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Le défi du samedi
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11 mai 2013

Participation de Berthoise

J'ai cherché mon chapeau, enfilé mon  manteau que j'ai laissé ouvert. J'étais déçue. Vaguement déçue. Étonnée  d'en être si marrie. J'ai échangé quelques mots avec ma voisine, c'est  elle qui m'avait refilé la place en me demandant de l'accompagner.  C'était bien sympa de sa part. Une sortie, même en semaine, ça ne se  refuse pas. Mais j'étais déçue. Je lui ai dit que je trouvais le jeu  brillant. Oui,  ça je pouvais le dire. La nana, elle jouait vachement bien. Du reste,  le public ne s'y trompait pas, qui applaudissait encore. Pouvais-je  vraiment lui avouer que Tchaikovsky n'était pas ma tasse de thé, que  Chostakovitch me pompait un peu l'air ? Je n'ai rien dit, je suis polie,  je l'ai remerciée encore de cette bonne soirée, d'avoir pensé à moi. On  a quitté le théâtre où il faisait sacrément chaud. On a traversé le  parking. J'ai boutonné mon manteau et remonté le col. Il tombait une  neige mouillée qui s'écrasait sur le sol en laissant une boue sale. Dans  la voiture, on a parlé de choses et d'autres. De rien, de tout, du  boulot, des enfants, des maris. Elle m'a déposé devant la grille de la  maison. J'ai trottiné pour traverser la cour. Je suis rentrée, contente  d'être arrivée. C'est en ôtant mon manteau et mon chapeau que je me suis  aperçue que j'avais perdu mes gants.

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Commentaires
M
Quelle soirée !!! Et même pas moyen de jouer à la chaise musicale !!! :-)
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V
Cet apres coup plein d'élé gance me charme il ne manque plus que le porte cigarette en nacre !!!
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A
Histoire très vivante à partir de l'ennui, et qui surprend par le réalisme de son quotidien. Passer un mauvais moment, et en plus perdre ses gants! Très drôle de perdre ceux-ci lors d' une consigne prise à contre-pied, et pour quelqu'un qui par déception perd pied avec la réalité. Il est vrai qu'elle pouvait difficilement perdre ses chaussures!
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T
Sale soirée, ces compositeurs qui ne plaisent pas, la chaleur de la salle, le mal-être de vouloir rester poli pour ne pas blesser et puis zut encore les gants...<br /> <br /> Bien vu ce texte Berthoise.
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P
Ceci est la preuve éclatante qu'on peut écrire une histoire -palpitante- on se demande sans cesse où tu veux en venir, avec un rien, je dirais, pas grand-chose, mais, ici, cela devient un morceau de littérature... Sans doute grâce à l'économie de mots, de style, j'aime beaucoup.
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S
Un signe ? La prochaine fois, elle ira sans gants ;-) Parce que l'amie pour refaire plaisir aura d'autres billets, la politesse est un handicap AUSSI, eh oui !
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J
J'aime, c'est très moderne comme style, cela me rappelle John Cheever, un de mes préférés. Je pense que tu es prête pour te faire publier dans le New Yorker. Très heureuse de te relire ici, Miss.
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C
Un drame vestimentaire, il n'y a que toi qui puisse écrire ce genre de truc! Et ça fonctionne du feu de dieu.<br /> <br /> -dieu? C'est qui Dieu?<br /> <br /> -Celui qui a planqué les gants.
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V
J'aime ce style élégant !
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B
Bravo Berthoise! <br /> <br /> (fallait-il être troublée, tout de même, pour oublier ses gants avec un temps pareil ;-))
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S
J'adore!!! À contre-pied de ce qu'on pouvait attendre suite à la consigne!<br /> <br /> Bravo!
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