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Le défi du samedi
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26 avril 2014

Défi #296

Musique MAESTRO !!!

♪ ♫ ♪ ♫ ♪

Chef d'orchesstre

A vous de nous donner le "LA" chers amis défiants !

Envoyez vos partitions à

samedidefi@gmail.com

A tout bientôt !

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26 avril 2014

Ont trouvé leur excentrique

26 avril 2014

Monsieur Singulier (Ristretto)


Monsieur Singulier n'était pas comme tout le monde, vous vous en doutez bien.
Pourquoi diable faudrait il ressembler à son voisin de palier ?
D'ailleurs sur son palier ne vivait qu'une veuve d'officier de marine passablement acariâtre – aucun intérêt.
Dans cette petite ville de province, par un consensus séculaire, la population affichait grise mine ce qui avait pour effet de la fondre dans le décor.
Toutefois, on pouvait relever trois sortes de catégories : les Gris-caméléon, les Bleu-marine qui semblaient oublier que La Royale ne régnait plus vraiment sur les quais, et comme dans de nombreuses autres contrées les Tendances s'ingéniant à singer les photos de magasines en portant des tenues tout aussi inadéquates et uniformisées qu'onéreuses.
Monsieur Singulier n'en avait cure.
La mode ne le préoccupait pas plus que sa dernière chemise. Chemises qu'il portait toujours avec cravate – il en avait une collection impressionnante et imprimée – et bien souvent sous son veston, portait-il encore une paire de bretelles à l'ancienne mais efficace.
Ses tenues, quoiqu'elles aient pu paraître conventionnelles – de loin- surprenaient par la pointe d'originalité qu'il savait y ajouter – tout comme un chef cuisinier métamorphose un plat traditionnel par l'adjonction d'un ingrédient inattendu, savoureux au point que nos papilles surprises en restent bouche bée.
Une chose est sûre, M. Singulier était coquet.
Portant un soin tout particulier à sa chevelure, il n'hésitait pas à faire usage d'artifice que la gente féminine utilise couramment, à savoir la teinture.
Arborant fièrement une toison rousse, des tenues originales, quelques bijoux de bon goût, un visage rieur, il apparaissait alors comme un spécimen rare dans la grise ville.
Les jours sans – oui, ces jours où aucune obligation contraignante vous jette au dehors- il trainaillait vêtu d'un peignoir antédiluvien, en privé le confort lui était primordial.
N'allez pas croire que M. Singulier était coupé du monde et des avancées technologiques.
Au contraire, il se passionnait pour tous les équipements électroniques divers, variés, plus ou moins sophistiqués, plus ou moins fonctionnels, voire plus ou moins inutiles.
Son salon-bureau-salle à manger-et autres fonctions était rempli comme un oeuf – qu'il aimait d'ailleurs au plat et arrosé de sauce piquante
Collectionneur dans l'âme, on pouvait dénombrer pas moins de cinq paires de lunettes, autant de téléphones portables, de nombreuses montres l'une affichant l'heure de Rio de Janeiro l'autre testée pour la plongée sous marine en conditions extrêmes (loisir qu'il ne pratiquait pas), divers briquets farfelus (certains tenant plus du couteau suisse que de l'accessoire du parfait fumeur) qu'il conservait bien qu'il eut cessé de fumer, des télécommandes de tous types pour des types d'appareils tels que chaine hifi, radios, télévision, ordinateurs, mixeurs et autres tourniquettes comme disait Boris.
Cette pièce était sa pièce, son univers.
Le reste de l'appartement n'avait qu'un rôle pratique . Une chambre simple et dépouillée, un salle d'eau utilitaire, une autre chambre faisant tour à tour office de lingerie, atelier, ou salle de sport les jours de grandes décisions (vous savez celles de début d'année)
Toutefois la cuisine avait son importance. Il y concoctait de nombreux petits plats qui arrondissaient inévitablement son tour de taille, mais qui lui apportaient tant de plaisir qu'il eut été hors de question de s'en passer.
 
Donc dans Sa pièce, là, qu'il soit las ou d'humeur guillerette, Monsieur Singulier vivait.
 
