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Le défi du samedi
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5 janvier 2013

Défi #228

"Il était sur le point de s'endormir quand, soudain,

il vit briller dans la nuit la petite lucarne de sa radio

qu'il avait oublié de fermer."

...........................................

A vous de continuer cet incipit

 du conte de Jacques Sternberg intitulé "Le communiqué"

 

RADIO

 

Communiquez-nous vos réponses à samedidefi@hotmail.fr

A tout bientôt !

 

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5 janvier 2013

Ont fait parler leur meuble

5 janvier 2013

Participation de rsylvie

Rs

5 janvier 2013

Participation de Venise

Cette horloge est une hutte pour mon âme qui n’a jamais tout à fait quitté l’enfance.

Cette horloge c’est une mangeoire prés de laquelle je fais une pause de temps en temps quand le temps s’accélère.

TIT TAP, combien il me réjouit ce bruit qui m’arrache à mon sommeil.

Elle est à ce jour deux  fois centenaire et elle s’est mêlée à toutes les conversations de mes ancêtres.

Les amis chers se sont succédé et toujours cet entêtement des aiguilles avec la fidélité du tictac.

Venise

Elle a empêché par son rythme cardiaque énergique la mort de rentrer ici.

Dans son ventre un grand cornet à double soufflet rivalise avec Dieu lui-même.

Ma patience horlogère je la dois à sa présence dans ce salon où ronflent les années passées.

Elle palpite l’hiver et retient dans son cadran la faible lumière des malles d’osier d’un soleil couchant.

Elle a fait confiance ,elle nous a aimés, et maintenant elle dort comme les anges.

Elle m’a sortie de plusieurs sommeils

On raconte que le jour où elle a pénétré dans la maison dans un gros cartonnage blanc plâtre marbré de bleu mon bisaïeul n’avait que six ans.

C’était comme si le prix Nobel avait franchi le seuil de cette porte.

Elle a paraît-il encanaillé  toute la famille traversée d’une joie toute païenne.

Mon bisaïeul s’est caché à l’intérieur toute une journée certain d’y découvrir un trésor.

Dans le sacre de ses cent ans ma grand-mère s’est adossée sur son flanc pour glisser doucement jusqu’au sol ondit que l’horloge pour elle a fait durer cet instant une journée de plus rien que pour elle.

Quand quelqu’un était hospitalisé en urgence on raconte qu’elle prenait un air grave et plus profond que la bible et que son TIC TAC pleurait dans le couloir.

Ces milliers de minutes vagabondes elle les a égrenées avec tant de générosité

Qu’elle m’a aidée à repousser souvent les graviers de la mélancolie.

J’apprends souvent la mort d’un geai ou d’un moineau en écoutant son battement de balancier . Son petit TIC TAC odorant monte léger comme un parfum d’acacia dans le ciel léger.

Un jour elle s’en ira dans une brocante au milieu de vieux objets qui ont bien travaillé.

5 janvier 2013

Participation de KatyL

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5 janvier 2013

L’armoire KewLox (Pivoine Blanche)

Le jour où l’armoire KewLox débarqua chez mes parents, vers 1976,  il y eut, à la maison, et pour longtemps, du MDF et des traverses en bois brut, à peindre, et d’horribles fers cornière mats verticaux.

Et puis, les portes devinrent rouges, les fers cornière restèrent laids, mais les traverses en bois s’habillèrent de noir, d’autres parois, de bleu, et des traverses de blanc.

 

pivoine1

 

Ce meuble se construisait selon un principe très simple. En 1958,  un ingénieur anglais du nom de Kewley avait inventé un procédé d’assemblage de pièces de bois et en avait déposé le brevet. Le nom « KewLox » a donc pour origine le « Kewl-» du nom de son inventeur et le « -lox », du verbe anglais « to lock » qui signifie « verrouiller ». Lorsque Jacques Le Clercq, négociant en produits métallurgiques bruxellois, découvrit ce procédé, il en acquit la licence d’exploitation pour le Benelux et commença la production des premiers meubles.

