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Le défi du samedi
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11 mai 2013

Jalousie (Prudence Petitpas)

86250151[1]"La jeune fille s'était levée pour saluer sous les bravos et les vivats.Le concert était fini. Debout, les auditeurs applaudissaient à tout rompre,criaient "bis", "encore", et refusaient de partir.

Stella se figea légèrement, elle n’avait pas prévu de jouer aussi longtemps. Des coulisses, son agent lui faisait signe de reprendre la sonate numéro 26 de Beethoven  qu’ils avaient répétée ensemble la semaine dernière, mais Stella n’y tenait pas vraiment et restait là, debout devant son public à saluer encore, à sourire béatement et dans sa tête un ouragan s’installait…

Il faut dire qu’elle savait ce qui l’attendait en rentrant chez elle, elle savait ce qu’elle devrait faire pour calmer l’amoureux qui lui ferait une scène terrible pour cette infidélité, pour ce moment de plaisir qu’elle avait pris à offrir cette prestation devant un public mélomane.  A chaque fois, c’était la même chose, elle rentrait fatiguée mais heureuse de ces concerts donnés et lorsque qu’en ouvrant la porte, elle  se retrouvait face à lui, elle sentait la colère de  celui qui depuis sa plus tendre enfance l’avait amené à ce succès. Elle lui avait accordé tant de temps pourtant, mais il en demandait encore, il la voulait tout à lui et ne supportait pas de se savoir trahit par un autre, plus grand, plus beau, plus luisant que lui. Et c’était là tout le drame de la vie de Stella. Elle devenait esclave de celui qui n’aurait du être que son  complice.  Elle s’asseyait alors devant lui, le frôlait de ses doigts, le caressait tendrement, l’effleurait simplement, attendant de lui qu’il lui rende sa tendresse, mais ces soirs là, rien ne se passait, il refusait carrément de  répondre à cette douceur et lui opposait un silence borné.

Patiemment elle lui parlait, lui racontait comment sa réussite venait de lui, comment elle lui devait toute sa vie, et que sans lui, elle n’aurait pas pu vivre cette passion dévorante qu’est la musique. Alors seulement, il acceptait de nouveau qu’elle l’effleure doucement, qu’elle le câline du bout de ses doigts, qu’elle laisse glisser ses mains affectueusement sur lui dans un adagio timide, qu’elle ferme les yeux pour mieux s’imprégner de leur fusion. Puis il lançait quelques notes en sourdine, s’enhardissait pour reprendre leur duo et enfin laissait s’envoler en crescendo leur passion mutuelle pour la musique.

Et dans un accord parfait, Stella et son cher piano composaient les plus belles symphonies jamais jouées !

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11 mai 2013

La solitude du virtuose (Anémone)

C'est à ce moment précis que la jeune fille se brisa définitivement comme un vase de cristal.
Personne n'avait vu sa panique soudaine, comme personne n'avait remarqué sa pâleur extrême.
Elle joua le morceau prévu pour la reprise.
A la perfection, comme on l'attendait d'elle. Suscitant de nouveaux vivats.
La dernière note éteinte, elle s'affaissa cependant sur le sol, exposant à tous son intime solitude.
Un filet de sang coulait, noir et épais, le long de ses lèvres.
11 mai 2013

Participation de Stella No

« La jeune fille s’était levée pour saluer sous les bravos et les vivats. Le concert était fini. Debout, les auditeurs applaudissaient à tout rompre, criaient «bis », « encore » et refusaient de partir ».

J’observe le public en me racontant mon histoire. J’observe ces gens qui m’acclament, inconscients de mes tromperies.

Je suis devant eux, souriant à l’excès et rendu fébrile par l’adrénaline. Comme toujours le concert a été parfait. Ma voix n’a pas failli, j’ai atteint les notes les plus difficiles, j’ai su jouer tantôt de la basse, tantôt du piano et reproduire les chorégraphies. J’avais encore une fois démontré le plein potentiel de Cassie Jones. Sans aucune fausse note.

Je vais leur dire la vérité. Je suis décidée. J’ai fait tant de mal à ceux qui m’aiment vraiment.

Je prends ma respiration et réclame le silence. Les musiciens me regardent interloqués : je n’avais jamais fait cela. D’habitude, je suis plutôt pressée de faire couler le champagne en coulisse.

Voilà, la bombe est lâchée. Il n’y a aucun bruit dans la salle. En fait, non : c’est moi qui suit sourde aux huées du public. Je m’enfuis lâchement tandis que mon manager de père accoure pour … pourquoi au juste ? Leur dire que lui aussi a toujours menti ?

