Participation de Fairywen
Orage de bois.
Falko ferma la porte avec précipitation, en luttant contre le vent qui forcissait. Il était trempé des pieds à la tête et dégoulinait sur le plancher, ce qui eut visiblement le don d’amuser les deux chatons-fées, qui s’arrêtèrent de jouer pour le regarder d’un air positivement ravi.
« Suffit, vous deux, grogna-t-il en leur jetant un regard peu amène, je ne veux pas entendre une seule petite pensée !
— Déshabille-toi, sourit Ysaline en lui tendant une serviette, tu te rappelles ? J’ai un charme contre les cheveux mouillés. J’ai aussi un sortilège pour sécher les vêtements trempés, et une potion magique pour réchauffer les personnes gelées.
— C’est quand même incroyable, ce que tu me fais faire…, soupira le jeune homme en souriant à son tour devant ce rappel de leur première rencontre, je peux savoir pourquoi tu as insisté pour que je sorte ce vieil escalier sous cette pluie battante ?
— Parce que c’est le premier orage du printemps, le taquina-t-elle en commençant à lui sécher le dos.
— Ah, mais c’est bien sûr, que suis-je bête… Tout le monde sait qu’on sort les vieux escaliers dans la cour au premier orage de printemps… »
Ysaline riait franchement, cette fois. Elle se dressa sur la pointe des pieds pour embrasser doucement les lèvres de son compagnon :
« Tu comprendras bientôt, je te le promets. Et puisqu’est-ce qu’un tout petit escalier pour un grand costaud comme toi, mmm… ? »
Falko envisagea un instant de répliquer, puis préféra renoncer sagement, se contentant d’enfiler un jean sec et de s’accouder à la fenêtre pour attendre la fin de l’orage.
Enfin la dernière goutte de pluie tomba. Sur les indications d’Ysaline, il ramena l’escalier à l’intérieur et le posa dans un coin du salon, à l’angle d’un mur.
« Et maintenant ? fit-il en regardant l’escalier qui ne menait nulle part.
— Regarde… »
Cela commença doucement. Tout doucement. D’abord un petit bourgeon, puis un autre, et un autre encore. Puis un petit arbre dans un coin, et un autre, et une colline couverte d’herbe. Suivie d’une autre sur une autre marche. Et encore d’une autre. Et soudain le claquement d’un petit volet qui s’ouvrait dans une marche. Une porte dans une autre. Et des maisons. De jolies petites maisons avec une cheminée qui fumait poussaient l’une après l’autre contre le mur sur lequel s’appuyait l’escalier qui ne menait nulle part.
Fasciné, Falko détaillait le village miniature qui prenait naissance sous ses yeux. Il entendait des rires semblables à des clochettes venir des maisonnettes et des chansons sortir de l’intérieur des marches. Le vieil escalier de bois devenait vivant sous ses yeux ébahis…
« C’est… c’est quoi ? finit-il par bafouiller à voix basse.
— Un escalier de fées. Il n’en existe que très peu de par le monde, car ils sont très difficiles à fabriquer. Il faut trouver un frêne qui meurt au moment où l’aube se lève et prendre un morceau de la plus grosse branche en partant de l’endroit qui est attaché au tronc, et ensuite tailler l’escalier avec des outils magiques. Puis il faut attendre le premier orage du printemps pour que la pluie baigne l’escalier et l’éveille à la vie. Alors seulement il fabriquera un village de fées.
— Mais… et les fées ? D’où viennent-elles ?
— De partout. Des fleurs, des arbres, des rivières… Lorsque tu as sorti l’escalier, tout à l’heure, et que les premières gouttes de pluie l’ont touché, il les a prévenues et elles sont arrivées. Elles étaient là, tout autour de nous. Elles attendaient.
— Je n’ai rien vu…
— Elles étaient là, pourtant. Tu n’as pas regardé. Vois, à présent. »
Falko passa son bras autour des épaules d’Ysaline pour la ramener contre lui. Il voyait, à présent. Il voyait les lueurs vives qui dansaient autour d’eux, il entendait les “mercis” tintinnabulés par les fées, et une grande paix descendit sur son cœur.
Dans le soir qui tombait, les petites maisons des fées s’illuminèrent une à une…
Où retrouver Falko et Ysaline.