Code en cloche (Tata Béa)
Dilong, dolong, dolong..
Énergiquement secouée par sœur Marie-Pierre la cloche s'étouffait, s'emmélait le battant, se saturait l'airain et éteignait in petto nos conversations.
En rangs par deux, cheveux rattachés, lacets noués et col redressés nous attendions.
Diling, diling..
Perlière et délicate, imperceptiblement agitée la clochette nous faisait avancer, silencieuses et sages.
Ding, ding ..
Donnant le ton, un « la » clair, le clocheton nous lançait sur les mesures du benedicite, voix juvéniles et dociles.
Diling, diling..
Cueillant la dernière note, la clochette nous enjoignait de prendre place devant la table mise, déplier nos serviettes, poser nos mains de part et d'autre des assiettes.
Diling, diling... « Bon appétit Mesdemoiselles » « Merci ma Soeur »
Libérait nos paroles, ouvrait nos bouches, animait nos mains, permettait les bavardages, les rires ..
Jusqu'à l'interruption du clocheton
Ding, ding..
Invitant à se lever, à chanter les grâces, avant de quitter la salle à manger, silencieuses et souriantes.
Les coups de cloches, clochettes, clochetons, codes simples et sonores, tour à tour impérieux ou discrets, stridents ou emphatiques, rythmaient nos vies d'enfants.