Peu importe. Je me réfugie dans ma loge et m’observe longuement dans le miroir. Cette fois, nous y sommes : plus personne ne m’attendra sur scène, ni nulle part ailleurs. Les milliers de personnes, qui voulaient être moi hier, ne voudront plus me connaître. C’est à ma sœur d’être leur idole, cela aurait dû toujours être elle.

J’ai toujours envié Hannah, dès l’enfance. Elle pouvait faire ce qu’elle voulait. Moi, je devais toujours être« comme il faut » : toujours être polie, agréable, parfois même séductrice pour que mon père obtienne des contrats. Souvent, j’ai jalousé Hannah jusqu’à en devenir folle : elle avait un physique banal, ce qui la rendait libre vis-à-vis de mon père. Moi, avec mes atouts, je devais être son appât, comme il disait. J’ai fait des choses dont je ne suis pas fière. La pire fut de prendre la place d’Hannah. A l’époque, ça ne me semblait pas si compliqué : moi, la jolie sœur, je devais être la chanteuse qui faisaient fantasmer les hommes et qui inspiraient les femmes. Je devais chanter sur scène en play back, tandis qu’Hannah, celle qui avait le vrai talent, chantait en coulisse. J’ai profité du prestige, des lumières, des cadeaux, des amants et de tout le reste, alors qu’Hannah n’était que ma grande sœur que la presse me félicitait d’avoir généreusement employée malgré son physique disgracieux.

Je devrais être heureuse pour Hannah, elle va enfin pouvoir vivre dans la lumière et profiter de ce qui lui revient de droit. Mais je suis malheureuse. On pourrait penser que j’ai eu suffisamment de bénéfices depuis toutes ces années, mais cela représentait avant tout des sacrifices. Et puis… comment profiter de ce que je volais à ma propre sœur ? Je mérite d’être seule et montrée du doigt comme la vilaine usurpatrice que je suis.

Que faire à présent ?

Je suis toujours devant mon miroir, je ne sais pas depuis combien de temps je suis là. Tout ce que je vois, ce sont mes souvenirs : les bons, les mauvais. J’aimais être acclamée puis après je pensais à mon Hannah, dans l’ombre, et je m’en voulais.

Je voudrais qu’elle me pardonne, mais comment faire ?

J’ai une chanson dans ma tête, une chanson que je voudrais chanter, moi. Mais je sais que je ne suis pas une chanteuse et ça me fait mal de n’être rien.

Une lettre ? Non, Hannah ne la lirait même pas et je crains d’oublier des choses importantes.

Un livre ? Oui, un livre, voilà ce que je vais faire, écrire! Ecrire le livre de nos vies, écrire la vie d’une chanteuse merveilleuse, de son père machiavélique et de sa sœur déplorable. Et dans ce livre, j’y mettrai les mots de ma chanson à moi, des mots sincères, des mots d’amour, des mots pour obtenir le pardon d’Hannah.

 
11 mai 2013

Comme Ludwig (Vegas sur sarthe)

La jeune fille s'était levée pour saluer sous les bravos et les vivats.
Le concert était fini. Debout, les auditeurs applaudissaient à tout rompre, criaient "bis", "encore", et refusaient de partir.
 
C'était l'instant qu'elle savourait le plus quand - l'épreuve finie - elle recevait de plein fouet l'hommage dont elle se sentait indigne.
Comment elle avait une fois de plus étrillé la Truite sauce Schubert puis expédié prestissimo cette Marche Turque comme s'il y avait le feu au balcon !
Ce soir l'apothéose avait été ce Vivaldi printanier agrémenté subrepticement d'un zeste de Cabrel au beau milieu de l'allegro, un p'tit coup d'sarbacane ni vu ni connu... “quand au son festif de la musette dansent les nymphes et les bergers”. J't'en foutrais des bergers, moi!
 
Du feu, ils n'y avaient vu qu'du feu!
Et ça continuait de crier... peut-être des “Bis” et des “Encore”.
La friponne en avait gardé sous la pédale et se jura d'en remettre une couche si les bravos ne cessaient pas.
S'ils n'avaient jamais entendu voler un bourdon, ils allaient pouvoir goûter du sien quitte à rester fâchés à vie avec Rimsky-Korsakov.
Elle n'aimait pas ce ruskov pas plus que Schubert ou Mozart. Elle n'aimait pas Beethoven non plus, ni Liszt, ni Chopin...
 