...
M.Singulier vivait sans tambour ni trompette, pourtant il était mélomane.
Tous les matins, à l'heure où les braves gens dorment encore d'un sommeil juste et profond – à vrai dire je ne sais ce que cela représente ayant pour ma part le sommeil plutôt léger et approximatif – à l'heure disais-je où les derniers fêtards tentent de rentrer chez eux sans GPS, lorsque les livreurs de journaux croisent les renards urbains ( oui, les renards se sont très bien adaptés à la ville et n'hésitent plus à marauder dans nos cités, mais là n'est pas le propos) M. Singulier, ayant depuis belle lurette avalé un café soluble, s'asseyait droit comme un i au milieu de Sa pièce devant le clavier et composait des sonates.
Depuis que sa voisine Mme Veuve Bleu-Marine lui avait intenté un procès pour tapage nocturne, il s'était équipé d'un casque hifi et d'un avocat dont les conseils étaient inversement proportionnels aux honoraires comme tout homme de loi qui se respecte.
Un vingt neuf février, il avait commencé à écrire une symphonie. Il ne reprenait cette partition que les années bissextiles.
Il vouait aux années bissextiles un culte inconsidéré.
Cette étrange vénération lui était venue à dix ans, un matin d'hiver – relativement ensoleillé d'ailleurs- quand l'institutrice remplaçante toute fraiche émoulue de l'Ecole Normale tout autant que fraichement moulée dans une jupe en jersey, lui avait demandé d'écrire ce mot sur le tableau noir. Le petit Singulier avait eu une révélation soudaine, et quelque peu inopinée, de l'effet concomitant du vocabulaire aux sonorités sifflantes et du jersey soyeux qu'il suivait jusqu'à l'estrade.
Depuis ce jour, il avait trois passions : les années bissextiles, le jersey et les bas de dos féminins – ou si vous préférez les fesses, les popotins, les lunes, les miches et j'en passe.
Pour en revenir à nos moutons, non pas ceux qui attendent sagement sous l'armoire héritée de la grand mère de Normandie, la symphonie – pour l'instant inachevée- magnifiait ce moment d'extase et aussi les textiles modernes.
Pour l'ordinaire, les sonates faisaient l'affaire.
A dix heures tapantes, M. Singulier , profitant que ce fut l'heure de l'aspirateur chez sa voisine de palier, et l'heure de l'essorage 1200 tours chez la voisine du dessus, écoutait sa création en stéréo ( cash, ce n'est pas Eddy) . Pour cette diffusion, il prenait place dans le fauteuil comme s'il eut été spectateur dans une salle de concert. Il applaudissait à tout rompre, puis allait faire sa toilette.
...
Ne vous attendez pas à ce que je vous décrive la toilette de M. Singulier. Rien de bien original, il se lavait comme tout le monde, enfin comme tout un chacun équipé d'une salle de bains classique sous nos latitudes – eau chaude eau froide et tutti cuanti.
Bien sûr, il y a mille façons de pratiquer les ablutions du matin. Certains, les plus téméraires, se frictionnent énergiquement sous une douche à basse température, d'autres plongent dans un bain moussant, et quelques anonymes préfèrent la toilette de chat - mais ceux là restent muets comme des carpes sur le sujet.
La matinée de M. Singulier se poursuivaient invariablement par les emplettes de victuailles.
Comme je vous le disais au début de cette histoire – « M. Singulier , part one », cherchez l'alinéa vous même, merci – cuisiner était un des plaisirs incontournables de ce monsieur.
Les halles, les marchés et même dans une moindre mesure les « superettes », enthousiasmaient M. Singulier.
Choisir les légumes, les tâter, les caresser, les soupeser, tout en laissant son regard suivre les formes arrondies, pulpeuses et appétissantes des nombreuses clientes l'entourant ( car si l'on en croit les statistiques, il y a plus de femmes à faire les courses que d'hommes sans qu'il ne soit rien dit de leur humeur à effectuer cette tache) lui procurait une riche inspiration créatrice pour les recettes qu'il inventait au retour.
L'hiver son alimentation en pâtissait, car trop souvent il choisissait les choux pommés denses et fermes sous la main.
Il dédaignait les cèleri raves trop ridés et rudes sous sa paume, carottes et poireaux se retrouvaient au fond du caddie sans aucune attention de sa part.
Heureusement les nombreuses variétés de pommes venaient agrémenter le tout.
Mais dès le printemps les plaisirs fruitiers égayaient le moment des courses.
Peau de pêche, lisses et rougissantes tomates, abricots soyeux, pastèques ou melons, il ne s'en lassait pas.
En fait, il avait depuis belle lurette appliqué le principe diététique dont on nous rabat les oreilles : manger des fruits et des légumes.
Muni de ses provisions, notre honnête homme s'en retournait chez lui sans manquer toutefois de s'arrêter au Tabac Presse du coin de la rue – hormis au mois d'aout, ce buraliste ayant pour habitude de fermer son rideau de fer et de partir quatre longues semaines se la couler douce sous le soleil, là exactement, et nulle part ailleurs.
Donc, les onze autres mois, M. Singulier achetait le quotidien local, histoire de faire comme tout le monde, et une fois par semaine un magasine féminin histoire de rien.
Comment faisait-il au mois d'aout ? Ma foi, je ne saurais le dire, car c'est aussi l'époque de mes congés et de ce fait je n'y suis pas non plus. D'ailleurs, je vous trouve un tantinet trop curieux.
En vérité, je ne sais pas tout de ce monsieur Singulier. Vous avez surement remarqué que je ne donne jamais son prénom. Simplement, parce que je ne le connais pas.
Il pourrait porter Marcel.
Si cette question vous paraît essentielle, nous pourrons en débattre à la fin du récit, et ouvrir pourquoi pas un sondage sur le sujet ; pour l'instant, l'heure est à la cuisine.
 
Mijoter, mitonner, rissoler, rôtir,
fricassée, potée, soufflé,
gratin, marinade, estouffade,
soupes et consommés
Une myriade de partitions, la cuisine et la musique , tout est affaire d'harmonie.
 
M.Singulier prenait ses repas dans Sa pièce.
Oui, à vos yeux : La Pièce Fourre Tout,
pour lui : un cocon, un port d'attache, un havre de paix,
en vérité la pièce d'un bon célibataire.
Il aurait presque pu se prénommer Alexandre.
Cela faisait quelques années que M.Singulier menait sa vie sans souci entre sonates et velouté de tomates, entre adagio et poule au pot, entre mezzo et entremets.
Rares étaient ceux qui connaissaient son parcours antérieur.
Pourtant, des aventures, des voyages, des rencontres, des amours, des désamours et tout le reste, il en avait eus. Il n'aimait pas se raconter, ou plutôt il n'aimait plus.
Il y avait eu un temps pour cela, et à l'heure actuelle ( au jour d'aujourd'hui comme le dit cette expression très agaçante qui ponctue les discours de milliers de gens très agaçants) il préférait se délecter de plaisirs simples et instantanés (et égoïstement diraient les envieux).
M.Singulier vivait en single béatement.
Nous pourrions à loisir poursuivre le portrait de M. Singulier. Parler encore de ses siestes sur canapé, de ses films préférés, de ses lubies, de ses fantasmes, de ses manies ou de ses petits et grands défauts. Mais tout cela ne nous regarde pas. Chacun a le droit à son jardin secret.
Pour vous comme pour moi, il est temps de clore ce chapitre et l'histoire singulière de M. Singulier.

26 avril 2014

Tantra (Vegas sur sarthe)

Je me trouve ordinaire, on me dit excentrique
pour moi “monter en haut” est juste un pléonasme
on dit qu'il n'y a pas de plaisir sans orgasme
je ne suis pas de bois, j'aime l'amour tantrique.
 
Le message parlait de massage Tantra
loin de toute débauche et du Kâmasûtra
il était notamment question de spirituel
mais aussi de paiement en traites mensuelles.
 
J'ai signé pour six mois... une masseuse noire
à moi le tatami, à elle les pourboires
et puis j'ai découvert le fameux “lâcher prise”
 
et la révélation... il s'appelait Maryse
les six mois sont passés, on me dit excentrique
je travaille beaucoup sur le périphérique.
 
26 avril 2014

Enervant, hein ? (Walrus)

Eccentric_animation

bielle_manivelle

 

Pourquoi, me direz-vous, nous montrer deux foix la même chose ?

Là, je vous dis "STOP !". Faudrait d'abord s'entendre sur cette chose qui serait la même.

Passons sur les détails de la représentation : couleurs, perspective, fond, vitesse, débattement. Que reste-t-il alors qui soit identique ?

La transformation d'un mouvement de rotation en mouvement de translation.

... ou l'inverse !

Les deux extrémités, somme toute, de la machine à coudre où la translation de la pointe du pied de la couturière fait tourner une roue qui transmet son mouvement à une autre au moyen d'une courroie, cette autre  en entraînant d'autres qui finissent par transformer leur rotation en mouvement de va-et-vient de l'aiguille, mais le miracle se déroule dans un carter (mais non, pas le marchand de cacahuétes) qui nous prive de ce fascinant spectacle.