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Lorsque je disais à mes parents que je trouvais ce meuble affreux, mes parents me rétorquaient qu’en 1960, l’entreprise avait présenté le meuble au Salon des Inventeurs de Bruxelles et remporté la médaille d’or. Et c’est vrai, le meuble kewLox le plus basique, à deux étages, trônait en bonne place à la Salle d’exposition du design belge, galerie Ravenstein.

A mes yeux de petite Bruxelloise amoureuse de sa ville, ce lieu était le symbole même de la contemporanéité que j’aimais d’instinct, étant enfant.

Les meubles KewLox, ce furent aussi de longues stations dans les magasins et l’entrepôt de la rue Wiertz, aujourd’hui détruits pour faire place à « l’Europe ». Nous disons « L’Europe », comme les Européens disent « Bruxelles » pour parler des décisions de la Commission et du Parlement. Le garde-meubles de la s.a Office des propriétaires subit le même sort, de même que les ateliers d’artistes ixellois, nombreux en ce coin-là. Tout comme l’ancienne gare du Quartier Léopold – symbole même du départ vers les Ardennes, Liège, l’Alsace et la Suisse.  

Mes parents devinrent fans. On eut un petit bar kewLox en verre et miroirs. Des armoires de rangement. Des bibliothèques. Plus tard, ce petit bar m’échut pour y ranger de la verrerie. Je l’ai abandonné lors d’un déménagement, il m’arrive de le regretter… Et comme, entretemps, la production s’étant diversifiée, il y eut des fers cornière habillés de blanc, de noir, de brun, d’alu brillant, des pastilles de toutes les couleurs pour fermer les portes, des tiroirs, des garde-robes,  c’est ce que j’achetai pour la chambre de mon fils. Et pour classer mes livres, de plus en plus nombreux. Et mes classeurs. Et ma vie.

pivoine3

Mon ex-mari appelait cela « le Jeans du meuble »…

Et mon fils est devenu, à son tour, un bon monteur et remonteur d’armoires KewLox.

Chez un ami sculpteur, décorateur inspiré à ses heures, un petit meuble, tout pareil à l’armoire de la salle d’exposition du Centre du Design bruxellois, était revêtu de fresques représentant des faunes dans la forêt profonde. Je rêvais. Ses flûtes de Pan faisaient la nique à la modernité. Et son passé, qui semblait ressembler au mien comme un frère, habillait le présent.

On dit le KewLox garanti à vie. Et c’est vrai qu’il vous suit de déménagement en déménagement. Mais en perdant parfois quelques millimètres d’éclats. De Bruxelles-Ville à Ixelles, d’Ixelles à Anderlecht et finalement, d’Anderlecht à Genval… Où il faut parfois un couteau à peintre, une chaussette douloureuse à force de recevoir des coups de marteau,  un maillet en caoutchouc et …

Beaucoup de patience pour le remonter…

5 janvier 2013

LA BERGERE (EVP)

Dans le boudoir.

Au début, il y avait des jouets : Un cheval à roulettes, une maison de poupée, des cubes de bois et même un petit théâtre. C’était la salle de jeu de la petite. Sa mère, la princesse, m’avait commandée à un ébéniste de renom. Déjà fort malade, elle se réfugiait dans mes bras pour voir jouer l’enfant si jolie. Après sa mort, je fus poussée dans un coin, mais je pouvais toujours voir les jeux trop sages et la solitude de la fillette. Quand elle eut sept ans elle partit chez les Ursulines et pendant huit années je m’empoussiérais dans ce coin sombre.

Dans le boudoir.

Elle revient, elle a quinze ans, elle est si belle ! La pièce est toute refaite, blanche et pimpante.

Des maîtres italiens ont festonné de douces guirlandes fleuries et de putti, les boiseries. Pour mon bonheur, mon crin a été refait et j’ai un nouvel habit de shantung bleu azur. J’accueille à présent dans mes bras chantournés le corps si délicat. J’entends ses soupirs et son trouble, la moiteur odorante de la chemise de baptiste qui s’affale sur moi, quand elle regarde dans la psyché, juste un instant, sa poitrine déjà ronde et, plus bas, les boucles cuivrés. Vite, elle se recouvre et s’en va se meurtrir les genoux devant le crucifix.

Dans le boudoir.

