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Le défi du samedi
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9 novembre 2013

Participation de Sergio

Ce soir-là, il regardait distraitement le quai de gare qui pointait, le train ralentissait en grinçant des dents et une voix annonçait  « Givors-canal ». Deux amoureux enlacés n’arrivaient pas à se quitter, des comptables, des travailleurs à la mine grise, effacée rentraient chez eux. Deux africains, un avec une casquette de gavroche en cuir et l’autre coiffé d’un  turban coloré, portant deux cabas en toile cirée à carreaux bleus et blancs, tranchaient sur ce quai triste. Ils discutaient  avec passion, en se touchant les bras, se prenant les mains comme on le fait en Afrique. Ils attendaient pour accéder au train. Derrière eux, en retrait dans l’ombre deux types en imper gris verdâtre, comme sorti d’un roman de John Le carré les étudiaient, l’air de rien, professionnels.

Cette impression se logea dans son cerveau, le train repartit,  il reprit sa lecture et là, il lui sembla plonger dans un gouffre. Son livre narrait ce qu’il venait de voir. L’arrivée en gare, les travailleurs fatigués, les africains colorés, et les deux suppôts du NKVD en retrait s’étalaient devant ses yeux, mot pour mot, impression pour impression. 

Il hâta sa lecture, lisant en diagonale  afin de gagner du temps sur l’histoire, tout en observant discrètement les personnages du wagon. Tous étaient là, l’amoureuse en pleurs, désormais seule, l’employée de bureau tricotant des chaussons gris perle, les deux africains assis l’un en face de l’autre absorbés dans une discussion dans une langue colorée, chantante. Du Bambara, il se souvint de cette musique .Cela lui rappela son voyage à pied sous les falaises de Biandagara en pays Dogon. Ce fut dans sa vie, un moment de calme, une parenthèse. 

 « Dieu Uranium, protège les .. »pensait au même instant le héros du roman. Il poursuivit sa lecture, aux aguets et put facilement vérifier que les deux sbires, côte à côte sur le quai s’étaient assis de façon à voir chacun en face un africain. Il se leva, cherchant les toilettes. Ce qu’il vit, confirma l’effroyable réalité de la fiction enfermée dans le récit qui était dans sa poche. Les deux nervis transcrivaient sur leurs Smartphones la conversation des deux Maliens qui se croyaient en sécurité dans leur langue lointaine.

Il reprit sa lecture. Les quatre comparses descendirent à la gare suivante. S’assoupissant sur sa lecture, il remarqua en même temps qu’il le lisait les deux colis oubliés, les deux colis emballés dans de la toile cirée à carreaux blancs et bleus. Il avait un peu d’avance sur sa lecture et sut, en entrant dans le tunnel que ………..

Dépêche AFP         « Attentat terroriste dans le TER entre Lyon et St Etienne …………………. »

ser01

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Commentaires
M
Belle entrée au Défi du samedi avec ce récit haletant mêlant fiction et réalité ! Bravo Sergio !
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T
Le sale air de la peur j ai bien aimé
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J
Autrefois les nouvelles pas fraîches servaient à emballer le poisson. Ici les nouvelles trop fraîches font s'emballer le poison ! ;-)<br /> <br /> <br /> <br /> Ecriture terriblement efficace et chute encore plus inattendue et forte. Bravo !
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