Se sont plongés dans l'immatériel
joye ; Venise ; Fairywen ; Vegas sur sarthe ;
Nhand ; EnlumériA ; Minuitdixhuit ; bongopinot ;
JAK ;
Patrimoine (JAK)
Scrutez, lorgnez, admirez ces ouvrages laissés
Zieutez, observez, mais surtout n’abimez.
Lisez, abreuvez vous aux sources,
Puisez des idées pour enrichir vos forces
Oyez les musiques des géniaux créateurs
Humez les mousses, inhalez toutes les senteurs
Foulez tourbières, marais, pelouses sèches, lagunes...
Que la nature a laissés à chacun chacune
Cultivez la mémoire, éveillez les esprits.
Dès lors
Respectons ces biens légués par nos ancêtres.
Il nous faudra un jour les abandonner intacts
à nos enfants. En chœur constituons un pacte
Qui sera un vigilant gardien idoine
Un absolu hommage à notre patrimoine
Nous en avons la
Participation de bongopinot
Visite de musée
Patrimoine culturel
Septembre égayé
Promenade de sel
Jardin éphémère
Chemin des beaux arts
Le temps est moins amer
A l’abri des remparts
Et ce beau château
Entouré de verdure
Garde dans berceau
Tableau et peinture
Sous fond de musique
De belles poésies
Se récitent en public
Nous offrant la magie
Et tous ces badauds
Venus admirer
Église ou bateau
En cette fin de soirée
Journée du patrimoine
Découvrir s’émerveiller
Une pause sereine
Pour toute la vie s’en rappeler.
Monument (Minuitdixhuit)
Il y a une vieille cabine téléphonique désaffectée en face de la gare de mon village. Une nuit — il était deux heures du matin — on rentrait par le dernier train, et Douchka, en forme, avait subitement eu l’envie de faire l’amour. Heureusement, j’étais là !
Mais elle voulait que ça se passe ici, dans cet aquarium antique, et pourquoi pas, au début, ça me paraissait excitant. Mais alors, une fois dedans, malgré toute la bonne volonté de Doudou, rien à faire, impossible... À l’heure de la 4G, je n’avais plus aucune barre réseau… L’abonné absent.
Elle avait compris, j’avais remballé le matériel défectueux, mais ce n’était pas une défaillance qui allait désarmer Doudou quand elle avait une idée en tête, et là, je dis tête, mais je pense autre chose. Bref, le jardin public était tout près sur notre chemin, avec ses petits coins secrets, et elle m’avait bousculé dans un bosquet discret. Tout avait bien fonctionné, merci de vous en être inquiété.
Au bout d’un moment qu’on s’activait, j’avais levé la tête, pas que je m’ennuyais, mais certaines positions du Kama-Sutra l’exigent ainsi. Et là, dans la pleine lune, si j’ose dire, j’avais découvert, découpé dans ce ciel d’une nuit d’été, qu’on était au pied du Monument aux Morts de mon village.
Eh bien ! Vous me croirez si vous le voulez, tous ces noms qui étaient définitivement gravés sur la pierre du mémorial, ils clignotaient, et ils nous disaient, allez-y, c’est pour ça qu’on s’est fait trouer la peau ou fracasser la tête, pour ça qu’on vous a légué le patrimoine immatériel de nos âmes, pour qu’un jour la planète entière puisse espérer que le gazon sur terre, c’est fait pour baiser dessus, pas pour y creuser des tombes dessous.
(Et la suite, ça a été très fort, mais ça, vous connaissez certainement.)
Maintenant, quand je croise un Monument aux Morts, je lui lance un petit signe affectueux, et il est rare que le mec ou la nana en plâtre, en bronze ou en je ne sais quoi, ne me retourne pas un petit clin d’œil complice.
À Gabriel, mon grand-père,
Légion d’Honneur,
Croix de Guerre 14-18 en plus
et moitié du visage en moins.
Il pleut sur mon patrimoine (EnlumériA)
— À qui parlais-tu encore ? On t’attend pour manger.
— Au Patron. Je parlais au Patron.
— Oh ! Celui-là, il commence à me plaire. Il n’a pas de vie de famille, lui ?
— Bah ! Non, justement. Enfin si, ça dépend de quel point de vue on se place.
