Ne sont pas aux pièces...
joye ; Vegas sur sarthe ; Fairywen ; Venise ; Emma ;
Pascal ; Walrus ; bongopinot ; Lorraine ; MAP ;
JAK ; Joe Krapov ;
joye ; Vegas sur sarthe ; Fairywen ; Venise ; Emma ;
Pascal ; Walrus ; bongopinot ; Lorraine ; MAP ;
JAK ; Joe Krapov ;
Que deviennent toutes les piécettes
Jetées un jour dans les fontaines
Eh bien certaines sortent en file indienne
Et transportées par un vent de tempête
Arrivent pimpantes dans un ciel sans nuage
Et la nuit elles brillent telles des étoiles
Pour toi pour nous elles se dévoilent
Pour nous redonner espoir et courage
Les autres préfèrent ne pas aller si haut
Et sautent et s'accrochent aux souliers
Où gentiment se cramponnent aux lacets
De ceux qui en ont besoin comme un cadeau
Les plus petites d'entre elles se laissent aspirer
Au petit jour elles sont ramassées et comptées
Elles seront ainsi tranquillement redistribuées
Aux gens que la vie a négligés ou oubliés
Et les dernières, elles parcourent le monde
Recherchant tous ceux qui ont jeté des piécettes
Dans l'eau vive de ces fontaines mignonnettes
Pour leur offrir une belle danse toute ronde
Alors si vous le pouvez, jetez une pièce ou deux
Dans l'eau vive des plus magnifiques fontaines
Elles deviendront les plus belles des reines
Et jamais jamais vous ne regretterez vos vœux
Au bord de la fontaine
quand le cadran solaire
ne marque plus les heures
et que la lune dort
au doux creux des nuages
un petit, tout petit homme
munie d'une fine épuisette
recueille les piécettes
que les promeneurs jettent
espérant le bonheur !
Puis il va les semer
dans la sébile vide
de l'aveugle assoupi
oublié par la vie.
Et puis le petit homme
sans un mot, sans un bruit
repartant faire un somme
disparaît dans la nuit !
La Galeci, ayant pillé
Tout l'été,
Se trouva en garde à vue
Quand la crise fut venue:
Pas une seule piécette
aux cabinets, aux tinettes.
Elle alla crier Justice
Chez la Mifour, Qué Pastis!
Exigeant qu'à la fontaine
On balance sous huitaine
Du grisbi en abondance.
"Croyez-en mon expérience,
J'vous renverrai l'ascenseur,
le beurre et l'argent du beurre."
La Mifour est suspicieuse
C'est là son moindre travers.
“C'est quoi t'est-ce, ce revolver?”
Dit-elle à cette vicieuse.
- Ce n'est qu'un Smith & Wesson
qui n'a dessoudé personne.
- J'aime bien ceux qui innovent
Marre de la kalachnikov.
Pourquoi trouve-t-on des piécettes en forêt ?
Ne me dites pas que vous ne vous êtes jamais posé cette question, je ne vous croirais pas… Tout le monde se demande ce que deviennent ces piécettes. Depuis le temps que les gens en jettent dedans, les fontaines devraient déborder, non ?
Sauf que la nuit, quand tout est silencieux, qu’il n’y a plus un seul humain dans les environs, arrivent les petits lutins des fontaines. Tout doucement, ils plongent dans l’eau, récupèrent les piécettes parfois aussi grosses qu’eux et disparaissent avec elles.
Pour amasser un trésor ? Vous n’y êtes pas du tout ! Pour se construire de jolies maisons brillantes, où ils seront à l’abri du vent, de la neige et de la pluie. De jolies maisons toutes douces, qu’ils meublent joliment et garnissent de couvertures et de tapis bien chauds. Et lorsque vient l’hiver, de la fumée s’échappe des petites cheminées brillantes, de la fumée que les humains confondent avec le brouillard.
Voilà pourquoi parfois vous trouvez des pièces en forêt. Il arrive que des petits lutins trop chargés en perdent par-ci, par-là, et les humains les ramassent pour aller les jeter dans les fontaines.
