La radio (Venise)
"Il était sur le point de s'endormir quand, soudain,
il vit briller dans la nuit la petite lucarne de sa radio
Qu’il avait oublié de fermer."
La radio criait à tue -tête
« Je suis le dernier homme qui parle catalan «
Puis il s’est mis à chanter comme un forcené avec une sorte de gaité opiniâtre qui ameutait tout l’équipage qui n’en menait pas large.
Puis la radio s’est tu un moment.
Vif comme une belette le bateau tanguait sur les vagues géantes.
Nous semblions avoir perdu définitivement le contact avec la terre des hommes.
La radio se remit à vociférer un drôle de poème.
« La Pluie tombe
Tout est nuageux et pluvieux
Fleurs de printemps que cherchez-vous «
Le bateau flottait comme l’arche dans le bruit de la tempéteet la pluie incessante nous bloquer au fond de l’océan.
J’allais faire un tour sur le pont, la mer grinçait, la coque du bateau grinçait .tout grinçait du ciel jusqu’à la terre.
Et la lune paraissait une burette d’or dont coulait l’huile pour lubrifier la mécanique de l’univers
Je relevais la tête et entendu cet homme qui parlait catalan.
On écoutait l’air obséquieux des traitres qui ne parlent que l’anglais
On aurait abjuré toutes les langues pour comprendre le chemin de cette langue qui nous reliait aux hommes.
Je regardais la pomme d’Adam du capitaine qui montait et descendais le long de son coup poussé par l’angoisse tel un ascenseur qui ne dessert plus que des étages où plus personne ne travaille j’entendais comme lui les bruits des rames qui frappaient l’eau autour de nous
Il me proposa de brancher la radio sur les haut parleurs pour atténuer le l’inéluctable naufrage..Un esprit cruel et mauvais devait habiter les fonds des océans.
La radio peut-être pouvait apprivoiser cette colère.
Le tempérament de la mer ne pouvait être dompté par personne ce soir à ce stade .pourtant la radio et son chanteur catalan ont su apaiser les fonds marins et nous nous sommes retrouvé échoué sur cette île .