Si vous vous demandiez pourquoi, dès lors que cette machinerie transforme au bout du compte un mouvement de va et vient en un autre parallèle, on n'a pas fixé directement l'aiguille au pied de la couturière, je vous répondrais que l'opération de couture se serait alors déroulée trop loin des yeux, ce qui aurait nui à la vision autant qu'au dos de l'opératrice, plus quelques détails insignifiants cachés par le carter de tout-à-l'heure, tels que l'avancement du tissu sous le pied de biche et la fourniture du contre-fil par la canette.

Tant qu'à faire, puisque nous parlons canette, prenons donc le temps d'une petit bière avant de quitter cet aparté et de reprendre le fil (si j'ose dire) de l'exposé.

La façon de réaliser la transformation d'un mouvement dans l'autre (quel que soit par ailleurs le mouvement primaire que vous pouvez aussi appeler "moteur") varie néanmoins d'un schéma à l'autre.

Considérons si vous le voulez bien les axes de rotation des deux systèmes.

Sur le premier est fixé un disque dont le centre est décalé par rapport à l'axe de rotation, cela s'appelle "un excentrique" et son pourtour constitue la base interne d'un roulement à billes dont la partie externe se trouve être la tête de la bielle (représentée en brun) qui transmet le mouvement de translation au piston.

Sur le second, un deuxième axe est fixé de manière excentrée sur un support mû par le premier, c'est sur ce second axe que vient s'articuler la tête de bielle (de couleur jaune ici) cela s'appelle "une manivelle".

Le résultat obtenu dans les deux cas est absolument identique, vous aviez raison (encore que...), et l'enchaînement mécanique parfaitement logique. Quelle excentricité, en dehors de la mienne, pourrions-nous bien trouver à tout cela ?

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26 avril 2014

Participation de Venise

On aurait dit qu’elle était allée tout droit du sarcophage au restaurant.

Et tampis  si ses molaires la faisaient souffrir, sa dentition restait un problème rustique

Qu’elle savait imposer aux autres par des rires stridents.

Elle haïssait les bigots qui jouaient au basket dans la cour de l’immeuble

Elle n’avait aucune compassion pour les basketteurs et les menaçait  de les envoyer au purgatoire.

Vous savez ce que c’est le purgatoire hurlait elle, c’est le hall d’entrée, la salle d’attente

Et vous y resterez bloquer sans jamais voir le spectacle

Elle ne cessait jamais de pontifier le rouge sans au fond des yeux et le vert vampire aux paupières transformant les gens qu’elle côtoyait en quille de bowling.

Quand elle baladait sa Porsche, elle  se remarquait  comme une orchidée dans une fosse septique .Elle était d’une inélégance habituelle.

 

26 avril 2014

Participation de Fairywen

 

La jeune femme de la forêt.

 

 

Défi 295 du samedi 19 avril 2014

 

 

Dans le village, on la disait un peu bizarre. Excentrique, même. Pour commencer, elle vivait à l’écart, dans une maisonnette toute proche de la forêt. Lorsqu’on lui demandait si elle n’avait pas peur des loups, le nuit, elle se contentait de rire et de dire que les loups avaient mieux à faire que d’assiéger sa chaumière. Et puis elle disait des choses étranges, comme par exemple qu’il ne fallait pas planter les concombres près des melons, parce qu’ils s’aimaient tellement qu’on se retrouvait avec des melons au goût de concombre. Mais jamais des concombres au goût de melon, car le vert l’emportait sur l’orange dans la hiérarchie des couleurs du potager. A d’autres moments, elle s’arrêtait près d’une fleur ou d’un arbre, et penchait la tête de côté comme si elle écoutait un interlocuteur invisible, puis riait ou répondait avec un grave sérieux. Même chose au bord de la rivière, où elle donnait l’impression d’écouter au-delà du murmure de l’onde. Dans sa maison, il y avait toujours une petite soucoupe de lait à côté d’une assiette de gâteaux et de fruits secs. Quand on lui demandait pourquoi, elle souriait d’un air indulgent, l’air de dire ʺc’est évident, voyons ! Comment peux-tu ne pas le savoir ?ʺ mais ne répondait pas. Ceci dit, tout le monde l’aimait bien. Lorsqu’elle venait au marché vendre les objets délicats qu’elle confectionnait avec des brindilles, des graines, des fleurs séchées…, tout le monde se les arrachait, car ils étaient réputés pour porter bonheur.

Et puis un jour elle disparut, comme ça, sans prévenir. Comme la moisson battait son plein, personne ne s’inquiéta vraiment. Et comme elle n’avait pas de famille, personne n’entama de recherche. Mais avec elle un peu de la joie du village s’en était allée. Ceux qui avaient acheté ses petites créations soupiraient parfois en les regardant, le cœur gros, et se disaient que peut-être ils auraient pu abandonner un peu les travaux des champs pour partir à sa recherche. A la surprise générale, l’un des guerriers du village, un beau jeune homme qui faisait se retourner toutes les filles sur son passage, avait pris l’habitude de monter chaque jour vers la chaumière de la forêt. Là, il entretenait le jardin, prenant bien garde de ne pas mélanger les concombres et les melons, et dans la maison, il veillait à remplir la soucoupe de lait et l’assiette de gâteaux. Il aurait été bien en peine d’expliquer pourquoi il agissait ainsi ; simplement, il avait de la peine à l’idée que la jolie maisonnette soit abandonnée. Et puis il sentait bien, là-haut. Il oubliait la guerre, le sang, les combats. Il y passait de plus en plus de temps, car étrangement, il ne s’y sentait jamais seul. Il s’était même mis à parler aux plantes, à la rivière, et parfois, il lui semblait entendre un rire en réponse.

Un soir, épuisé par une journée d’entraînement particulièrement pénible, il s’allongea sur les fourrures devant la cheminée et s’endormit. Et lorsqu’il s’éveilla, au milieu de la nuit, il la vit, assise auprès de lui. Surpris, il se dressa sur un coude, remarqua la présence d’une dizaine d’étranges petits personnages autour d’elle.

« Bonjour, guerrier, fit-elle doucement.

-Je suis en train de rêver, c’est ça ?

-Non. Je suis venue te remercier d’avoir pris soin de ma demeure et de mes petits amis.

-Où étais-tu ?

-J’étais là. Je t’observais.

-Tu n’es pas ce que tu sembles être, n’est-ce pas ? 

-Et je semble être quoi ?

