Conte d’Amazonie et plus ……… (Sergio)
Apres avoir fait une centaine de metres, ils aperçurent, perché sur un rocher moussu qui les surplombait : un jaguar. Ils ne l’avaient pas vu avant. Ils étaient maintenant sous lui. Le petit chenal encombré de végétations s’était tout d’un coup empli d’ une brume épaisse, comme par magie. Ils n’avaient jamais vu de jaguar avant, d’ailleurs presque personne n’en voyait, tant l’animal était invisible dans cette végétation. Certains prétendaient avoir ressenti la présence de l’animal près d’eux sans pouvoir le distinguer visuellement mais ils avaient sentis dans leur être la présence de Dieu Jaguar .Les anciens disaient qu’il était le messager de TEZOATLIPOCA, le dieu obscur entièrement noir exception faite de rayures jaunes au visage, ce qui le reliait au jaguar. Un vieux de leur village Antonio Bolivar, qui passait son temps à lire des romans d’amour les avait mis en garde « si un jour vous voyez un jaguar c’est qu’il l’aura voulu et ce jour peut vous être funeste »
Toutes ces pensées en tête, les trois amis n’en menaient pas large. Ils laissaient filer leur pirogue qui se bloqua sur une souche immergée. Ils étaient bloquée, immobiles sous l’immense jaguar, qui les jaugeait de son œil noir, froid, un regard implacable. En même temps un léger sourire à peine esquissé lui donnait un aspect presque humain. Il les regardait, sur de sa puissance avec une sorte de bienveillance paternelle.
Apres un long silence il se mit à leur parler. Enfin parler n’est pas le terme exact mais, ils ne surent jamais exprimer ce qui se passât mais ils l’entendirent comme s’il s’adressait à l’intérieur direct de leur cerveau. Apres tout jaguar est un dieu & un dieu doit savoir faire cela !
Bonjour mes jeunes amis.
Les trois amis effrayés se recroquevillèrent sur eux même pendant que jaguar devenait immense.
Sa taille évoluait en fonction de l’impression qu’il souhaitait faire à ses interlocuteurs. L’effet était saisissant. Je vous ai guidé jusqu’à moi, sans que vous en ayez conscience pour une raison très importante. N’ayez crainte je ne vous ferai aucun mal, vous êtes ici mes protégés .ils ne peut rien vous arriver.
Je suis le messager chez les hommes de TEZOATLIPOCA. Le dieu qui voit tout & demeure invisible & celui-ci, après vous avoir observé vous a choisi pour une mission qu’il m’a demandé de vous confier.
Tout trois, doucement, humblement se redressèrent, s’assirent dans la pirogue .Ils avaient compris qu’ils n’avaient pas le choix et allaient écouter sagement. Cette vision aurait ravi de joie leur instituteur .Ce n’était pas le moment de faire l’idiot & ils avaient conscience qu’ils étaient à un tournant de leur vie. Quoiqu’il se passe, plus rien ne serait jamais comme avant. Adieu leur enfance insouciante à la limite du fleuve & de la grande forêt.
Ecoutez bien je vous parle au nom de notre mère la TERRE .La puissance engendrée par les paroles de jaguar était terrible. Sa pensée englobant tout on ne pouvait lui échapper.
La TERRE sur laquelle vous vivez est un être vivant, énorme, complexe & magnifique. Elle a été créé il y a très longtemps par d’autre Dieu dont la trace s’est perdu dans nos mémoires. Elle vit en équilibre, dans une ronde cadencée en harmonie avec l’ensemble de tous les grands êtres géants de l’univers, lune, autres planètes soleil, galaxie, amas de galaxie. Heureusement pour vous les hommes, son unité de temps n’est pas la vôtre. La durée de votre vie est si courte qu’elle se mesure pour elle en millionième d’instant. Vous êtes comme un eczéma déplaisant à la surface de sa peau & vous commencez à l’irriter sérieusement, avec vos pollutions, vos pillages systématiques, votre expansion désastreuse au détriment des autres habitants, végétaux ou animaux.
La face de Dieu-jaguar à cet énoncé devint horriblement grimaçante & menaçante Nous avons essayé de faire entendre raison aux dirigeants actuels mais ils sont restés sourds, figés dans leurs aveuglements.
Mais MAITRE JAGUAR nous ne sommes que des garçonnets & nous ne sommes que trois.
Vous êtes trois devant moi mais partout dans le monde nous installons des messagers. Vous êtes les enfants de la Terre.
En disant cela ils leurs semblaient que Jaguar devenait immense, s’élevant dans la frondaison des arbres. Sa gueule gigantesque leur laissait voir les entrailles de la Terre.
Pour Terre les puissants actuels n’existent déjà plus, ils sont déjà poussière. Elle compte sur vous.
Il leur parla d’entraide entre les hommes, de fuir les mirages de l’or qui avaient fait tant de mal à l’Amazonie, de panser le bien de la communauté. Cela leur rappela les prêches du pasteur mais, la cela restait en eux. Jésus leur apparaissait sous la forme d’un Dieu-jaguar. Plus fun mais moins pratique à crucifier. Jaguar souriait.
Le courant les emportât dans l’autre sens, comme si ce bras de fleuve immobile s’était tout d’un coup animé d’une vie propre. Au travers d’un épais brouillard ils se retrouvèrent près de leur village.
Dès le lendemain, ensemble désormais & inséparable ils organisèrent avec leur instituteur une récolte & un tri des déchets que tout un chacun abandonnait n’ importe où, ou jetait dans le fleuve. Avec les anciens du village ils nettoyèrent les rives de leur fleuve, le débarrassant des vieilles embarcations coulées, quais effondrés, des futs d’essence plus ou moins vide & de moult déchets. Ils dénoncèrent par le biais de réseau planétaire accessible du seul ordinateur du village présent dans l’école les agissements des orpailleurs clandestins & des forestiers braconniers qui agissaient sans autorisation avec la bénédiction intéressée du maire .Le maire du village, corrompus & obèse saisit l’ordinateur de l’école sous des prétextes fallacieux et bastonnât les trois garçons qui s’opposaient à lui. Il semblât à l’un d’eux apercevoir une forte présence diffuse dans le feuillage de la forêt. On découvrit lendemain le maire ou plutôt ce qu’il en restait, dévoré par un jaguar. Il ne restait que ses bottes sanguinolentes & les traces d’un animal gigantesque qu’un orage soudain effaçât prestement. Les trois compagnons comprirent que Jaguar veillait sur eux.
Au même moment un industriel du traitement du bois de charpente qui par soucis d’économie avait déversé des futs d’acide dans une rivière à truite du Haut Pilat fut retrouvé la tête broyée, déchiqueté près de son atelier. L’analyse des empreintes d’animal retrouvées autour de la victime & le rapport du médecin légiste conclurent à une attaque réalisée par un ours brun adulte de haute stature.
L’ours avait disparu depuis plusieurs siècles de ce coin de France ???
Un jeune pécheur à la mouche qui passait par là, léger sourire en coin avait, lui, compris.