Participation de JAK
Oui m’sieur l’agent je l’ai vu comme je vous vois ce cyclope NUMMULITIQUE.
Il courrait à travers tous les TRAVOULS pour les bonder d’emballages bien trompeurs, prometteurs de garantie bio, de bonheur sans fin, (il suffit pour cela de remplir son caddie.) C’est un finaud. Il n’a d’yeux que pour me voir et pour mieux me COURTAUDER, moi, LEVANTINE Gogo, pour me dévorer toute crue en me fascinant par ses offres promo incontournables
Il m’a bien prise pour une FRELOCHE, une vraie de vraie Boloss il veut me faire voir la lune en plein jour. Cet aigrefin m’a chouravé mes épiceries d’antan. Celles-là mêmes où je pouvais MUTIR à plaisir, sentir, toucher, comparer, tester ; là où je n‘étais pas une proie, mais un quidam estimé et reconnu.
Oui m’sieur l’agent, je vous l’assure, je l’ai vu, de mes propres yeux, vu.
Il est grand je vous dis, c’est un monstre, une sorte de PUCHOIR, avec des tentacules agrippeuses.
Il a dépouillé les épiceries de ma jeunesse rien n’est plus pareil.
Avec lui m’sieur l’agent, fini l’odeur des épices, je ne rêve plus, désormais engloutie dans les méandres du trop plus. Liquéfiés, la convivialité, le timbre poste à l’unité, la demi-baguette, mon débitant avec son béret bien ancré la clope au bec, les commérages, les derniers potins.
Dorénavant on est urgemment pressés de passer à la caisse, plus besoin de monnaie sonnante et trébuchante, une carte en plastique suffit. On fait la queue pour payer, mais las, usés, fatigués, avachis sur un caddie plein à ras bord de choses inutiles bien branchouilles, ignorant les ceusses autour de nous qui nous ressemblent,
Mais M ’sieur l’agent , dites-moi, vous avec votre matraque magique qu’est ce que vous pourriez faire pour stopper ce monstre ?
Existe – t-il un bureau de doléances pour dénoncer tous ses méfaits, qui chamboulent les chalands à l’insu de leur plein gré ?
Oui M’sieur l’agent, voila que je chougne,* mais je m’inquiète pour le futur. J’en suis toute ablagée*.
À cha peu* toutes les épiceries de mon village disparaissent, mêmes les belles librairies s’exilent dans des rayons où les livres sont, malheureux, bien seuls dans une cargaison de pseudo best-sellers d’écrivaillons. Fini de tourner les pages des bouquins, feuilleter le dernier sorti, humer la fragrance du vieux papier, d’avoir un conseil éclairé, mille choses qui méritaient le déplacement.
Et je suis triste. Dans ma rue principale, ce galopin à laissé des vitrines béantes, pleine d’un vide qui me sidère.
Et je pleure. Que sont devenus mes bazars et autres devantures d’antan ? C’était un peu plus cher, mais en contrepartie on ne s’encombrait pas de choses superflues qui nous tendent si bien les bras chez le Giant et qui sournoisement alourdissent la note.
Ah oui M’sieur l’agent vous me dites de déposer une main courante, ce n’est pas ma main que j’aimerai déposer……mais bien mon pied
Levantine Gogo pour Défi #324
*parlé gaga
Ablagée accablée.
Chougne Gémir, pleurnicher.
A cha peu petit à petit, l'un après l'autre