-Une jolie fille un peu excentrique qui parle aux fleurs. Mais maintenant, je sais ce qu’il y a dans les fleurs. 

-Je suis une fée, guerrier. Comme toutes mes semblables, je suis venue dans ton monde pour chercher un compagnon, quelqu’un qui verrait au-delà des apparences. Lorsque je me suis effacée de la vue des villageois, tu es venu ici. Sans savoir pourquoi, tu as pris soin de mon jardin dans le respect de mes croyances, et tu n’as pas oublié de donner à manger aux petits êtres qui vivent avec moi.

-Moi, un guerrier, je pourrais être le compagnon d’une fée ? Moi qui vit les armes à la main et qui me suis forgé dans la guerre et le sang ?

-Toi qui a gardé un cœur assez grand pour prêter attention à une fille en apparence un peu folle qui raconte qu’il ne faut pas planter les concombres à côté des melons parce qu’ils s’aiment trop, le corrigea-t-elle. »

Le lendemain, la maison avait disparu, de même que le souvenir de la fée et du guerrier. Ne restait que ces petits porte-bonheurs qui se transmirent précieusement de génération en génération, et qui chez les plus sensibles faisaient naître l’image d’une jolie jeune femme un peu étrange qui parlait aux fleurs et aux oiseaux.

Quant au guerrier, il ne regretta jamais d’avoir traversé le voile vers le pays des fées.

 

Défi 295 du samedi 19 avril 2014

 

 

26 avril 2014

Portrait d'un excentrique (par joye)

Portrait d'un excentrique

C'est toi ou moi

Ou n'importe qui

Qu'on veut exclure

Du groupe,

L'excentrique

Qui ne fait pas partie

De ce qu'on appelle

Nous les autres.

26 avril 2014

Portrait d'une excentrique (bongopinot)

Tu étais une dame extravagante

jusqu'au bout de tes mains gantées,

Extra, comme une vague qui hante

Les surfeurs glissants sur une vague tant rêvée.

 

En somme, un curieux personnage,

Héritage d'histoires inusitées.

Aujourd'hui je veux te rendre hommage

A toi, l'amuseuse pas toujours amusée                                           

bo01

 Ton look un peu loufoque, Dame formidable.

Pour les autres, tes tenues étaient bizarres,

Tes chapeaux avaient des allures improbables

Et tes chaussures clignotaient tel un phare.

bo02                                                        

Pour vivre ainsi à la campagne, dans un petit village

Où les gens de peu, t'appelaient : La  marginale

Où on t'ignorait et te dévisageait ! "quel dommage"

A ton passage les gens, se moquaient, et, un jour pour toi ce fût fatal

 

Pourtant à mes yeux, moi, qui étais ton contraire

Tu étais l'odyssée d'une rencontre étonnante

A chaque fête, à chacun de tes anniversaires,

Je venais passer une journée avec toi, tu étais si aimante,

 

Tendre, un peu naïve, si chaleureuse,

Originale, un peu déjantée , aimant le chant lyrique   

Et un jour tu t'es envolée la vie sans toi est douloureuse

Tu me manqueras belle marquise  "Ma Dame Excentrique"

 

Auprès de toi, j'ai tant appris,

Sur moi, sur les autres.

Sur ce qui fait la vie,

Sur l'amitié... la notre !

 

ADIEU MA BELLE EXCENTRIQUE

 

26 avril 2014

L’excentrique (EnlumériA)

Mesdames et Messieurs les jurés, c’est avec la plus grande consternation que j’ai étudié le cas qui nous préoccupe aujourd’hui. En effet, l’homme qui se tient dans le box des accusés est un déviant de la pire espèce. Déjà, permettez-moi de vous faire l’observation suivante : un individu vêtu d’une telle manière vous inspirerait-il confiance s’il sonnait à votre porte ? Moi pas ! Voyez-moi cet accoutrement. Une chemise blanche recouverte d’un gilet. Une écharpe écrue. Un pantalon noir ! Non, vous ne rêvez pas Mesdames et Messieurs les jurés. Cet homme ose porter un pantalon noir à notre époque chatoyante et pailletée. Je passerai sur cette barbe qui démontre sans aucun doute les penchants terroristes de cet oiseau de mauvaise augure ici présent. Petite parenthèse coquine pour ces dames, ce voyou n’est pas épilé non plus. Bref !

Comment est-il possible à une personne normalement constituée de renier les principes fondamentaux de notre beau pays, patrie des droits de l’homme et du consommateur ? Il parait qu’il ne regarde pas la télévision. D’ailleurs, il n’en possède même pas. Alors quelqu’un pourrait-il m’expliquer comment, dans ces conditions, il est possible de se tenir informé des dernières tendances ?

Lui-même ne répond pas. Est-ce de la honte ou du mépris ? Je pencherais, Mesdames et Messieurs les jurés, pour la seconde affirmation. Mais permettez-moi, si vous me pardonnez l’expression, d’enfoncer le clou.

Car voici… cet homme, eh oui, cet homme, ne possède pas le dernier Iphone 27 G préconisé par le Ministère de la Communication ; il n’a pas de tablette non plus du reste, donc aucun accès à la publicité ni aux Médias. Navrant ! Est-il besoin de préciser qu’il n’écoute pas non plus Plastic Boy, notre vénéré chanteur officiel, cette star adulée par tous les citoyens prompts à respecter les recommandations culturelles de la télévision d’état. Savez-vous donc jusqu’où ce dégénéré pousse sa turpitude ? Il écoute – sur un électrophone obsolète, non ne riez pas – il écoute Mozart, Jimi Hendrix, Miles Davis et je ne sais quelles autres inepties complètement dépassées. Me croiriez-vous si je vous disais que la Police psychologique a découvert chez cet homme-là – Oh ! Ma bouche peine à prononcer ces mots – des livres. Oui ! Mesdames et Messieurs les jurés, des livres en papier. Ce criminel, non content de se vautrer dans l’obscurantisme le plus fanatique, pollue son esprit avec des auteurs comme Gabriel Garcia Marquez, Steinbeck ou Dostoïevski.

Vous ! Oui, vous ! Que je pointe de mon doigt vengeur. La presse people ne suffit-elle pas à vous apporter toutes les informations nécessaires à votre enrichissement culturel ?

Ecce homo ! Voici l’homme, Mesdames et Messieurs les jurés. Je ne noircirai pas le tableau en ajoutant que la créature abjecte qui comparait devant-vous aujourd’hui n’est même pas un consommateur averti. Son argument ? Il n’a pas les moyens. Vous m’en direz tant ! Les sociétés de crédit sont-elles faites pour les chiens ?

