La marchande de BONHEUR (KatyL)
J’adore ma boutique arrangée avec goût, on y trouve de tout, du bonheur en paillettes pour en jeter plein les yeux de ceux qui ont perdu cette étincelle au fond du regard, du plaisir à donner pour des nuits sans fin à des gens qui passent des nuits blanches à ruminer leurs défaites, des délices pour papilles qui ont trop fumé et qui ne savent plus la douceur des choses, des fleurs odoriférantes qui répandent un parfum si exceptionnel pour ceux dont le nez a perdu toute sensibilité , des crèmes de jouvence au bleuet, des poudres à rendre un homme (avachi par des années de football à la télé) fou de sa femme au point qu’elle croira avoir à faire à Apollon lui-même descendu de l’Olympe pour la combler d’amour.
J’ai mis toutes ces poudres dans des flacons anciens aux couleurs si belles.
Ah ! j’en étais là dans mes pensées caressant mon chat noir, lorsqu’elle a ouvert la porte de ma boutique.
Mademoiselle Barbara Zemotte n’était pas petite (comme son nom ne l’indique pas) mais juste dans la moyenne, presque laide, car mal fagotée jogging et gros baskets !! et la coiffure !! Une passe partout ! Et c’était bien là son drame, pensez donc dans une société où la beauté est critère à tous les coins de rues !
Elle entra timidement et me dit de sa voix cassée.
-« Bonjour Madame Vénus, je suis venue dans votre boutique de magie car il parait que vous connaissez tous les secrets du bonheur et que pour chaque cas vous trouvez la solution. »
-« quel est votre souci majeur Barbara vous permettez que je vous prénomme Barbara depuis le temps que je vous vois passer devant ma boutique sans jamais en ouvrir la porte, j’ai demandé à notre voisin Tartan Pion qui vous étiez et il m’a tout dit de vous, alors que désirez-vous Barbara ? »
-« voilà, je voudrais être jolie, être désirée et être aimée par un homme qui ne me regarde pas et que j’aime en secret, que pouvez-vous faire pour moi ? »
-« tout mon enfant je peux tout si vous suivez mes conseils à la lettre, ici c’est un magasin de magie
Je suis magicienne et j’offre du Bonheur mais il faut le chercher ce bonheur ça ne vient pas tout seul »
-« je suivrai tout ce que vous me direz dit-elle en reniflant dans un mouchoir déjà bien froissé ! »
-« asseyez-vous là, déjà vos cheveux il faut faire quelque chose, cette coiffure à la brosse avec une couleur grisaille ! On va commencer par la tête, avalez cette poudre de blond vénitien recueillie sur les toits de Venise avec un grand verre d’eau ! »
Elle but et au bout de 5 mn ses cheveux se mirent à pousser dans un reflet de champ de blés en été c’en était un enchantement, du coup tout son visage se détendit et elle rajeunit de 10 ans !
Barbara lui dit merci avec ses grands yeux tout embués de reconnaissance.
Maintenant passons à vos habits , elle alla fouiller dans une grande malle à trésors où elle avait des robes à couper le souffle du plus mufle et du plus imbécile d’homme qui ne veut rien voir, et elle étala une robe rose de taffetas avec des petites fleurs en ruban cousues au bord de l’ourlet avec une délicatesse digne d’une petite main de chez « DOIR », des chaussures à talons assortis, un jupon en tulle pour ébouriffer la tenue, des rubans dans les cheveux, Barbara était transformée.
Mais ce n’était pas tout il fallait s’attaquer à l’état d’esprit il fallait qu’elle se voit belle, qu’elle y croie et surtout qu’elle sache émoustiller ce godelureau dont elle était amoureuse, d’ailleurs Vénus s’occuperait de ce Monsieur plus tard !
Elle lui versa au creux de l’épaule là ou des saillies si féminines ne peuvent que toucher le cœur des plus irréductibles, une lotion d’eau de violette de sa composition qui devait rendre Barbara enfin sûre d’elle, et faire succomber le nigaud.
Aussitôt la lotion coulante entre les seins charnus de Barbara elle sentit un frisson inconnu lui parcourir le ventre, sa tête se mit à lui raconter des choses que les oreilles chastes ne peuvent entendre sans en rougir de plaisir.
Vénus s’approcha et vit que ses lotions et ingrédients faisaient leur effet, les yeux de Barbara étaient devenus des paillettes et ses joues devinrent roses comme une corolle qui s’étire au jardin des amours, et dont les lèvres gonflèrent dans un frémissement divin qui reçoit le baiser.
-« bon ce n’est pas tout ma petite Barbara il va falloir que votre Monsieur au fait comment se prénomme-t-il ? Il me faut son prénom pour faire agir mes potions sur lui, avez-vous une photo de lui ?
-« oui la voici il s’appelle Achille ! »
Vénus prit la photo entre ses mains elle le trouvait bien falot et entreprit de faire un travail assez poussé sur cette image, elle émit quelques sons aigus et chanta la barcarole à l’envers histoire de réveiller le terne personnage qu’elle avait sous les yeux, et comme par magie la photographie renvoya un Achille sûr de lui souriant et bellâtre.
Barbara en était toute émue comme une jeune jouvencelle qui se rend au bal un samedi soir.
Vénus lui dit de mettre cette photo dans son corsage tout près de son cœur et de réciter en rentrant chez elle une poésie de Ronsard, puis elle donna à Barbara des gélules de sa composition contenant gingembre et ginseng, paprika et poivre vert, et autres plantes dont elle avait le secret et qui devaient redonner vigueur à ce piètre amoureux, elle recommanda à Barbara d’aller le voir ce soir prétextant de lui demander un livre de Stephen KING et tandis qu’il la ferait entrer et lui demanderait si elle veut boire un verre, de lui verser ces poudres dans le sien sans qu’il s’en aperçoive.
Ce qui fut dit fut fait.
Barbara maintenant déambule aux bras de son Adonis d’Achille qui fait le paon tout fier d’avoir cette donzelle si chaude et voluptueuse à son bras, étonné de ses propres prouesses !
Et ils coulèrent des nuits heureuses à rendre jaloux cupidon, et tous les siens, grâce à Melle Vénus et sa boutique de magie.
Moralité : si vous voyez une boutique de magie ! ENTREZ et demandez la marchande de bonheur!!!