A peine les vœux échangés, le festin même pas encore commencé, il a exigé de recevoir tout de suite sa virginité, sa brutalité m’a fait trembler. En trois minutes il l’avait violée. Il a serré dans ses grosses mains ses joues et sa bouche qui avait saignée pour ne pas hurler : « Dans dix minutes, je vous veux à mes côtés, fraîche et souriante, comme il convient à une mariée. »

Dans le boudoir.

Elle était venue s’y réfugier, grosse de quatre mois, et quand elle s’est assise sur moi, j’ai pu voir  les blessures, les bleues qui la couvraient. Nous objets, qui n’avons ni vie ni âme, nous voyons tant de choses effrayantes…A l’ instant où elle s’est pliée en deux sous le coup de la souffrance, j’ai su déjà que l’histoire était terminée. Elle tomba en avant sur le joli gobelin, le sang s’échappant de son ventre. Pas un cri, pas un hoquet. Quant il monta, après lui avoir hurlé trois fois de le rejoindre en bas, tout était imbibé et même mes pieds….

Dans le boudoir.

On a ôté le tapis, une servante a longuement brossé le parquet au point de Hongrie. On a recouvert de toile blanche la psyché, la table de toilette, mon assise, mon médaillon et mes bras chantournés. On a fermé les volets et tourné la clef.

On a oublié de nettoyer le dessous de mes pieds.

5 janvier 2013

Jaune elle se rit (Anémone)

Ronde comme un soleil
Et jaune comme lui,
Elle rit l'été au jardin,
Supportant nos agapes.
Parfois un peu trop alourdie.
L'hiver elle se replie,
Modeste sous une bâche
Qui ne la protège qu'à-demi.
Il arrive que, troublant son repos
Et rechignant sous la pluie,
Je la sorte de son abri.
La voilà soudain convertie
En table d'appoint pour Noël
Ou quand une fête nous réunit.
Elle proteste bien un peu
Quand je cherche le point d'appui
Qui la fait ouvrir ou fermer.
Elle gondole, s'écaille,
N'a plus son teint de jeune fille.
Mais ronde comme un soleil
Et toujours jaune, elle se rit
Comme moi des saisons, des années.
Accueillant juste, l'air insoumis,
Un peu de rouille dans ses replis.
5 janvier 2013

Plonger dedans (Rose)

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Il a senti mes larmes,

Entendu mes rires et soupirs.

Il a tout subi.

Les ressorts qui se tordent de douleur quand on saute dessus

Les draps mouillés quand on s'abandonne dedans

Il m'a vu grandir

De la petite fille qu'on bordait le soir

A la maîtresse qu'on caressait la nuit

Il accompagne mes nuits blanches

Me fait l'effet d'un réveil matin, d'un jus d'orange, d'un café

Il accompagne mes rêves

Se fait tout doux, tout chaud, tout douillet

Il est moi.

Rentrer chez soi, 

Avoir passé toute la journée à se demander qui on est, comment on en est arrivé là ?

Rentrer chez soi,

Plonger dedans

Sentir son odeur

Sentir toute sa vie dans ses draps

On comprend alors le lien

Le lien entre la petite fille qu'on était et la jeune femme qu'on est devenue.

Il permet les confidences et les réconciliations

Il permet le rêve et l'espoir

Il permet l'amour et l'imagination

A peine naissons-nous qu'il nous enveloppe de ses bras

Déja c'est la fin et pour toujours notre lit gardera une trace de notre passage, de notre existence.

 

Photo de : Luy __vu sur Zphoto

 

5 janvier 2013

Témoin de la nuit (Djoe L'Indien)

Il en est rougissant, rien qu'à se souvenir
De ces moments passés en sa douce présence,
Berçant de sa chaleur ce que la bienséance
M'ordonne de voiler, il faut en convenir.

Des rêves colorés qui semblent provenir
De fantasmes cachés et moult extravagance
Vous ne connaîtrez rien ! Ce n'est point arrogance,
Mais à la convenance il me faut subvenir.

Croyez-vous donc amis, que ce lit indiscret
Vous aurait raconté mes intimes secrets ?
Même s'il en a vu des vertes et pas mûres

Ils ne sortiront pas d'entre ces quatre murs
Et si vous entendez d'impudiques murmures
Ils ne sont que le fait de vos esprits impurs !

