27 décembre 2014

Défi #331

Vous souvenez-vous 

du livre de Georges PEREC ?

Je me souviens

 

Quelques exemples :

" -Je me souviens du mercurochrome sur les genoux.

 -Je me souviens de : « Qui a eu cette idée folle Un jour d'inventer l'école ! »

-Je me souviens du goût des groseilles à maquereaux cueillies dans le jardin.

- Je me souviens des 2 CV dont les portes s'ouvraient vers l'avant.

 -Je me souviens de la chasse au Dahu.

 -Je me souviens de mon premier voyage en train ; j'avais deux ans. "

.......................

A vous maintenant de nous faire

une petite liste de vos "Je me souviens" personnels !

 

samedidefi@gmail.com

A tout bientôt ! 

Bonne et heureuse

nouvelle Année !

joyeuses%20fetes

 

 

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Un peu plus ... (MAP)

Un jour

Désolée, il faudra attendre des jours meilleurs !!!

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Miracle (par joye)

J’avoue que j'attendais un miracle.

Mais Papa, rageant comme toujours, arracha la décoration de mes mains et la jeta dans la cheminée, mais maman refusa d’aller chercher les allumettes.

Alors, comme d’habitude, Papa lui fila un de ces gifles. Maman ne dit rien, mais je vis le sang couler de son nez.

Et voilà exactement pourquoi j’avais choisi le papier bleu pour la décoration. J’en avais marre du rouge, la couleur du sang sur le visage de maman, la couleur du vin que buvait papa. Pas de rouge pour moi, ni de vert, la couleur de l’espoir ? Bah ! Moi, je voulais ce bleu. Mon cœur tressaillit quand je le vis, mais je n’osai pas demander. Restant fidèle aux manières que les mains dures de mon père m’avaient apprises, j’attendis donc, silencieuse, pendant que les autres fassent leur choix et, je ne sais pas par quelle chance, mais le bleu me restait encore, rejeté par mes camarades.

Je passai une heure de bonheur pur à confectionner ma décoration.

La maîtresse m’avait dit que c’était spectaculaire, ce que j’avais fait, que cela plairait certainement à ma maman. Je repris courage sous les mots chaleureux de madame – les étoiles maladroites que j’avais collées sur le bleu souriait autant que moi quand c’était l’heure de rentrer. Pour une fois, j’avais hâte d’arriver chez moi. J’avais confiance que ma décoration allait tout changer. Jusqu’à entrer chez moi…

Alors non.

Plus tard ce soir-là, quand Papa s’assombrit enfin sous son alcool, j’allai récupérer ma décoration et la cacher derrière le placard, loin des yeux fielleux de mon père, ces yeux qui ne pardonnaient jamais rien.

Je me déplaçai sur la pointe des pieds, sans faire du bruit, comme je savais si bien faire. Les talents des enfants des ivrognes sont innombrables, ils viennent de l’instinct de survie.

Dépitée, je m’assis sur le tabouret devant la cheminée. J’entendis la toux étranglée de mère. Et puis rien.

J’attendis. Une minute. Deux. Peut-être même dix, je ne sais plus.

Alors, j’aimerais vous dire que je la retrouvai dormant paisiblement, ma décoration tenue soigneusement dans ses deux mains. Mais ce ne serait pas vrai. Et puis, j’aimerais vous dire que je gardai cette décoration, que je l’ai encore aujourd’hui. Mais ce ne serait pas vrai non plus. Enfin, j’aimerais vous dire que mon père apprit à dompter sa colère et son envie du vin…

Eh bien, je vous ai déjà dit que j’attendais un miracle.

Mais hélas.

Il ne vint pas.

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Un peu de bleu au cœur (Walrus)

 

Bon, l'oiseau bleu, Maeterlinck nous l'a déjà fait,
Et comme vous n'êtes pas du genre à vous en laisser conter,
Je ne vais pas me fatiguer !
Oh, hé !