Alors chers lecteurs, chers lectrices, continuez à jeter des piécettes dans les fontaines, pour que les gentils petits lutins puissent continuer à se construire de jolies maisons brillantes…
Piécettes jetées à l’eau, comme de morceaux de rêve mal ajustés au monde ;
Rougeoiements des âmes au fond de la fontaine de trevi
Qui s’y penche y voit ce qu’il y a de plus inconsolable et de grand dans l’âme humaine.
On plonge sa main dans l’eau de TREVI et on tire une pièce et à tous les coups
On la rejette de peur de réveiller la dame de cœur qui pourrait en un instant nous tendre une branche de lilas.
Sous mes yeux la fontaine dont tout ROME parle et au fond à hauteur de leur générosité les sandales des anges voyageurs
Je m’amuse à regarder ceux qui désespèrent à attendre la gloire, alors que les nuages lèvent le camp et vont rêver ailleurs.
La terre est en travaux et les fontaines disparaissent et laissent la place à des ronds- points.
Qui se déploient comme un jeu d’éventail.
Alors je jette sur des ronds -point s des piécettes pour empêcher la mélancolie d’accomplir son œuvre assassine et qu’un œil fellinien continue à nous intimider.
Il a toujours été de bon présage de jeter quelques pièces de monnaie dans son eau si limpide et si rafraîchissante. L’éclat de leurs brillances, pendant ce transport aérien, est un gage de réussite ; leurs flocs de plongeon sont l’écho de la chance ; leurs tenues dans l’onde sont les reflets de la bonne fortune. Ici, impressionnés, les visiteurs viennent soudoyer leur ange gardien. L’Amour des hommes est tellement difficile à exprimer, c’est une denrée si rare ; comme s’il avait une valeur marchande, ils croient l’acquérir en l’achetant, ces chercheurs de Miséricorde.
Pendant ces émotions de pieux pourboires, ils peuvent s’aventurer à prononcer quelques formules magiques, quelques vœux sincères en futurs espoirs conquérants et en augures flamboyants. Les amoureux s’embrassent, les vieux se donnent la main et les gamins piaillent comme des moineaux excités, dérangés par cette solennité d’offrande païenne en pluie de richesse aquatique.
Tout au fond du bassin, l’or, l’argent et le bronze se mêlent en une véritable mosaïque de scintillements extraordinaires. Au calendrier des siècles, des livres de Légende racontent cette tradition ancestrale avec moult détails. En leur temps, florins, écus, sesterces, ont aussi contribué au capital sonnant et trébuchant des requêtes médiévales.
Des rumeurs anciennes m’ont parlé d’un gardien sauvage, de celui qui s’occupa longtemps de l’entretien de la fontaine et des espaces verts à l’abbaye du Thoronet. Il avait une minuscule cellule aménagée pour seule dépendance.
Les soirs d’été, quand la quiétude silencieuse retombait sur le monument, quand les cigales reprenaient leur tempo d’élytres exaltés, quand les vieilles pierres rendaient leur chaleur, nu comme au premier jour, sortant de je ne sais quelle obscure crypte, il se jetait à l’eau avec une foi de chercheur d’or toujours exacerbée.
Les dimanches de Félicité, au prix de la Charité, la cuvette de la fontaine était jonchée de centaines de pièces de monnaie. C’était l’heure où les derniers rayons de soleil caressaient les margelles et, royal, Phébus envoyait son serviteur ramasser son or… Certains soirs, on ne voyait même plus le fond tellement il étincelait de lumières pétillantes…
Ses pieds glissaient quand il s’aventurait sur cet imprudent gué de fortune. En apnée, il plongeait récupérer le trésor de la journée. Il préparait des petits tas qu’il remontait en les coinçant entre ses mains. A la préhension, il savait tout de la drachme, de la lire, du franc, du mark, de la peseta. Avec cette poignée, il pourrait s’acheter un grand château, avec celle-là, il s’habillerait en prince ; c’était ses rêves journaliers de palefrenier de la fontaine. Il laissait flotter son seau à côté de lui et il le remplissait à la faveur de ses chargements convulsifs. Quand il reprenait son souffle, il se laissait bercer par les effluves nocturnes. Chaque brindille avait son exhalaison, chaque branche son parfum, chaque pierre sa fragrance, chaque fleur son essence. Il s’amusait à coincer les petites pièces entre ses orteils ; c’était comme un jeu de calcul où il tentait toujours d’améliorer sa pêche miraculeuse.