En fait elle n'aimait pas le piano, surtout ce râtelier de chicots noirs et blancs qu'on appelle clavier et qui lui rappelait trop l'oncle Hubert.
Un jour elle leur dira qu'elle hait le piano.
Peut-être même leur confiera-t-elle qu'elle est sourde de naissance... comme ce Ludwig.
11 mai 2013

Participation de Berthoise

J'ai cherché mon chapeau, enfilé mon  manteau que j'ai laissé ouvert. J'étais déçue. Vaguement déçue. Étonnée  d'en être si marrie. J'ai échangé quelques mots avec ma voisine, c'est  elle qui m'avait refilé la place en me demandant de l'accompagner.  C'était bien sympa de sa part. Une sortie, même en semaine, ça ne se  refuse pas. Mais j'étais déçue. Je lui ai dit que je trouvais le jeu  brillant. Oui,  ça je pouvais le dire. La nana, elle jouait vachement bien. Du reste,  le public ne s'y trompait pas, qui applaudissait encore. Pouvais-je  vraiment lui avouer que Tchaikovsky n'était pas ma tasse de thé, que  Chostakovitch me pompait un peu l'air ? Je n'ai rien dit, je suis polie,  je l'ai remerciée encore de cette bonne soirée, d'avoir pensé à moi. On  a quitté le théâtre où il faisait sacrément chaud. On a traversé le  parking. J'ai boutonné mon manteau et remonté le col. Il tombait une  neige mouillée qui s'écrasait sur le sol en laissant une boue sale. Dans  la voiture, on a parlé de choses et d'autres. De rien, de tout, du  boulot, des enfants, des maris. Elle m'a déposé devant la grille de la  maison. J'ai trottiné pour traverser la cour. Je suis rentrée, contente  d'être arrivée. C'est en ôtant mon manteau et mon chapeau que je me suis  aperçue que j'avais perdu mes gants.

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11 mai 2013

Participation d'Adrienne

"La jeune fille s'était levée pour saluer sous les bravos et les vivats.

Le concert était fini. Debout, les auditeurs applaudissaient à tout rompre, criaient "bis", "encore", et refusaient de partir."

Extrait du livre d'Elise Fischer : "Les alliances de cristal"

***

Dans les coulisses, chacun la repoussait chaque fois sur la scène : Va, va, retournes-y, salue !

Les organisateurs du concert étaient là aussi, pressants : Tu n’as rien prévu pour un bis ? une petite pièce ? un mouvement, un seul ? un de ceux que tu as joués ?

La jeune fille était vidée, épuisée, livide. Mais il n’y avait personne pour le remarquer. Ni dans la foule, qui exigeait son petit supplément de plaisir musical, ni derrière les coulisses.

Celui qui s’était arrogé le rôle d’impresario était le plus acharné : Va donc ! ne te fais pas prier ainsi !

Cette petite si prometteuse n’allait tout de même pas commencer à faire des caprices de star ? Il espérait beaucoup de cette soirée et voyait déjà deux ou trois articulets élogieux dans la presse. Il y avait des journalistes dans la salle, qu’il avait invités, et qui étaient restés jusqu’à la fin. Bon signe !

Le lendemain, en effet, on pouvait lire ceci :

« Jeune virtuose morte sur scène »

11 mai 2013

Participation de titisoorts

" La jeune fille s'était levée pour saluer sous les bravos et les vivats. Le concert était fini. Debout, les auditeurs applaudissaient à tout rompre, criaient "bis", "encore" et refusaient de partir..."
Une pluie de fleurs tombait devant ses pieds. Son répertoire était pourtant terminée, le rappel avait déjà eu lieu. Une forte émotion l'envahie, les larmes montèrent, emplissant ses yeux de passé, pour redescendre par tant de chemins parcourus, tant de chagrins, tant de sacrifices, qu'elle ne comprenait pas cette ovation. Pourtant elle faillit tressaillir, l'émotion la submergeait, l'auditorium se brouillait sous ses yeux embués, sa mémoire lui rappela. Elle s'installa au piano et recommença à jouer. Plus besoin de partition, plus besoin de support, cette musique, elle l'avait dans la peau, par coeur, elle l'à connaissait sur le bout de son coeur. C'était la musique que jouait sa maman, inlassablement. Elle se souvenait, elle, dans son parc, sa maman au piano, en train de jouer. Ses oreilles, ses yeux, son coeur, son corps s'en souviennent. Elle avait juste besoin de tant d'amour, seule dans son parc, l'amour qu'elle ne ressentait que par la musique qui partait des doigts de sa mère, pour arriver jusqu'à elle, jusqu'à l'envahir dans tout son corps. Brigitte, partit dans ses pensées, se concentra et revint sur ses notes.
Lorsqu'elle jouait, elle ressentait cet amour, la mélodie de son enfance, la mélodie de sa vie, puis, ses pensées impossibles de rester en places, se tournant vers ce passé. Elle, Brigitte, écoutant cette mélodie, elle arrivait à ressentir l'état émotionnel 
de sa maman, lorsque le morceaux déviait de sa douceur, elle la savait contrariée. Alors, seule, dans mon parc, je pleurais et réciproquement lorsque je l'a sentais heureuse, je riais, jusqu'à me calmer et m'endormir, lorsqu'elle rejouait sereinement. J'aurais tant voulu dans ces moments, me rapprocher pour me blottir tout contre elle, me consoler, me câliner, mais mes espoirs en sont restés vains, pas d'amour démonstratif. C'est elle qui bien plus tard, me faisait apprendre mes leçons de piano, c'était pour elle que je travaillais si durement. Le piano n'était qu'un instrument, j'en était moi même celui de ma mère. C'est bien pour elle, que j'ai joué ce soir.
11 mai 2013

