritium, des douces courbes de la chair féminine au cuir du crocodile, tout est fait du même matériau, protons, neutrons, électrons !
La question qui s’impose est : Pourquoi ? La science explique comment, jamais pourquoi. Parce que c’est inconnaissable. Parce que « pourquoi » n’est pas une question scientifique. Métaphysique ? Philosophique ? Le philosophe invente les réponses aux « pourquois », invente des Dieux, des théories absconses… parce que le philosophe ne s’enferme pas dans la rigueur ; Le scientifique invente des hypothèses fondées sur des théorèmes et des équations. Le poète s’en moque totalement, lui, voit seulement la beauté des choses. Mais les réponses de la science et de la philosophie sont tout autant provisoires : Une vérité est détrônée par une hypothèse nouvelle, qui est remise en question par une nouvelle équation, tout cela en attente de preuves qui n’arrivent jamais…
Et nos grains de sable, dans tout ça ?
Et bien, prenez un rocher de granit (ou de feldspath, ou de grès etc.), vous le broyez, ou vous l’abrasez, vous obtenez une matière pulvérulente : du sable, composé de silice et de divers déchets. Bon, ces grains de sable, qu’est-ce qui en assurait la cohésion pour en faire de la pierre compacte et solide ?... Nul ne le sait ! Vous ne pouvez pas reconstituer de la pierre avec le tas de sable qui en est issu ! Impossible ! Sauf à ajouter un liant ( colle, ciment ) qui n’était pas présent à l’origine. Par contre, si vous le chauffez ( à 2000°) vous obtenez du verre, c’est la silice sous forme d’oxyde qui devient transparente ( SiO2 ). Chauffez le encore plus, vous obtenez du silicium poly cristallin, puis, en « cueillant » le cristal à la surface du creuset, du silicium mono cristallin ; D’aspect métallique et opaque, le silicium est employé pour fabriquer des micro-processeurs ou des cellules photo-électriques ! Etonnant, non ? Mais le plus extravagant, c’est qu’avec un procédé complexe, on est capable de transformer ce silicium en silicone: matière élastique, neutre, isolante, pratiquement inusable et insensible à la chaleur ! Vos moules à gâteaux souples et pratiques, saviez-vous, mesdames, qu’ils proviennent du sable ?
Bon, moi, c’est plutôt les courbes et les bosses délicates des dunes de sable qui me font rêver !