Il finissait toujours son œuvre d’orpailleur dans la grande pénombre, quand les cigales sopranos avaient délaissé les branches de leurs chorales musicales au profit des jeunes criquets ténors et à leurs enflammées déclamations de confiteor. Quelques grenouilles habituées tenaient concert dans les environs.
Les étoiles se baignaient sur l’onde en dansant des sarabandes de jeunes écervelées libertines. Elles étaient l’or et l’argent de la nuit ; il cherchait toujours à les attraper en s’amusant avec les tièdes éclaboussures de la fontaine. Parfois, il en capturait une dans le creux de ses mains mais il la relâchait aussitôt, tout bête d’être le geôlier d’une de ses amies angéliques. Parfois, ces coquines, elles venaient se frotter contre lui et sa peau était comme un parchemin où les signes du zodiaque s’entremêlaient en dansant de facétieuses cabales astrales !... Nul n’aurait pu mesurer tout son Bonheur tant il semblait heureux ; nulle fortune colossale n’aurait pu acheter cette Joie Céleste.
Le seau rempli, c’était toujours avec quelques regrets de jeux nuiteux qu’il quittait sa fontaine d’eldorado. Il était comme un feu follet enjoué, pourtant habité par l’œuvre de sa mission divine. Seul dans le cloître, il en connaissait tous les recoins, tous les secrets, tous les courants d’air. Tout habillé d’humilité, de piété, de candeur, de simplicité, il allait visiter chacune des statues de l’ermitage. A la lumière de quelques cierges falots, sur la marelle du parterre, on voyait ses empreintes mouillées se faufilant entre les bancs patinés du monastère. Il partageait sa récolte… A la banque des Sentiments, il était le convoyeur de fonds, le convertisseur de la gratification pécuniaire des vivants en offrandes nocturnes auprès des Saints de l’église. C’était sa pieuse corvée de change ; il était le trait d’union équitable entre les désirs des uns et l’apostolat des autres. Comme on partage le pain, il partageait son butin. Aux pieds de Saints, il versait la recette journalière. Les rondelles chromées, les jetons de casino, les boutons brillants et autres capsules de bouteilles avaient aussi leur Consacré…
Après son œuvre de distribution, toujours nu comme un ver, à même la pierre, il s’endormait souvent entre les bancs de l’église. Sa générosité d’intermédiaire l’épuisait jusqu’à l’emporter dans une douce torpeur de béatitude. Les flammes des bougies semblaient s’atténuer comme pour calmer tous les fantômes joyeux se promenant le long des murs dépouillés. La lune équivoque venait le caresser avec ses ombres amicales. Ses effets de blancheur étaient comme un voile pudique aux couleurs arc-en-ciel venant le couvrir à travers les vitraux enluminés. Pendant ces secondes d’Eternité bienheureuse, la Vierge souriante tournait son Petit vers d’autres paysages…
Le matin, aux sonnailles de l’Angélus, il s’enfuyait dans les souterrains du monastère, avant que les guides ne reçoivent les premiers visiteurs et qu’ils ne jettent leurs oboles dans sa fontaine…
Peau d’Ane venait d’échapper au triste sort que lui réservait de son père. Elle avait épousé son sauveur, le Prince charmant.
Et voici qu’à nouveau, elle avait décidé de s’éloigner, mais cette foi c’était pour une bonne cause : leur voyage de noces, et surtout il lui tardait de se retrouver seule avec son cher époux, loin des charges incombant à leur rang.
Mais il leur fallait avoir de quoi subvenir aux dépenses que cela imputait.
Le Roi qui avait abdiqué, leur avait par vengeance, coupé les vivres, les laissant avec un désastreux bilan.
