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Le défi du samedi
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26 juillet 2014

Défi #309

Quatrième photo des défis de l'été  :

On attend du monde !

On attend du monde à

samedidefi@gmail.com

A tout bientôt les amis !

 

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26 juillet 2014

Ont enfourché leur cycle

26 juillet 2014

Vélo (Fairywen)

 

 

Vélo.

 

Moi, quand on dit “vélo”, je ne pense pas au truc instable à deux roues, qui crève, déraille et fait mal aux genoux, mais au chien de mon beau-père.

Vélo, c’était un braque hongrois, un chien de chasse. 80 kg de muscles, d’enthousiasme –oh, les chutes quand il me sautait dessus pour me dire bonjour…-, de tendresse et de bêtises. Vélo, il méritait bien son nom, car il était un peu dingue, mais on ne pouvait que l’aimer car il avait de si bons yeux, tellement plein de douceur et de tendresse, des yeux qui appelaient les caresses, et on ne lui en voulait même pas de nous baver dessus à cause de sa mâchoire déformée.

Vélo, c’est le seul chien qui a su se faire accepter à l’intérieur de la maison, là-bas, dans la Drôme. Je ne l’ai pas connu petit, mais mon mari m’a raconté qu’il pleurait tellement quand il a été séparé de sa maman que mon beau-père avait craqué et l’a fait rentrer. Bon, évidemment, il a fait à peu près toutes les bêtises possibles et imaginables, mais ça, c’était Vélo…

Vélo, c’était aussi le chien qui, en rentrant de la chasse, se jetait sur la gamelle et mangeait en deux bouchées sa ration de deux jours, pour ensuite s’effondrer à côté, le ventre rond comme un ballon et même plus capable de se traîner…

Vélo, on l’emmenait en montagne, même s’il n’écoutait personne d’autre que mon beau-père, pour jouer à son jeu préféré : jeter des branches ou des pommes de pin dans les trous d’eau. Il adorait y plonger pour aller les chercher, mais il n’a jamais compris qu’il ne fallait pas respirer sous l’eau… Mais bon, ça, c’était Vélo…

Vélo, c’était le gros chien qui faisait le méchant et se cachait derrière les jambes dès que l’autre en face se mettait à aboyer, même si l’autre en question n’était pas plus grand qu’un chihuahua… Vélo, c’est un des rares chiens que j’ai côtoyé sans jamais avoir peur de me faire mordre, car s’il était un peu brutal en raison de son poids et de sa joie de vivre, il ne montrait jamais les dents.

Vélo, il est au paradis des chiens depuis de nombreuses années, maintenant, de très nombreuses années, et je gage qu’il continue à y faire le fou avec son maître, qui l’a retrouvé il y a 10 ans déjà. Mais s’il y a bien une chose dont je suis sûre, c’est que je ne l’oublierai jamais.

 

Défi 308 du samedi 19 juillet 2014 : Vélo en balade dans la montagne drômoise

26 juillet 2014

pédalons (titisoorts)

Je n'en peux plus, encore une fois de plus. Je m'arrête de pédaler, je suis essoufflé. Je me demande même ce que je fous là, je n'ai plus de force, de force en moi, de force pour continuer, avec l'envie de tout abandonner. Avachi là, sur le bord de la route, je regarde les autres pédaler, me dépasser. Je me rappelle des bons moments où je les doublais tous, où, même éreinté, je trouvais en moi une force, un second souffle.Je l'entends pourtant cette voix" allez remonte, allez montre leur, tu ne vas pas en rester là, et de toute façon, il faut bien que tu rentres". Bon, ok, je remonte non sans mal sur la bécane, la tête baissée. Je commence à appuyer sur les pédales et je me dis que plutôt que de rester sur le bord de la route à regarder les autres. Je continue en danseuse, je me mets à danser sur mon vélo. Une fois arrivé enfin en haut de cette côte, je profite, de la vue et de la descente qui me tend les bras. Wahou! Je me laisse aller, je laisse défiler les arbres. J'oublie les difficultés passées, je vole, je dévore les bons moments. Je sais bien que plus loin la route changera, et même si elle reste plane, ce sera déjà pas si mal. Profitons plutôt du moment présent, malgré les ennuis et quelques réparations que ce vélo m'amène aussi loin que possible et que la route soit jonchée d'amis et peut être que j'achèterai un tandem. Qui sait.

26 juillet 2014

À propos d’Agnès (EnlumériA)

Le vieil homme reposa la clé à pipe sur l’établi. D’un geste nerveux, il fit tourner la roue de la bicyclette suspendue au pied d’atelier. Parfait. Le grincement désagréable avait disparu. Juste une histoire de roulement à billes récalcitrant. Mademoiselle Grivois pourra récupérer sa petite reine dès le lendemain matin. Il consulta la pendule. Il était l’heure de fermer boutique. Il sortit sur le pas de la porte, salua le père Larescousse qui revenait de chez le boulanger, baguette sous le bras et sourire édenté ouvert à tous les vents. Pour une fois, ce dernier s’abstint de citer Diderot, son auteur préféré et son obsession culturelle. En face, la mercière arrangeait sa devanture avant de fermer elle aussi. Elle lui fit un tout petit signe de la main, comme pour ne pas déranger. La pauvre souffrait d’une timidité maladive.

Au-dessus de sa tête, l’enseigne de métal entonna une lugubre élégie. Elle était aussi rouillée que les articulations du vieil homme. Le vent se levait, le ciel s’assombrissait et ces imbéciles de France Inter avaient encore annoncé de l’orage. Le troisième en une semaine. Putain d’été pourri.

Le vieil homme rentra et actionna le rideau de fer. Il n’était pas paranoïaque et ne craignait aucun cambrioleur, loin de là, mais le dispositif existait déjà lorsqu’il avait hérité du local, alors autant s’en servir. Il y avait seulement fait ajouter une fermeture électrique, seule concession à la fièvre technologique de ce début de siècle qui, n’en déplaise à Malraux, était mal parti question spiritualité.

Il monta à l’étage où se trouvait un petit appartement composé d’une cuisine, d’un salon petit mais douillet meublé d’une imposante bibliothèque qu’il appelait sa petite Alexandrie et d’une chambre donnant sur le château.

Il n’avait plus la télévision. N’en pouvant plus des inepties diffusées par cette fabrique à crétins décervelés, il l’avait balancé à la déchetterie. Pourquoi ne l’avait-il pas donné à Emmaüs ? Mais tout simplement parce qu’il ne voulait pas, de quelque façon que ce soit, participer à la déliquescence du monde.

Il avait, par contre, une chaîne Hi-Fi des plus performantes achetée à prix d’or et une discothèque abondamment fournie. Il introduisit le CD d’Agnès Obel dans le lecteur, se servit ce verre de porto que le médecin lui interdisait – que ce médicastre aille au diable –et s’installa confortablement dans son fauteuil de cuir aux accoudoirs élimés par des années de méditation. Le chat Virgile arriva sur ces entrefaites. Réglé comme du papier à musique, le chat revenait toujours de ses pérégrinations à vingt heures précises. Les rationalistes de tout poil affirment que c’est l’instinct qui induit ce comportement. Quels bourricots ! Le vieil homme, lui, savait que Virgile avait sous son pelage une poche secrète dans laquelle il dissimulait une montre de gousset et que c’était uniquement pour ça qu’il connaissait exactement l’heure du diner.

Le vieil homme était marchand de vélos d’occasion et il assurait, le cas échéant, le service après vente. Cela ne rapportait pas lourd, mais il s’en fichait. Ses besoins étaient modestes. Il avait embrassé ce métier un peu par hasard. L’opportunité s’était présentée et comme il ne savait pas trop quoi faire d’autre, il s’était dit pourquoi pas. Il venait d’avoir vingt-cinq ans. Revenant d’un périple sur des chemins de Katmandou qui avait mal tourné, il s’était retrouvé à Marseille, seul et sans un rond en poche. C’est en voulant retrouver le contrôle de sa vie qu’il avait appris qu’il était le légataire universel de l’oncle Théodore. Celui-ci lui avait légué ce local commercial, l’appartement et une modeste rente générée par un portefeuille d’actions dans l’import-export.

