L'avion de Doisneau (Sebarjo)
Robert Doisneau était un grand photographe, car en plus de jeter instantanément un regard sur son époque, il avait l'oeil.
Cette photographie, l'avion de papa – qui n'est pas l'une de ses plus illustres réalisations mais ce qui n'empêche pas son excellence – nous montre un enfant assis dans un avion qui fait office de voiturette, poussé par son père. Cette scène sent à plein nez l'après-midi endimanché des beaux quartiers.
Ce qui m'a immédiatement frappé dans ce cliché, ce sont les moues du père et du fils. Le père regarde le photographe en biais et n'a pas l'air très motivé pour faire pousser des ailes à son fils. Pour lui, cette sortie dominicale ressemble plutôt à une corvée. Et c'est surtout la bouille de l'enfant qui est marquante et révélatrice. Il ne se soucie guère de l'objectif, il en a d'autres qui crépitent dans ses yeux. Ses lèvres pincées révèle son désir d'embrasser le ciel, comme Jimi Hendrix quelques décennies plus tard dans Purple haze. Mais voilà, les adultes sont bien trop terre à terre et son paternel n'échappe pas à la règle, alors ce n'est pas demain la veille qu'il sera sur son petit nuage !
Car cet enfant n'a qu'une envie, que son avion décolle. Oui, il semble dire muettement à son père, mais de façon si intense intérieurement, Allez pousse-moi, vas-y plus vite ! Plus vite ! Allez vas-y papa ! Envole-moi !!!
En ce lyrisme précurseur, j'ai donc pensé, de manière plus ironique que cynique, à ce tube immémorable des années 80, Envole-moi, qui a bercé mon adolescence, bien que la génération Trenet n'ait rien à envier à la génération Goldman.
Désormais donc, à vous de voir,
si vous allez décoller, planer ou plutôt atterrir brutalement
en écoutant ma version ci-dessous !
Bonnes fêtes de fin d'année à tous !