Ne voulant pas mécontenter le peuple par de nouveaux impôts, ils cherchèrent une autre solution…
La marraine de Peau d’Ane, toujours dévouée, consenti à ressusciter l’Ane aux écus d’or qui avait été sacrifié, et ainsi, d’une pierre et ils firent deux coups :
-le moyen de locomotion et l’assurance pécuniaire pour leur menues dépenses.
Ils traversèrent aux pas lents de BIJOU notre Douce France.
Arrivés à Rome, après la bénédiction Papale, ils se rendirent à la fontaine de Trévi. Suivant la coutume, y jetèrent des pièces d’or, dans le but de garantir à vie leur amour.
Cela ne leur valut pas trop d’efforts, ils avaient une escarcelle bien remplie à chaque pétarade de leur Ane.
Toutefois, reconnaissants, ils firent un vœu :
Dans chaque ville où ils séjourneraient, ils jetteraient des piécettes dans les fontaines. Cela fit le bonheur de bien de miséreux !
Après plusieurs semaines BIJOU commençait à languir, il avait le mal du pays et menaçait ses maitres de catarrhes intestines. Affolés par cet ultimatum imminent, ils s’empressèrent de plier bagages et prirent le chemin du retour.
En passant par la province des Trois Evêchés, le pays les séduisit, et ils décidèrent d’y fonder leur famille, loin du Royaume où ils avaient souffert dans leur jeunesse.
Le temps s’écoula….
Ils eurent bien sûr de nombreux descendants males et femelles qui perpétuèrent cette coutume et longtemps les piécettes s’accumulèrent dans les fontaines du Royaume.
Peau d’Ane et son Prince ne se doutaient aucunement que des siècles et des siècles plus tard, l’une de leur descendante, une gente dame, décida de s’occuper de ces piécettes, et en fit une œuvre de charité. Des agents de récupération parcoururent tout le pays, collectant de mille façons ces mitrailles sans grand valeur, qui réunies faisaient un joli pactole
Ces piécettes légendaires n’avaient pas perdu leur fonction initiale : apporter l’espérance à qui les jetterais ou à qui pourrait s’en saisir.
Et au cas où vous aussi en avez quelques unes qui traînassent dans vos recoins de grenier, bailler les moi, je saurais les faire perdurer…..
Que deviennent
Nos antiennes,
Nos espoirs de fécondité,
Bonne santé,
Prospérité
En forme de monnaies anciennes
Ainsi jetés
Dans le fond de vieilles fontaines ?
C'est peut-être notre lot
De nous en remettre à l'eau
Pour que le bonheur en pluie
Améliore
De son or
Le sort
De notre aujourd'hui ?
Se peut-il qu'une naïade
A la nuit
S'en vienne faire ici
Baignade,
Attirée par ce feu qui luit
Par cette eau plus claire que la lune
Et plus qu'elle chargée de thune ?
Elle disparaît à l'aurore
Et va remettre son trésor
Dans la main du vieil architecte
Qui se délecte
En numismate
Devant ces monnaies disparates
De voir notre inventivité,
Crédulité,
Sagacité,
Naïveté.
Ainsi lavé,
Lové avec autant d'ardeur
L'argent n'a pas d'odeur
Mais l'argent ne fait pas le bonheur
La livre ne délivre pas du mal,
Le franc ne l'est pas du collier,
Le pfennig ne rend pas riche,
Le thaler fait le malheur,
L'euro ne rend pas heureux,
Le dollar fait le dos large
Et Margot pleure toujours devant le mélodrachme
O Pourquoi tant de yens dans un monde déjà si cruel ?
Non ce n'est pas une naïade,
Cerveau malade !
C'est une espèce d'Anita
Sortie de la Dolce vita !
Tout cela, c'est du cinéma
Et nous savons
Que nous rêvons
Car à pourrir dans la fontaine
Que voulez-vous donc qu'il advienne
A ces piécettes
Qui font trempette ?
Elles chopent une espèce de chtouille,
Elles rouillent,
Elles pourrissent comme Venise,
Elles vert-de-grisent
Et nos espoirs s'y amenuisent.