"Lettre à un jeune auteur-compositeur" (Pivoine)

"En lui, j'appréhendais ma secrète blessure.
 
Ainsi devenait-il mon frère. Ce qu'il nous montrait, de sa révolution intime, avec tant de simplicité, je l'avais mille fois souffert, sangloté, hurlé. Lui, il le disait mieux que moi. Il le chantait, comme une évidence.
Avec une économie de gestes, bouleversante.
 
L'art, c'était -je le savais- de transcender le drame intime. Celui de générations d'êtres vivants, depuis la nuit des temps. Et l'indiscret projecteur, braqué sur lui pouvait bien la livrer, cette fêlure, au monde entier. Et la mienne, demeurer secrète.
Nous avions cela, en commun. Les mots. Lui, la musique l'accompagnait. Jadis, la musique m'avait inspirée. A nouveau, comme au détour des paillettes et du décor, je la percevais, cadeau de l'imprévu !
 
En quel lieu de nous-même résidait le gouffre? Etait-il né avec nous, était-il plus ancien que nous? De quoi s'était-il alimenté? De notre trompeuse insignifiance? De notre pauvreté? De la difficulté d'être? D'être soi? Comment l'avions-nous abordé? Apprivoisé? Surmonté? J'avais passé des heures de ma vie à écrire. A lire. A peindre avec fureur et peine. Dans la solitude de ma maison. Et lui, il chantait. Partout. Mais nul ne le savait. Et pour moi, tout d'un coup, il a été tard, trop tard. Mais qu'importe? C'est ainsi. Ce fut ainsi. Je l'ai accepté.
Pour moi, mais pas pour lui.
 
Alors, quand je l'ai vu, et écouté, avec tout ce qui émane de lui - et que je sens tellement proche de moi, j'ai eu envie de dire merci. De dire combien il m'a émue. Et de répéter qu'il est heureux, et bon, que la jeunesse s'empare de ce flambeau-là pour le porter au-delà de nous.
Voilà, j'ai chaud au coeur. Depuis quelque temps, il offre -sans s'en douter- des plages d'émotion. Je sens la vibration, là, au creux, chaude et sensible. Et même si mes mains restent vides, désormais, vides de couleur, vides de mots, le monde, lui, continue et continuera de vivre par cette respiration, la sienne, et, par des millions d'autres, encore et encore! Dans le frémissement des violons, la succession des tempo, le fracas des cordes et les vives lumières de la scène.
 
Le monde! Mon univers, unique, sacré: celui de la passion faite art...
 
Faite voix."
11 mai 2013

Souvenirs (MAP)

 

 

"La jeune fille s'était levée pour saluer sous les bravos et les vivats.

Le concert était fini. Debout, les auditeurs applaudissaient à tout rompre,

criaient "bis", "encore", et refusaient de partir.

 

Hélène C. toute souriante fit un pas en avant et salua le public la main droite posée sur le cœur puis retourna à son piano pour rejouer le dernier mouvement de la sonate qu'elle venait d'exécuter brillamment. Sous ses doigts agiles la musique s'envolait et remplissait l'air en ondes bienfaisantes.

Au premier rang une dame aux cheveux blancs fermaient les yeux pour mieux goûter cette mélodie.

Les souvenirs affluaient à sa mémoire : la plage, la danse de sa petite fille sur le sable, ce piano immergé dans l’océan l’entraînant à sa suite, sa main ensanglantée, ce pays inhospitalier, et cet homme qu’elle a aimé, si fort, si fort …..