C’est en visitant le local que l’idée lui était venue. Il était pratiquement vide à part de vieilles caisses et deux affiches punaisées au mur. L’une représentait une sorte de savant fou montant un étrange vélocipède volant et observant le monde d’en bas à travers une longue vue. L’autre était l’affiche du film Thérèse Raquin de Marcel Carné. Sur le mur, un établi poussiéreux sur lequel étaient encore accrochés des outils rouillés. Le peu de lumière qui filtrait à travers la vitrine crasseuse lui fit soudain entrevoir un avenir ? Chose qui jusqu’à ce jour ne lui était guère familière.

— Vous êtes son neveu, c’est ça. Vous allez en faire quoi de ce taudis ? s’inquiéta un homme d’aspect chafouin campé devant la porte restée ouverte.

— Vous avez vu un film qui s’appelle Thérèse Raquin ? répondit-il. 

L’autre hocha la tête d’un air de le prendre pour un demeuré.

— J’ai lu le bouquin.

— Dans le film, l’amant de Thérèse, Laurent, rêve d’ouvrir un atelier de réparation de vélos d’occasion.

— Des vélos d’occasion, hein !

— Je ne savais pas quoi faire en arrivant ici. Et puis j’ai eu comme une révélation – Il montra les affiches – Vous voyez ces deux affiches, là. C’est un signe du destin.

Le type ricana. Il fit un geste de la main voulant sans doute exprimer du dédain et tourna les talons en marmonnant :

— Par la robe de chambre de Diderot, ce gars-là m’a l’air aussi allumé que son oncle.

 

en01en02

 

 

Le vieil homme se servit un autre porto. Son affaire n’avait pas si mal démarré et il s’était rapidement lié avec les commerçants du quartier. Au fur et à mesure, il s’était assuré une petite clientèle et la vie se déroulait tranquillement. Jusqu’au jour où elle entra dans l’atelier. C’était par un bel après-midi d’automne. Elle se plaignait d’un pneu crevé. S’il pouvait faire quelque chose tout de suite, elle était pressée. Poser une rustine lui prit un instant, tomber amoureux fut l’affaire de quelques paroles échangées et d’un sourire en guise de remerciement. Dans les jours qui suivirent, il guettait son passage. Elle revint. Pour retendre la chaîne, changer les câbles de freins, pour discuter un peu parfois. Mais cela n’alla jamais plus loin. Elle était la fille du pharmacien de la rue de Strasbourg. Un jour, il apprit qu’elle s’était fiancée à un jeune conseiller municipal très en vue dans la bonne société nantaise. D’après la photo qu’il avait vu dans Ouest-France, c’était un chevalier d’industrie aux yeux de rhodoïd, engoncé dans un triste costume gris et dont la cravate évoquait irrésistiblement la laisse d’un chien au service de ses maîtres. Il la revit une dernière fois sur le parvis de la cathédrale Saint-Paul, un soir de Noël. Elle était au bras de son mirliflore et dans la foule des grands jours, elle ne le reconnut pas. Il l’avait aimé au-delà de toute raison mais qu’avait-elle à faire d’un pauvre réparateur de bicyclette.

Les années passèrent gentiment, et un jour, il s’aperçut que cet amour foudroyant n’était plus qu’une anecdote sans importance qui disparaîtrait avec lui. Alors, pour combler cette vie sans passion, il s’était inventé un rôle dans un autre univers.

 

Chaque soir, il couchait sur le papier ses rêves et ses cauchemars, ses illusions perdues et ses peurs les plus abjectes. Il s’était fait le démiurge d’un hypothétique au-delà, l’Autre Rive, qu’il peuplait soir après soir de personnages pittoresques vivant d’étranges aventures.

 

D’abord, il y avait Kaelia, sa préférée. Elle croyait qu’elle avait été une certaine Eva dans une autre vie. Et puis le capitaine Charles D. Ward, allusion au roman de H.G. Lovecraft, l’Affaire Charles Dexter Ward. Ce vieux fou courait après une inaccessible perle noire nommée Maora à l’instar de cet autre marin en quête de la toison d’or. Damien, le neveu du capitaine, une espèce de jean-foutre qui ne se préoccupait que de lui-même et qui s’était forgé une superstition personnelle au sujet de supposées lettres dans la paume de sa main. Zéphyrin Sépulcre et son humour vaudou. Sandalphon et Orphaniel qui s’étaient invités sans prévenir. Et enfin Kêrys, la cité inaccessible des légendes celtiques. Un nouvel Eldorado, une improbable Atlantide qu’il visitait parfois en rêve lorsqu’il avait un peu trop poussé sur le porto.

Le vieil homme n’avait décidément pas de besoin de la télévision et de ses rêves préfabriqués. N’était-il pas le Narrateur, celui qui observait le monde d’en bas à l’aide de sa longue vue. Même si, depuis quelques temps, ses personnages lui échappaient ; comme s’ils avaient acquis, au fil du temps, une existence propre.

 

Le CD était terminé. Virgile s’impatientait. Il était peut-être temps de diner après-tout. Il se resservit néanmoins un autre porto. Qu’avait-il à faire des recommandations stupides du toubib. Il abrégeait sa vie ? Et alors ? Pour ce qu’elle valait. Et puis qui sait, peut-être existait-il un au-delà où une seconde chance lui serait offerte. Une autre rive où Agnès ne rencontrerait pas un conseiller grisâtre et où elle le remarquerait, lui, le réparateur de bicyclettes.

 

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26 juillet 2014

Avec mon p'tit vélo, j'avais l'air d'un con, ma mère, avec mon p'tit vélo, j'avais l'air d'un con (Walrus)

Un vélo (de femme) surmonté de ce qui pourrait être les armes d'un mécanicien - d'une mécanicienne ? - en tout cas d'un pro de la chose conscient de sa valeur puisqu'il incorpore à son blason les éclats de la gloire.

N'empêche, moi qui ai pratiqué le vélo à une époque où l'on devait encore tout y faire soi-même (vous avez déjà assemblé une roue à partir du moyeu, des rayons et d'une jante ?)* je ne me rappelle pas avoir jamais utilisé en ces temps lointains un tournevis ou une clé plate de 17 (à vue de nez).

Si j'avais dû me confectionner des armes parlantes de mécanicien cycliste, j'aurais puisé parmi les constituants de la trousse de secours accrochée à l'arrière de ma selle, à savoir :

  • Des rustines avec la petite râpe et le tube de dissolution

rustines

 

  • Des démonte pneu (que dans ma région on appelait "minutes")

minutes

Ben oui, elles sont un peu rouillées, mais elles ne datent pas d'hier non plus...

 

  • Des clés multiples

    multiple1  multiple2

Vous remarquerez que la version plate est munie d'un petit bec évitant de s'encombrer d'un tournevis

 

  • Une clé à rayons

    rayons

 

Ben dis donc, on voit bien qu'il (elle) travaille en atelier le (la) môme ! Un tournevis, j'te jure !

Avec son tournevis l'avait l'air d'un con, ma mère, avec son tournevis l'avait l'air d'un con !

 

* Pour ceux qui se passionneraient pour ce qui a bien pu me pousser à assembler une roue de vélo à partir de ses constituants, j'explique !

À une époque où tout se vendait à la pièce, du rayon de roue et sa nipple (écrou) à la bille de roulement de pédalier en passant par la croix interne du changement de vitesse Sturmey-Archer (mais si je l'ai aussi changée), il était hors de question d'acheter une roue complète lorsqu'on avait tordu une jante. Or, il m'est arrivé de tordre la jante avant de ma bicyclette, cqfd !

Quoi ? Vous voulez aussi savoir comment je m'y suis pris pour ce faire ? Vous avez de ces curiosités parfois ! Allez, c'est bien parce que c'est vous...

