Participation de Stella No.
Cela fait soixante-dix ans que l’on m’a accroché ici.
70 ans que je préviens les gens de faire attention à leur tête.
J’en ai vu passer des toqués, des frappés, des cognés et même quelques écervelés.
Pourtant je les préviens.
Ce n’est pas comme si je n’étais pas là.
Mais non, il y en a toujours pour ne pas me voir.
Alors chaque jour, je les observe.
Il y a ceux qui pleurent, ceux qui hurlent, ceux qui vocifèrent.
Il y a ceux qui ne disent rien mais regardent autour d’eux pour être sûr que personne ne les a vu.
Il y a ceux qui crient au scandale et menacent de faire un procès à mon maître.
Il y a ceux qui me regardent comme si je leur avais joué un mauvais tour.
Il y a ceux qui rient de leur bêtise. Mes préférés, ceux-là.
Au début, je me moquais silencieusement.
Mais après 70 ans, je commence à être las.
Je ne rêve que du jour où je prendrai ma retraite.
Chaque fois que mon maître passe sous moi en courbant la tête, j’espère qu’il vient me décrocher.
Pour l’instant, je n’ai pas eu ce bonheur.
Alors j’attends.
J’attends patiemment : observant les têtes abimées de ces gens trop pressés pour regarder un malheureux panneau de bois qui ne leur veut, pourtant, que du bien.