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Il était une fois par bongopinot

 

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Il était une fois un pays bleu

Ou les enfants vivaient heureux

Petit Pierre le plus petit des enfants

Et également le plus chétif le plus charmant

 

Se baladait dans la forêt dont personne ne revient

Lui le plus petit des enfants et aussi le plus malin

Voulait prouver à tout le monde son courage,

Lorsqu’il croisa une méchante sorcière sans âge

 

Elle lui jeta un sort maléfique et terrible

Le plongeant d’un coup dans un noir horrible

Impossible pour lui de retrouver son chemin

Il commença à ressentir le froid, la faim

 

En ce soir de Noël bleu mais où étaient donc ses amis

Sûrement au chaud dans leurs lits, tous endormis

Et des bruits d’animaux qui lui arrivaient si forts si proches

Il fût effrayé, par de petits ronds brillant comme des torches

 

Il pensa qu’il ne pourrait plus jamais rentrer chez lui

Que son petit corps serait bientôt dévoré et mis en charpie

Quand soudain il se rendit compte de l'impensable

Il n'en croyait pas ses yeux c'était incroyable

 

Ces yeux qui luisaient dans le noir

Lui ouvraient un chemin d'étoiles et d'espoir

Et petit Pierre n'écoutant que sa bravoure

Avança jusqu'à ce qu'apparaisse le jour

 

Dans tous les moments ardus

Lorsque tout semble perdu

Garde l'espoir en ton cœur

Et ta bonne étoile arrivera à l'heure  

 

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Un civet inattendu (EnlumériA)

Une lumière livide venait du dehors. Un ciel bas, couleur d’étain sale, s’appesantissait sur la vallée. Une grimace de dégoût accentua la lippe déjà écœurée par les longues années de galère de Max. Maxence pour l’état-civil. Un prénom bourgeois pour un gueux. Max referma la fenêtre sur l’humidité du dehors. Derrière lui, le poêle à bois sembla pousser un soupir de reconnaissance.

Max se laissa tomber sur son vieux fauteuil club récupéré sur un trottoir du centre ville. Un peu élimé par-ci par-là, mais plus confortable qu’on aurait cru. Il se roula une cigarette qu’il agrémenta de quelques graines d’herbe. Pour le parfum ; il y avait belle lurette que cette daube ne le défonçait plus. Il alluma son bédo avec le Zippo hérité de son frangin mort au Tchad dans une guerre insensée dont tout le monde se foutait. Il tira une longue bouffée, étendit ses jambes noueuses sous son vieux pantalon de velours et commença à réfléchir ; à haute voix. Des fois que ça fasse plaisir aux meubles.

« Résumons la situation. Demain c’est Noël donc par défaut ce soir c’est réveillon. » Satisfait de son syllogisme, il tira une autre taffe et reprit sa réflexion toute emprunte de philosophie de café du commerce. « Hier, t’as posé deux ou trois collets, histoire de concocter un bon civet pour ce soir et ce matin… Nada, macache, que dalle. Les lapins sont partis aux sports d’hiver. Donc ce soir, le programme, c’est solitude, comme d’hab, un coup de côte du Rhône et il doit bien rester un bout de saucisson et un pot de rillettes. Et une grosse flemme. Pas question de se coltiner la foule des blaireaux de Noël au centre commercial aujourd’hui. »

Max en était là de ses cogitations lorsqu’un grattement se fit entendre à la porte. Il haussa un sourcil circonflexe, détourna son regard délavé dans lequel vivait un profond scepticisme et fixa l’entrée en flairant l’air comme si celui-ci allait lui donner une information capitale. Un autre grattement. Un silence. Et puis une série de petits tapotements ressemblant à un numéro de claquettes en espadrilles.

« Ouais ? C’est quoi ? »

Pas de réponse claire. Une autre rafale de grattements. C’était tout.

Max se leva, son dos lui lança un avertissement lancinant repris en chœur par ses rotules. Il grommela quelque chose à propos d’une vieillesse en avance et s’avança vers la porte. Il posa sa main sur la poignée et attendit.

Rien. Il réitéra son ouais-c’est-quoi. Attendit encore sans problème. Après tout, ça faisait 15 ans, depuis que sa femme l’avait quitté pour un courtier en assurance, qu’il attendait un truc qui n’arriverait jamais. Il pouvait bien se payer le luxe de patienter encore quelques secondes.