11 mai 2013

L’important est de se faire plaisir. (trainmusical)

 

 

Avant d’aller travailler à la résidence pour personnes âgées, pour gagner un minimum vital, Laurie se met au piano afin de parfaire son doigté. Elle devra passer demain matin une audition dans l’espoir, une fois de plus depuis deux ans, de décrocher un poste professionnel de musique. La jeune femme lutte pour obtenir un moyen de lier sa passion musicale sans être obligé de besogner dans un autre domaine. Seulement, comme dans tout art artistique, la musique n’est pas la voie professionnelle la plus simple. Tout le monde n’est pas Rubinstein, Laurie en est très consciente, malgré ses longues études accomplies dans différents conservatoires.

 

À la résidence, une de ses pensionnaires, Henriette, fut autrefois professeur de piano dans une petite école de musique et aime raconter ses moments de joie avec de temps à autre l'honneur d'un petit concert. Même si son répertoire n’était pas toujours apprécié par la petite assistance, le principal était de se faire plaisir. Justement, Laurie ne cherche pas du tout à être une star, tout ce qu'elle veut c'est de ne vivre que de musique… pour son plaisir.

 

Le lendemain, le moment crucial de l'audition arrive.  Elle interprète des extraits du deuxième concerto pour piano de Sergei Rachmaninov. Cette œuvre est-elle vraiment celle qui lui convient pour un tel évènement? Difficile pour Laurie, car si elle joue du Brahms, le jury lui reproche que c’est trop romantique; si elle opte pour une sonate de Mozart, c’est semble-t-il trop facile et si elle choisit une Nocturne de Chopin c’est trop connu pour une pianiste. Quand à Rachmaninov, ça sort trop de l’ordinaire. Cependant, elle a appris une chose: quel que soit la critique, l’important est de toujours se faire plaisir, et l’expérience d’Henriette partagée la veille le confirme.

 

Le résultat de l’audition tombe avec le courrier deux jours plus tard, et une fois de plus c’est l’échec:

«Nous avons beaucoup apprécié votre participation, votre manière d’interprétation est brillante, toutefois nous avons trouvé un candidat qui répond mieux à nos besoins».

 

Elle ne se décourage pas, d’autres occasions se présentent, bien que les revers se suivent. La vieille Henriette l’incite de poursuivre la musique avant tout pour son plaisir.

Alors Laurie décide de persévérer avec ce deuxième concerto de Rachmaninov, une pièce qu’elle raffole. Il manque bien entendu l’orchestre, néanmoins elle se l’imagine, car elle est passionnée aussi d’orchestration.

 

Un jour, Henriette apprend par une amie, que le sympathique orchestre amateur local va donner dans une semaine le deuxième concerto de Rachmaninov et le signale à Laurie. Cette dernière se réjouit de l’aubaine, afin d’aller voir ce concert. Cependant Henriette rajoute:

- Il y a un gros problème, le pianiste est tombé malade et l’ensemble n’a trouvé aucun remplaçant, surtout que les moyens ne suffisent pas pour le cachet d’un soliste professionnel.

 

Laurie se met de suite à disposition, probablement l’unique occasion de sa vie d’exécuter ce concerto en public. Elle aurait même payé pour savourer un tel honneur.

Malgré la pression et l’habituel trac, tout se passe à merveille, depuis les rares répétitions jusqu’au concert.

C’est un succès. Elle ne peut dire si vraiment son interprétation est brillante, mais elle s’est fait plaisir et ne dédaigne pas ces chaleureux applaudissements qui sont un encouragement. Elle mesure que c’est également beau de faire plaisir aux autres.

 

Ce qu’elle ne savait pas, c’est que le hasard a voulu que dans le public, il y avait ce jour-là un des plus grands chefs d’orchestre du monde, un certain Georg !

 

***

 

L’interprétation de Laurie devait certainement être d’une grande virtuosité, car que ce fut difficile de gérer son agenda afin de pouvoir jouer aux obsèques d’Henriette. En effet, huit ans se sont écoulés et Laurie parcourt toutes les scènes musicaux du monde entier, lors de récitals seule ou avec les plus illustres orchestres, afin d’interpréter des compositeurs comme Mozart, Schuman, Chopin, Brahms, Mahler… Sans oublier Rachmaninov bien entendu.

 

Chaque fois elle joue pour le plaisir des autres et pour son plaisir… même en larmes lorsqu’elle rend hommage ce jour pour le repos éternel d’Henriette.