Comme très régulièrement à l'époque, je me rendais un jour chez mon ami Francis, un condisciple qui habitait le patelin voisin du mien. Le long de la route de Mons, il y avait une piste cyclable, mais au niveau de la place communale d'Havré, celle-ci s'interrompait et j'étais obligé d'emprunter un tronçon de chaussée pavée qu'il me fallait de surcroît partager avec le tram. En zone urbaine, les rails de tram sont munis d'une gorge empêchant le revêtement de sol de venir se coller au rail et d'occasionner le déraillement du véhicule. C'est en franchissant un de ces rails que ma roue avant s'est engagée dans cette gorge où elle s'est coincée, ce qui a eu deux conséquences : tordre la jante et me projeter par dessus mon vélo. Ma chute a fait sortir de leur bar deux charmantes personnes qui ont collé mon vélo contre la façade et m'ont emmené dans leur établissement (à la réputation un brin olé olé) pour désinfecter et panser mes écorchures. Une bien inéressante expérience suite à laquelle j'ai dû... remplacer la jante de ma roue avant. Satisfaits ?

26 juillet 2014

Chez Mazuyer (Pascal)

 

« Dépêche-toi ! Mais dépêche-toi, on va se faire attraper !... »

« Chut… »

On ne savait plus trop s’il fallait rigoler ou bien craindre le pire avec notre entreprise de démolition… C’est sûr, si cette bêtise était arrivée jusqu’aux oreilles de nos parents, on était bon pour le pensionnat ou les galères…

« Passe-moi le marteau !... »

« Chut… »

« Attention, il arrive une bagnole… »

On avait planqué les vélos derrière la maison mais un rien nous faisait sursauter…  

« Prends la scie !... Allez, active… »

« Chut… »

On avait remarqué une maison à peu près isolée et on s’était mis dans l’idée de la délester de toute sa tuyauterie… Nous étions des jeunes plombiers démonteurs… Au prix du kilo de plomb chez « Bonvalet », on allait toucherla fortune ! Mais il y avait des risques…

Fallait voir comme on tirait sur les canalisations ! Des évacuations jusqu’aux adductions, on y mettait tout notre cœur ! Cette baraque abandonnée était une véritable aubaine pour réussir notre larcin. On avait cassé un carreau pour entrer et c’était un jeu d’enfant pour ouvrir la porte. Ca tombait bien parce qu’on était des enfants… C’était nous, les soldats de plomb…

La maison sentait le rance et l’ennui, l’isolement et la vie s’en était échappée avec le dernier propriétaire. Mais nous, loin de nous préoccuper de ces fariboles, on oeuvrait à notre récolte de subtilisation frauduleuse… Même les chenaux, les gouttières étaient en plomb ! Une aubaine !

« Aide-moi à tirer sur ce tuyau ! A lui seul, il vaut au moins trois paquets de clopes !... »

« Chut !... »

On avait repéré l’arrivée d’eau juste après le compteur et on démantibulait méthodiquement tout ce qui pouvait rapporter sur la balance du repreneur de métaux. De la cave au grenier, on avait tout fouillé. Toute l’installation d’eau était en plomb comme cela se pratiquait à l’époque.
Fallait nous voir en train de manœuvrer anarchiquement le tuyau pour le plier énergiquement, à gauche,à droite et, jusqu’à le couper dans sa cassure lourde et juteuse… On était riches ! On allait ruiner Bonvalet ! A nous les gros billets !...

Si j’avais été attrapé pour toutes les bêtises que j’ai faites quand j’étais gamin, je serais encore en prison à cette heure…

« Aide-moi !... »

« Chut… »

Toutes les conduites de la maison disparaissaient  à la vitesse de notre précipitation.
Je m’imagine bien mon père en train de recevoir la facture pour la remise en état de notre chapardage dévastateur. J’avais mal aux fesses des coups de pieds au cul que je pourrais recevoir…

« Là, regarde sous l’évier ! Une véritable mine de plomb !... »

« Chut… »

On est inconscient quand on est gamin et c’est ce qui fait toute la beauté de la jeunesse. Plus que l’argent, c’est cette influence de groupe qui nous menait. C’était cette menace planante et, en même temps, cette récompense connivente à la finition de notre folle aventure. On avait l’adrénaline bourgeonnante et on s’exerçait à la faire bouillir pendant nos enfantillages polissons…

On commence toujours polisson et on finit policé, j’ai remarqué…

« Attention, des passants !... »

« Chut… »

On se figeait dans des postures de casseurs de coffre-fort en suspension d’efforts pendant ces minutes interminables. On baignait dans une euphorie complice et déjà légendaire. Nous étions tous des monte-en-l’air, des Mandrin, des malandrins de volerie occupés à notre besogne inconsidérée

« Mais chut… »

J’avais emprunté la carriole du petit Casino du bout de notre petit chemin.
Sans entrer dans les détails, j’avais pu l’emberlificoter avec mes bobards à quatre sous et puis, mes parents allaient faire leurs courses chez lui. Il ne pouvait pas refuser cette location gratuite ! Avec ses prix prohibitifs, ilvolait outrageusement ses clients, je pouvais utiliser sa remorque sans gêne.

Je me souviens quand il l’accrochait au cadenas contre le poteau en bois du bout de la rue. Le vendredi après-midi, le jour du poisson, il laissait fondre des pains de glace à son pied et on essayait d’en faire des boules de neige… Chez nous, il y avait deux poteaux : ce fameux poteau en bois, du bout de la rue, avec la grande route passante et dangereuse de ses quelques voitures et puis, notre poteau béton blanc ; c’est celui qui nous autorisait la limite pour promener le chien et le faire pisser. Il avait la capacité extraordinaire de pouvoir dire à table qu’on était arrivé à pédaler sans mettre le pied à terre jusqu’à cette frontière si lointaine… (une vingtaine de mètres) quand on était gamins…

Les distances ne se mesurent pas en mètres, en fin de compte, mais à l’idée qu’on se fait de leur éloignement et des prouesses courageuses qu’il faut entreprendre pour y arriver… Ha, ce fameux poteau blanc…

« Chut… »

Nous avions découvert une mine de plomb dans le garage.
C’est comme si toute l’alimentation de la maison se retrouvait là.  Une veine…
On piochait comme des ouvriers clandestins en heures sup… Et la carriole se remplissait. Je l’avais amarrée (déformation marine…) derrière mon vélo avec des sandows ajustés à sa préhension roulante.

« Chut… »

Au premier étage, on avait décortiqué méthodiquement les canalisations de la baignoire. On était comme des abeilles butinant une fleur jusqu’à son dernier pollen. Nous avions  fait le plein en vidant la maison… C’était amusant de penser à la tête de celui qui allait remettre en eau… Versailles, un quatorze juillet !...

La carriole débordait si je puis dire…

Notre rocambolesque équipée terminée, nous avons enfourché nos vélos avec des ailes comme célérité de débinage ! Je n’arrivais pas à pédaler tellement c’était lourd ! Notre fortune était faite… Mes deux comparses m’ouvraient la route comme si je transportais la cagnotte de la Banque de France ! La charrette tapait brutalement à l’arrière du vélo quand je ralentissais et je sentais des contorsions de ferrailles inquiétantes dans ma fuite… C’est comme si on avait toutes les polices de France à nos trousses ! Je pédalais tel un forcené et la roue de la fortune tournait, tournait…

Sous bonne escorte, celle de mes potes, nous sommes arrivés chez Bonvalet. On allait toucher la récompense ! Le gros lot ! La cagnotte ! Le jackpot ! On n’était pas sûrs que le boss de la casse auraitassez de liquide pour nous payer !... Et moi, j’entendais des craquements pénibles derrière le vélo… Cette maudite carriole allait laisser tomber notre butin juste avant la pesée ? J’avais l’impression qu’elle allait se désintégrer sous la charge. Ses pneus étaient à plat et chaque coup de pédale était un difficile coup de rame de galérien… (déjà…)

Sans état d’âme, le récupérateur de métaux m’a indiqué la balance et j’ai laissé mon vélo et sa charge à la pesée. Des gros bras ont tout déchargé puis il a repesé ma carriole et ma bécane. La différence, c’était notre pactole ! On était riches !... Soixante francs ! Vingt francs chacun !  Autant dire, la fortune !