Eh bien, non ! Il ne rêvait pas. Il y avait bien quelque chose qui grattait derrière la porte. Il ouvrit et ne vit rien que la rue, avec au bout un camion de déménagement cerné de gros bras. Sa pétasse de voisine partait vers d’autres horizons. Bon débarras !

Une petite voix flûtée lui fit baisser les yeux.

Un matou, mesdames et messieurs. Un chat tout bizarre, rouquin comme un feu de brousse avec des yeux immenses, verts. L’animal miaula encore, manifestant une certaine impatience mêlée d’inquiétude. Max grogna :

« Ben dis-donc toi. Tu manques pas de culot. Et pis d’abord, d’où c’est que tu sors ? Ah, tu veux rentrer. » Le chat entra. « C’est vraiment con, ce que je viens de dire », balbutia Maxence, (pour l’état-civil). Il referma la porte en haussant les épaules.

Le chat avançait avec précaution, humant l’air confiné du salon, posant chaque patte comme si le tapis était parsemé de punaises. Ses moustaches frémissaient. Il se retourna pour regarder Max avec des yeux suppliants et lança un feulement timide. Max se gratta la tempe d’un air pensif. Le chat sauta sur le fauteuil, tourna sur lui-même, puis s’installa tranquillement, un peu comme s’il était chez lui. Max approcha doucement.

L’animal n’avait pas bonne mine. Le poil était terne, une oreille était trouée et il y avait des taches grisâtres sur son dos. Max s’assit sur l’accoudoir, de plus en plus pensif. Il se dit comme ça que finalement, son réveillon ne serait pas si raté que ça, au bout du compte.

« Viens voir un peu là, toi. T’es pas bien gros. C’est quoi ces trous que t’as sur le poil ? » Le chat eut un mouvement de recul lorsque Max l’attrapa. Il tenta de se débattre un peu, puis se calma comme à contrecœur. Une résignation ineffable dans les yeux du chat provoqua chez Max un sentiment de malaise. Il écarta les poils à l’endroit marqué, un juron d’une grossièreté tangible fusa de ses lèvres puis il murmura. « Mais bordel, qui c’est qui t’a fait ça ? C’est des brûlures de clope ? »

Max reposa le chat sur le fauteuil et se mit à faire les cents pas dans la pièce. Il regardait le chat avec un intérêt certain. Une drôle de lueur gourmande brillait dans son œil. Il fit ouais ouais en souriant d’un air bizarre et sortit.

 

Il revint un quart d’heure plus tard. Le chat était toujours sur le fauteuil, attendant on ne sait quoi. « On dirait bien que ta vie de merde est terminée, minouche » fit Max. Il jeta un coup d’œil vers la vieille cocotte en fonte posée sur la table et attrapa le grand couteau qui traînait à côté. « Et moi, je vais me passer un drôle de chouette réveillon. »

 

La nuit était tombée depuis une bonne heure quand on frappa à la porte. Trois coups secs, bien nets et décidés. Max posa le verre de vin qu’il dégustait en écoutant un disque des Moody Blues. Sur le perron, une bonne femme maigre comme un clou et vêtue comme une courtisane de banlieue le défia d’un regard outrageusement chargé de khôl. Elle puait le tabac froid et le parfum bon marché.

« Excusez-moi de vous déranger un soir comme celui-là, monsieur Maxence. » Max vit qu’elle n’en pensait pas un mot. « Comme vous avez vu, je déménage.

— Ouais, j’ai vu.

— Je pars ce soir.

— Alors bon vent.

Il fit mine de refermer la porte.

— Attendez, s’il vous plait. Vous n’auriez pas vu mon chat ? Un chat rouge.

Max eut un geste d’agacement.

— Un chat rouge, hein. — Il se gratta la tempe, un peu comme pour marquer son embarras. — Non, j’ai rien vu.

La femme jeta un coup d’œil dans la pièce par-dessus son épaule.

— Ça sent bon chez vous, vous préparez quoi ?

— Un civet.

— Ah… Alors pour mon chat, heu… non ?

— Non désolé. Bon, écoutez, je suis occupé là. Bon déménagement et… oui, un conseil. Arrêtez de fumer. Ça sera mieux pour tout le monde.

