Comment se repèrent les oiseaux migrateurs et les pigeons voyageurs (Fairywen)
Comme tout un chacun, vous vous êtes un jour posé cette question. Tout le monde se la pose un jour ou l’autre –même fugacement- cette question. Des tas de gens –sérieux et moins sérieux- travaillent depuis des siècles sur cette question et énoncent de nombreuses et plus ou moins doctes théories.
Il y a aussi les gens qui savent et qui sourient en les écoutant, du petit sourire entendu de ceux qui savent mais ne diront rien. On ne sait pas combien il y a de gens qui savent, mais il y en a.
Et j’ai de la chance, j’en fais partie. Tout ça grâce aux lutins de mon jardin … Un jour que je regardais passer les oies sauvages, j’ai vu les lutins des champignons faire de grands signes vers le ciel en agitant leurs petits bonnets. Je leur ai demandé ce qui se passait, et c’est là qu’ils m’ont raconté comment se repéraient les oiseaux migrateurs et les pigeons voyageurs.
En fait, ils ne se repèrent pas du tout… Ils n’en sont pas capables. Ce ne sont pas eux qui décident de la direction à prendre, mais leurs cavaliers, les lutins voyageurs. Chaque automne, lorsque les oiseaux sentent que l’heure de la migration est venue, une activité fébrile s’empare des lutins voyageurs. Ils vérifient une dernière fois les harnais et les selles entretenus avec amour et minutie durant toute la belle saison. C’est qu’il ne s’agirait pas qu’une boucle se casse ou qu’une sangle cède alors qu’ils sont à des dizaines de kilomètres au-dessus du sol !! Puis ils préparent et emballent les provisions nécessaires au voyage. Certains oiseaux ne se posent pas pendant plusieurs centaines de kilomètres, et puis il y a la traversée des mers et autres océans… Il leur faut aussi prévoir de quoi se prémunir contre le froid qui règne en altitude, surtout quand il y a des enfants (car personne ne reste en arrière quand la migration a lieu !).
Enfin le grand jour arrive. L’excitation du départ gagne tout le monde. Les enfants courent et crient, sont dans les jambes de tous, mais personne ne leur en veut, car au fond, l’impatience du décollage est générale. Pas toujours facile non plus de harnacher les oiseaux, eux aussi pressés d’arriver dans des contrées plus hospitalières, mais au final, tout finit par se régler, et l’embarquement se fait peu à peu. Puis c’est l’ivresse du décollage, la montée vers les cieux, et le grand voyage commence. Les ailes des oiseaux battent régulièrement, et les petits équipages embarqués leur indiquent la direction, surveillent les tempêtes, évitent les nuages de neige et de pluie, pendant que leur monture confiante les emmène toujours plus loin, toujours plus haut.
A chaque étape, les petits lutins prennent grand soin de leurs oiseaux. Ils les aident à nettoyer leurs plumes, leur trouvent de l’eau, de la nourriture (c’est qu’il en faut, des forces, pour voyager dans le ciel !), soignent leurs petits bobos… Et lorsque tout le monde est enfin à bon port, là encore les lutins restent près de leurs oiseaux. S’ils doivent nidifier, ils sont là aussi pour dorloter les petits, et ils seront là lorsque ceux-ci entameront leur toute première migration.
Maintenant, vous aussi vous aurez le petit sourire entendu de ceux qui savent mais qui ne diront rien, sauf à ceux qui sauront apprécier ce cadeau que m’ont fait les lutins de mon jardin, un après-midi d’automne, lorsque je regardais passer les oies sauvages…
Partiellement inspiré par "le chasseur" de Michel Delpech