Je n’avais jamais eu de billets de dix francs à moi. J’avais un Voltaire et deux Pasteur ! C’était étrange de palper tout ce papier-monnaie… Et dire que j’avais un franc d’argent de poche par mois… Quand je passais la peau de chamois sur la voiture de mon père, c’était une petite pièce de vingt centimes ! Et pour une bonne note à l’école j’avais… je n’avais jamais de bonnes notes…

Bizarrement, mes acolytes et moi, nous nous sommes dissociés comme si nous ne nous étions jamais connus.

Chaque seconde, je touchais mes poches pour être sûr de leur présence rapprochée… Ma liste d’achat était incalculable ! Je pouvais dévaliser le magasin de bonbons et il me resterait encore assez d’argent pour plusieurs débauches sucrées ! C’était jour de paie ! J’étais riche ! Je pouvais faire des cadeaux et me faire aimer autrement que par le fait d’être simplement vivant. J’étais puissant !...

Entreprise Durand : Tous travaux de filouterie, maraudage et barbotage !...

J’avais gagné mon salaire de la peur et je rapportais la carriole au petit casino. J’étais léger avec les poches pleines ! Je fonçais avec mon vélo dans les rues de Romans à l’assaut du futur en pédalant comme un dératé…

J’ai rendu le chariot au patron du magasin et c’est là que je me suis aperçu des gros dégâts sur mon vélo. Le garde-boue était enfoncé et il frottait contre le pneu en lui dessinant une belle estafilade à haut pouvoir de crevaison, le porte-bagages avait une torsade biscornue des plus malencontreuses, le feu arrière et le catadioptre avaient disparu dans un des nombreux chocs de notre course.

Jamais mon père ne comprendrait ce sinistre évident ! S’il voyait ça, j’étais bon pour les travaux forcés… Le soir, en rentrant à la maison, il me demanderait des explications détaillées, si j’avais eu un accident, si j’avais prêté mon vélo, si j’avais fait des bêtises, etc, etc…

En début d’après-midi, j’ai porté mon vélo chez Mazuyer, le réparateur de cycles.

J’ai récupéré mon fier Peugeot à dix-sept heures. Il était nickel, comme neuf ! J’étais sauvé des tracasseries paternelles !

« Hé gamin ? La note, c’est ton père qui viendra la régler ?... »

Il s’entortillait la moustache d’un geste machinal dans une forme approximative de guidon de vélo et le cambouis autorisait une boucle gominée du plus bel effet…

« Non m’sieur, c’est moi !... »

« Mais y en a pour cher, gamin !... »

« Je paie ! Je paie !... »

Pris au dépourvu et en mimant une grimace blasée, du genre « je cherche pas à comprendre », il a commencé à faire ses énumérations d’additions chroniques sur son calepin estampillé « Mazuyer réparateur de pédaliers en tous genres…»
Il n’en finissait plus d’écrire, un vrai poète… Je voyais fondre ma fortune à vue d’œil…
Je la serrais dans ma poche mais elle glissait entre mes doigts… Il a tombé la casquette pour se gratter une mèche qui n’était plus rebelle depuis longtemps à cause du cambouis de tout à l’heure…

« Alors, nous avons le pneu, la chambre à air, le garde-boue, le porte-bagages, le feu arrière complet, le câble du frein et la dynamo qui était tordue… Alors, avec la main-d’œuvre, les réglages, les essais, ça nous fait… »
Il en avait de bonnes de dire « ça nous fait » comme si on allait partager…
« Ha oui, la TVA… »


Des yeux, je cherchais dans son atelier s’il n’avait pas des tuyaux en plomb…
Enfin, il a porté son crayon à son oreille, toutaussi auréolée de graisse que le reste et il m’a annoncé victorieusement :

« Vingt francs… Vingt francs tout ronds… et je ne compte pas les rayons tordus… »

C’est idiot, mais je m’en doutais… Vous aussi ?...  J’ai sorti mes billets tièdes comme un prince floué qui récupère son destrier après un ferrage et je les ai tendus vers sa main tellement sale… J’ai empoché la note en échange et j’ai enfourché mon vélo sans panache… 

« Allez ! Salut p’tit !... »

Bien mal acquis ne profite jamais, me direz-vous ? J’étais quitte avec la leçon de morale. Mon père n’a rien remarqué, ha si…

« Tu as enfin nettoyé ton vélo, c’est bien, il en avait vraiment besoin… »

Mais alors, pourquoi ma mère en vidant mes poches, avant de mettre mon short à la machine, est tombée sur la note ? Et pourquoi, elle a crié si fort :

« Hé Pascal, c’est quoi cette note exorbitante de chez Mazuyer dans ta poche ?!... »

J’avais du plomb dans l’aile, l’orage allait tomber…

Epitaphe non, épilogue : Je fus privé de vélo, de sortie, de télé et de copains pendant un mois plein, tout ça pour tenter de me mettre un peu de plomb dans la cervelle…

 

26 juillet 2014

Au vieux clou (Vegas sur sarthe)

J'ai la selle qui chancelle, le guidon qu'a l'bourdon
j'ai la fourche qui se cherche, la poignée castagnée
j'ai l'moyeu limailleux, les rayons en haillons
j'ai les jantes convergentes, les pédales... un scandale
j'ai la chaîne incertaine, le hauban titubant
j'ai les freins sous-marins, l'dérailleur bousilleur
les plateaux sont marteau et la tige... un vestige
l'pédalier est plié et les pneus farineux
 
Ah! Bon Dieu! que c'est embêtant
un vieux vélocipède,
Ah Bon Dieu! que c'est embêtant

un clou incompétent

26 juillet 2014

EVA et le vélo solex (KatyL)

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Eva n’était restée que 5 jours chez Joachim le maréchal–ferrant bloquée par la neige, elle avait résisté à la tentation qu’elle avait eue envers lui, il s’en était d’abord attristé, et s’était rendu à ses raisons, ils en avaient parlé beaucoup, mais son activité à lui du début du printemps à la fin de l’automne ne lui permettait presque aucun loisir, ni une vie amoureuse digne de ce nom, les randonnées, plus les soins aux chevaux, les fers à poser il n’avait pas beaucoup de temps libre, elle au contraire en avait, elle aimait beaucoup le cinéma, les restaurants, le théâtre et les expos diverses, tout ce qui était culturel , elle pouvait tour à tour aller sur Epinal, Gérardmer etc… pour se donner à ses plaisirs, se lancer dans une aventure avec Joachim aurait été inutile, leurs modes de vie ne coïncidaient pas, de plus sa rupture si douloureuse avec Max lui avait laissé des séquelles encore mal guéries, et du coup elle se méfiait de la passion qui emporte tout et qui n’est pas rationnelle… Finalement la raison l’avait emporté , ils étaient restés amis , avaient fait leurs sculptures tout l’hiver, et se voyaient régulièrement mais chacun chez soi ! Ils s’invitaient et préparaient une expo pour l’été prochain.

Le printemps magnifique et chaud était là, tout revivait autour d’elle, les oiseaux piaillaient gaiement, le climat avait de l’avance.

Eva décida de sortir son vélo solex du garage afin de pouvoir se balader avec dans les environs, et de découvrir de jolis villages, mais elle devait aller le faire réparer et changer la bougie, elle décida donc de demander à Joachim de venir le chercher avec sa remorque et de le déposer en ville où elle avait vu une enseigne, elle passerait le reprendre en  fin de semaine en roulant jusque chez elle avec le vélo solex remis en état, il lui rendit ce service, et il repartit bien vite à ses occupations.

Le samedi en fin d’après-midi juste un peu avant la fermeture des magasins,  elle décida d’aller rechercher son vélo solex à l’enseigne où Joachim l’avait déposé. La porte devant était fermée un panneau indiquait d’aller dans l’arrière-cour de l’établissement, bien que les jours commençaient à rallonger la tombée de la nuit arrivait doucement, cette ruelle était particulièrement sombre, Eva n’était pas tentée, mais elle prit son courage à deux mains et se lança dans la ruelle coupe-gorge !

ka02 Pas âme qui vive ! Pas un chat ne trainait par ici  et la porte de l’arrière-boutique était totalement déglinguée, mais elle la poussa du pied !

