Valeur refuge (Joe Krapov)
Un serpent monétaire
A mordu Eurydice
Au talon de son chèque.
Orphée, petit porteur
D’une lyre élastique
Aux cordes en lacets
- C’est Rimbaud, trafiquant
De semelles et de vent
Qui les lui a offertes –
Descend pour présenter
Sa requête aux Enfers :
Il s’en va, comme on dit,
Se faire voir chez les Grecs.
- Pour passer par ici,
Homme, il te faut payer !
Lui a lancé Caron
Sur la rive du Styx
En lui montrant sa barque
Usée par les années.
Pour le prix, c’est cent marks.
- Peut-on payer en lyre
Quand on vient d’Italie... ?
- Ici c’est un pays
De la zone « héros » !
- ...Ou faut-il convertir
Sa douleur en dollars,
en billets ou en vers,
En faire opéra-rock ?
Silence dans l’errant.
Orphée saisit son plectre
Et frappe l’instrument
Et alors, plus va l’ut,
Plus la magie opère :
L’eau du fleuve s’écarte,
Il passe, soutenu
Par Charon un peu stone :
La musique adoucit
Les moeurs de tout passeur…
…A condition de n’être pas
Sur notre planète aujourd’hui
Où
La descente aux Enfers
Continue chaque jour.
Ami(e)s, veillez sur vos amours !