Cartes postales : Chapitre IV (par joye)
Chapitre IV: Les chaises roses
[L'histoire jusqu'ici : Amanda Perry, une Américaine de voyage en France grâce à un héritage mystérieux, quitte hâtivement Annecy, après la réception de deux messages anonymes et menaçants, pour aller à Nancy, afin de faire enfin la connaissance de son avocat français, Émanuel Cherval, face-à face.]
Une fois bien installée à son hôtel, Amanda oublia un peu le stresse de se sentir poursuivie, menacée, et sans secours personnel. Une fatigue nerveuse l’assomma et elle dormit profondément. Après une longue nuit de repos et un bon café-complet pris sur la Place Stanislas le lendemain matin, elle se mit à explorer Nancy.
Le charme de la ville la rassurait encore. Elle flâna ci et là, regarda les gens qui faisaient leurs courses, admira les vitres et la cathédrale, respira l’air et les parfums de ce beau coin de l'Hexagone.
Fatiguée, Amanda s’assit sur un banc dans un joli petit parc pas loin de son hôtel, et ferma les yeux.
- Mademoiselle, vous allez bien ? entendit-elle. Amanda ouvrit les yeux et vit une petite fille habillée de rose.
- Oui, je vais bien, ma petite, répondit l’Américaine. Et toi ?
- Ah oui, très bien, en fait, je vais super, merci ! répondit la jeune petite blonde, du fond de son nuage rosâtre. Elle avait peut-être neuf ou dix ans.
- Et que fais-tu ici ? demanda Amanda, intriguée.
- J’attends ma leçon, fit la jeune.
- Ta leçon ?
- De danse classique Vous connaissez ?
- Un peu, répondit Amanda. Et toi ?
- Ah, oui, beaucoup, affirma la petite blonde aux yeux noisette. Vous voulez voir ?
Amanda sourit. Eh bien, oui, elle voulait bien voir danser la petite. Cela lui changerait complètement ses idées encore vaguement moroses. Et c’est ainsi que la touriste rousse se retrouva, amenée par la main d’une petite Française, dans une grande salle, meublée de chaises roses.
- Asseyez-vous ici, Mademoiselle, et vous verrez ! chuchota la petite avant de rejoindre ses petites camarades à l’autre bout de la salle.
Alors, Amanda passa une heure à regarder toute une émeute rose et noir de petites filles qui exécutaient des pirouettes, des pliés et de grands petits jetés. Elle oubliait tout sauf le charme de ces petits rats féériques, jusqu’à entendre la voix de la prof de danse classique, une femme extrêmement laide et sévère, habillée de noir. Amanda se redressa sur sa chaise.
- Ça suffit ! cria la voix rauque et amère de la prof. Je ne sais pas pourquoi vous revenez chaque samedi ! On sait bien que vous êtes sans espoir aucun !
Amanda essaya de voir laquelle de ces petites fées souffrait sous l’œil cruel du professeur. Elle vit alors la petite blonde en rose qui tremblait sous les châtiments de la maîtresse.
- Oui, c’est bien à vous que je parle, petite étourdie ! continua l’acariâtre, tapant avec colère son bâton sur le plancher. Je n’en peux plus ! Peu importe qui sont vos parents ! Il vous sera bien inutile de revenir la semaine prochaine, alors, sortez tout de suite, Émanuelle Cherval !!