-« y-a-t-il quelqu’un ? »

Elle entendit un pas trainant arriver à sa rencontre, et elle le vit !!!!  Un homme hirsute, sale, la mine renfrognée, le regard sournois, un type mal dégrossi !! Elle eut un sursaut malgré elle.

-« bonjour dit-elle je suis EVA  IVAN, Joachim le maréchal ferrant  a déposé mon vélo solex chez vous mardi matin et je devais venir le rechercher et il devrait être prêt? »

-« oui dit la brute en la regardant de pied en cap avec un sourire peu amène, suivez-moi jusqu’au fond de ce couloir ! »

Elle regarda autour d’elle ! Personne ! Tout semblait bien sombre quelle idée elle avait eue de ne pas venir en premier visiter cette boutique et visualiser le proprio, mais elle n’avait pas eu le choix et apparemment c’était le seul réparateur des environs, elle le suivit donc malgré elle, se dit que de toutes façons il ne pouvait rien lui arriver de grave…Cependant chemin faisant elle vit sur les murs de cet individu des photos de pin-up qui en disaient long sur le genre du type ! Certaines femmes punaisées venaient sans doute de revues plus que douteuses et des poses très « spéciales et dénudées », les autres étaient des pin-up des années 50 celles-ci étaient jolies même si un peu coquines !

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Il se retourna vers elle avec un regard amusé, et s’approcha si près qu’elle sentit son haleine fétide ! Ce type avait bu !

-« vous êtes jolie ma petite dame, vous êtes nouvelle par ici sans doute, c’est vous qui allez chevaucher ce vélo solex dit-il en appuyant sur le mot chevaucher avec un sourire plein de sous-entendus, il fonctionne très bien, j’ai regonflé les pneus changé une l’ampoule avant et la bougie et j’ai remis du mélange deux–temps dedans ça vous va ? »

-« merci dit-elle -elle pressée d’en finir, puis je le prendre et vous régler de suite ? »

-« pas si vite jolie madame on a du temps pour parler un peu ma journée est finie »

-« non je n’ai pas le temps du tout moi, un ami m’attend et je lui ai dit que j’étais chez vous »

menti Eva qui n’en menait pas large avec ce type sournois et alcoolo, elle ne voulait pas traîner dans cette boutique. Elle paya la facture assez salée et elle sortit enfin de cette maudite boutique, en enfourchant son solex qui en effet démarra au quart de tour !

 

Comme d’un seul coup elle était heureuse de cette liberté,  enfin de l’air, du vent dans ses cheveux blonds, elle se sentit comme en état de grâce et eut le sentiment que le mensonge chez le réparateur lui avait évité quelque tracas, elle en parlerait à Joachim de ce type, en attendant elle roula une demi-heure épanouie et heureuse et arriva chez elle à 19h, l’église sonnait l’heure.

En arrivant à sa porte elle trouva un magnifique bouquet de roses-thé déposées au sol devant chez elle, ça alors !! Quelqu’un qui devait bien la connaitre car ces roses-thé étaient si délicates et si parfumées qu’elles étaient ses préférées.

 

La suite au prochain épisode……………………………………………..KatyLka04

26 juillet 2014

Participation de Nhand

BREDOUILLE

 

 

Chantait à cappella
La brise volubile ;

Vaincu, déchu, fila
Le gris vers outre-Manche ;

D'azur étaient gavés
Les dessus de la ville ;

Vibraient sur les pavés
Les deux roues du dimanche...

Aux abords du marché planait une douceur
Fleurant la mirabelle et le miel de lavande ;
A l'ombre des remparts, venu pour sa provende,
Flânait le matinal quand rentrait le noceur...

A l'anglaise, l'orage,
Vaincu, déchu, fila ;

Les contours de la plage
D'azur étaient gavés ;

Un merle et sa merlette
Chantaient à cappella ;

Ta vieille bicyclette
Vibrait sur les pavés...

Dérailla brusquement, sous tes coups de pédales,
Sa chaîne, et te voilà coupée en plein élan !
Par bonheur, une enseigne au logo très parlant
Se trouvait à côté d'un marchand de sandales ;

On y réparait là
Les vélos en souffrance.

Et pourtant s'étiola
Ton début d'espérance...

Car un petit panneau sur le rideau baissé
Annonçait clairement : « fermeture annuelle »
Tu rebroussas chemin, de ruelle en ruelle,
Tirant par le guidon ton compagnon cassé.

Les regards, par centaines,
D'azur étaient gavés ;

Les bouches des fontaines
Chantaient à cappella ;

Des patins à roulettes
Vibraient sur les pavés ;

Mais ton projet d'emplettes,
Vaincu, déchu, fila.

 

 

Nhand

26 juillet 2014

Cartes postales : Chapitre III (par joye)

Chapitre III :  Le vélo de Nancy

[Les épisodes précédents :  Amanda Perry, américaine, reçoit un message anonyme et menaçant  pendant son séjour à Nancy. Elle téléphone chez un avocat pour des conseils, mais sans pouvoir le rejoindre. Quand nous l’avons quittée, elle venait de recevoir un deuxième message qui lui disait de fuir.]

Bon, que faire ? Amanda retourna la carte postale. Trois fers à cheval. Elle sortit le premier message de son sac. L’écriture de l'un se ressemblait à celle de l'autre. Elle ne connaissait personne à Paris, sans parler de quelqu’un ayant les moyens de descendre au Ritz.  De nouveau, elle l'examina de près. Souvenir de Lorraine. Ah ! Maître Cherval était de Nancy ! Est-ce que la carte et la lettre venaient de lui ? Après tout, un avocat établi qui travaillait pour des riches pourrait bien se payer un séjour au Ritz et aussi dans un ranch.

Telle son habitude, la rouquine regarda son calendrier et prit rapidement une décision. Elle irait à Nancy. Cherval y serait de retour dans trois jours. Elle le verrait alors face-à-face, pour la première fois.

Sur sa tablette, Amanda consulta les horaires SNCF.  Départ 12h31, passant par Paris-Est, elle serait à Nancy avant 19 h. Pas mal, pas mal du tout, et cela lui permettrait aussi un peu de temps pour réfléchir à ses prochaines démarches, une fois arrivée.

En quittant son hôtel, elle eut l’idée de demander au concierge comment l’enveloppe y était arrivée.

-          Puis-je parler à monsieur Goudin ? demanda-t-elle à la réceptionniste.

-          Il descend ici ?

-          Euh non, c’est le concierge.

-          Le concierge ? Goudin ?  Non, madame, il doit y avoir erreur. Il n’y a pas de Goudin qui travaille ici.

Amanda avala sa salive. Le nœud de panique revint à sa gorge et y resterait pendant tout son trajet vers Nancy.

26 juillet 2014

Chez Jojo par bongopinot

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Je vois au loin une vielle et belle enseigne

Indiquant un endroit ou l'on répare les vélos

On peux y voir aussi, des bicyclettes anciennes

Le réparateur est un passionné qui se nomme JOJO

 

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Je découvre à ma grande surprise la draisienne

Un vélo tout en bois qui roulait grâce à l'action des pieds

avec une poutre reliant deux roues, une machine saine

Qui permettait d'avancer plus vite et de moins se fatiguer

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Et sur ma gauche j'aperçois un vélo un peu fou

Une énorme roue devant et une petite derrière

un siège sur le dessus de la grande roue

Au milleu de celle-ci des pédales légères

 

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Et je regarde les photos du premier tour de France,

Juillet 1903 les cyclistes sur leur petite reine

Ce tour est toujours populaire quelle chance

Car il fait découvrir de beaux paysages, des vues aériennes. 