Et il referma la porte sans autre forme de procès. Dehors, les pas s’éloignèrent. Max se frotta les mains. Les Moody Blues chantaient Nights in White Satin et sur le poêle à bois, un délicieux civet mijotait doucement dans la vieille cocotte en fonte. Il se resservit un verre de vin, un sourire satisfait sur les lèvres. Finalement, ç’avait été une bonne journée. Un lapin avait fini par se laisser prendre au collet, sa pétasse de voisine s’en allait et il venait de se faire un nouveau pote.

« Joyeux Noël, Greffier ! » lança-t-il en levant son verre au chat qui l’observait avec des yeux ronds. « Ben quoi ? Greffier, c’est pas plus con que Maxence comme nom, non ? Allez ! Mange tes rillettes ».

En guise de réponse, le chat s’étira.

 

Évreux, le 24 décembre 2014.

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Participation de Venise

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Orage de Noël (Fairywen)

 

Orage de Noël.

 

Il n’avait jamais aimé Noël. Noël, ça ne signifiait rien pour ceux qui comme lui avaient grandi dans la rue. Falko n’avait pas seulement le look d’un voyou, il en était un. Dans la rue, on le respectait. On le craignait, aussi. Il tapait fort, il tapait vite, et il posait les questions après. Parfois.

Enfant, il serrait les dents pour ne pas pleurer lorsque venait Noël. À l’école, il entendait les autres parler du sapin, des décorations, des cadeaux, des repas en famille… Lui n’avait rien d’autre que les murs froids de l’orphelinat. Un orphelinat dont il avait fini par s’enfuir, se trouvant mieux dans la rue. Non, Falko n’avait jamais aimé Noël.

 

Et pourtant aujourd’hui il se retrouvait dans un magasin, en train de choisir un cadeau. Un cadeau de Noël. Car le voyou amer et cynique avait un jour rencontré une jeune femme qui avait bouleversé sa vie, une jeune femme aux yeux rieurs, qui lui avait proposé des charmes et des sortilèges pour se sécher le jour où il était entré par hasard dans sa boutique de magie pour s’abriter d’un violent orage d’été. En fait de charmes et sortilèges, il avait eu droit à une serviette, une tasse de café et un jogging pendant que ses vêtements trempés finissaient au sèche-linge. Lui qui ne croyait pas en la magie était revenu, encore et encore, jusqu’à ne plus repartir, et un jour, il avait découvert qu’il vivait avec une vraie magicienne, qui savait faire naître des étoiles avec ses doigts et créer une bulle de calme au milieu des éléments déchaînés.

Alors ce soir, pour la première fois de sa vie, il achetait un cadeau de Noël, une fine chaîne d’argent avec un cœur d’émeraude en pendentif. Il eut un sourire en coin avec quelle attention les vendeurs le surveillaient. Il aurait pu parier que l’un d’eux au moins avait la main posée sur le bouton de l’alarme. Le patron était même descendu dans la boutique et ne le quittait pas des yeux. C’est vrai qu’il dénotait un peu dans cette boutique chic, avec son jean déchiré et son blouson de cuir noir, mais il était et resterait toujours Falko, le caïd des rues.

Lorsqu’il sortit son portefeuille pour payer, il crut un instant que l’alerte rouge allait être déclenchée, mais lorsque les billets s’étalèrent sur le comptoir, l’atmosphère se détendit nettement et des sourires apparurent sur les visages. Lui ne changea pas d’expression. Simplement, au moment de sortir, il se retourna un bref instant, lança d’une voix moqueuse :

« Jamais se fier aux apparences, vous voyez… Pendant que vous étiez tous en train de me surveiller, le type sapé à quatre épingles, là-bas… Il vous a piqué au moins trois bagues. »

Falko riait encore à la pensée du branle-bas de combat qu’avait déclenché sa déclaration lorsqu’il poussa la porte du magasin animalier pour y acheter une douzaine de balles brillantes avec des grelots. Il ne s’agissait pas d’oublier les chatons-fées qui partageaient leur vie, et qui, s’ils avaient des pouvoirs magiques, étaient avant tout et pour toujours des chatons…

 