 

http://www.youtube.com/watch?v=uJRHht55E1M

11 mai 2013

Concert (Sable du temps)

 

 

"La jeune fille s'était levée pour saluer sous les bravos et les vivats.. Le concert était fini. Debout, les auditeurs applaudissaient à tout rompre, criaient "bis", "encore", et refusaient de partir ...

Standing ovation. Proche de l'extase, la salle en délire pleurait d'émotion et vibrait à l'unisson sous les applaudissements et les vivats délirants ...

... quand tout à coup une voix résonna dans la salle :

- " Coupez ! " -

Et quelques instants plus tard :

- " On la refait ! Tout le monde en place ! Silence ! Clap : -  le concert applaus treizième – Action ! " -

 La pianiste reprit sa place, sous les huées du public.

Dans un brouhaha indescriptible, nn spectateur du premier rang arracha le mégaphone des mains d'un grouillot de passage et prit la parole :

- " Ecoute-moi bien bonhomme, si tu tiens à ta santé !

Quatre heures que nous la refaisons ta bon sang de malheur de scène de concert de crotte !

À huit cents pèlerins dans une salle minable qui peut en contenir quatre cents à tout casser - sous couvert que l'Odéon est au-dessus de tes moyens -  engoncés dans ces vêtements ridicules de valet de cour et maquillés comme des sapins de Noël un soir de réveillon, on crève de chaud, de soif, de tout en fait, peut-être même de l'envie de t'arranger le portrait.

Rien bu, ni mangé, depuis midi, ras la perruque tu piges ?

Et sans oublier, cerise sur le gâteau, le mal aux mains à force d'applaudir l'autre nunuche, là et son crincrin.

Oh le boulet, le pompon ! bonjour la trouvaille ! les castings c'est plus vraiment le top, pas vrai ? C'est pas possible, l'a jamais vu un piano de sa vie, elle joue comme une patate ;  la surdité de Beethoven, c'est elle, c'est sûr ! P't'être lui dire que la lettre à Elise c'est pas une pub pour la Poste et que piano, d'accord, c'est aussi pour la cuisine mais ... pas que !

Alors ta treizième, Coco, c'est la fois d'trop.

Un conseil : tu la gardes ta scène à la noix, sinon t'auras en direct live, une autre idée d'un concert ... genre Jéricho après les trompettes, si tu vois c'que j'veux dire ! Tu vois ? Tant mieux !  tu commences à tilter ? ça roule, on progresse !

 Donc, voilà j't'explique le deal : on t'rend ces fringues minables de théâtre de boulevard, tu nous files le cacheton, vite fait bien fait, et pis c'est bonnard, ok ? " -

- " on ne refuse pas de partir, on s'casse ! et vive le cinéma ! " -

...

11 mai 2013

Exercices de style... (Célestine)

Panégyrique

Oh mon dieu, je n'ai jamais vu un concert d'une telle émotion, extraordinaire le charisme de cette chanteuse, une voix de cristal, les spectateurs étaient en transe, je te jure, quand ils ont levé leurs briquets j'en ai eu la chair de poule ,je n'ai jamais rien entendu d'aussi beau, c'était formidable l'aura de cette fille, et elle a un corps, si tu avais vu ça ! De rêve, quand elle soulevait sa poitrine, ah mon vieux c'était fabuleux, plus personne ne respirait dans la salle, génial comme elle tient son public, c'est la meilleure, je suis vraiment un fan conquis et inconditionnel ! Comment ça tu l'aurais deviné ?


Jalouses

-Non mais regarde-moi cette pouf, comment elle se la pète !

-Si au moins elle chantait bien ! Mais franchement c'est une casserole !

-Et sa robe ! Non mais tu as vu ça ? Ça existe ça ? C'est au moins du Jean Paul Gaufré !

-Et tous ces types qui bavent en louchant sur son décolleté, tu me diras pas qu'ils viennent là pour sa voix ?

-C'est clair, et ils en redemandent, allez viens, on zappe !

-T'as raison !


Quatrain

Le roi Loth en son château

Donne un bal et grande ripaille

Jouvencelle et son flûtiau

A esbaudi les prétintailles

 

People

Hier soir sur les Champs, la chanteuse Lady Zinzin a créé l'événement en apparaissant pour un concert improvisé habillée simplement d'un extraordinaire maillot de bain en gratin dauphinois véritable. En quelques minutes, une foule compacte de fans s'était massée autour d'elle, créant un véritable embouteillage sur l'Avenue. Le buzz a été aussitôt été relayé sur les réseaux sociaux, et en quelques minutes la barre du million de twitts a été atteinte par ses followers. C'était Abigaelle de la Pignerie pour BMF TV.