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Voilà grâce à ce Monsieur féru de bicyclettes

j'ai passé un bon moment convivial

Et ce soir je profiterai de la guinguette

Pour finir ce doux week-end jovial

 

26 juillet 2014

Participation de JAK

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Comme je me suis  de nouveau fourvoyée  dans mon choix pour me déplacer pendant  mes vacances, J’en conclus qu’après cette longue année laborieuse, j’ai en définitif plus besoin de relaxation que de voyages aux plus ou moins longs cours.

Je prends le parti de réintégrer  mes pénates pour mettre en pratique  d’interminables  siestes dans mon transat près du bassin  rayonnant de nénuphars épanouis (un « MONET- Nymphéas » réelle),

 

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   L’esprit  bercé  par le murmure de la source et le croâ  affectueux  de ma grenouille paresseuse.

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Mais Le Destin en avait décidé autrement.

 

Arrivée dans mon ‘Chez Moi ‘ (By RER poussif) j’ai trouvé une carte postale   de mon amie et colocataire J L L  qui me suppliait de venir à son secours.

En quelques mots écrits à la hâte elle m’annonçait qu’elle était en ‘panne sèche’ car dans une descente vertigineuse et caillouteuse elle avait perdu son sac  à dos, elle n’avait plus de monnaie-papiers – CB, et son Vtt   était en pièces détachées.

Elle avait trouvé refuge à l’enseigne de la carte postale, me disait-elle.

 Je fulminais, en moi même :-« panne sèche !, un comble pour un véhicule  sans carburant !

 J’étais furieuse, car  malgré mes (toujours bons) conseils, Il y a une semaine elle avait eu la savante idée de partir seule,  faire une  randonnée VTT  dans la Région Lorraine, réputée pour de fameux sentiers, le rêve des  deux roues sans moteur.

Et,  le hic, sa carte non oblitérée par le postier (c’est les vacances, les coups de tampons laborieux, souvent absents sur les  missives) ne mentionnait pas la ville  de l’envoi. ???

 

Il m’a fallut surfer sur internet- (entre deux achats aux Trois Suisses).

J’ai  enfin réussi à identifier  l’endroit, grâce a une amie sam’défiante as photographe.

C’était à Nancy que ma J L L avait trouvé refuge !

Un atelier de réparation pour vélo dans la Grand-rue…. J’ai supposé qu’ils faisaient chambre d’hôtes ?

Adieu mon hamac, je me dévouais - mon bon cœur me perdra-  et je cogitais comment la rejoindre.

Comme je ne voulais pas gâcher complètement mes vacances, je n’avais pas envie  de faire la route seule cette fois.

J’ai prié mon tendre tourtereau (qui ronronnait au soleil) de venir avec moi, et bien équipés, pour rester dans le style, c’est à  vélocipède, que nous sommes partis à sa rescousse

Cependant, 

 

Elle nous attendra bien un peu, le patron à l’air sympa, la ville belle à visiter,

Le temps que l’on arrive ….

 

 

 Capture

 Vu sur pinterest

 

 

N’empêche que mes vacances  cette année s’annoncent laborieuses et la semaine prochaine je ne demande ce que le sort va encore me réserver.

Ne me conseillez pas des barbituriques pour dormir de lundi à samedi, j’ai malgré tous ces déboires, encore plein de projets

A plus  les amis

Jak békas’in

 

19 juillet 2014

Défi #308

Troisième photo des défis de l'été :

Vélo

P(réparez)-vous !

Vos envois sont attendus à :

samedidefi@gmail.com

A tout bientôt !

 

19 juillet 2014

Ont joué les f(i)ers à bras

19 juillet 2014

Participation d'Emma

ci git le  cheval unijambiste du chevalier noir  !
 

19 juillet 2014

Trois pas de plus (tiniak)

Un pas de plus dans la foulée aléatoire...
Trop tard t'aurais-je méconnue ?
Je viens; tu vas; ils vont et viennent...
Ne serai jamais tien, pas plus que ne fus mienne

Je vois tes yeux fermés à la vérité nue...
Humble dans ce crâne boudoir
je fais les cent pas dans le noir
en rognant à l'aveugle une amertume inerte

Des mélodies charrient des sourires à perte
et, sans fin, des silences
amenant la grand voile
à ce mât d'acajou cargué devant le sort

À deux pas du vieux port, tu t'enivres d'oubli...
L'ombre à qui tu souris
ne me ressemble pas
puisque tu n'entends pas mon chant ni ses débords

Cette douleur, au vrai, je ne veux rien en perdre
et bois son vin de cèdre
au goulot, sous le ciel
où je sais l'hydromel qui nous a rassemblés

Trois derniers pas lancés sur le monde incertain
me traversent les mains
de pleurs bien inutiles
sauf à croire fertile un amour absolu

19 juillet 2014

LE FER A CHEVAL (Lorraine)

Le premier devait porter chance

Argent, bonheur et tant d’amour 

Me murmurait le beau Lawrence

Que je fus éprise à mon tour

 

Il avait beaucoup de prestance

Mais dans la vie de tous les jours

Je déplorai son arrogance

Et le quittai donc sans retour

 

Xavier, cavalier de prestance

M’en offrit un, en troubadour.

Il y mit beaucoup d’espérance ;

Ne l’aimant pas, je coupai court

 

L’amour a ses incohérences

Pourquoi, traversant le faubourg

Ai-je vu, quelle extravagance !

Un fer à cheval dans la cour !

 

J’y entrai brûlant d’impatience

Maréchal ferrant à son four

Jean me sourit. A l’évidence

Nous venions de trouver l’amour

 

Et depuis lors sur ma crédence

Trois fers rappellent le parcours

Qui m’a menée à l’alliance

De deux cœurs unis pour toujours

 

19 juillet 2014

Le chalet des 3 fers à cheval (KatyL)

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Eva était revenue des Bermudes décidée à changer de vie, après sa rupture sentimentale avec Max, où elle avait voulu se laisser engloutir par les eaux, heureusement elle s’était ravisée et endormie sur la plage, elle avait fait une rêve bien étrange « elle était avec un ramasseur de coquillages, dans des lieux improbables, avec des personnages très angoissants, elle était prisonnière et emportée par une brute épaisse et elle se nommait kaelia ???? »….ouf !! Elle s’était réveillée ! Elle avait fait un cauchemar !

Et elle était rentrée en France.

Elle avait vendu sa maison, et elle était partie s’installer  dans les Vosges sauvages.

Elle aimait les hivers rigoureux et la neige, elle connaissait bien certains sentiers balisés et ce jour-là, elle avait enfourché ses skis de fond pour profiter des rayons de soleil du matin et faire une grande randonnée en solitaire avec le sac à dos et du ravitaillement, sans oublier le portable en cas de besoin!

ka02 Elle partit le cœur léger, les premiers kilomètres furent un enchantement elle croisa des tétras qui ne semblaient pas gênés par elle plus que cela, un petit renard roux qui courait après quelque repas, et des oiseaux  au-dessus de sa tête comme pour l’accompagner…Elle trouva une souche et décida de s’installer pour se restaurer et boire un peu, faire quelques photos aussi dont de jolis perce-neige.

ka03 Le soleil  sur la neige faisait des rigoles d’eau fondue qui dévalaient la pente partout dans la montagne comme si l’hiver allait bientôt finir, mais en levant la tête pour regarder un oiseau qui poussait des cris semblables à ceux d’un aigle, Eva vit le ciel dans le lointain qui prenait une mauvaise tournure, oui en montagne il faut se méfier le temps change à une grande vitesse, elle ferma son sac à dos chaussa à nouveau ses skis et repartit résolue à rentrer assez vite, mais il lui restait quelques kms à faire !

En chemin le temps se gâta vite, la brume l’entourait désormais de manière totale, elle prit peur et accéléra, elle n’avait dit à personne sa position et son trajet, d’ailleurs personne ne l’attendait, du coup elle se rassura en pensant qu’elle ne pouvait inquiéter qui que ce soit !

A un carrefour elle ne distinguait plus son chemin la neige s’était mise à tomber drue accentuant le manque de visibilité totale, elle crut que le bon sentier était à gauche, oui à gauche et elle dévala la pente le plus vite possible, ses skis faisaient un bruit feutré, plus le moindre animal sur sa route,  ils avaient eu la belle idée de se mettre aux abris.