5 janvier 2013

Le cadeau (MAP)

Quand j'ai eu mon propre appartement mes tout premiers invités furent mes parents.

Quand ils arrivèrent Maman me prit à part dans la cuisine pour me dire : « Papa va t'offrir un cadeau, je ne sais pas si cela va te plaire mais  essaie de faire comme si ... » Elle connaissait mon aversion -à l'époque- pour tout ce qui était horloges, pendules et tic-tac en général !

Effectivement le cadeau une fois déballé s'avéra être une pendule ! Papa semblait tout content de sa bonne idée et bien sûr je fis celle qui était ravie ! Il l'installa lui-même dans mon entrée en vérifiant plusieurs fois avec sa montre qu'elle était bien à l'heure !

….............................................................................................................................................................

Quelques années plus tard je compris pourquoi Papa avait choisi ce cadeau car, quand il ne fut plus de ce monde, le cœur de la pendule, lui, continua à battre, calmement, paisiblement … prolongeant ainsi par son rythme rassurant ce doux moment familial !

 Aujourd'hui je me suis reprise d'amitié pour les « tic-tac » et cette pendule est toujours là,  dans mon entrée, ravivant jour après jour -à sa manière- le souvenir de mes chers parents !

5 janvier 2013

Aux premières loges... (Teb)

 
C’est pendant l’été 1928 que j’apparais dans la dernière chambre du 28 de la rue d’Olima… commandé avec beaucoup de tact par Marcel-Alexandre qui, veuf et père de 3 enfants, allait épouser en secondes noces Marie-Philomène.
Il avait d’abord jeté son dévolu sur l’ainée, Lucie, mais celle-ci s’est défendue comme un beau diable : elle avait déjà un autre amoureux.
Le mariage a lieu en septembre 1928…
Je ne vous raconterai pas les ébats des jeunes mariés (secret professionnel exige ;-)) mais il y en a eu, puisque je peux vous dire que… quelques 4 ou 5 mois plus tard… la nouvelle tombe… pour le plus grand bonheur de Philomène : elle attend un enfant, pour le mois d’août suivant !
La vie continue, cahin caha… et je m’aperçois, avec déception, que je ne peux rien vous raconter de cette époque : ma mémoire n’en garde aucune trace…
Et puis… le 5 août 1929… la maisonnée est réveillée par les hurlements d’un nouveau-né vigoureux… Marcel est né… J’étais aux premières loges ! Madame « Guette-au-trou » avait aidé à la manœuvre…
Petit Marcel grandit. Il n’aura pas de petits frère ni sœur… Je ne sais pourquoi… mais il y avait déjà les 3 enfants du premier lit, comme on dit !  J
39/45 … la guerre passe par là… combien de fois mes occupants me délaissent la nuit pour se mettre à l’abri dans la cave voutée de la maison, souvent rejoints par des voisins !
Et puis, deux ans après la fin de la guerre, Philomène se retrouve seule à dormir entre mes bras… Son époux décédé, elle vit dans cette grande maison, avec Petit Marcel, qui a maintenant 18 ans. Elle est aux petits soins pour ce grand garçon… toute sa vie, maintenant ! C’est son « Coco » !
Il fait tourner les têtes des filles… et puis, un jour, il rencontre l’élue, lors d’un voyage à Paris… Je crois savoir qu’il était militaire, et qu’elle, vosgienne, allait travailler à Paris, dans une banque !
On parle mariage… je sens venir le déménagement… la maison sera trop grande pour Philomène !
Mais, contre toute attente, le jeune couple décide de reste là, et de prendre soin de Philomène (il faut dire que la jeune mariée a perdu sa maman à l’âge de 6 ans, elle a du retard en affection d’une maman.)
Ouf… je suis si bien, moi, dans cette chambre du rez de chaussée, qui donne sur la rue… Je peux tout observer !
La vie s’organise…
Marcel travaille dans le bâtiment… la maison se modernise, on y ajoute des toilettes, un à chaque étage… c’est cool, je n’aurai plus ce seau puant comme voisin ;-))
Et puis, encore du bonheur… voici qu’arrivent Teb, puis sa sœur… Philomène les garde souvent… quand leurs parents sont au travail… les devoirs en sortant de l’école… les repas pris en famille… je les vois grandir !
Un jour, Teb a passé l’après midi à ramasser, à contre cœur, tous les boutons de ce vieux pot à boutons qu’elle avait renversé… Philomène n’a rien cédé… ça a duré, duré… Moi, j’étais bien content : Teb était à côté de moi !
Dans ma voisine, l’armoire ventrue, Philomène cache le martinet (dont, un jour, Teb a noué toutes les lanières pour embêter son Papa, qui menaçait souvent mais ne frappait jamais !) et des paquets de coquelicots, ces bonbons rouges au goût divin !!!
Mais la santé de Philomène se dégrade peu à peu. Emphysème, qu’ils disent.
Le médecin vient la voir souvent… un grand bonhomme désagréable, mais en qui elle a confiance !
Un matin, Marcel part en déplacement à Dijon. Tout va bien. Pourtant, après quelques dizaines de kilomètres, une intuition le force à faire demi-tour.
Bien lui en prend… une crise plus forte que les autres est en train d’emporter Philomène… Le médecin est là.
Teb se fait toute petite à côté de moi … « Mémère… » Elle sent bien Teb, que ce jour là restera gravé dans sa mémoire…
Marcel arrivera à temps.
Mémère partira entourée de ceux qu’elle aimait…
 
