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Le défi du samedi
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7 mars 2015

Participation de JAK


L’oiseau rare     


L’hiver avait promptement confisqué l’automne pluvieux. Aussi lorsque Léon sortit de  la tortueuse  traboule,   il  vit sous les lampadaires déjà allumés, la neige tomber imperceptiblement sous le halo de la lumière blafarde. Cependant,  il la sentait bien, elle s’infiltrait dans son cou. Il releva le col de sa vieille canadienne instinctivement, et pressa le pas pour atteindre son cher  Bazar Du Bizarre.
Il fréquentait régulièrement le lieu où l’on trouvait souvent l’impossible. Mais, ce soir, par ce temps,  quelle idée impérieuse avait-il pour s’être déplacé dans le but   de trouver ce qu’il convoitait avec tant d’ardeur.
Léon, un  collectionneur-bricoleur de première, était toujours à la recherche de bidules insolites que l’on ne trouvait nulle part. Il les  collectionnait après leur avoir donner une seconde vie.
Depuis que sa femme l’avait quitté, pour un je-m’en-foutiste, un bon à rien, il avait tout son temps. Plus de reproches,  son passe temps favori l’accaparait, lui faisant perdre toute notion du temps. Peut-être  une  douceur pour compenser la solitude ? Lui même n’en avait pas conscience.
Généreux, ce dada il en faisait aussi profiter ses voisins, rendant de menus services  ...Notamment la  coquette veuve du 5ieme à qui il manquait toujours quelque chose. Elle  le guignait  avec de grands yeux reconnaissants,  mais il n’osait conclure…


Il descendit les deux marches de la boutique dont la porte était  singulièrement en contrebas. Le carillon  en bambou émit un tintement au calme exotique  qui contrebalançait l’embrouillement que l’on  entrevoyait dès l’entrée : Un véritable capharnaüm    s’offrait au regard.
Léon  habitué des lieux, loin d’être interloqué,  entreprit,  hasardeux   ses recherches. Evitant les embûches de cette pagaille effroyable  il se frayait un chemin parmi les trucs-machins-choses  hétéroclites  posés un peu partout sans aucune logique…

C’est bien  le grand rébus des rebuts  pensa-t-il en souriant.

Sortie de nulle part, une sorte de virago  surgit, la propriétaire. Le mot tenancière aurait mieux convenu vu l’état bordélique de l’antre. Son apparence insolite ne dénotait pas avec le décor. Maigre et longue à n’en plus finir avec sa souquenille, le chignon en bataille,  elle avançait vers lui traînant  ses pas sur de vieilles babouches,  un cigare de guingois à moitié consommé sur les lèvres :

« C’ quoi que vous cherchez jeune-homme ? »

Lança- t elle à Léon (qui cependant allait sur ses 50 allégrement). Mais vu l’âge plus que canonique de la daronne on comprenait le manque d’appréciation…
Léon  obnubilé par sa recherche ne prit même pas garde à cette  demande  tonnée  sur un ton   peu amène. Puis enfin, excédé  de porter un  regard infructueux  sur cet océan de merdouilles, il  précisa à la femme,  l’objet précis de sa recherche.
La vieille alors, surprise, se dérida, ce qui la rajeunit d’un coup de plusieurs décennies.


« Vous aussi vous en cherchez Une ?»,


 dit-elle en se désopilant  à Léon  ébaudi qui leva un sourcil surpris interrogateur


« Bizarre cette coïncidence !, En  70 ans de commerce  jamais on ne m’en a demandé ! Mais pas plus tard que tantôt, une jeune personne, une veuve d’environ 50 ans (pour elle tout le monde était  jeune) est venu en quérir une. »
« Pour ma part je n’en ai jamais vu,   ni même imaginé »


Et elle enchaina :


« Et pour trouver ça ici, il faut vraiment être désespéré !
Mais mon p’tit c’est comme si vous me demandiez de vous dénicher l’oiseau rare !
Ah ! Ça  oui,  trouver la clé qui ouvre la porte du bonheur c’est bien incongru dans un bazar! »


Léon acquiesça   mollement, et  reparti  bredouille mais, mais tout ragaillardi dans sa tête, car il avait sa petite idée……
Et c’est direct qu’il monterait au 5° en arrivant chez lui, sans même attendre l’ascenseur.

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Commentaires
E
quand deux cœurs à prendre ont la même idée, l'histoire ne peut que bien tourner, une bien jolie idée
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V
A quoi bon chercher ce qu'on a déjà trouvé alexandre jollier dans le philosophe nu le dit à sa manière aussi!!
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B
excellent texte qui aura peut-être une suite un jour qui sait car avant qu'il arrive au 5ème il risquerait de faire bien d'autre rencontre ;-)<br /> <br /> <br /> <br /> Bravo JAK
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D
Ce qui me fait penser qu'il serait peut-être intéressant de monter au 4ème de chez moi...<br /> <br /> Avant que quelqu'un d'autre n'y pense, ce qui serait fort dommage (de mon point de vue bien sûr) :-)
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J
Ah, l'oiseau, la dame, les grands esprits ! ;-)
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K
j'aime bien ton histoire , vraiment bien racontée amusante aussi ... bien vu<br /> <br /> bisous
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E
Moi, je sais pas. J'aurais hésité entre la veuve et la tenancière.
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V
Le septième ciel serait donc au cinquième?<br /> <br /> Bizarre...
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W
Normal, il sait que le meilleur moment d'un rendez-vous, c'est quand on monte l'escalier...
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