Non ! Croyez-moi, Mesdames et Messieurs les jurés ! Contre ce redoutable excentrique, seule la plus extrême sévérité est admise. Je requiers donc quinze ans d’internement assorti d’une peine de sûreté de dix ans dans un établissement de rééducation psychiatrique. Je vous remercie de votre attention.

26 avril 2014

Mes débuts dans l'existence : lipogramme en c cédille (Joe Krapov)

Cette Vénus, là, dans la vitrine, ce n’est pas une vanité. Mais c’est aussi violent. Pour un peu, à sa vue, Violette vacillerait. La vache ! A quelle vitesse la vie va ! Quel voyage spatio-temporel en vérité !

Car c’est bien elle qui est représentée, pratiquement nue, de dos, en train de regarder via le miroir sans tain ce qui se passe dans la chambre d’à côté. C’est elle, dans un bordel de la rue Chabanais, à l’époque où, toute jeune encore, elle vivait de ses charmes. Ce client-là, elle s’en souvient, était un drôle d’excentrique. Un rapin, comme on disait alors, un peintre à veste en velours verte, chapeau rond et lavallière. Il avait monnayé avec la sous-maîtresse, au tarif de plusieurs passes, le droit de remplacer la partie de jambes en l’air par deux ou trois séances de pose dans ce décor particulier. Un comportement peu académique en vérité, mais quand il paie, le client est roi. En même temps, bon camarade, peu exigeant, même pas émoustillé, tout appliqué à donner des coups de pinceau pour peindre une femme à poil par-dessus la vieille croûte.

 

AEV 2014 04 22 Doisneau regard oblique II

 

Car à l’issue de la première séance Violette avait demandé à voir la tournure que prenait le chef-d’œuvre. L’homme avait souri et lui avait dit de s’approcher. Elle avait surtout regardé son fessier, qu’elle n’imaginait pas aussi charnu et elle avait noté que le peintre à lavallière n’avait pas posé une toile vierge sur son châssis pour peindre le sien mais qu’il peignait par-dessus une autre toile.

Aujourd’hui, elle ne se souvient plus de ce que représentait le tableau original. Tant de temps avait passé, elle avait vampé tant de voyous et de voyeurs avant de décrocher et de se ranger des voitures une fois qu’elle eut rencontré Victor. Hélas, ce militaire va-t-en-guerre, rencontré au lendemain de la première guerre mondiale, n’était pas revenu vivant de la seconde. A la fin de cette grande vadrouille, Violette était devenue pour tout le quartier « la veuve du colonel ».

Fort heureusement pour elle il avait du bien, n’avait pas beaucoup de famille et ils avaient validé leur union en passant devant monsieur le maire. Elle avait donc hérité de son grand appartement et de toutes ses valeurs.

Elle resta bien cinq longues minutes à visionner encore le nu aux bas bleus, à repenser au peintre à veste verte, à ouvrir des mirettes vertigineusement admiratives devant cette « Chute des reins près du rocher de la Lorelei, anonyme, 1919 » puis elle sortit de sa torpeur et entra dans la boutique, faisant retentir un carillon assourdissant. Il y avait là un client avec une casquette et un appareil photographique, un petit gars à tête de titi parisien, visiblement gêné de la voir surgir, comme pris en faute. Le vendeur délaissa le jeune homme et s’approcha d’elle.

- Que puis-je pour votre service, madame ?
- Le tableau, là, dans la vitrine… Vous le vendez combien ?
- Trois cent cinquante mille francs.
- Je le prends. Vous trouverez mes coordonnées sur cette carte.

Elle lui tendit une carte de visite sur laquelle on pouvait lire « Mme la colonelle Violette Lavictoire, 6, rue Vavin, Paris 6e arrt ». De son sac à main, elle sortit la somme en liquide et régla l’antiquaire.

- Vous me le ferez livrer cet après-midi par ce charmant monsieur qui doit être votre coursier, j’imagine !"

Elle examina le jeune gars de pied en cap et lui dit :

- Il va falloir vous remplumer, mon moineau ! La guerre est finie et j’aime les jeunes gens bien en chair !"

Elle prit congé là-dessus. Le carillon rejoua son « Concerto en raie des fesses majeure pour quelque chose qui cloche, une porte et un soupir».
Le soupir de soulagement, ce fut le photographe cachottier du « Regard oblique » qui l’interpréta. Ce n’était autre que Robert Doisneau.

 

AEV 2014 04 22 FIN

 

Oui, l’histoire s’arrête là.

Oui, je devine que cela vous dérange.

Oui, je me doute bien que cela vous démange.

Oui, je sens bien que vous voudriez savoir ce que la colonelle a fait ou aurait pu faire de ce tableau.

 

Elle aurait pu, précédant en cela Jacques Lacan, installer son portrait derrière un rideau noir pour se réjouir de sa contemplation dans ces moments de solitude où l’on a besoin de s’adonner au narcissisme et où l’on a plaisir à se dire  : « Je possède « L’origine de monde » de Courbet » ou « C’est moi qui ai eu le plus beau derrière de Paris ! ».

Elle aurait pu aussi y mettre le feu pour que personne n’apprenne jamais, parmi ses amies du directoire de l’Institution des demoiselles de la Légion d’honneur, les circonstances dans lesquelles elle avait connu feu le colonel qui aimait à se faire fouetter par une femme à bas bleus comme était sa maman.

Elle aurait pu faire appel à un détective privé, lui expliquer que « là-dessous, voyez-vous, il y a une autre toile et j’aimerais bien que vous me disiez si, en 1918, il n’y a pas eu un vol de tableau important, une toile de grand maître qu’on aurait dérobée et jamais retrouvée depuis. Et si vous pouvez faire expertiser la toile par un expert du Louvre… ».

Oui, certes elle aurait pu faire cela. Et l’expert aurait découvert…

…tout comme moi…

… qu’il est 19 h 59, que la séance d’atelier d’écriture de Villejean est terminée et que je dois poser mon stylo pour lire mon texte puis écouter ravi la lecture de ceux des autres ! Et ces autres, dites-vous bien que je ne veux pas savoir comment elles ont débuté dans la vie ! Si je l’apprenais, comme tout ce texte est un lipogramme en « c cédille », je crois que je serais décu !

26 avril 2014

Les chaussettes Bexley (Pascal)


Prologue.