Et voilà, c’est malin, voilà Teb (qui écrit sous ma dictée) qui a les larmes aux yeux… 50 ans après… elle ne peut plus écrire.
Vous n’en saurez pas plus !
5 janvier 2013

Une autre table (Zigmund)

 en réponse à la consigne #227  du défi  du samedi 

 

 

227

C’est moi, la table "canal historique". Oui,  j’'étais là avant ... bien avant la Célèbre, la Grande,  celle qui est en train de devenir la Star table du Net.

Mais moi,  je suis modeste, légère et adap-table,  faite de plastique blanc, ovale,  6 couverts, bref, un  modèle  courant de table d’extérieur.

Quand ils m’ont achetée, j’ai naïvement cru que je vivrais au grand air, un parasol planté en mon  centre  comme mes copines de la jardinerie. Mais les escalators m’ont installée dans la cuisine et je suis devenue  « la table de la cuisine ».

Mon voisin le frigo,  chargé de magnets de toutes sortes, m’a rapidement  mis au courant des habitudes de la maison.

J’ai vu les enfants faire leurs devoirs sous le regard attentif de leurs grands-parents.  

Je les ai vus aussi faire la fine bouche devant certains plats (« j’aime pas ça … j’en mange tous les jours à la cantine ! » et le :  « file dans ta chambre ! » qui suit, proféré par l’adulte excédé)… puis quand ils ont été ados,  j’ai veillé avec eux  et leurs copains tard dans la nuit pendant qu’ils refaisaient le monde en grattant des guitares.

Je sers de point d’observation à Zigmund chat qui, perché,  englobe de son regard de prédateur  toute la rue et le jardin ;  je sers  aussi de table de soins pour les matous car c’est sur moi qu’on les coince pour leur faire avaler leurs médicaments.

La cuisine, avec ses quatre fenêtres, est la pièce la plus lumineuse de la maison, c’est sans doute pour ça que mes maitres  me  préfèrent, même pour certaines  réceptions.

Ils me font des infidélités pour les repas de fêtes : dans ce cas  c’est la Table de la salle cheminée qui a l’honneur de la nappe blanche brodée et des jolis couverts après rangement  du désordre endémique de Zigmund (sous la menace).

Justement, les nappes, parlons-en : depuis quelques années, mes maitres,  à la période de noël, mettent un point d’honneur à m’habiller d’une nouvelle toile cirée. On dirait un concours : votre mission si vous l’acceptez est de trouver la nappe la plus farfelue du magasin. Le commerçant les voit arriver en se frottant les mains (« Dis donc Germaine, v’là l’Zigmund !  sors donc  les trucs de ouf que personne ose acheter ! »).

 Au début j’ai eu droit à des grenouilles qui attrapaient des mouches, puis ce furent des vaches,  folles bien sûr, l’année suivante ils osèrent les taches de peinture, puis ce furent les crayons de couleur et cette année c’est cette BD  américaine d’un gout très sûr.

