Participation de Mamido
Une rose a percé la pierre de la neige. Puis elle a frappé à ma porte. C’était tôt ce matin. L’aube rosissait à peine la longue nuit de l’hiver. La robe en haillon de la pauvrette était raide et mouillée. Rien d’autre pour la protéger de la froidure qu’un capuchon de laine mitée sur ses cheveux givrés.
Une rose a percé la pierre de l’hiver. Ce matin. Malgré sa triste allure, je l’ai laissée entrer. Dans le ciel, chevaux blancs des cortèges lancés au triple galop, la bourrasque a bien tenté de s’engouffrer à sa suite. Mais je lui ai fermé la porte au nez. Hennissements et ruades, claquements de fouet ! De se sentir ainsi évincée, ivre de colère, elle a longtemps ébranlé les murs de ma chaumière. La demeure est solide, elle est restée dehors.
Une fois à l’abri, j’ai ôté à la rose son capuchon de laine et l’ai accompagné près du feu pétillant. Sous l’effet de la chaleur, effaçant peu à peu sa couronne de reine, le givre a quitté sa chevelure, fondant sur le parquet.
Ce matin, une rose a percé la pierre de la neige.
Ce matin, une rose a percé la pierre de mon cœur.
Rive de Gier, le 24 Mai 2014.