UN REVE (Lorraine)
C’est là-bas. Ce n’est ni la première ni la dernière fois que je marche vers le Palais de Justice, monumental, écrasant, gigantesque. D’un pas hasardeux, il faut le reconnaître car, je ne sais pourquoi, les pavés gondolent . Et quand j’avance, ils s’entrechoquent, deviennent des marches inégales, branlantes, qui m’obligent à m’arc-bouter, à me retenir même des deux mains pour ne pas tomber de la hauteur d’une falaise.
Car à mesure que je progresse, les obstacles se disproportionnent, se quadruplent, me hissent sur un sommet de je ne sais quel monument, me redescendent soudain face à l’entrée béante du Palais de Justice où je pénètre enfin, soulagé. Pas longtemps. Les poternes se succèdent, une enfilade d’accès s’ouvre devant moi, j’en franchis un, il en surgit un second. Je pousse le battant, derrière moi un autre se referme. Je voudrais sortir, je ne peux. D’autres personnes me croisent, sereines, ouvrant une seule porte et se retrouvant à l’air libre. Comment ? Pourquoi ? Mystère !
Moi seule fais du sur place. Et quand enfin la dernière porte consent à me libérer, je me retrouve d’où je suis partie, sur la place rocailleuse, devant le Palais de Justice monumental, écrasant, gigantesque !