Safari (Venise)
Il avait brandi une carte de visite chamarrée, qui le présentait comme le spécialiste du safari de Buffles d’Afrique, aventure pittoresque à des tarifs compétitifs. Il était même venu à me raconter les joies du safari.
Il me proposait donc ,de m’emmener dans des régions où nul autre blanc n’était jamais allé.
Dans la lueur de la brume du petit matin, le guide m’attendait sur sa moto.
On va voyager là-dessus protestai- je ?
Bien sûr dit-il.
C’est à quelle distance ?
Dans six à sept cents kilomètres
J’imaginais mon quintal de chair grasse flasque et dépourvue de muscle filait à cent cinquante kilomètre-heure sur la route.
Non refusais – je fermement.
On peut prendre ta voiture si tu veux.
Et nous nous retrouvâmes à foncer plein sud dans la brousse.
Après des heures de route que je ne comptais plus. Un troupeau d’une douzaine de buffles broutait tranquillement dans les hautes herbes.
Un buffle mâle nous attendait, la tête haute les naseaux dilatés, ses énormes cornes se découpant sur la brume qui montait de la rivière. Il me fusillait du regard.
J’avais un couteau de table plutôt élégant dans le tiroir à couvert, mais le couteau n’était pas à portée de main.
Le poids du véhicule devait être équivalent à celui du buffle.
J’ai compris plus tard que dans la nature rien ne frappe plus vite qu’un bluffe contrarié
Le mouvement est si rapide qu’il est impossible de l’observer.
Au même moment j’entendis mon guide me chuchoter : si tu ne fais pas de geste brusque, il ne chargera pas.
Ça va le rendre malade et de mauvais poil et il n’y a rien de plus dangereux qu’un buffle de mauvais poil croyez moi. !!
La redoutable tête s’approcha de mon bras sur le côté gauche.
Je n’eus même pas besoin de réfléchir
Il souleva le véhicule avec ses deux cornes
Espèce de connard gueulai-je en direction du guide.
Continue d’accélérer tu va voir tu vas y arriver répondît-il atterré.
Nous étions dans une impasse .impossible de tout lâcher et de partir en courant.
Je me serais évanouie si l’idée de m’évanouir dans une masse de buffle avait été plus attrayante
Bien sûr dit mon guide tu es dans un état de terreur avancée.
Ce qui rend tous ces buffles très mécontents !!
Bon je ne voudrai pas te froisser, mais dans ton état de panique actuel tu présentes un sacré danger pour moi dit le guide.
Au retour le véhicule défoncé, le guide me dit, de son plus beau sourire ne t’inquiète pas je ne dirai rien à personne.
J’eus envie de sauter du véhicule en marche, mais où aller ?
Car voyez vous je connais la brousse maintenant. Les buffles sont indéniablement des créatures intéressantes dans leur habitat à condition que cet habitat soit à des milliers de kilomètres du mien !!