Il offrit son cadeau à sa belle Ysaline le soir du 24 décembre, trop impatient pour attendre davantage. Ils étaient assis tous les deux devant la cheminée, ainsi qu’ils aimaient à le faire durant les soirées d’hiver. Les chatons couraient partout, à la poursuite des balles multicolores, qui s’envolaient régulièrement dans les airs lorsqu’ils faisaient usage de leurs pouvoirs. Il attendit qu’elle ouvre la petite boîte, le cœur battant, et lorsque ses yeux s’illuminèrent en découvrant le délicat bijou, il sourit tendrement :

« Joyeux Noël, ma princesse. »

Sans qu’il le dise, elle sut qu’il n’avait prononcé ces mots pour personne. Elle accrocha la chaîne autour de son cou et lui sourit avant de le prendre par la main :

« Viens. Ton cadeau est dehors.

— Mon… cadeau ?

— Bien sûr. Tu ne croyais quand même pas que j’allais t’oublier ? »

Là aussi elle devina qu’il n’avait jamais eu de cadeau à Noël. Elle le prit par la main et ils sortirent dans la nuit. Toujours curieux, les chatons s’étaient nichés dans la chemise de Falko. Ysaline leva la main vers le ciel et lui dit :

« Regarde… »

Là-haut, devant la lune, il vit passer un traîneau tiré par des rennes, un traîneau qui descendait doucement vers eux pour se poser sur la neige blanche.

« C’est pas vrai…, lâcha Falko dans un souffle.

— Bien sûr que si, c’est vrai. La magie existe, Nessie existe, le Père Noël existe. »

Abasourdi, Falko vit le célèbre vieillard à la houppelande rouge et à la barbe blanche descendre de son véhicule et venir vers eux, ses yeux bleus pétillants de malice.

« Ainsi donc, c’est toi, Falko, fit-il en le détaillant des pieds à la tête.

— Vous… vous me connaissez ?

— Bien sûr que je te connais. Je connais tout le monde. Tu fais partie de ceux que je cherche à atteindre depuis longtemps, jeune homme, mais il n’y a jamais eu moyen de te faire croire en moi, et sans croyance, la magie ne peut rien. Mais tu as rencontré ma fille, et elle a réussi là où j’ai échoué.

— Votre… fille ?

— Eh oui, ma fille ! Je ne suis pas aussi vieux que j’en ai l’air, tu sais. Ce n’est qu’un déguisement que nous empruntons lorsque vient le soir de Noël.

— Em… empruntons ?

— Bien sûr. Le Père Noël n’est pas immortel, on le fait croire, c’est tout. Allez, mes enfants, je dois vous laisser, la nuit sera longue, pour moi, mais demain, je viendrai partager avec vous le repas de Noël. Bonne nuit, mes petits ! »

Le traîneau s’envola dans le tintinnabulement des cloches des rennes. Falko le suivit longtemps des yeux, tandis qu’un baume apaisant descendait sur son cœur si longtemps meurtri.

« Rentrons, murmura doucement Ysaline lorsque la tempête se leva. »

Cette nuit-là, alors que le vent hurlait dehors, la nuit fut douce dans le chalet perdu dans la montagne. Les chatons s’endormirent sur l’épais tapis devant la cheminée lorsqu’ils furent fatigués de jouer. Falko et Ysaline restèrent auprès d’eux, sans rien dire, dans les bras l’un de l’autre, juste heureux d’être ensemble.

 

C’était la nuit de Noël, la nuit de toutes les magies, la nuit où un voyou rencontra le Père Noël et sut qu’un jour quelqu’un, quelque part, l’avait considéré comme un enfant comme les autres…

 

La saga de Falko et Ysaline peut se lire ici.

Défi 330 du samedi 20 décembre 2014

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Le plus beau jour de ma vie (Vegas sur sarthe)