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Elle reprit une piste, et là elle eut le sentiment total d’être perdue.

Dans la montagne, elle prit son portable en main, mais téléphoner à qui pour dire quoi ? Elle ne savait même pas le nom des sentiers ni où elle était  et pas d’icône de réseau !!!!

-« Restons calme ! Réfléchissons ! J’ai à boire et à manger je suis bien vêtue, il fait encore un peu jour, même si je suis dans du coton, en avançant droit devant moi je dois bien revenir au sentier du village »

Elle avait déjà deux heures de trajet dans les mollets depuis sa pause casse-croûte et le temps ne faisait qu’empirer, elle était perdue !

Elle entendit un martèlement sourd venant de loin : «  quelqu’un vit par-là, j’y vais ! »

En effet au bout de 15 minutes de ski elle arriva devant un chalet éclairé et les bruits de marteau cette fois étaient nets. Elle comprit au décor qu’elle était arrivée chez le maréchal-ferrant des « trois fers à cheval » le seul pour tout ce côté des Vosges, il y avait plus loin un endroit avec des chevaux qui faisaient faire des randonnées aux  touristes en toutes saisons, sauf l’hiver! Le Maréchal Ferrant avait de quoi s’occuper car en plus il gardait des chevaux des gens qui avaient des résidences secondaires.

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Il était occupé avec un cheval car elle entendit les hennissements, Eva fut soulagée de trouver âme qui vive. Elle se déchaussa de ses skis et entra dans l’atelier de l’homme occupé sur la bête.

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-« Bonjour dit-elle, je me suis perdue, j’étais en randonnée à ski, ce matin il faisait si beau et je me suis trompée de chemin avec la tempête de neige qui s’est levée je suis si heureuse de vous trouver »

-«On voit bien que vous n’êtes pas d’ici vous, car le soleil c’est une chose mais il faut observer la forme des nuages et regarder le météo avant de s’engager en montagne, vous avez de la chance d’avoir pris ce sentier car en prenant l’autre versant vous seriez en Alsace ou vous auriez pu passer la nuit en montagne, femme  imprudente entrez au chalet c’est ouvert, j’arrive, je finis avec ce cheval »

Eva ne se le fit pas dire deux fois, cet homme lui donnait confiance, un être un peu bourru certes mais hospitalier, un peu ours mais en montagne, ça va avec le décor se dit-elle.

Elle se délesta des chaussures de ski dehors et mis son parka à sécher sur la rambarde, et entra en chaussettes plus avant  dans le chalet, il était très beau, impeccablement rangé ! Elle en fut agréablement étonnée sans doute Madame la Maréchal avait du goût c’est sûr !

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Elle attendit. Au bout d’une demi-heure il arriva

Elle vit tout d’abord son beau sourire, et ses yeux amusés qui la regardaient, des yeux marron comme les châtaignes  qu’elle ramassait dans ses nombreuses balades.

-« Vous allez être obligée de rester ici ce soir, j’aurai pu vous ramener chez vous sans cette tempête, mais là, même en moto neige ce ne serait pas prudent on ne voit plus les balises, et il est impossible de circuler sur cette neige molle, qui n’arrêtes pas de s’accumuler si vous voulez téléphoner à quelqu’un vous avez une ligne fixe car le portable ne passe pas ici il n’y a pas de réseau !

-« Non je n’ai personne à prévenir dit-elle je vis seule j’ai acheté un chalet il y a six mois à mon retour des Bermudes, je suis installée là définitivement, mais je vois que j’ai beaucoup à apprendre encore de la montagne »

Il la regarda d’un air navré !

-«Ne craignez rien, je suis connu ici, je suis né ici, vous allez passer la nuit dans la chambre d’amis et demain nous verrons quoi faire selon la météo, détendez-vous, voici la salle de bain si vous voulez, et ici vous trouverez serviettes et  tout ce dont vous avez besoin, je n’ai pas d’habits de femme  je vis seul, mais je vais vous passer un tee-shirt et un pull vous ferez avec ! »

Pendant qu’elle se séchait elle entendit de bruits d’assiettes et de casseroles. Mais oui il préparait à manger.

Lorsqu’elle revint à la salle commune avec ses vêtements, il s’esclaffa car la taille n’était pas du tout au gabarit d’Eva, mais il  lui dit

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-« Ce pull bleu vous va à ravir, nous allons manger, nous parlerons devant un bon feu de cheminée et demain il fera jour nous aviserons, ce programme vous convient. » ?

-« Parfait dit-elle mais je vous dédommagerai pour le dérangement dès que je serai de retour »

-« voyons! Il n’en est pas question vous ne savez pas que vous me faites offense le sens de l’hospitalité en montagne est primordial et nul ici ne renverrait un promeneur égaré, raison de plus lorsque c’est une si jolie femme que vous ! »

Ils parlèrent d’eux jusque 1h du matin, il avait un stock de fers à cheval et Eva qui était artiste savait déjà quoi en faire, il approuva….. Mais les yeux d’Eva se fermaient, alors il lui souhaita bonne nuit.

Elle se coucha rapidement et s’écroula sur le lit moelleux, les draps écossais étaient propres et sentaient bon, elle s’endormit de suite.

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Lorsqu’elle ouvrit un œil, ses longs cheveux blonds épars sur l’oreiller, elle se demanda où elle était ?  Et elle se souvint, elle regarda sa montre !10 h ! mince ! Elle avait dormi comme une souche avec les km à ski.  Son petit déjeuner l’attendait avec un petit mot de Joachim lui disant qu’il allait à son atelier et que dès qu’elle serait prête, qu’elle vienne le rejoindre .

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Elle déjeuna de bon cœur il avait pensé à tout, les confitures maison, le pain de campagne, le beurre de baratte !! Le bonheur ! Mais en mettant le nez au carreau Eva s’aperçut que la tempête non seulement n’était pas levée mais que les congères de neige recouvraient tout le chalet versant est, et que la visibilité était nulle, la neige tombait sans discontinuer.

Elle se gratta la tête et se demanda : «  quand vais-je repartir ? »

 

Une fois habillée elle alla le rejoindre à son atelier et le vit torse nu devant le feu des fers à cheval qu’il tordait avec une force incroyable et là elle le trouva magnifique de puissance et de virilité ! Son sang ne fit qu’un tour, il ne la vit pas trop occupé avec ses fers rougis, elle attendit un bon moment qu’il ait fini de frapper le fer pour se racler la gorge !

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-« Joachim Bonjour ! J’ai très bien dormi, merci, et merci pour le petit-déjeuner, désolée de ma lever si tard mais le ski et la fatigue ont eu raison de moi, pensez-vous que je puisse repartir aujourd’hui ? »

-«  je crains que non, j’ai téléphoné ce matin à des amis gendarmes ils ne conseillent aucun déplacement avant 5 jours au moins, j’ai signalé votre présence ici, et ils m’ont demandé votre identité je l’ai décliné, vous voilà prisonnière 5 jours !! Ne vous inquiétez pas, on va s’arranger, j’ai assez de provisions et de tout, du pain congelé, nous tiendrons ! Au fait je vous montre le stock de fers à cheval et si vous pouvez en faire quelque chose, le feu est rougi, je suis là et libre 5 jours Eva, rien que pour vous ! »

La suite de cette histoire, voilà ce qu’ils firent ensemble les 5 jours.

ka12 Des sculptures qu’elle vendit à une galerie

Et même un jeu pour les soirées d’hiver ! ka13

La suite au prochain défi (moi aussi j’ai mon feuilleton de l’été !!! (lol))

19 juillet 2014

Où un blason suffit pour rétablir l’ordre (EnlumériA)

Kaelia n’avait pas du tout apprécié la façon cavalière dont le grand chauve l’avait transbahuté jusque sur ce rafiot de malheur. Ce n’est pas qu’il avait été brutal, loin s’en faut. Il s’était même montré délicat en grimpant le long de l’échelle de bord, courtois en la déposant sur le pont. Tout échevelée et hors d’elle, elle l’avait cependant giflé comme un malpropre et il lui avait répondu par un sourire désarmant.