Si l’ennui naquit un jour de l’uniformité, savante, la Nature a doté l’humain d’un petit grain indispensable pour lui permettre de dépasser cette académique infirmité de transparence. Ainsi lesté de cette liberté inconditionnelle d’électron, son possesseur est animé de mille facéties originales, de mille caprices extravagants, de mille originalités flagrantes.
Mes amis, il vient de naître sous nos yeux : l’Excentrique.
Attention ! Nous sommes entourés d’excentriques de tout poil ! Ils rôdent, ils traînent, ils se retrouvent, ils militent, ils organisent leurs lubies, en concentrations, en champs de foire, en réunions de puristes, en collectionneurs !... Ils s’y retrouvent nombreux et, pendant quelques heures, leurs marottes se confondent avec celles des autres !...
CQFD : les excentriques au milieu d’autres excentriques de la même fantaisie pugnace sont naturellement normaux. Les effets de cette gravitation irradiante perdurent une vie durant et vont même parfois jusqu’à empirer dans des phénomènes illuminés, des comportements irrationnels, des tendances maniaques, des dérangements importants.
C’est bien connu : l’excentricité s’arrête là où commence celle des autres ; c’est pour cela qu’on enferme ceux qui ne tournent vraiment plus rond dans leur tête ou quand ils le montrent de façon trop ostentatoire !...Et nous en connaissons tous !...
Enfin, nous sommes forcément l’excentrique de l’autre puisque nous tournons tous avec des orbites différentes. Les excentriques se meuvent avec leurs points de repères secrets. Aux abscisses absconses, aux ordonnées sensationnelles, ils recalculent constamment leur trajectoire dans ce monde hostile. Mais il y en a d’autres qui se cachent… Chez eux, ils s’enferment à l’abri du regard des autres. Heureux possesseurs de leur vérité, ils avancent dans la vie avec leur seul mode d’emploi.
Chut… Ouvrons doucement leur porte et observons-les un moment dans leurs comportements ordinaires… ces extraordinaires…  

Chaque année, à la période de Noël, je vais rendre visite à ma sœur et à son mari. Après quelques heures de train, je les retrouve ensemble, sur le quai, les bras ouverts, et courant à ma rencontre avec une ferveur jamais feinte. Ils sont toujours aussi fringants, toujours aussi passionnés, toujours aussi enjoués et leurs cheveux blancs se mélangent aux mêmes élans, avec le même enthousiasme. Retraités depuis longtemps, ils vivent dans une superbe bâtisse dans la belle campagne strasbourgeoise.
Mon beau-frère tenait absolument à me montrer sa dernière passion. A grands frais, il avait fait installer, dans tous les recoins de sa maison, des thermostats d’ambiance à pente cyclique. C’était toute une batterie d’appareils hyper sophistiqués, disséminés dans chacune des pièces. (Pour les connaisseurs : Marque : « Jaméfroy », Type 900S, fabriqué uniquement au Bhoutan ; les bulbes en bambou sont à géométrie variable, les antennes à suspension hyper comique et le trépied en fonte Dénège, (très rare au Bhoutan) à découplage universel.) Je n’avais pas fait un pas dans le grand hall que mon beau-frère m’embarquait immanquablement dans ses explications fumeuses de courbes hyperboles, de tracés à barème incliné et de mesures hautement complexes. Selon ses dires de propriétaire, c’était pour réaliser des économies substantielles d’énergie. Amortissable en soixante ans, garantie six mois, il comptait bien rentrer dans ses frais avant 2050. A peine entré dans la maison, il a foncé sur son appareillage pour vérifier les températures centralisées sur les cadrans cruciformes…

Comme à son habitude, ma sœur a gentiment réclamé que j’enfile des chaussons pour ne pas que je raye ses parquets de bois rares. (Du pin d’épice à miette odorante) Mais je ne porte jamais mes chaussons quand je joue à l’extérieur !... Elle le sait bien, ma sœur, depuis le temps !... Mais elle insiste, à chaque fois, cette chichiteuse !... C’est juste pour me faire enrager qu’elle demande !... Chaque année, c’est pareil ! Quand je ne suis pas chez moi, je garde mes chaussures ! Merde !... Mais non, je ne me balade pas en chaussettes, non plus !... Ce sont des Bexley ! Elles viennent spécialement d’Ecosse par avion !... Elle devrait le savoir, ma sœur, puisque c’est elle qui m’en fait cadeau chaque année, à Noël !... Merde !...

Tout à coup, mon beauf a réclamé le silence au désordre de notre coutumière dispute de retrouvailles… Il semblait bouleversé, le golden boy à la retraite de chez UBS ; quelque chose d’extraordinaire se passait. Je suis allé à la fenêtre pour voir si un OVNI n’avait pas niché dans son allée de troènes. Son or en stock s’était-il soudain transformé en plomb ?... Mais non, c’était bien plus grave… Même ma sœur s’est décomposée à la vue de son mari tellement catastrophé. Livide, il est quand même arrivé à articuler ces quelques mots d’anthologie, restés depuis dans les annales de la maison…  

« Chéri, il y a 22 degrés 12, dans la cuisine… »

Ma sœur, n’écoutant que son courage, a foncé jusque dans la pièce incriminée… Son mari lui lançait ses ordres en gueulant…

« Tire le volet !... »

Là-bas, dans la cuisine, ça claquait, ça fermait, ça tremblait, ça pleurait… Puis j’ai entendu la fragile voix de ma sœur demander…

« Alors ?... »

« 22 degrés 01 !... » hurla mon beauf, collé devant les hublots de ses équipements. Entre deux apnées, il tapotait fébrilement sur les vitres des pressostats à modérateurs juxtaposés, oui, les  fluctuants à structure basifuge …

« Dis, beau-frère, ça va exploser ?... » Vaguement inquiet, avec mes chaussures en alligator dressé, j’avais l’air d’un touriste égaré, à la ferme des crocodiles, devant la centrale de Tricastin… J’insistais…

« J’appelle les pompiers ?... Le docteur House ?... Les frères Bogdanov ?...  Cousteau ?... Noé ?... Dieu ?...  »

Insensible à mes sarcasmes,  il criait à sa femme un compte à rebours implacable…

« 21 degrés 68 !... »

J’avais l’impression de faire surface d’un voyage de sous-marin fou…
Toujours à l’immersion périscopique, mon capitaine-beauf a gueulé d’autres ordres péremptoires au compartiment de l’office…

« Arrête le lave-vaisselle, positionne la VMC sur maxi, mets en courant d’air avec la porte de la cave, non, mieux ! Avec celle du frigo !... »

Dans la cuisine, j’entendais distinctement tous les agissements enfiévrés de ma soeur, perpétrés avec l’énergie d’un réel accablement. Quand j’ai voulu l’aider, à ses tâches et à ses manœuvres, mon beauf m’a retenu par le bras comme si l’issue était déjà inéluctable. Son regard était triste, il serrait un piètre sourire entre ses lèvres comme pour s’empêcher de pleurer…

