"Histoire de champignon " (rsylvie)
C’est simple, il suffit de trouver une bonne douzaine de ces magnifiques spécimens rouges, tachetés de blanc, et le tour est joué. Enfin, c’est ce que pense chemin faisant, Violette, une des brillantes élèves de l’école Thaumaturge.
« Tomate !
Urges » !
Mugit une voix d’homme derrière la porte.
« Il me faut cet ingrédient, si nous voulons que la toile soit unique ».
D’un pas décidé, Odette quitte la pièce, s’empare d’un chandail et franchit le seuil de l’atelier pour se rendre quai des martyres, afin de trouver le précieux solanum lycopersicum.
« ….Bon, voilà….
Le décor est planté pour notre nouveau spectacle de fin d’année….
…. l’histoire de L’arc en ciel du bonheur...
Cette fois-ci, toutes les classes pourront y participer. De celle de mademoiselle Béatrice, à la section des petits de maternelle » explique la directrice du primaire, aux parents réunis pour l’occasion.
Assise sur un tronc d'arbre en bordure de lisière, Violette soulève d'une main fébrile, le tissus à carreaux qui recouvre son panier et en énumère le contenu.
- 10 plumes de perroquet
- 7 nageoires de poissons multicolores
- 6 ailes de papillons
- 4 toiles d’araignées
Mais toujours pas d'amanite !
Violette est contrariée, oui fortement contrariée. Plus d'une journée qu'elle cherche et rien, pas la moindre tue mouche. Violette est bien triste, et puis, elle est fatiguée. Alors ce n'est pas le moment de venir la chatouiller. Quand passe un loup au ventre rebondi. D'un bon, Violette est debout. L’œil vif, elle a perdu son air soucieux et contrariée. Soudain, elle éclate de rire et part dans la direction opposée.
Mercredi, c’est jour de marché.
Assise côté passager, à la droite du chauffeur, Odette, tout en serrant son sac, jette un coup d’œil en direction du plan. Elle va descendre à la prochaine station, se diriger vers le marché couvert et l’entendre dire : « Alors ma p’tite dame, qu’est-ce qu’il vous faut aujourd’hui ?
Comme d’habitude, 1de vos tomates bien rouge s’il vous plait ».
Le marchand n’est pas insensible au charme de la jeune femme. Depuis le temps qu’elle vient à son étale, il a eu tout loisir de l’observer et deviner qu’une bonne fée n’a pas dû se pencher sur le berceau de vie de cette dernière. Alors cette fois-ci c’est décidé, il va faire un geste.
De retour dans le bus Odette, jette un œil vers le précieux sac en papier, et là étonnement. Avec la jolie tomate, une belle pomme bien mure. Sans perdre de temps, elle croque à plein dents en faisant bien attention de savourer chaque bouchée, l’une après l’autre. Sortie du bus, le fruit terminé, elle jette ce qu’il en reste, puis continue son chemin.
Allez allez tout le monde dehors, c’est assez pour aujourd’hui…. Tout sourire des avancées de la pièce, Mademoiselle Béatrice, conduit les enfants vers la cours de récréation, afin de profiter des derniers après-midi de soleil.
« Le petit chaperon est bien venu ici », constate Violette. Mais pas la moindre trace de capuchon rouge. Ni dans la chambre de mère grand, ni dans le coffre du chasseur. Mais où le loup a-t-il pu mettre cette obsédante couleur vermeille ?
Contrariée l’adolescente sort de la vieille bâtisse, pour s’enfoncer dans les bois à la rechercher du précieux mycota, quand sur son chemin, un trognon de pomme !
Blanche neige, pense-t-elle soudain. Il me faut la rencontrer. Puisque je ne trouve pas de champignon, j’aurai au moins une bonne grosse pomme bien rouge. Et voilà Violette qui se remet en route, guidée par le sifflet des lutins de la forêt.
« T’en as mis du temps ! Donne » grogne Absinthinio.
Et d’un geste grave, il s’empare de la tomate
qu’il lance vers le mur, projetant ainsi des jets vermillons
sur la toile meurtrie de couleurs artistiques.
« Toc toc toc…. Mais entrez donc »…
Et Violette de sourire en quittant la maisonnette.
Une bien grosse
Une bien rouge
Une bien brillante et grosse pomme rouge dans la poche.
…… bravo, bravo crient les parents, plus fiers les uns que les autres, des exploits réalisés par leurs chères têtes blonde,s docilement alignées les unes derrière les autres dans la salle communale du village, sous les regards complices de mademoiselle Béatrice, et la directrice de l’école primaire.
…. Bref, tout cela pour vous dire,
que je ne suis jamais allée à la pêche aux champignons.
Enfin... Jamais, serait exagéré. J’y suis allée, 1 seule et bonne fois.
Seulement, je n’étais plus une petite fille.
J’avais déjà une bonne 20taine d’années.
Mais celui qui m’a aidé à retrouver mon chemin,
m’a prise pour une petite fille tant j’avais l’air égarée !
Et l’autre raison,
c’est que je n’avais trouvé aucun champignon pendant ma cueillette !
Mais cela est une autre histoire.