Et dans cet œuf, aaah, savez-vous ce qu'il y a ? (Walrus)
Quand j'ai connu M. Hartz, il était marchand naturaliste et faisait tranquillement ses affaires en vendant, aux amateurs de collections, des minéraux, des insectes ou des plantes. Chargé d'une commission pour lui, je m'intéressais médiocrement aux objets précieux qui encombraient sa boutique, lorsque, tout en causant avec lui de l'ami commun qui nous avait mis en rapport, et en touchant machinalement une pierre en forme d'oeuf qui s'était trouvée sous ma main, je la laissai tomber.
N'importe quel usager averti de la belle langue française aurait évidemment écrit "Je la fis tomber" car ne l'ayant pas saisie mais simplement touchée, le narrateur n'aurait pu la laisser tomber.
Ce n'est pas la baronne Dudevant qui, malgré son nom de plume à consonance aussi masculine qu'anglosaxonne, aurait commis cette bévue.
Mais moi, pauvre narrateur d'origine flamande, je suis tombé dans le panneau car je n'ai pas été attentif aux leçons de l'Adrienne nous mettant pourtant en garde, lorsqu'il s'agit de nous exprimer en français, contre l'ambivalence de la langue néerlandaise qui emploie le même verbe ("letten") pour signifier "laisser" ou "faire" associé à un verbe à l'infinitif. Ainsi, "Let Agate zien" peut tout aussi bien signifier qu'il faut permettre à Agate de voir (laisse voir Agate) que permettre au public de l'admirer (fais voir Agate).
Foin de ces digressions linguistico-communautaires, me direz-vous, nous n'avons que faire des problèmes de communication entre les tribus belges. Arrête de faire l'œuf et dis-nous plutôt ce qu'il en est advenu, de cet œuf en agate.
Bon, comme vous voulez : ben, il s'est brisé et je propose qu'en conséquence, nous aussi brisions là. Bien sûr, je pourrais vous dire, comme je le constatai, qu'il contenait un embryon de vouivre, rubis au front, mais ça, c'est de l'heroic fantasy et donc du ressort de Fairywen ! À chacun ses petites affaires et les vaches seront bien gardées.