« Alors ?... » tenta timidement ma sœur…  

« 20 degrés 51 !... » ne put-il que râler, au bout de son souffle de désespéré…

« C’est l’heure de l’apéro !... » dis-je en claquant la langue dans mon palais. Mais ma réplique tomba à l’eau comme un glaçon sans un espoir d’une douche de Ricard…  

« Alarme !... Alarme !... 18 degrés 26, dans la chambre bleue !... »

Tout à coup, j’ai vu surgir ma sœur de la cuisine et escalader les escaliers du couloir avec une telle véhémence que j’ai cru que sa prothèse de hanche allait exploser à chaque marche, pendant cette ascension fulgurante !...  
Un instant, je me suis rappelé comment elle gravissait les escaliers, quatre à quatre, poursuivie par mon père et par une de ses torgnoles, et quand elle s’enfermait dans sa chambre à tous les tours possibles…
Mais, de la salle de pilotage, les ordres péremptoires de mon beauf fusaient avec un grand professionnalisme…

« Tire les volets, ouvre les rideaux, referme la porte de la salle de bains !… » Là-haut, c’était la conduite millimétrée des injonctions militaires lancées d’en bas… Tout à coup, un fatidique :

« 12 degrés 04, dans la cave à vins !... » tomba sèchement…

Moi, avec tous ces chauds et froids, j’aurais pris une insolation, une grippe, un coup au moral… Mais non !... Même pas essoufflée, la frangine !... Si vous aviez vu sa dégringolade des escaliers !... Une vraie Juliette allant retrouver son Roméo, au pied de sa tour, un jour de grève des ascenseurs !... Bizarrement, je l’ai trouvée jeune, ma sœur. Elle était une vraie Jeanne d’Arc exaltée, une opiniâtre combattante, sur chacun des créneaux que lui balançait son mari. Elle était zélée, courageuse, obstinée, prude, fière, utile…

« Dis donc, ce n’est pas encore tout à fait au point, ton usine à gaz !... » ne puis-je m’empêcher de balancer à mon beauf-opérator… Entre deux températures de chambre, de salon, de garage, de couloir, de wc, il m’a simplement glissé :

« Oui, le technicien revient la semaine prochaine, le courant n’est pas encore branché dans les *sondes spiroïdales ; en attendant, avec ta sœur, on s’entraîne… »  

Epilogue.

Comme chaque année, mon beauf a eu sa bouteille de pinard millésimé, ma sœur, un livre sur les plaisirs de l’escalade, avec plein d’images en couleur et moi, une paire de chaussettes montantes de chez Bexley, mes préférées, du quarante-trois, des rouges à lisérés verts, celles avec des larges franges, deux petits pompons sur les côtés et les armoiries de la Province du Faccocheare imprimées dessous. Comme chacun le sait, elle est le fief des Bexley depuis les premiers moutons en 924 avant les Beatles…  Enfin, pour son parquet, ma sœur et moi avons trouvé un consensus. Elle a ressorti mes patins, en fibre de coton écossais, ceux que j’utilise depuis si longtemps…


Pascal.


*Sonde spiroïdale : vulgairement appelée, dans le jargon des jeunes frigoristes mâles bhoutanais : boursiffleur à opercules fermés.

NB : Pour les puristes, la documentation complète de la Jaméfroy S900, dotée de tous ses composants électrophoniques, est disponible dans toutes les bonnes boutiques de chocolat glacé.

26 avril 2014

Mon petit oiseau (Nhand)

Mon petit oiseau
Dépourvu de toute plume
A la forme d’un légume
Plus long qu’arrondi,
A ce qu’on m’a dit…
Mon petit oiseau,
A défaut d’avoir des ailes,
Se coltine deux donzelles
Soir, matin, midi,
A ce qu’on m’a dit…
Mon petit oiseau,
Puisqu’il faut qu’il se soulage,
Sans voler, se fait volage,
Va, vient, s’ébaudit
(A ce qu’on m’a dit)
Dans des grottes broussailleuses
Aux promesses merveilleuses ;
Mon petit oiseau
Boit du miel, broute de l’herbe,
Sait assumer sa superbe
Quand il s’enhardit,
A ce qu’on m’a dit…
Mon petit oiseau,
S’il ne chante ni ne siffle,
Vise droit comme le riffle
D’un leste bandit,
A ce qu’on m’a dit…
Mon petit oiseau,
Pour beaucoup, c’est indéniable,
Ressemble à la queue du diable ;
Ce fin dégourdi
(A ce qu’on m’a dit)
Passe pour un excentrique
Dès qu’il se déguise en trique !
26 avril 2014

Participation de JAK

 

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Dilemme, défi excentrique, j’active mes neurones ils s’affolent  en tous sens, de façon excentrique.

J’hésite entre :

1) loufoque, déjanté….

Ou

2) l’appareil excentrique : littéralement dont le centre s’écarte d’un point donné

Tout un programme...

Mais la mécanique, moi, connais pas, aussi mon instinct abracadabrantesque me fait pencher pour le premier.

Ce qualificatif d ‘abracadabrant, qui me va comme un gant,  me fait penser à ABRARACOURCIX...

Ce Gaulois extrafort, en plus d’être très excentrique,  possède  également  un drôle d’excentrique : son ventre en effet donne bien l’impression de s’éloigner dangereusement d’un point donné, à savoir son nombril !

Et le nombril, il l’est bien de ce village Averne où règne une loi excentriquement abusive : la sienne !

Sa science intuitive ne lui permet pas de faire confiance aux lois de la nature, il a peur que le ciel lui tombe sur la tête, sous la forme d’une comète  excentrée.

Pour se distinguer, il arbore, en guise de casque,  un excentrique trophée extrinsèque (c’est-à-dire qui vient de l’extérieur : on spécule qu’il s’est fourni   chez Mite Au Logis), en effet ce casque a la forme  d’une tête de taureau, type Minotaure

 D’autres versions affirment qu’il s’est inspiré d’une image des grottes de Lascaux, ex-centre célèbre pour sa production d’aurochs.  Ce serait   Assurancetourix, qui en plus d’être un barde excentrique,  à la fonction de peintre-sculpteur -ferblantier : il  l’aurait élaboré à ses heures creuses

Pour ma part, je pense qu’aimant bien la Cervoise, ABRARACOURCIX avait fait perfectionner ce casque pour s’abreuver goulument en se servant des deux cornes, habilement excentrées en guise d’anse,  pour maintenir sa coupe géante  à deux mains afin de ne pas en perdre une goutte.