— Ouais. C’est compliqué tout ça. Allez ! Viens manger, les enfants attendent.
— J’arrive dans une minute.
— Quoi encore ?
— Il faut que j’aille voir la réserve de bois. Je pense qu’il faudra que j’en commande prochainement.
— Non, mais t’es pas bien ? Sous cette pluie battante ? Tu vas prendre froid.
— Justement. T’as pas remarqué qu’il pleut de plus en plus souvent ? C’est un signe, non.
— Un signe de quoi ? Il n’y a plus de saisons, que veux-tu que je te dise.
— Le Patron a raison. Il va falloir que je me mette au travail.
— Holà ! Dans quoi tu vas nous embarquer, encore ?
— Écoute, Noria, Il faut vraiment sauver notre patrimoine. C’est le Patron qui le demande. Je n’ai pas vraiment le choix.
— Le patrimoine ? Quel patrimoine ? Tu rêvasses trop mon pauvre vieux. Depuis quand on a un patrimoine, nous ?
— Mais, je te l’ai déjà expliqué. Tu n’écoutes pas ce que je te dis ? Le patrimoine naturel, quoi.
— Oh si, j’écoute. J’aurai même tout entendu, ces derniers temps. Et d’abord, tous ces bestiaux, tu comptes en faire quoi ?
— J’ai mon idée. C’est bien pour ça qu’il faut que je commande du bois.
— Bon, allez, on en rediscutera plus tard. Viens manger, maintenant, Noé. La soupe va refroidir.
Évreux, 1er octobre 2014
Participation de Nhand
LES APARTÉS DE MARIE & MARLÈNE (2)
C'était quelque chose, hein, l'Elysée !
Alors, tu l'as vu ?
Ça, pour l'avoir vu... Oh, pas dans sa totalité bien sûr, mais c'était déjà très impressionnant.
On dit qu'il n'est pas si grand que ça, pourtant.
Tu plaisantes !
...
En tout cas, ça valait le coup, d'avoir attendu quatre heures sous la pluie.
...
Et Jacques qui n'en finissait plus de pester... Ah, celui-là, je te jure !
« Pas dans sa totalité »... tu veux dire qu'il s'est contenté d'un « coucou » depuis une fenêtre, qu'il s'était caché sous la veste de son garde du corps de peur qu'on lui lance des tomates, ou qu'il avait encore son casque sur la tête parce qu'il rentrait tout juste d'une virée coquine à scooter ?
...
Alors ?
Je te parle de l'Elysée, Marlène. Tu sais, cet espèce de palais qui est accessoirement la résidence du Président de la République.
Ah oui, d'accord... Mais... Mais François, tu l'as vu ?
François, François... Tu me rappelles ces pécores surexcitées qui n'étaient venues que pour lui !
Quand même...
Elles ont vite déchanté, les pauvres chéries !
Quoi, il n'était pas là ?
Si tu veux, il avait mieux à faire, avec l'enlèvement de Gourdel, la guerre contre l'état islamique, et... Ses rendez-vous galants ! Tu ne crois pas ?
J'aurais été vachement déçue, moi, de me taper la queue pendant autant de temps, pour au final ne même pas lui serrer la main !
Et tu lui aurais raconté quoi, s'il te plaît ?
Je ne sais pas, moi... Je lui aurais dit « bonjour M. le Président », par exemple...
C'est la meilleure ! Voilà le plus impopulaire des présidents, celui que tout français censé rêve d'étrangler, et toi, tu rêves de lui serrer la main ! Remarque, tu n'es pas la seule parmi les inconscients. Fallait voir, le monde, la file d'attente s'étendait jusqu'à la Concorde. On déteste le président, mais plus que jamais, on veut le voir, l'approcher, le toucher... Il y avait carrément des bonnes femmes, devant nous, qui s'étaient ramenées avec des photos de lui... Comme s'il allait leur signer un autographe !
Pourquoi pas...
C'était les journées du Patrimoine, pas la saint-François !
Oui, c'est sûr...
Voilà !
Et sinon, c'est comment, l'Elysée ?
Magique ! Grandiose ! Toutes ces dorures, tout ce mobilier magnifique, ce bon goût... Le comble du chic made in France ! Et la Salle du Conseil des Ministres, le bureau du Président, les jardins... C'est plus beau qu'à la télé. J'y vivrais bien, moi !