 

Quelques ordres brefs et on l’avait installée dans une cabine étroite mais confortable. Un peu plus tard, un bonhomme aux allures de poussah déglingué se présenta sous le nom de monsieur Mite. Il lui avait apporté du thé et quelques biscuits. Après lui avoir très aimablement demandé s’il elle n’avait besoin de rien d’autre, il avait juste eu le temps de refermer la porte à l’instant même où une lourde bible venait s’écraser contre le chambranle.

 

Au matin, Kaelia fut réveillée par une cavalcade au-dessus de sa tête et des aboiements d’adjudant-chef. À sa grande surprise, la porte de la cabine n’était pas fermée à clé. Elle sortit. L’air marin finit de la réveiller. Le soleil était déjà haut.

 

Sur le pont, les hommes d’équipage s’affairaient. On astiquait les poulies, les manilles, les coffres et les pompes. On hissait les voiles pour les affaler aussitôt juste pour voir si ça fonctionnait. Deux mousses chinois gaulés comme des asticots faméliques s’échinaient à rafistoler un canot de sauvetage délabré. Un rasta coiffé comme un saule pleureur graissait l’écubier à la louche. D’autres retendaient les gréements en grommelant et d’autres encore lessivaient le pont à grande eau sous les houspillages licencieux du quartier-maître. Pour une raison mystérieuse, ce dernier arborait une casquette surmontée d’un crabe tout frissonnant. Il passait sans arrêt sa main dessus comme pour vérifier que l’animal se tenait tranquille sur son perchoir.

 

Monsieur Mite sortit de nulle part avec un plateau chargé d’un assortiment de charcuterie, de quelques tranches de pain bis et d’une chopine de vin blanc. Devant la mine écœurée de Kaelia, il lui proposa de s’asseoir sur un banc, le temps de filer à la cambuse voir si le maître-coque ne gardait pas en réserve un morceau de brioche et un peu de café.

 

Kaelia ne se rendit pas compte tout de suite du silence qui s’était imposé sur le navire. Tous les regards étaient tournés vers elle. Les matelots, bouche bée et regard pantois, regardaient ce qu’ils croyaient sans doute être un ange tombé du ciel. Même le Crabe – Kaelia sut plus tard que c’était le surnom du quartier-maître – même le Crabe, disais-je, en avait oublié de glapir comme un putois orphelin. C’est ce moment que choisit l’autre crabe, le vrai, pour abandonner son perchoir et s’enfuir à toutes pattes.

 

Monsieur Mite revint avec une boîte de macarons et un verre de lait. Les cheveux voletant dans la brise légère, Kaelia, l’air soucieux et une main sur l’épaule, observait le littoral. À cet instant, tous ces rufians boucanés par les embruns et les vents contraires crurent entendre une cantilène céleste ruisseler dans leur cœur comme de l’eau lustrale.

 

Kaelia mordit à pleine dents dans un macaron, but une gorgée de lait. Quelques gouttes opalines perlaient sur ses lèvres. Un profond soupir s’échappa des poitrines oppressées des matelots. C’est ce moment-là que choisit le Crabe pour recommencer à brailler. Tel une Mère Michelle moustachue, il gueulait à tous les vents qu’il avait perdu son crabe et qu’il offrira la lune à qui le lui rendra.

 

Dans la foulée, les malfrats maritimes, dérangés dans leur extase mystique, entamèrent la cantate numéro neuf en si bémol galvanisé du chœur des Beuglants de Braillaville. Un grand escogriffe dépenaillé se mit à battre du sabot comme un diable à la saint Guy afin sans doute de couvrir les décibels qui pulsaient de la grande gueule du quartier-maître. Un perroquet perché sur le gaillard d’avant proclama d’une voix de crécelle qu’une mutinerie se préparait.

 

Ce fut ce moment-là que le capitaine choisit pour sortir de sa cabine. Il était excédé et les quelques verres d’hydromel qu’il avait bu ne lui inspirait pas la bienveillance.

— MAIS PAR LA BARBE DU PROPHETE, QU’EST-CE QUE C’EST QUE CE BAROUF ?

Barouf ? Vous avez dit barouf ? Mais que nenni, monsieur. Les braiements, les croassements, les glapissements et les hennissements de la racaille navale montèrent encore en puissance au grand désespoir de monsieur Mite qui tentait vainement de rétablir le calme. On venait de les réveiller d’un songe merveilleux et le cœur d’enfant qui sommeillait sous la carcasse crasseuse de chaque individu composant cette faune interlope se révoltait.

 

C’est précisément ce moment que choisit Kaelia pour se lever. Elle fit quelque pas vers les pirates, au passage elle ébouriffa la tignasse blanche du capitaine, se baissa pour caresser le petit crabe tout frissonnant qui était revenu pour voir ce qu’il se passait et murmura :

D'azur à trois fers à cheval d'argent cloués du même.

Un silence de plomb dégringola sur l’assemblée. Le quartier-maître ramassa son crabe et le remit benoitement sur sa casquette. Monsieur Mite reprit son souffle. Le capitaine se recoiffa puis demanda :

— Pardonnez-moi, madame, mais qu’avez-vous dit ?

— Oui, qu’avez-vous dit, fit le chœur.

Kaelia, avec un sourire mi-figue mi-raisin répéta :

D'azur à trois fers à cheval d'argent cloués du même.

Le capitaine l’observait de l’air éberlué du communiste entrevoyant les jupons de la Vierge Marie. Il balbutia :

— Mais… Ce sont les armoiries du Teilleul que vous décrivez-là.

— Oui, monsieur.

Le Teilleul, en Normandie.

— Assurément monsieur. J’y suis née. Et cette petite formule m’a toujours porté chance.

— Vous y êtes née ?

Kaelia haussa les épaules. Elles étaient si belles, ses épaules d’albâtre, si laiteuses, que les pirates, tout confits d’émotion, se pâmaient sous le soleil du matin comme des bigotes devant la grotte de Lourdes.

Elle toisa le capitaine.

— J’y suis née, et alors ? Qu’est-ce que ça a d’exceptionnel ?

— C’est que j’y suis né moi aussi. On m’a baptisé à l’église Saint-Patrice. Ça c’est fort de café, alors. Si on m’avait dit ça hier soir, je n’y aurais jamais cru. Par la barbe du proph…

— Ah, oui, tiens ! coupa Kaelia. Parlons-en d’hier soir. Qu’est-ce que je fiche sur cette coque de noix, avec cette bande de… de branleurs ? Non, mais vous allez me répondre ou quoi. Et Damien ? Il est où, Damien ?

Le capitaine se tripotait la barbe, nerveux soudain.

— Comment ça Damien ? Qu’est-ce que vous me chantez là ? Je ne connais qu’un seul Damien et c’est…

— Votre neveu, vieille andouille !

Le capitaine se renfrogna.

— Bon, je crois qu’il vaut mieux que vous veniez dans ma cabine. Cette bande de crétins surexcités n’a pas besoin d’entendre ce que j’ai à vous dire.

— Surexcités ? Pas tous. Le barbu là-bas, près du mât, qui répare son vélo. Il est bien calme pour un excité. C’est qui exactement ?

— Qu’est-ce que vous voulez que j’en sache, moi. Ici, le personnel, ça va ça vient. Suivez-moi, je vous dis. Monsieur Mite ! Ne vous avais-je pas dit de me foutre ce vélo par-dessus bord ?

— Mais je l’ai fait, capitaine.

— Vous vous foutez de moi et lui alors.

Il désigna le centre du bateau.

— Qui lui ? Quoi ?

— Le barbu là-bas avec le vél…

Au pied du grand mât, il n’y avait ni vélo ni personne. Dessus, quelqu’un avait cloué trois fers à cheval.*

 

Et c’est le moment que je choisis pour vous donner rendez-vous au prochain épisode.

 

 

* Les marins écossais fixaient, sur le grand mât, un fer à cheval pour apaiser les tempêtes et éviter la guigne.

 

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