Alors, geste désespéré,
Du désespoir de cause
De qui se blesse aux roses
On va, déçu par ces arnaques,
Piquer le nez de Saint-Guirec
Sur la plage de Ploumanac'h
Pour être sûr qu'un jour
On sera de retour
Sur les voies de l'Eternel,
Sur le plus droit des chemins,
Celui qui, comme tous les autres,
Mène à Rome.
Alors que c’est ici,
Le Paradis !
On me l’a affirmé : les piécettes sont glanées la nuit par un bel éphèbe que nul n’a jamais vu . Il nage dans les eaux du Tibre, silencieux, attentif , se pose sur la Piazza Navona, se glisse silencieusement dans les fontaines et l’ escarcelle pleine, s’en retourne au pays des dieux. On dit à Rome qu’il est un lointain descendant de Triton, dieu marin messager des flots et fils de Poséidon, le maître des océans et d’Amphitrite, la plus belle des Néréides,
On dit aussi qu’un conseil solennel les réunit près des oliviers et, en regardant bien, certains soirs de clair de lune, on distinguerait le cortège évanescent des Néréides , ces nymphes marines, ces divinités bienveillantes. Mais allez savoir ! On dit tant de choses !
Non, ils ne dilapident pas l’argent et les vœux des touristes. Comme ils sont de vieux dieux bien en dehors du temps, ils ignorent la pauvreté et la misère. Alors, les piécettes, ils en font des étoiles qu’ils lancent par-dessus les toits de Rome comme autant de feux d’artifice, pour le plaisir des amoureux et des poètes.
Puis s’endorment au bord de l’eau, dans la nuit tiède qui murmure.
La ville industrielle de Brickenhopf ne brille pas par le charme de son architecture. Pourtant elle attire un grand nombre de touristes en raison du pèlerinage de Saint Wulfran.
A l'époque où la forêt couvrait encore une grande partie du pays, Wulfran, qui n'était encore qu'apprenti saint, y déambulait vêtu de bure, suivi par ses fidèles sangliers, quand il aperçut derrière un fourré, (damned !) un loup féroce prêt à dévorer un bébé potelé. (Ce que faisait là l'enfançon n'est pas parvenu jusqu'à nous).
Toujours est-il que la bête fut transpercée par le regard fulgurant de Wulfran, et s'aplatit à ses pieds en gémissant.
Un monastère fut élevé sur le lieu du miracle. Au fil des siècles, en même temps que la forêt se réduisait comme peau de chagrin, il finit par être encerclé par la ville.
On y accède de nos jours par la Rue de l'Inadvertance que les pèlerins remontent à genoux depuis le parking périphérique où les cars les déversent. Arrivés devant le monastère, ils lancent une poignée de pièces jaunes dans la fontaine de Saint Wulfran, ce qui assure la rémission de leurs péchés, ainsi que le promet une plaque posée sur la margelle. Puis ils vont acheter à la buvette des répliques en plastique de celle-ci que les bons moines font fabriquer en Asie pour subvenir à leurs besoins matériels.
La fontaine elle-même est surmontée d'un impressionnant groupe en bronze représentant Wulfran tenant un enfant dans ses bras, un pied posé sur la tête d'un énorme loup dont la gueule grimaçante crache le jet d'eau qui alimente le bassin.
Beaucoup l'ignorent, mais la tradition qui veut qu'on jette des pièces dans les bassins est très précisément liée à la fontaine de Saint Wulfran, d'où elle fit tache d'huile, si l'on peut dire, dans le monde entier. Et ce, sans que le saint sylvestre y soit pour quoi que ce soit.
Il se trouva que le 6 mai 1621, au cours d'une chasse, le roi Ludwig s'égara dans la forêt de Brickenhopf. Bien content d'apercevoir le monastère en haut d'une colline, il décida d'y passer la nuit.
Comme il mettait pied à terre, imité par courtisans et piqueurs, il fut aussitôt assailli par une troupe de gueux sortie de l'ombre, attirée par le vacarme de la cavalerie, tendant mains et moignons et s'accrochant aux pourpoints.
