Participation de Fairywen
Retour à la Cour
Damon s’immobilisa sur le seuil de l’atelier. Rien n’avait changé depuis son départ. Assis sur un tabouret, l’artisan accordait un luth. Dans un coin, un métier à tisser montrait le début d’un ouvrage. Une couverture, ou peut-être un tapis. À ce stade, c’était difficile à dire.
— Alors ça y est, te voilà de retour ? lança l’homme en guise de bonjour.
— Comme tu vois.
— Et bien, quel enthousiasme…
— Je n’ai jamais beaucoup aimé présenter des excuses.
— Surtout quand tu sais que tu as eu tort, n’est-ce pas ?
Damon ne répondit pas, mais son expression était éloquente.
— Entre et assieds-toi, poursuivit l’homme en posant le luth. Tu veux en parler ?
— Il n’y a pas grand-chose à dire. J’ai fait ce que me dictait l’honneur, mais ma fierté a du mal à s’en remettre.
— C’est là ton problème. Tu as toujours été trop orgueilleux.
— Là, tout de suite, il ne reste plus grand-chose de mon orgueil.
— Tu as pourtant retrouvé ta place.
Un long silence suivit ces mots, puis Damon finit par avouer dans un soupir.
— J’ai renoncé à ma place d’héritier.
— Pardon ?
— Je dis que j’ai renoncé à ma place d’héritier.
— Pour une nouvelle… Qu’est-ce qui a bien pu te faire renoncer à ce qui te tenait le plus à cœur au monde ?
— Pas quoi.
Damon avala une gorgée d’alcool avant de reprendre avec un petit sourire.
— Qui.
— Tiens donc… Le bourreau des cœurs serait-il tombé amoureux ? Et comment s’appelle celle qui a réussi à te capturer dans ses filets ?
— Stella.
— La Sylve ?
— Tu la connais ?
— Bien sûr. Elle est fière, indépendante et ses pouvoirs sont immenses. Elle sait ?
— Oui.
— Et ?
— Nous nous unirons officiellement demain.
L’artisan sourit en leur versant un nouveau verre de vin.
— Voilà une union qui risque de ne pas être ennuyeuse… Où allez-vous vivre ?
— Où elle le voudra.
Deux jours plus tard, le couple quittait le royaume à bord de la vieille camionnette blanche, celle-là même qui avait emmené Damon vers son destin deux mois plus tôt. Cette fois, le jeune homme ne partait pas en banni. C’était volontairement qu’il avait choisi son exil, et chaque fois qu’il jetait un coup d’œil à la silhouette qui occupait le siège passager, il se disait qu’il avait pris la bonne décision.