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Et enchainant mes pensées excessives, cette bière me rappelle cet  excentrique buveur de bière, ayant  fait son entrée au  Guinness des records, en buvant  250 verres de bière en 5 minutes ! Ah ces records ! Baroques, biscornus, burlesques, extravagants, hurluberlus, et saugrenus, en un mot excentriques !

Et des excentriques ce n’est pas ce qui manque dans notre société, modelée, ficelée, boulonnée,  sous l’empreinte des dogmes, doctrines, certitudes,  théories, système  et autres contraintes.

Il faut bien que de temps en temps que  la marmite se lâche, à l’instar de la cocotte'laissant échapper la vapeur… et il nous faut bien des visionnaires pour agrémenter le quotidien !

On devient excentrique dès que l’on (soi-disant)  dérange par ses idées ou son apparence…  que l’on ne rentre pas dans le moule,

Des impayables, - inénarrables – loufoques  ou extraordinaires on en rencontre tous les jours.

Certains sont célèbres,

-cet excentrique aviateur milliardaire américain  et sa fin si tragique.

-ce peintre, pas de casque mais des moustaches en corne de taureau….

Et tant d’autres, anonymes ou célèbres géniaux,  que je ne peux énumérer,  cela rendrait   cette lecture, déjà passablement  excentrique, singulièrement baroque, tarabiscotée et surtout barbante.

 

Mais une chose est certaine : c’est merveilleusement bon  de délirer !

 

Et je pense, vivement le 26 avril pour lire tous les excentriques billets défiantesques que je suppute…..

 

26 avril 2014

Participation de Sebarjo

Mes écritures folles comptent déjà une belle galerie d'excentriques. Et parmi toute cette smala, en voici un qui l'est particulièrement. Laissez-moi vous présenter l'heureux élu de ce samedi :


 L'Eugène

 

Il est naze
Mais il est zen
Il a des gaz
Sans qu'ça le gêne

 
Il fait table rase
Sans aucune peine
Des belles phrases
Aux idées vaines

 
L'Eugène, l'Eugène
Sans gêne, l'Eugène

 
Il vit sans extase
Sans entrain il se traîne
Un rien le blase
Sans refrain il se freine

 
Il vit dans la vase
Comme un solen
Le vide est sa base
Chaque semaine

 
L'Eugène, l'Eugène
Sans gêne, l'Eugène

 
Il vit sans emphase
Les jours s'enchaînent
Il n'est pas en phase
Il n'a plus d'antennes

 
Il lui manque une case
Sans rien de pathogène
Comme un morceau de jazz
Qui tourne rengaine

 
L'Eugène, l'Eugène
Sans gêne, l'Eugène

 
Il est l'idiot des villes nazes
De Moscou à Bergen
L'évaporé d'Alcatraz
Des contrées lointaines

 
L'Evgueni, l'Evgueni
Sans rire, l'Evgueni
L'Eugène, l'Eugène
Sans gêne, l'Eugène

 

 

alt : Noomiz

 

 

Vous pouvez retrouver d'autres excentriques ICI puis deci et delà !

 

 

 

26 avril 2014

L'Aragonaise (Epamine)

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♫A chanter à tue-tête sur l'air de Boby Lapointe "Aragon et Castille"

Au pays lointain d´Aragon
Il y avait une étrange fille
Qui aimait porter des jupons
Et 'spadrilles.
Au pays voisin d'la Castille
Il y avait la soeur d'un garçon
Qui portait de jolies mantilles
En linon.

Moi,  je l'ai toujours trouvée très bizarre
C'te fille-là
Avec ses drôles de tenues incongrues
Dans la rue
Coiffure à la Marge Simpson
Pas folichonne
Une mouche et une fraise-collerette
C'que ça fait bête
Les fraises, les mouches, ça se colle pas partout
Quelle horreur!
Mais rev'nons à la folie des grandeurs

Refrain

Pour se prom'ner, faut bien choisir ses fringues
Elle est dingue
Faut pas porter des trucs d'une autre époque
Ça fait vioque
Et comme portable, pas d'éventail
Même en écaille
Et pas d'fleurette dans les bouclettes
T'as vu sa tête!
Les modes se suivent et faut suivre la mode
C'est tant pis
A ce propos rev'nons à nos folies.

Refrain

Mais le denim ça n'est pas le linon
Ah ! mais non
Et le linon ça n'est pas le denim
Même à Nîmes
Il doit bien y'avoir une raison
Explications
Ces vieux costumes sur De Funès
Faut qu'on les laisse
Car si c'est Louis qui est le monseignor
Il est l'or
A propos d'or, chantons jusqu'à samedi ...

Refrain

26 avril 2014

Vous avez dit excentrique (KatyL)

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ka02

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26 avril 2014

Participation de Célestine

  Hénaurme

 

petit-robert

 

 

C’est une vingtenaire amatrice de cuisine orientale, genre nori aux algues, thé matcha ou dim sum, une nomophobe toujours pendue à son smartphone.  Elle passe son temps à googliser les hashtags les plus chelous qui font le buzz sur la toile. Elle adore les flashmobs, les happenings, les snapchats, mais sa meilleure poilade c’est quand même le speed dating : un plan-cul avec un bédéaste ou un kéké trop choupinet, ou rouler une galoche à un déneigeur champion de slopestyle, voilà qui peut la faire clasher. Les autres auront droit à un retoquage en règle. Elle n’en fait qu’à sa tête : pas question de psychoter dans une vie low-cost avec un bolos ou un traîneux subclaquant qui n’aurait qu’une idée : lui coller un chialeux dans le tiroir, un bouèbe qui l’empêcherait d’aller à son cours de zumba. Quand elle sera devenue une cougar botoxée, elle ne dit pas. Mais jusque-là, elle profite. Elle priorise, elle textote, elle agende comme une vraie bombasse ses journées survitaminées. Ne bourrasssez pas si elle ne vous semble pas vraiment excentrique: elle est hénaurme, il faut quand même le reconnaître.

***

Et vous, avez-vous reconnu la nouvelle  cuvée 2014 de l’Académie Française ? Quelques cent cinquante mots dans lesquels j’ai puisé pour écrire mon texte, et qui feront leur entrée dans le dictionnaire le 30 mai...

 

19 avril 2014

Défi #295

Portrait d'un(e)

EXCeNTRIQUe

De Funes

A vos plumes les amis !

Adressez vos portraits à

samedidefi@gmail.com

A tout bientôt !




19 avril 2014

Se sont penchés sur les petits

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Le défi du samedi
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