Ces gueux gîtaient d'ordinaire dans des trous autour des murailles du monastère, d'où tombaient parfois quelques pilons et épluchures.
Irrité et furieux, le bon roi, suivi par ses suivants, lança une poignée d'écus dans l'eau de la fontaine pour éloigner ces rats immondes.
Aussitôt les gueux se précipitèrent dans l'eau, qui frappant, qui griffant, bref s'étripant et s'égorgeant.
Le bon roi en fut fort diverti (LOL), puis s'en alla dîner de belles poulardes chez les hommes de Dieu, la chasse et le combat des gueux lui ayant ouvert l'appétit.
L'événement fit grand bruit, et par la suite, chaque 6 mai, nobliaux envieux de la cour, et bourgeois envieux des nobliaux, s'en vinrent reproduire le combat des gueux. Ce fut l'origine du "grand pardon de la charité du bon roi Ludwig".
Bien entendu il apparut vite aux édiles et aux bons moines combien il était immoral de laisser cette manne à des gueux dont la conduite chaque jour offensait Dieu.
Des gardes en armes y veillèrent, épées croisées devant la fontaine, ratissant chaque soir les écus et les sols, lourde mitraille qu'ils transportaient dans des seaux répartis entre le temporel et le spirituel.
Il arriva au cours des siècles, principalement celui des lumières, que des illuminés se glissent parmi les râtisseurs, et qu'à l'intention des gueux rampant dans l'ombre, ils laissent tomber, "par inadvertance", quelques poignées d'écus dans les caniveaux de la ruelle qui désormais porta ce nom.
Cependant, pendant longtemps, ceux des gueux qui étaient surpris la manche mouillée avaient la main coupée, coutume qui, elle aussi, fit tache d'huile…
De nos jours, à Brickenhopf du moins, tout est modernisé. Le fond du bassin est un leurre en plastique, avec un fac-simile admirable de pièces brillantes. Y sont ménagées des fentes invisibles par lesquelles les vraies pièces tombent sur des plans inclinés vers des conteneurs d'où un ingénieux système pneumatique les propulse directement dans l'ancien scriptorium reconverti en central informatique ; là les frères convers les trient, et roulottent ; il ne reste qu'à les envoyer nuitamment vers la Suisse voisine par train spécial banalisé, dit "train des pièces jaunes".
La rémission des péchés est toujours accordée aux pèlerins donateurs.
Quant aux gueux, de nos jours, ils ont heureusement disparu.
Emma ( http://pictozoom.over-blog.fr )
Que deviennent les piécettes
jetées dans les fontaines ?
A vous de nous le révéler !
A tout bientôt à
Dans la pliure de l’espace temps au creux d’une mémoire dilatée, au nez et à la barbe d’éminents physiciens, le temps s’est arrêté.
La centrale des songes en panne, mon âme flottait entre l’éternité, l’océan, et le vide.
À la manière d’une navigatrice juvénile encline à braconner le temps j’appris très vite que je ne changerais pas la mer.
Tout implique la mort et même le retour à mes premiers instants sonne l’heure des fatales aiguilles de l’écriture des heures.
En resquilleuse d’autres heures et métamorphosée en Andalouse au sexe brûlant et aux pieds d’or, je danse un dernier tango âpre et violent.
Couchée nue près du cadran solaire les battements de mes cils simulent le tremblement des aiguilles.
Sous mes paupières, je garde la solitude d’un sablier qu’on jette contre un mur..
Empêchée de passer le temps, étourdie de cette absence, je plonge dans les limbes de cette barque pourrie et cueille des rendez-vous manqués faute d’heures.
Dans ce bannissement nocturne pantois d’angoisse mes ennuis cardiaques reprennent.
Je lutte contre les ravages du non-temps et recluse dans ce monastère bleui par ces vents solaires, une grande poupée de chiffon dans les bras,j’empoigne les rames du temps et sonne l’heure.
