Chez le receleur (Pivoine)
Trois heures de route aller-retour pour visiter une expo !
C'est par cette douce folie que nous avons commencé notre week-end.
Une lointaine connaissance y exposait ses sculptures. Confiseur de renom, à Bruxelles, ses youftes aux pralines meringuées et ses bavaroises houppées de bleuet ont fait fureur, le samedi, à quatre heures.
Après une folle traversée de Bruxelles, à la nuit tombante, nous sommes arrivés dans un ancien garage, reconverti en lieu d'exposition alternatif, mais pourquoi alternatif ? Du garage, il n'y avait plus qu'une vague odeur de caoutchouc tordu, de balandrans dégraissés, de palplanches figées... Et des ustensiles à vocation continue. Non, pardon, inconnue.
Cela tenait aussi de la succursale des compagnons d'Emmaüs. Ou des célèbres Petits Riens où l'on trouve rêve, vaisselle et vêtements à bon marché. Des paquets de virebouquets traînaient dans un coin. Coin tellement sombre qu'on eût pu y jouer à la barbacole sans se faire prendre. Et aussi au hoca. On se serait cru chez un receleur. Et puis des lustres, des armoiries, des ustensiles bizarres, un soleil en bois XIV, des fauteuils club en cuir, des virebouquets versaillais à poser sur les tables...
Au milieu de tout cela, trônaient les oeuvres. Graffes, tags, aquarelles délicates, puzzles de ville, sculptures monumentales, photographies, portraits écossais, oeuvres au bic, (mais combien de paires de bics à un euro faut-il pour faire un dessin d'1 mètre sur 2,5?) Et des mosaïques. Débutantes. Patience, patience dans l'azur !
Tiens, voilà qui m'a fait penser à mes amies mosaïstes.
Et puis, et puis, le tour était vite terminé. Nous voilà rendus à la circulation du vendredi soir, puis, à l'appartement -bien trop silencieux.
Si vite! Trop vite! Et si Bruxelles, traversée aux lueurs de la nuit, pouvait me re-raconter les années quatre-vingts... Les cinémas de l'avenue de la Toison d'Or... Le Capitole, l'Empire, les galeries... Chez Libris... La Danish tavern... Translucides gin fizz et lagons bleus, assiettes de smoerrebrods... Le Styx, les Galeries, le Nemrod (qui avait une réputation de lieu de rencontre, légende jamais vérifiée) Et le Pluriel et l'Arlequin, 'boîtes' aussi vite fermées qu'ouvertes... Et le milk bar dont les miroirs vous démultipliaient.
Que s'est-il passé?
Une full fulgurite ?