Je dois dire que les premiers jours,  je me tape un peu la honte…

defi 227

 

Eux-mêmes expriment  des doutes ou des regrets : « tu sais  là on a fait fort … on  n’aurait pas dû … »    Puis tout le monde s’habitue et se félicite de l’originalité de ma nouvelle nappe.

Et moi contrairement à la  grande Table, je ne me laisse pas envahir par le désordre lamen-table.  

5 janvier 2013

C'est vrai ça ! (Walrus)

Comme l'ont toujours annoncé les interrogateurs de tous temps et de tous bords, qu'ils soient de la Sainte Inquisition, de la Gestapo, du KGB, de la Légion, du Mossad, de la CIA,  (non, je ne vais pas être exhaustif, la capacité de ce blog est limitée) :

 

Nous avons les moyens de vous faire parler !

Nous ferions même parler un meuble !

5 janvier 2013

Loquacité (Adrienne)

Il y en a qui murmurent aux oreilles des chevaux
il y en a qui parlent chat
qui hurlent avec les loups
qui roucoulent
qui bêlent
qui aboient
qui rugissent
qui glapissent
qui sifflent comme ces serpents sur vos têtes…

Et puis il y a moi
qui discute avec mes meubles
pour savoir où je les mettrai
dans ma nouvelle maison
s’ils veulent bien m’y suivre…

Mais ils me répondent
par cet assourdissant silence
du chêne mort.

5 janvier 2013

Une vie de - bâton de - chaise (Joe Krapov)

Aujourd’hui, j’ai passé une bonne nuit. Le petit cabinet que l’on m’a octroyé dans l’aile gauche du château est décoré d’estampes représentant des scènes de chasse. La fenêtre donne sur la cour et le doux clapotis de l’eau dans les bassins a bercé mon sommeil de sa musique régulière.

Mais le soleil est arrivé et il va falloir que j’aille au travail. Ou plutôt qu’on m’emmène au travail. On n’a pas encore l’habitude par ici d’équiper tout un chacun de roulettes. Le skateboard et le patin en ligne attendront quelques siècles encore.

On me prend donc par les bras et l’on m’emporte avec aisance car je suis assez légère vers le lieu de spectacle où je vais faire mon office. Ma participation au show est à vrai dire assez minime car je suis du genre statique.

C’est l’autre emperlousé qui fait tout avec le petit Chose et les deux orphelines. A peine a-t-il paru que l’on se presse autour de lui, qu’on s’empresse de savoir s’il a bien dormi, si les bijoux de la famille sont toujours bien conservés, s’il va bien.

Ca, pour aller, il va. Il y a même des jours où il va tellement bien que j’ai envie de crier pouce. Et quand il ne va pas, ce sont ses coaches qui crient "pouce" mais avec deux esses. A la fin du spectacle tout le monde l’applaudit. Il n’y a pas de cérémonie de remise des prix. Ma participation au show me vaut une médaille de bronze mais j’aimerais bien qu’on me la remette avec un peu plus de respect.

Je ne demande pas la Lune, quand même ! Je l’ai déjà. Simplement, comme Diogène en son tonneau, je rêve que les plus grands s’ôtent de mon soleil. Vouloir s’élever, dans la vie, vouloir aspirer à la pureté des cîmes, à la grandeur des pins des Landes plutôt qu'à celle des rupins de Versailles, ça n’est pas un crime d'alèse-Majesté ? Si ? Le quotidien est parfois si ennuyeux et trivial pour les magistrates du siège ! La poule au pot tous les dimanches, ça c’est un programme qui m’aurait plu, bien davantage que ce « les tas, c’est moi » auquel je suis condamnée, percée jusques au fond du cœur d’une atteinte imprévue aussi bien que mortellement pestilentielle.

DDS 227 Louis XIV

 

5 janvier 2013

La table (Sable du temps)

J'ai mal au coeur, beeeeurrrrk ! je vais vomir ...

Je suis plate, pourtant je tourne, ah ! Pour tourner, je tourne, à longueur de soirées. Et croyez-moi, le manège n'a rien d'enchanté, il me flanque le tournis !