Chaque année à la même période, la Chose revenait où on l'attendait le moins.
Nul ne savait qui apportait la Chose pour la déposer dans les endroits les plus improbables.
Les spéculations allaient bon train au village et - trois jours avant Noël - on ne comptait plus ceux qui avaient aperçu la Chose au cimetière, dans le champ du Matthieu ou encore sous le préau de l'école communale.
Nous autres - libérés pour deux semaines de toute obligation scolaire - courions aux quatre points cardinaux pour être les premiers à vérifier si la Chose était enfin arrivée.
Celui qui verra la Chose le premier vivra le plus beau jour de sa vie” répétait le vieux Simonot qui en avait vu d'autres.
On ne savait pas quels autres il avait vu mais le bout de sa canne pointé au ciel achevait toujours de nous convaincre.
C'est Bébert qui avait eu envie d'aller voir par hasard si la Chose n'avait pas atterri au lavoir mais comme j'avais eu la bonne idée de couper par la ruelle de la Célestine, j'arrivai bien avant la meute des copains, aiguillonné par les rugissements du molosse de ladite Célestine.
Et elle était là... pas la Célestine mais la Chose.
J'ai d'abord cru à un nuage, un gros nuage bleu comme l'indigo dont les femmes teintaient les draps, les jours de grande lessive.
Et puis en m'approchant je les ai reconnus... des dauphins ailés comme ceux de mes livres de coloriage sauf que ceux-là scintillaient de mille étoiles.
Comme la meute des copains se rapprochait en hurlant je me dépêchai de répéter la phrase magique du vieux Simonot qui en avait vu d'autres:”Çui qui verra la Chose le prem's vivra le plus beau jour de sa vie”.
Alors le bruit de la meute lancée sur mes traces cessa d'un coup et le plus gros des dauphins - celui qui était en bas à droite du groupe mais que vous ne verrez jamais - vint poser son nez dans ma main et cliqueta:”Aujourd'hui sera le plus beau jour de ta vie”.
Si je comprenais la langue dauphin... alors je devais pouvoir la parler!
Plus beau que tout ce que j'ai déjà vécu?” demandai-je dans un dauphinois hésitant.
La Chose avait l'air de me comprendre puisqu'elle siffla:”Bien plus beau”.
Plus beau que les câlins de mes parents?” insistai-je dans un dauphinois approximatif.
Bien plus beau” gloussa le dauphin avec une petite pointe d'agacement.
Je sais que chez le dauphin ailé, la petite pointe d'agacement se dresse à la base de la nageoire caudale mais je feignis de n'avoir rien remarqué.
Plus beau que les virées dans la Juva 4 d'Oncle Hubert?” insistai-je effrontément.
Oui, bien plus beau” s'énerva le dauphin qui se fichait pas mal de la bagnole d'Oncle Hubert.
Plus beau que les...”
Ca suffit!” trompeta le dauphin.
Je ne souhaite à personne d'entendre trompeter un dauphin qui a le tarbouin dans votre main... c'est insupportable, et ça vous passe l'envie de poser des questions.
Comme je m'excusais - avec toute la délicatesse qu'autorise la langue dauphinoise - La Chose m'intima l'ordre de l'enfourcher.
C'était doux et chaud comme quand je montais le percheron du Matthieu, mais sans cette infâme odeur de paille et de crottin.
Je dirai que ça viaunait plutôt les effluves marines, ces relents d'iode et de varech que j'avais découverts en même temps que les côtes sauvages de Quiberon aux dernières vacances d'été.
Es-tu prêt pour la plus belle journée de ta vie?” jappa la Chose.
Les autres dauphins piaffaient d'impatience et les étoiles se mirent à clignoter frénétiquement, un peu comme la guirlande électrique qu'on avait une fois branchée par erreur sur le triphasé!
La Chose toute entière n'attendit pas ma réponse et décolla en deux temps et trois coups de queue.
Cramponné aux ailes battantes, j'eus à peine le temps de voir disparaître le petit rectangle du lavoir et plus loin un groupe stupéfait de fourmis vociférantes.
Cré vain dieu! Le vieux Simonot qui en avait vu d'autres disait vrai!
Je me sentais libre, invincible et je chantais, je criais à tue-tête: “Je vais vivre le plus beau jour de ma vie, plus beau que tout ce que j'ai déjà vécu, plus beau que les câlins de mes parents, plus beau que les virées dans la Juva Quatre d'Oncle Hub...”
Un concert de trompettes me transperça les tympans tandis qu'une nageoire invisible bâillonnait ma bouche jusqu'aux oreilles!

J'étais muselé mais fin prêt pour vivre le plus beau jour de ma vie comme disait le vieux Simonot qui en avait vu d'autres... et vous n'en saurez pas plus.

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