Il pleut sur mon patrimoine (EnlumériA)
— À qui parlais-tu encore ? On t’attend pour manger.
— Au Patron. Je parlais au Patron.
— Oh ! Celui-là, il commence à me plaire. Il n’a pas de vie de famille, lui ?
— Bah ! Non, justement. Enfin si, ça dépend de quel point de vue on se place.
— Ouais. C’est compliqué tout ça. Allez ! Viens manger, les enfants attendent.
— J’arrive dans une minute.
— Quoi encore ?
— Il faut que j’aille voir la réserve de bois. Je pense qu’il faudra que j’en commande prochainement.
— Non, mais t’es pas bien ? Sous cette pluie battante ? Tu vas prendre froid.
— Justement. T’as pas remarqué qu’il pleut de plus en plus souvent ? C’est un signe, non.
— Un signe de quoi ? Il n’y a plus de saisons, que veux-tu que je te dise.
— Le Patron a raison. Il va falloir que je me mette au travail.
— Holà ! Dans quoi tu vas nous embarquer, encore ?
— Écoute, Noria, Il faut vraiment sauver notre patrimoine. C’est le Patron qui le demande. Je n’ai pas vraiment le choix.
— Le patrimoine ? Quel patrimoine ? Tu rêvasses trop mon pauvre vieux. Depuis quand on a un patrimoine, nous ?
— Mais, je te l’ai déjà expliqué. Tu n’écoutes pas ce que je te dis ? Le patrimoine naturel, quoi.
— Oh si, j’écoute. J’aurai même tout entendu, ces derniers temps. Et d’abord, tous ces bestiaux, tu comptes en faire quoi ?
— J’ai mon idée. C’est bien pour ça qu’il faut que je commande du bois.
— Bon, allez, on en rediscutera plus tard. Viens manger, maintenant, Noé. La soupe va refroidir.
Évreux, 1er octobre 2014