5 janvier 2013
Aux premières loges... (Teb)
C’est pendant l’été 1928 que j’apparais dans la dernière chambre du 28 de la rue d’Olima… commandé avec beaucoup de tact par Marcel-Alexandre qui, veuf et père de 3 enfants, allait épouser en secondes noces Marie-Philomène.
Il avait d’abord jeté son dévolu sur l’ainée, Lucie, mais celle-ci s’est défendue comme un beau diable : elle avait déjà un autre amoureux.
Le mariage a lieu en septembre 1928…
Je ne vous raconterai pas les ébats des jeunes mariés (secret professionnel exige ;-)) mais il y en a eu, puisque je peux vous dire que… quelques 4 ou 5 mois plus tard… la nouvelle tombe… pour le plus grand bonheur de Philomène : elle attend un enfant, pour le mois d’août suivant !
La vie continue, cahin caha… et je m’aperçois, avec déception, que je ne peux rien vous raconter de cette époque : ma mémoire n’en garde aucune trace…
Et puis… le 5 août 1929… la maisonnée est réveillée par les hurlements d’un nouveau-né vigoureux… Marcel est né… J’étais aux premières loges ! Madame « Guette-au-trou » avait aidé à la manœuvre…
Petit Marcel grandit. Il n’aura pas de petits frère ni sœur… Je ne sais pourquoi… mais il y avait déjà les 3 enfants du premier lit, comme on dit ! J
39/45 … la guerre passe par là… combien de fois mes occupants me délaissent la nuit pour se mettre à l’abri dans la cave voutée de la maison, souvent rejoints par des voisins !
Et puis, deux ans après la fin de la guerre, Philomène se retrouve seule à dormir entre mes bras… Son époux décédé, elle vit dans cette grande maison, avec Petit Marcel, qui a maintenant 18 ans. Elle est aux petits soins pour ce grand garçon… toute sa vie, maintenant ! C’est son « Coco » !
Il fait tourner les têtes des filles… et puis, un jour, il rencontre l’élue, lors d’un voyage à Paris… Je crois savoir qu’il était militaire, et qu’elle, vosgienne, allait travailler à Paris, dans une banque !
On parle mariage… je sens venir le déménagement… la maison sera trop grande pour Philomène !
Mais, contre toute attente, le jeune couple décide de reste là, et de prendre soin de Philomène (il faut dire que la jeune mariée a perdu sa maman à l’âge de 6 ans, elle a du retard en affection d’une maman.)
Ouf… je suis si bien, moi, dans cette chambre du rez de chaussée, qui donne sur la rue… Je peux tout observer !
La vie s’organise…
Marcel travaille dans le bâtiment… la maison se modernise, on y ajoute des toilettes, un à chaque étage… c’est cool, je n’aurai plus ce seau puant comme voisin ;-))
Et puis, encore du bonheur… voici qu’arrivent Teb, puis sa sœur… Philomène les garde souvent… quand leurs parents sont au travail… les devoirs en sortant de l’école… les repas pris en famille… je les vois grandir !
Un jour, Teb a passé l’après midi à ramasser, à contre cœur, tous les boutons de ce vieux pot à boutons qu’elle avait renversé… Philomène n’a rien cédé… ça a duré, duré… Moi, j’étais bien content : Teb était à côté de moi !
Dans ma voisine, l’armoire ventrue, Philomène cache le martinet (dont, un jour, Teb a noué toutes les lanières pour embêter son Papa, qui menaçait souvent mais ne frappait jamais !) et des paquets de coquelicots, ces bonbons rouges au goût divin !!!
Mais la santé de Philomène se dégrade peu à peu. Emphysème, qu’ils disent.
Le médecin vient la voir souvent… un grand bonhomme désagréable, mais en qui elle a confiance !
Un matin, Marcel part en déplacement à Dijon. Tout va bien. Pourtant, après quelques dizaines de kilomètres, une intuition le force à faire demi-tour.
Bien lui en prend… une crise plus forte que les autres est en train d’emporter Philomène… Le médecin est là.
Teb se fait toute petite à côté de moi … « Mémère… » Elle sent bien Teb, que ce jour là restera gravé dans sa mémoire…
Marcel arrivera à temps.
Mémère partira entourée de ceux qu’elle aimait…
Et voilà, c’est malin, voilà Teb (qui écrit sous ma dictée) qui a les larmes aux yeux… 50 ans après… elle ne peut plus écrire.
Vous n’en saurez pas plus !
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