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Le défi du samedi
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30 mars 2013

Histoire de cheminée (EVP)

Toute petite fille, revenant d’un goûter chez sa copine Sophie, elle avait demandé : Pourquoi, nous on n’en a pas de cheminée ? Elle avait été fascinée par la danse des flammes, leurs couleurs, les craquements du bois et la douce chaleur qui avait chauffé ses joues.

Elle avait vu le regard brusquement noyé et les lèvres pâlies de sa mère, elle n’avait pas compris mais n’avait pas protesté.

Au collège, dans une rédaction sur la cuisine, elle nota que, chez elle, le mot four n’était jamais utilisé. Brûler, carboniser étaient aussi tabou, des mots-épines qu’inconsciemment chacun s’interdisaient.

Les questions, quand elles étaient rarement posées, s’élucidaient, s’évitaient d’un : Plus tard, plus tard tu comprendras…Comme cela était gentiment accompagné de doux baisers, de câlin dans des bras ronds et tendres, elle s’agaçait un peu, mais ne leur en voulait pas.

Ce fut en première qu’elle découvrit là-bas, les cheminées de haute-Silésie et le « Arbeit Macht Frei » l’infâme frontispice…Elle se souvint des chiffres bleus sur l’avant-bras de tante Martha. A ses questions encore on avait répondu : Plus tard, plus tard tu comprendras…

Ici, elle comprenait, pourquoi il était si difficile d’en parler, pourquoi il fallait attendre d’être là, à cet endroit là, ce jour là…

Non Anna Grinzberg, ne veut pas non plus de cheminée chez elle…Et certains mots ont toujours des épines.

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Commentaires
C
c'est dur, oui<br /> <br /> et j'aime beaucoup ton texte
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E
Merci vraiment beaucoup Anémone. :) Mon amie m'a parlé de cela à propos de sa fille qui s'était légèrement brûlée avec de l'eau bouillante...Elle en souriait en parlant de ces mots qui restent encore pour elle un peu tabou...
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A
Tu as su mettre au quotidien la souffrance à laquelle sont hélas liés les fours et les cheminées. Ils ne sont hélas pas pour tous associés aux plaisirs du confort, de la bonne cuisine et des cadeaux de veillée. Même en n'oubliant pas ce qui s'est passé, je pense que peu d'entre nous pouvaient avant ton intervention imaginer cette dimension concrète du mal et sa portée aujourd'hui encore quotidiennement perpétuée. Heureusement que des bras ronds et tendres ont entouré la petite fille. Merci pour ce témoignage EVP.
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D
En chaque chose on peut trouver un côté sombre.<br /> <br /> Là, c'est sûr, y'en a un qui a fait fort.<br /> <br /> Le plus horrible étant peut-être de se rendre compte à quel point manipuler des milliers de gens peut être aisé...
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T
Le silence comme témoignage criant de l'indicible.<br /> <br /> Oui... L'inhumanité appliquée avec une froideur industrielle a pu engendrer ce terrible automatisme. Merci de le rappeler.
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C
Trouver les mots pour en parler...peut être cela est il finalement moins difficile pour ceux qui ont vécu cela dans leur chair, dans leur famille. Ta pudeur semble dire cela en filigrane. C'est un texte admirable.
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M
Mais oui : bannir les "mots épines" qui évoquent de si tristes et douloureux souvenirs !!! <br /> <br /> D'horribles cheminées mais il faut aussi en parler pour honorer la mémoire des supliciés et faire que plus jamais ..........
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W
Terrible...
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F
C'est triste.
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J
Hélas, oui, j'avais pensé moi aussi à ces cheminées, mais je savais que je n'avais pas la délicatesse d'en parler.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais toi, si, EVP. Alors, un grand bravo d'admiration pour ton style et ton classe, bien que j'en aie l'habitude. Tu ne déçois jamais.
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C
Je ne sais que dire en commentaire... <br /> <br /> Tu as fait un choix déchirant pour ces cheminées et ton texte doux en exprime toute la monstruosité.<br /> <br /> Sourire<br /> <br /> Vanina
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S
Oui, y'a des mots douloureux et pour chacun d'eux il fau(drai)t trouver la consolation. Les mots d'amour lentement, très lentement parfois sur deux ou trois générations chassent les poisons des mots qui attisent la douleur et laissent des parties d'être en cendres... <br /> <br /> J'aime beaucoup, beaucoup ton texte qui m'a filé tout un tas de frissons et de larmes aux bords des mirettes. <br /> <br /> <br /> <br /> Tu connais cette chanson de la Tordue ?<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Y'a des mots des masses de mots<br /> <br /> Y'a des mots demasiado<br /> <br /> Y'a des mots comme s'il en pleuvait<br /> <br /> <br /> <br /> Y'a des mots comm' te quiero<br /> <br /> Y'a des mots c'est des couteaux<br /> <br /> Que te matan en silencio<br /> <br /> <br /> <br /> Mais pour c'qu'y'a entre sa peau et ma peau<br /> <br /> Y'a pas d'mots y'a pas d'mots<br /> <br /> Qui tiennent même celui-là<br /> <br /> ...<br /> <br /> Et je bois las estrellas<br /> <br /> Qui courent sur les bords de ta peau<br /> <br /> C'est du silence à pleuvoir des couteaux<br /> <br /> <br /> <br /> Y'a des mots des masses de mots<br /> <br /> Y'a des mots demasiado<br /> <br /> Y'a des mots comm's'il en pleuvait
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V
Il y a des cheminées qui rassemblent et d'autres qui divisent... c'est bien d'avoir évoqué celles-ci afin que nul n'oublie
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T
Des cheminées qui nous font oublier la magie du père Noël
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K
bien sur EVP , ces mots sont lourds de significations en effet.... et tellement honteux <br /> <br /> pour l'humanité<br /> <br /> j'y ai pensé car je suis en train de faire un tableau en hommage aux victimes de la Shoah ...;mais j'ai préféré un registre moins dur..<br /> <br /> mais tu as eu raison de le dire de le remémorer<br /> <br /> bisousssss
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