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Le défi du samedi
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7 mars 2015

Participation de Venise


    Il m’avait dit de passer le voir après mon travail : « j’ai quelque chose à te montrer ». ,
    En poussant la porte  du bazar j’ai eu un léger  tournis, et l’idée me traversa que j’avais dû avoir la berlue ou qu’une attaque de narcolepsie avait pu projeter un flux d’images incontrôlées en surimpression de la réalité.
Deux grands ptérodactyles attachés par de grosses  chaines  au comptoir du bazar mangeaient un seau de betteraves.
Sur des étagères qui portaient le poids du monde, boubous, toges , et djellabas multicolores étaient rangées par taille.
Des centaines de petits sachets  d’hosties de miel  étaient sagement alignés suspendus par des fils de pêche.
RIMBAUD qui s’était  fait discret jusqu’ici  me tendit en souriant un hostie en me murmurant à l’oreille ‘ l’écriture c’est du désir qui se dérobe et se voile même au plus cru de la confession
J’avais le sentiment de me promener dans ce bazar les poches pleines de vent dans une forêt de souvenirs et d’hallucinations.



Les bras chargé de livres et d’objets divers,  il surgit enfin cette sorte de robinson crusoé propriétaire du bazar.
J’avais l’œil viré sur le gros sac de cuir calé sur ses genoux  et la curiosité l’emporta sur l’exaspération.
C’est  le contenu de ce sac que vous vouliez me montrer ?
Es t u prêt à tenter le diable me dit il .
Alors que dehors les grands arbres étaient bousculés par les démons de l’air . on les entendait gémir dans le conduit d e cheminée.
Il sortit un navire qu’il tenait à peine dans les mains .la tempête faisait rage autour du bateau et l’équipage  bravait la colère de l’océan.
J’ai manqué m’envoler en m’approchant trop prés de cette folle embarcation qui tenait dans une main.
Aucun navire ne saurait garder  ses arçons sur cette monstrueuse échine Comme un phare du diable avec son doigt pointé j’ai vu de mes yeux vu l’équipage échoué sur la dernière étagère du bazar, et se figer dans de l’écume d’ivoire.
Tu  viens d’assister au naufrage de ton arrière grand père me dit il d’un air  entendu.
Rimbaud se rapprocha de nous, « nous devrions vivre dans un état  quasi perpétuel d’effarement face à la beauté du monde. «

Quand je suis sorti de ce bazar en titubant, j’étais en larmes. Ce bazar avait mis le bazar en moi.
Ce fut une soirée décisive. Trop affecté émotionnellement j’avais gardé longtemps les mains sur le visage.
En 1916 un éclat d’obus dans le crane je revins au bazar.  A peine à l’intérieur je vis mon univers mental changer de couleur.

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Commentaires
E
fantastique (dans tous les sens du terme), une super histoire, bravo
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D
Un bazar vraiment bizarre !<br /> <br /> Mais est-ce que c'est le vent au dehors qui crée la tempête autour du navire ? Ou bien la tempête qui va déchaîner les arbres au dehors ?
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B
Très beau texte j'aime beaucoup ces phrases "Sur des étagères qui portaient le poids du monde" "J’avais le sentiment de me promener dans ce bazar les poches pleines de vent dans une forêt de souvenirs et d’hallucinations."<br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour ce délicieux moment Venise
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J
EnlumeriA le dit beaucoup mieux que moi, mais c'est excellentissime, venise, je trouve que c'est meilleur texte de la semaine, car tu suis la consigne jusqu'au fond et avec ton style, tout en nous offrant une histoire plutôt cohérent.<br /> <br /> <br /> <br /> J'adore le fait que tu laisses toujours découvrir le sens de ce que tu dis, je hais les textes où l'on vous cogne sur la tête afin que vous le lecteur pigiez.<br /> <br /> <br /> <br /> Bravo, bravo, bravo ! <br /> <br /> <br /> <br /> Trois étoiles sinon quatre.
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E
Belle intervention dans le merveilleux avec un petit clin d’œil à l'horrifique.
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W
Ah, ils ont même un rayon "gueules cassées" ?
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