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Le défi du samedi
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20 février 2016

E finita la comedia, on a marché sur la terre… (Emma)


Il est là, collé sur le mur comme un vieux chewing gum, à grésiller doucement dans le grand silence de sable.
 
Solitude.
 
C’est sa première mission, à 11001001111 (Bip bip pour les intimes).
 
Sur les rayons de téléportation, des myriades d’entités pionnières se sont élancées à l’assaut de la terre, toutes frétillantes, comme les vaillants spermatozoïdes s’élançaient à l’assaut  de l’ovocyte.
Le grand programme a défini clairement l’objet de la mission : trouver pourquoi, depuis des années-lumière, la terre n’émet plus le moindre signal, le moindre rayonnement, hormis refléter le soleil dans un halo laiteux.
Ils ont atterri  un peu brutalement, ce qui explique que Bip bip est aplati sur le mur au-dessus du sable. C’est assez joli ces croupes de sable, cela lui rappelle le pays, à ceci près qu’il n’y a pas de vibrations, et pas de voies lumineuses.
Les autres entités n’arrêtent pas de télépather des infos. Partout sur la planète règne un merveilleux  silence, rompu seulement par le bruit de maisons qui s’écroulent du haut des falaises, ou sur elles-mêmes ; dans la pénombre, des fleuves roulent des boues jaunes entre des troncs d’arbres blancs qui s’effritent parfois en poussière argentée.
 
D’ où il est, Bip bip ne voit que des murs et du sable, une fenêtre ouverte sur du sable encore. Sous le plafond pourtant, une haute étagère porte des objets étranges : des disques plats, un peu brillants, de couleur blanche avec un liseré bleu, et d’autres légèrement plus petits et un peu creux, sont posés debout derrière une petite rampe torsadée ; il y a aussi des cylindres  transparents couverts de poussière.
Bip bip ne s’attarde pas, lui et ses collègues ne sont pas programmés pour appréhender le sens des objets matériels. Par contre ils peuvent parfaitement s’imprégner et restituer au grand programme tout ce qui touche à l’esprit et ses manifestations, reconnaître et traduire chiffres et symboles… Ailleurs sur la terre les entités s’affairent à absorber la mémoire des anciens terriens, ces êtres en forme de cubes et parallélépipèdes de plastique gris qui gisent sur des tables dans tous les bâtiments encore debout.
Rien de tel ici, mais l’attention de Bip bip est attirée par un objet plat et rectangulaire posé à côté des disques, un cahier sur lequel court une fine écriture :
 
        Toi qui lis ces lignes, sois béni, car cela veut dire que des humains auront survécu. Le dernier message de la radio disait que les Saoudiens ont des abris antiatomiques où les réserves d’oxygène permettraient à quelques familles dirigeantes de survivre des années. Peut-être es-tu un prince saoudien ?
 
Qui que tu sois,  je te salue et te bénis.
 
Les pauvres ont disparu en premier, c’est normal, il en a toujours été ainsi. Et les gens des vallées et des plaines.
 
Pour moi, et ceux qui ont pu se procurer des  bouteilles d’air comprimé, c’est une question de jours…
 
De temps en temps je vois sortir des rats obèses. Les rats nous survivront, ont toujours prédit les scientifiques. Ceux-là sortent parce qu’ils ont épuisé les poches d’oxygène qui doivent rester çà et là dans le sous-sol. J’aime mieux ne pas savoir pourquoi ils sont obèses.
 
L’air est jaune, l’eau est jaune, le manomètre de ma bouteille est en dessous de 1/10e.
 
Dans ces agréables conversations spirituelles que les nantis ont parfois, un verre à la main, nous posions ce genre de question gratuite : " qu’aurions- nous le plus de mal à quitter ? ". J’ai souvent dit " Proust" ou " Mozart ", pour frimer, ou " toi ", pour séduire.
 
Et voilà que je me rends compte  que ce qui me manque le plus, c’est Baboum, mon nounours tout pelé.
 
Je ne sais plus qui a écrit le résumé limpide de cette histoire de bruit et de fureur : Nostradamus ? Paulo Coelho ? …
 
            Le ressac laissa la vie sur le rivage.
            L’homme vint, petites histoires et grands massacres.
            Puis le silence, minéral.
            Le diable en rit encore…

Le diable ? grésille Bipbip aux copains, qui diable a la traduction pour ça ?

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Commentaires
R
ce pourrait être l'histoire de Mars ??? <br /> <br /> brrr
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V
Lorsque le temps s'écoule au delà de "nous"... Une lettre, un carnet de bord, une bouteille à la mer. Sourire. V.
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M
Je bisse le commentaire de Bongopinot: Un texte plein d'imagination mais pas que !
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B
Un texte plein d'imagination mais pas que ! Vu ce qui se passe sur la terre un peu partout ça fait froid dans le dos un vent de folie détruira la terre <br /> <br /> <br /> <br /> Un récit vraiment bien écrit et qui ... fait réfléchir
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C
Un monde bien étrange défile sous nos yeux au gré d'un drôle de bip bip! Un texte entre angoisse, droleries et souvenirs. Mais aussi des leçons de vie...<br /> <br /> Un texte que j'inscrirais volontiers sous la rubrique ''fantastique' à quelques exceptions près, concernant la loi de la jungle.....<br /> <br /> Un bel angle d'attaque, Emma, c'est original!
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J
Le sable t'a emmenée loin, Emma, c'est bon ! Tu as le texte le plus imaginatif cette semaine, me sable*-t-il !<br /> <br /> <br /> <br /> (jeu de mots peu créatif entre semble/sable) (hein, tu vois ?)
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P
Voilà une histoire diabolique ! "On a marché sur la terre ou sur la tête ? Peu rassurant.
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M
OOOOOOHHHHHHH !!! Quel tableau apocalyptique superbement conté !!!! On envoie bien sûr actuellement des "Bip Bip" sur d'autres planètes mais le savoir sur notre bonne vieille terre fait froid dans le dos !!!
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W
Regretter Proust ? Ça va pas la tête ? On fait dans la provocation maintenant ?<br /> <br /> Pour le reste, ça va, c'est une vision à probabilité élevée. Si vous pouviez me dire qui a balancé la première bombe, ça m'arrangerait : Israël ou l'Iran ?
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