Maréchaussée

Chef, nous avons apprrréhendé cette demoiselle qui semait le désorrrdrrre surrr la voie publique, nonobstant et subséquemment ! Elle s'adonnait à la prrratique d'un instrrrument de musique au lieu dit « la place de la Rrrépublique » et nous la soupçonnons d'avoirrr inconsidérrrément prrrovoqué du tapage nocturrrne en obligeant une centaine d'individus à aplaudirrr à tout rrromprrre jusqu'à une heurrre avancée de la nuit. Nous la coffrrrons, chef ?


Doute

Bon d'accord. Soit. Elle saluait. Mais qui me dit que c'était une jeune fille, d'abord, hein ? Vous avez vérifié ? Si ça se trouve c'était un jeune homme déguisé, ça s'est vu par le passé...Et le concert...qui vous dit qu'il était vraiment fini ? Vous savez, avec ces œuvres contemporaines...on ne sait jamais...Les auditeurs,je me demande s'ils ont vraiment applaudi, peut-être qu'il y avait tout simplement des mites ou des moustiques qui leur tournaient autour...non ? Ils refusaient de partir mais on les comprend...Pour aller où ? Et d'ailleurs, d'où venons-nous ? Et Dieu, dans tout ça ?

4 mai 2013

Défi #245

"La jeune fille s'était levée pour saluer sous les bravos et les vivats.

Le concert était fini. Debout, les auditeurs applaudissaient à tout rompre,

criaient "bis", "encore", et refusaient de partir.

..................................................

Extrait du livre d'Elise Fischer : "Les alliances de cristal"

A vous de poursuivre chers amis défiants ...

 

Pianiste

Nous attendons vos ♪ ♫ ♪ ♫  à

samedidefi@hotmail.fr

A tout bientôt !

4 mai 2013

Ont transcendé l'œuf :

4 mai 2013

Participation de Venise

Il ressemble à un jeune soldat solitaire

Qui au lieu d’ouvrir une auberge s’était mis à peindre.

Il aimait ce retrait ce lent écoulement des jours

Comme si quelques miracles allaient le sortir de cette impasse.

Le bel oiseau noir sur la toile

C’est un corbeau Freux, de ceux qu’affectionnent

Grands arbres et jardins publics.

Pareil à une nonne emportée par l’émerveillement de sa passion

Il ne voit pas la neige tombée.

Mais peut être y- a-t-il  mille manières de voir le monde.

Et qu’on peut enjamber une fenêtre sans en être prisonnier.

C’est en comprenant cela que je me suis laissé porter

Par des images floues, comme la corneille qui passe sur l’herbe envahissante

Les coquelicots de juin sur le seuil de ma feuille.

C’est alors que j’ai aperçu Magritte au cœur de mon récit.

Mon cœur s’est mis à battre.

Lui faisait semblant de ne pas me voir .en prenant un air détaché et fixant quelque chose au loin que j’étais incapable de voir.

Ve1

4 mai 2013

L’avenir du futur (Cavalier)

Autoportrait dénommé La clairvoyance René Magritte

 

Au fruit mûr l’oiseau s’envole. Le peintre ne sait plus qui a prédit l’avenir sur la nappe de la table. Et voilà enfin que les prophètes se sont assis sur des chaises cadenassées. Et le peintre recharge son pinceau à la palette des diseurs de futurs. (Qu’on leur donne la pulpe du fruit !) L’image s’étale sur la toile, bardée de fragment de coquilles

                 et de plumes autours…

 

Allez ! Qu’il est donc imprévisible cet avenir en devenir, à venir de la graine, jolie marguerite ! Il nous a souvent induits en erreur dans de telles peintures : Dictateurs en puissance, aux sombres sommets !

 

Il nous a fait souvent s’ouvrir la graine du petit d’homme. Babillant, souriant. Tel Hitler, qui était sur la
route, comme la source en son lit, comme la première parole qui survient, comme la plume qui perce et qui gerce sous la peau ; et le futur sera toujours bien plus vaste

                qu’une toile peinte en blanc !

 

Et toujours bien plus beau, il ne sera pas…

 

 

Cavalier , le 29 avril 2013, pour Le Défi Du Samedi.