Je n'en peux plus d'écouter ces malades, tristes et lugubres à faire peur, invoquer l'au-delà, à la lueur des bougies :

- " Oncle pierre, es-tu là ? réponds -nous ! "

- " tante Gertrude, tu vas bien, tu nous entends ? "

Tu parles qu'elle entend ! Trois cents ans qu'elle est morte et cette vieille bourrique a décidé de ne rien dire !

Résultat des courses : je tourne de plus en plus vite !

-" Esprit es-tu là ? "

Oui il est là, c'est eux qui ont perdu le leur et c'est bien mon drame ! J'en ai marre de jouer la toupie. Je crains toujours qu'au plus fort de l'aventure la force centrifuge m'expédie " manu militari " sur le mur du salon. Exit le standard téléphonique !!!

J'aurais aimé une autre vie, moi ... des dessous coquins offerts en secret, que jamais l'on ne montre, des chemins colorés aux broderies délicates ; et pourquoi pas, multiplier des chiffres ânonnés par des mômes, ou sentir les caresses d'une main d'architecte et bâtir des palais merveilleux, ou bien encore, ronde et belle, accueillir de preux chevaliers avides de gloire et de prestige.

Je table sur un avenir meilleur et je rêve :

Faire table rase de toutes leurs fadaises, oublier leurs diableries ridicules et, recouverte d'une nappe à carreaux rouges et blancs, humer les délicieux parfums de cuisine et entendre, dans un brouhaha joyeux, des convives affamés lancer un sonore :

- « à table ! ».



5 janvier 2013

meubler le temps‏ (titisoorts)

Fort, je suis fort , je suis un chêne puissant que rien ne pourra déraciner, je ressens encore, l'énergie de la terre qui par la sève remonte dans mes racines et me revigore. Fier, j'étais fier, j'étais le plus beau chêne de la forêt,  je ressentais le vent qui sur le bout de mes feuilles, m'apportant liberté et douceur.
C'était sans compter sur les hommes, qui pour la naissance d'une fille, coupaient le plus beau chêne pour qu'à son mariage le père m'offre en sacrifice, transformé en meuble.
Ils m'ont coupé, je m'en souviens lorsque je suis tombé, le ciel s'est mit à tourner je me suis dis" çà y est, c'est la fin".
C'est la pluie qui m'a réveillé. j'y suis resté longtemps, longtemps, pour que je me lave, pour que je sois lessivé de mon tanin.
Puis, ensuite, j'ai été stocké, oublié sous un hangar.
Les seules moments de bonheurs que j'avais, c'était lorsqu'elle venait, lorsqu'elle courait autour de moi et quelques fois se reposait tout contre moi. Je la voyais grandir, je la voyais s'embellir,s'épanouir, jusqu'au jour où elle rencontra ce jeune homme. J'ai su, que tout allait changer.
Alors je fût transformé, je devenais, au milieu de la salle, face au soleil, important, oui je prônais, là, près de la vulgaire pendule comtoise en sapin.
Pourtant, j'aurais dû me sentir esclave, captif, mais comme je la voyais elle, elle qui vivait tout près de moi. Je ressentais ses moindres frémissements, je savais lorsqu'elle ouvrait ma porte si elle était anxieuse ou bien en colère. Je la préférais bien sûr lorsqu'elle était reposée, détendue, douce et qu'elle chantonnait tout en me cirant, toutes les fibres de mon corps ressentaient sa chaleur, la caresse de ses mains, ma fébrilité. Le temps, lui, passait, inexorablement, je le percevais à ses mains qui devenaient au fil des ans, de plus en plus rugueuses.
Et un jour , beaucoup de monde a défilé devant moi, cela me rappela la dernière naissance dans la famille, mais là quelque chose clochait. Les gens habillés de noirs avaient l'air triste. Je compris plus tard que je ne la reverrais plus jamais, je criais à l'intérieur j'aurais voulu devenir son cercueil, sa dernière demeure, pour finir auprès d'elle. Mais la maison se fit noire pour longtemps et je suis resté, seul, enfermé. La maison était mon cercueil.
Un jour, la lumière fût, et on m'a transbahuté, trimballé d'enchère en enchère. Pour finir où, dans un garage, fini les senteurs de linges propres, place à la peinture et au diluant. Fini la cire sur mes épaules, le temps m'a petit à petit détruit, les portes qui crissent, les gongs qui cassent et c'est fini. Heureusement, lorsque le soleil me réchauffe les fibres, je me souviens...

