Nos Feuillantines

 

Cousins, sœurette et moi, nous étions tout enfants.
Grand-maman disait: "Jouez, mais je défends
Qu'on arrache les feuilles de mon beau chèvrefeuille!"


J'étais l'aînée et je veillais sur les petits
Sous le feuillage du verger, l'après-midi,
Quand les abeilles fouillaient les trèfles à quatre feuilles.


Le matin, Mamie étalait la pâte feuilletée

Pour les tartes du déjeuner et du goûter

Ou sortait une recette de son grand portefeuille.


Le repas fini, elle prenait sa feuille de chou,

Cherchait feuilleton et funérailles de chez nous

Et nous lisait tout haut comment la vie s'effeuille.


Dans la vieille salle de classe qui fut salle de jeux,
Nous feuilletions les livres couverts de papier bleu

Et dessinions le monde sur rames et mains de feuilles.


Sous l'appentis-cabane, du matin jusqu'au soir,

Comme feuilles d'automne, s'envolaient nos histoires

Et nous jouions des heures à ciseaux-pierre-feuille!

 

Vrais héros des feuillets d'un nouveau "Clan des Sept",

Nous imaginions de savantes recettes

De soupe de terre fine, de cailloux et de feuilles.


A Noël, quand les froids flocons tombaient sans bruit,

On tremblait comme des feuilles en attendant minuit,

En faisant la fête autour de l'arbre sans feuilles.


Pour Hugo, le bonheur fut aux Feuillantines.

Pour nous, ce fut sous les feuillus de la colline.

Dites-le bien à ceux qui sont durs de la feuille!

 

Ep'

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