 

PS : N’y voyez ici dessein, trop (quoique… :), prenez-y seulement, simplement, quelques images…

4 mai 2013

Dessine-moi un oeuf (Prudence Petitpas)

86019585[1]Dessine-moi un mouton ? demanda le petit prince à l’aviateur qui venait de poser en urgence son avion dans le désert…Cet aviateur aurait pu être le frère de René Magritte qui, lorsqu’on lui demandait de dessiner un œuf, nous reportait sur la toile un oiseau… Après, à savoir si cet oiseau était bien celui qui allait sortir de l’œuf, il fallait évidemment le temps de le couver… quand au mouton du petit Prince, celui dont l’image représentait la caisse avec le mouton à l’intérieur,  c’était exactement celui que voulait le petit prince !

Coup de chance ou pas, le dessinateur aviateur, qui peut-être avait pris un coup sur la tête, lors du crash, avait réussi un coup de maître ! Sauf qu’il ne s’appelait pas Magritte, il est vrai, mais qui dit qu’il n’avait pas en tête cette clairvoyance ?

D’autant que notre aviateur s’était moins compliqué la vie que notre René, une caisse étant plus facile à dessiner qu’un oiseau… Bon, peut-être s’étaient ils rencontrés lors d’un salon de la peinture, ou d’un diner mondain réunissant la noblesse lyonnaise et la bourgeoisie belge de l’époque… Un jour, où il y avait au menu des œufs mimosa en entrée, et un ragout de mouton en plat… pourquoi pas ? Ils se seraient trouvés assis l’un à côté de l’autre et auraient commencé à parler peinture…

-          Et vous, si on vous demandait de dessiner un œuf, vous feriez quoi, aurait demandé Antoine,

-          Heu, je crois que je ferais un oiseau bien sur, pourquoi cette question ?

-          Heu, simplement, parce que si un jour un petit prince me demandait de lui dessiner un mouton et que je n’arrivais pas à le satisfaire, je finirais par lui dessiner la caisse où se trouve le mouton dont il rêve…

-          Oui, bonne idée, ainsi il pourrait se l’imaginer, répondrait alors René

-          Oui, et sur qu’il l’aimerait et qu’il pourrait l’emmener chez lui, sur sa petite planète et ce mouton là correspondrait tout à fait à celui qu’il attendait ! mais vous, votre œuf, êtes vous certain que l’oiseau que vous dessineriez, serait bien celui que l’on attendrait ?

-          Oh, vous savez, personne ne s’en soucierait, la princesse qui me demanderait de dessiner cet œuf, n’aurait pas de planète et comme ce serait en plus d’une gourmande, une bonne cuisinière, je la soupçonnerais d’avoir pensé qu’il serait bon d’attendre que l’œuf éclos afin de se farcir l’oiseau !

Et sur ce, ils avaleraient tous les deux leur repas sans plus échanger de parole, ruminant chacun leur prochaine œuvre…

4 mai 2013

Participation de rsylvie

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4 mai 2013

Hommage à l'ARTISTE (MAP)

Peintre en "DEVENIR" :

il peut voir l'oiseau dormant

dedans l'oeuf opaque !

                    

   

Oeil M

  FlècheOeuf FlècheOiseau

 

 

Eh bien moi je dis : "Chapeau l'ARTISTE !!!"

Chapeau

4 mai 2013

Participation de KatyL

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k3

 

Un tableau avec une femme pensive qui regarde le tableau qu’elle vient de finir. Elle se dit : « ai-je réussi ce bouquet ? Car dans cette peinture se trouve la tendresse du monde, sa légèreté, sa beauté ».  Elle désire dédier ce bouquet à la féminité et à la douceur, au rêve et à l’amour. Dans ce vase en porcelaine fine, posé sur un guéridon, cette fleur rose de confusion d’être ainsi le centre de l’intérêt exhale un parfum suave et entêtant.

L’artiste est pensive car elle a cueilli le matin même cet hibiscus encore ravi de se trouver avec toutes ses amies épanouies sur un arbre haut et fier, cette main de femme est venue la priver de sa vie sur la branche pour s’accaparer sa couleur, sa texture et sa beauté.

Demain, dans quelques jours elle ne sera plus que le reflet d’elle-même, déjà vieille ! Plus personne ne la regardera avec des yeux de désir. Ronsard avait raison ! C’est pour cela qu’elle a eu la chance de croiser le chemin de cette artiste peintre, car désormais elle est en vie pour longtemps, plus longtemps qu’elle n’aurait vécu sur sa branche.

Qui a cueilli l’autre ? Est-ce la fleur qui s’est penchée maline sachant qu’une main viendrait la cueillir pour l’immortaliser à tout jamais ? Qui a voulu cette éternité ? La fleur pardi !

k2

 

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