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Le défi du samedi
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30 mai 2015

Le coucou bavarois (Emma)

Au centième coup de minuit, un peu fripée et de très mauvaise humeur, la belle au bois dormant s'éveilla dans le vieux coucou bavarois où le génie de la lampe, un peu éméché, l'avait séquestrée par mégarde cent ans plus tôt.

Cet événement déplorable s'était produit lors du CSC (Congrès Séculaire du "Charme"), (entendre par "charme" "professions de l'enchantement ", à ne pas confondre avec un quelconque MIDEM du X), qui se tenait cette fois-là dans le château du Comte Dracula.

 La tenue du CSC laisse d'ailleurs quelque peu à désirer depuis l'an mil, puisqu'on y voit, hélas, de plus en plus de seconds couteaux de la sorcellerie, jeteurs de sort pouilleux auxquels se mêlent des sorcières malveillantes, ou des mégères haut placées animées de sombres intentions à l'égard de leurs  douces belles filles.

Cette session-là, les marâtres de Blanche Neige, et de Cendrillon, ainsi que Carabosse (qu'elles avaient prise en stop dans leur carrosse à Avallon), avaient fait le déplacement jusqu'à la Transylvanie, bien décidées à  extorquer à Marcel, le génie de la lampe, les noirs secrets de l'orient.

En effet, elles se trouvaient dans une impasse. Depuis des siècles, elles échangeaient fébrilement des recettes prétendument fatales. Mais toutes, qu'elles soient traditionnelles : liqueur de rognures d'ongles, bave de crapaud, ou sophistiquées, comme la décoction de cheveux de centenaires roux, ou le fiel de crocodile borgne, se révélaient foireuses.

Fidèles à la coutume enseignée il y a des lustres par la vieille Baba-Yaga,  elles pimentaient toujours leurs philtres avec cent grains d'Hellébore.

De ce fait, et sans qu'elles comprissent (et toc !) pourquoi, ces préparations provoquaient, chez les palefreniers et les soubrettes qui servaient de cobayes, de puissants désordres intestinaux, éliminant du même coup les poisons avant qu'ils aient pu agir.

C'est ainsi qu'à la pause entre la conférence de Merlin et celle de David Copperfield, ces dames, incognito sous des voiles noirs, avaient investi le bar du dragon, où Marcel se goinfrait de toasts à la mandragore. Ce qui le changeait agréablement des dattes séchées qui constituaient son ordinaire dans la lampe.

Elles entreprirent de le séduire avec moult compliments, roueries qui ont fait leurs preuves depuis la nuit des temps auprès de la gent masculine. Et Marcel était sans nul doute un spécimen masculin, curieusement dépourvu de pieds, mais très musclé du haut. Elles le  saoulèrent de paroles mielleuses et de liqueur d'ortie des Carpates, une spécialité maison.

 - que vous êtes joli, que vous nous semblez beau ! Sans mentir, si votre pouvoir se rapporte à votre sex appeal, vous êtes le phénix des invités du CSC !

A ces mots, Marcel ne se sentit plus de joie, il prit l'une des marâtres voilées (il se trouve que c'était Carabosse) par le cou et lui dit :

- vas-y donc, poupée, fais un vœu !

Le vœu de la dame était fait depuis longtemps : se débarrasser de la Belle, mais l'alcool d'ortie (traître comme la sangria) faisant son effet, sur elle-même comme sur Marcel, elle tituba et chuta avec lui sur les peaux de loup qui recouvraient le dallage du bar du dragon. Ce qui fit que sa pensée troublée à elle, et l'imprécision de ses incantations à lui, eurent pour effet d'aspirer la Belle, depuis le château de son père (où elle pleurnichait depuis cent sept ans qu'elle voulait un rouet, et qu'on allait voir ce qu'on allait voir si on ne lui en donnait pas, na!), et slurp, de la comprimer dans le coucou bavarois, un cadeau de la Lorelei au propriétaire du château.

Sur ce, la cloche avait sonné, signalant la reprise des conférences, et la Belle resta coincée là, pour cent ans, comme son destin l'avait approximativement prévu.

Au centième coup de minuit donc, elle s'éveilla et sortit du coucou, pour trouver un château désert, Vlad l'empaleur étant alors occupé par le casting de Twilight 10, et le CSC se tenant cette fois-là à Poudlard.

Un peu décontenancée, elle monta dans le donjon où elle vit enfin quelqu'un à qui parler : près d'une fenêtre garnie de vitraux, une très vieille femme filait la laine.

 

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Commentaires
J
je connaissais les 12 coups de minuit, mais les 100 c'est trop ma quenouille va s'emmeler!
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M
EXTRA !!!! Quel déchaînement après la proposition du seul mot "COUCOU" !!!! Très belle imagination Emma !!!! Un grand BRAVO à toi !
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N
Toi, Emma, on te dit "coucou" et ton imagination s'emballe de la meilleure façon ! Bravo !
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K
Un seul coucou mais quel destin: éveiller la Princesse après cent ans d'un long sommeil sans rêve! Belle histoire à finir, peut-être?... :)
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V
je voudrai bien gouter à cet alcool d'ortie
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J
Mais quelle imagination ! Personne ne peut dire que ça...cloche !<br /> <br /> <br /> <br /> BRAVA !
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W
Tu es vraiment très douée, même Walrus, ce beauf, a ri, Emma !
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B
Alors là ! Bravo quel conte Emma peut-être un peu court.. mais qui sait une suite suivra peut-être :-D<br /> <br /> <br /> <br /> Encore Bravo et merci pour cet agréable moment de lecture
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V
C'est très déjanté - comme j'aime - et j'en aurais bien dégusté un petit peu plus!
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