"La nuit, le saviez-vous, les cadrans solaires sont gris, étourdis sans doute d'avoir tourné, une journée entière et la tête au soleil. Lorsqu'ils sont endormis, le temps s'arrête et les hommes en profitent pour rêver qu'ils ont cessé de vieillir[1].
Les copains grattent autour de moi,
c'est foutu, le bac, j'l'aurai pas.
J' vais rendre copie blanche, à moins qu'on me laisse quelques années pour l'épreuve.
Je suis sûre que les esprits doctes ou mystiques vont parler du temps qui fuit, convoquer les philosophes
Fugit irreparabile tempus. Sum si sol si [2]
Les plumes élégantes, ô temps, suspends ton vol[3] évoqueront l'amour à l'épreuve du temps, les vieux amants, l'amour plus fort que la mort.
"Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre, que cette heure arrêtée au cadran de la montre[4]"
"Tu vas avoir 82 ans. Tu as rapetissé de six centimètres, tu ne pèses que quarante-cinq kilos et tu es toujours belle, gracieuse et désirable[5]"
Les esprits concrets aborderont la gnomonique qui consiste à se baser sur le fait que le style se trouve dans un plan vertical nord-sud et l'angle qu'il fait avec le plan horizontal est égal à la latitude du lieu[6]…
Je ne suis pas philosophe,
(catastrophe catastrophe)
ni poète
(je suis bête je suis bête),
ni savante
(j'suis navrante j'suis navrante)[7],
Je sèche, me reviennent seulement en vrac des anecdotes incongrues :
Je me souviens que mon petit garçon, vers ses quatre ans, luttait contre le sommeil, parce qu'il voulait savoir si la nuit les arbres se couchent pour dormir…
On dit qu'après avoir planté un bâton dans le sable, Robinson fut pris de désespoir et se jeta dans le lagon, parce qu'il était incapable de retrouver le nom "gnomon" (du moins c'est ce que prétendit Vendredi lorsqu'il fut interrogé à Guantanamo)
De la bouillie pour les chats… qui la nuit sont gris, comme on sait…
En fait, le soleil ne se couche jamais ni sur les terres de Charles Quint ni sur la planète, et je me souviens d'une publicité merveilleuse qui le prouve, vous en rappelez-vous ? Ne vaut-elle pas tous les films du monde ?
_______________________
1 C. Gagnière
2 Le temps, irréparable, fuit. Je ne suis que si le soleil y est
3 Le bonjour d'Alphonse
4 Aragon
5 André Gorz, lettre à D
6 Le web
7 Pardon, Marie Paule https://www.youtube.com/watch?v=_VUKKsJnl7Y
Photo : couple néolithique de Mantoue
Le cadran solaire un bel objet qui mesure l'écoulement du temps
Inventé et utilisé par l'homme sur les allées du temps qui passe
Que tu ne peux retenir même en courant après l'ombre vent
Mais que tu peux ne pas perdre en allant vers l'avenir sans paresse.
Mais "la nuit, le saviez-vous, les cadrans solaires sont gris,
Étourdis sans doute d'avoir tourné encore et encore
Une journée entière et la tête au soleil jaune canari
Mais lorsqu'ils sont endormis, le temps s'arrête et ignore
Que tous les hommes en profitent pour refaire le monde
Pour rêver qu'ils ont cessé de vieillir" ou qu'ils rajeunissent
Tout en imaginant une vie d'amour que le soleil inonde
Et c'est pour cela que le soir heureux ils applaudissent
Mais dès le lever du jour ils reprennent leur vie monotone et triste
En ne pensant qu'à la tombée de la nuit mais en l'attendant
Ils avancent gérés par le tic-tac incessant des horloges égoïstes
Et le temps passe encore et toujours au rythme du vivant
Et quand la nuit redescend ils revivent leurs bons moments du jour
Ou ils s'inventent sans honte un paradis déchirant leurs malheurs
Ces nuits enfin ils oublient le temps qui passe, cet ennemi si lourd
Et les insomniaques eux voient passer les minutes sans cœur
*(Extrait de "Pour tout l'or des mots" de Claude Gagnière)