Tu n'es pas blonde, tu es plutôt mignonne et bien foutue, tu en as dans le ciboulot, tu as de jolis chicots, tu as la quarantaine... Tu as tout ce qu'il faut pour lui plaire, écris-lui, vends-toi auprès de lui, envoie-lui une photo suggestive, ça se pourrait bien qu'il morde à l'hameçon... Et si par hasard tu deviens la 1ère Dame, ton vœu sera exaucé, tu pourras t'installer sous les lambris de la République, à ta guise... Mais dépêche-toi, il ne te reste plus que deux ans et demie !
Quoi ? Tu rêves ! Qu'est-ce que tu veux que j'aille foutre avec ce têtard qui ne ressemble à rien ?
Mais il a le pouvoir...
La belle affaire !
Parce que ton Jacques, tu trouves qu'il ressemble à quelque chose, toi ? Tu parles d'un patrimoine !
Enfin, Marlène !
Même s'il me proposait une journée porte ouverte pour visiter sa mauvaise humeur permanente, sa barbe qui pue la bave ou son marcel imbibé d'Azzaro, je n'en voudrais pas, perso... Je me demande comment tu fais !
...
Y'a pas marqué Patrimoine! (Vegas sur sarthe)
Balade culturelle (Fairywen)
Balade culturelle.
« Journées du Patrimoine culturel »… Mmmm, intéressant programme… j’aime beaucoup visiter des lieux anciens, imaginer ce qui a pu s’y passer… Et durant ces journées-ci, des lieux fermés au public sont ouverts ? De quoi satisfaire ma curiosité !
Sauf que… Tout le monde a la même idée, et c’est des heures et des heures d’attente… Et je n’aime pas attendre ! Alors je me suis rappelé que ce sont aussi les journées du Patrimoine Naturel…
Donc j’ai sellé mon cheval, et je suis partie en balade… Au bord de la rivière, pour y voir les canards et les poules d’eau, et passer sous les saules pas encore complètement défeuillés, et voir les roseaux se balancer doucement dans le vent léger… Voir aussi les colchiques dans les prés, puisque c’est l’automne. Puis nous avons longé la forêt parée des couleurs de l’automne, vu les écureuils courir sur le tronc des arbres, croisé des chevreuils en vadrouille. Entendu le geai qui criaillait, vu les hirondelles rassemblées pour partir vers d’autres cieux, en Afrique, où elles verront peut-être mon amie Isabelle.
Et enfin nous sommes rentrés, sans hâte. Nous n’avons croisé personne. Ils étaient tous au Patrimoine culturel, et nous ont laissé le plus beau : le Patrimoine naturel.
Participation de Venise
En tant que responsable du patrimoine je tiens à remercier ici
Le légendaire laurier rose, et le rossignol dont le cri doré à la feuille d’or enchante nos soirées.
Je serai durant ce siècle, intransigeante avec les hommes qui tenteront de salir le bleu de la mer.
Et je n’ai pas perdu la partie en ce qui concerne les pôles et l’épaisseur des glaces que je veux protéger sous deux mètres de silence.
Vous en aurez le souffle coupé, car ma détermination sera pire qu’un poing de marbre dans vos poitrines.
La vie est à peu près cent milliards de fois plus belle que celle que nous l’imaginons et j’en suis la gardienne.
Je presserai votre visage comme fond les enfants sur une vitre pour que vous en perceviez
La féerie.
Je ne garde pas ce patrimoine parce qu’il est beau, mais parce qu’il escorte les hommes depuis la nuit des temps, et que c’est une NEF ouverte sur l’univers.
J’interdirai que vous emportiez quelque chose avec vous sinon votre fatigue à arpenter cette terre .
Vous avez usé jusqu’à la corde ma patience , et je vous prendrai comme une chatte prend ses petits dans sa gueule pour vous mettre à l’abri contre vos excès .
Voilà chers amis comment je vais habiter ma nouvelle fonction
un ange se lève et prend la parole
Madame la responsable du patrimoine
J’ai fait la course ce matin avec un homme et j’ai été battu
Et alors ?
Mais Il n’avait pas d’aile
Oui je sais ils vont toujours plus vite