Lisez-vous les modes d'emploi, Papistache ?
Oui.
Mais lire, c’est comprendre ; alors, non.
Mais « non », aussi, c’est excessif ; disons : parfois.
Quoique je les lise toujours.
Du moins, à chaque fois que l’occasion se présente.
« Toujours » est imprécis, il laisse entendre plus que « à chaque fois ». Trop, en fait.
En aurais-je lu deux en soixante ans, « toujours » serait-il approprié ? Tandis que « à chaque fois »…
Cependant, j’en ai lu plus de deux. Bien plus.
Encore que « lu » ne rend pas intelligible la réalité, ni ne garantit la performance optimale de l’objet dont la lecture du mode d’emploi aurait dû assurer l‘utilisateur.
Connaissez-vous l’histoire du gars mécontent qui rapporte sa tronçonneuse au magasin au prétexte qu’elle ne lui a permis — au prix de force courbatures — de ne couper qu’un seul arbre dans la journée, et qui, voyant le vendeur tirer sur le lanceur, s’écrie : « Mais, attendez, c’est quoi ce bruit ? »
Vous ne la connaissez pas ? Dommage, moi non plus ; sinon, je vous l’aurais racontée.
Pour conclure, et reprendre mon introduction, la vraie problématique ne serait-elle pas de proposer, pour désigner l’action de suivre des yeux des caractères sans leur attribuer de sens, un autre verbe que « lire », car si « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » alors qu’est-ce que lire sans comprendre ? Et je ne parle pas des traductions absconses qui réjouissent plus l’âme qu’elles ne la ruinent, je parle du mode d’emploi, rédigé comme Molière l’eût souhaité — s’il eût jamais eu à passer le fronton de son théâtre au nettoyeur à pression fabriqué en Germany : « Selon les directives en vigueur, l’appareil ne doit jamais être exploité sans séparateur système sur le réseau d’eau potable. »
Une idée, Jean-Bapt’ ?