5 janvier 2013

LA BIBLIOTHEQUE (Lorraine)

Je suis une bonne vieille bibliothèque datant de 1920, j’habitais chez un médecin, mais à sa mort je me suis retrouvée dans une salle de vente. C’est là qu’elle m’a dénichée.  J’ai donc quitté le cabinet médical pour un salon-studio-chambre à coucher et me suis insérée dans le petit appartement de ces jeunes mariés un peu bohèmes. 

Ils m’ont aussitôt partagée en deux : en haut ses livres à lui, Voltaire, La Rochefoucauld, Dostoïevsky, Stendhal, Anatole France, Nietsche... Sur les planches du milieu, ses livres à elle Colette, encore Colette, toujours Colette....et plus bas des livres sur le féminisme, tout jaunis et dénichés dans une brocante, des romans anciens ou  récents, toutes les œuvres de John Le Carré (un fond commun qu’ils se partagent et dont, après, ils discutent).

Tout en bas, le tout venant. Un livre sur les vertus des plantes, un second sur les “Angoisses et phobies”, un troisième sur “Le yoga pour tous”, et chaque semaine ou presque un livre “social”: “L’enfant dans le placard”, “La révolte des infirmières”, “Entrer en maison de repos”,  “Bien veillir”, “L’éducation commence au berceau”,   arrivés plus tard, quand le journal où elle travaille lui a confié la rubrique de critique sociale. Lui sont alors passés dans les mains (et donc sur mes planches), presque toutes les misères du monde, la surdité, le handicap physique et mental, l’avortement, la contraception, la ménopause, l’homosexualité, le sida, Alzheimer, l’euthanasie, le cancer et j’en passe et j’en passe...

Ils ont déménagé huit fois, s’agrandissant peu à peu, changeant de meubles, de tentures, de tapis, mais moi ils m’ont gardée, même si je suis un peu vieillote mais toujours belle, disent-ils.

Il n’est plus,  une opération bénigne a mal touné. Erreur médicale..Elle a gardé les livres d’autrefois. Je croule vaillamment sous les nouveaux qui s’accumulent d’année en année.  Ils lui tiennent compagnie. Moi aussi.

5 janvier 2013

La table familiale‏ (Porphyre)

Quoi de plus banal qu'une table ? Mais cette table est un peu spéciale. Elle a sept pieds disposés de telle sorte que vous êtes dans l'obligation de vous cogner un genou lorsque vous vous asseyez, si vous ne vous cognez pas à un pied vous vous cognerez à l'un des quatre appendices qui pendouillent à chaque angle. Ses pieds sont reliés entre eux à dix centimètres du sol, donc là encore vous vous cognez, mais cette fois le bout des orteilles ou la cheville.

Elle a des rallonges, nous pouvions donc manger à plus de huit autour d'elle. Elle fut au centre de tous nos repas quotidiens et elle était décorée pour les repas de fêtes. Elle faisait partie ma vie. Par la suite j'aimais la retrouver lors de mes visites chez mes parents, je caressais le bois patiné par tant d'années, à propos de quand date cette table ? Je l'ignore. D'où vient elle ? Peut être d'Italie ! Je sais qu'elle était déjà présente chez mes grands-parents paternels. Combien de repas se sont déroulés sur cette table atypique ? Peu importe.

Un jour nous avons à eu à nous partager les meubles de famille, j'ai mis une option sur cette table et j'ai eu la chance de l'obtenir, elle est désormais dans ma salle à manger. Ce que j'ignorais c'était l'événement majeur qui s'était déroulé sur cette table.

C'était le 20 août 1944. Mon arrière grand mère prend un malaise dans la salle à manger, son entourage n'ose la transporter, il ne peut l'allonger sur le sol, alors il se décide de l'allonger sur la table, quelques minutes après elle décède sur la table familiale. Oui cette table qui est désormais au centre de ma maison et sur laquelle je déguste mes repas chaque jour fut le lieu où mon arrière grand mère poussa son dernier soupir.

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